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HARKIS, Les Camps de la Honte ! (Hocine, le combat d’une vie)

Hocine Louanchi - jean claude Honnorat | nancy.maglor.fr | dimanche 2 décembre 2012

mercredi 30 janvier 2013



HARKIS, Les Camps de la Honte !
(Hocine, le combat d’une vie)

Honnorat jean claude | nancy.maglor.fr | dimanche 2 décembre 2012 

HARKIS, Les Camps de la Honte ! (Hocine, le combat d’une vie) from Honnorat jean claude on Vimeo.



Un récit sur le camp de la honte à Saint-Maurice l’Ardoise (Gard). A la mémoire du commando de Harkis qui l’a fait tomber.

En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des Arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, et depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désœuvrés et l’ isolement total de la société française. Trente cinq ans plus tard, Hocine Louanchi a raconté comment le camp de la honte a été rasé dans un film documentaire "Hocine le combat d’une vie". Un retour sur l’actualité passée pour ne pas l’oublier.

Saint-Maurice-l’Ardoise est un camp militaire situé à Saint-Laurent-des-Arbres dans le Gard. Il a servi de camp de prisonniers pour les forces d’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. À partir de 1957, le camp est transformé en centre d’assignation à résidence surveillée. Y furent internés des Algériens suspectés d’être membres du FLN. Puis des militants partisans de l’Algérie française et des personnes suspectées d’appartenir à l’OAS y ont été internés entre janvier et juillet 1962. De 1962 à 1976, le camp, utilisé comme camp de transit et de reclassement, accueille des harkis.

En 1975, 200 jeunes harkis décident de paralyser le fonctionnement de l’administration du camp. A partir du 19 mai de cette année-là, une délégation occupera le bureau du directeur du camp qui deviendra leur quartier général. La lutte vient de commencer. Le 19 juin 1975, quatre hommes cagoulés et armés dont Hocine Louanchi vont prendre en otage le directeur du camp qui s’était rapatrié en mairie de Saint-Laurent-des-Arbres. La presse sort les gros titres. Le lendemain, les chars d’assaut et 200 gendarmes encerclent la mairie. Si les forces de l’ordre interviennent, les hommes menacent de tout faire sauter. Ils veulent la fermeture du camp. Un message du procureur et du Préfet annonce la bonne nouvelle. Les Harkis ont gagné. Les quatre hommes retournent au camp. Hocine raconte tout. Un mois et demi plus tard, le conseil des ministres annoncera la fermeture du camp ainsi que celui de Bias.

En 2004, à la demande de la mission interministérielle pour les rapatriés, la Direction de la population et des migrations (DPM) du ministère français de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, a commandité une étude : Saint-Maurice-l’Ardoise. Socio-histoire d’un camp de harkis (1962-1976), menée par Tom Charbit, membre du laboratoire Populations et interdisciplinarité (Popinter) de l’Université René Descartes Paris V, assisté de Mababou Kébé. Une synthèse de cette étude vous est proposée ici par MagLor.

Le film documentaire

La prise d'otageEn 2010, 35 ans après Hocine Louanchi raconte à Anne Gromaire et Jean-Claude Honnorat comment le camp de la honte a été rasé dans le film documentaire "Hocine le combat d’une vie". Un combat à ne pas oublier.

"On arrive à l’entrée du camp. Là, il y avait une barrière. J’avais 22 ans. Une bataille qui a duré un an. J’ai risqué ma vie... Je l’ai fait pour les enfants". Ainsi commence le film "Hocine, le combat d’une vie". Un documentaire de 38 minutes réalisé par les journalistes Anne Grommaire et Jean-Claude Honorat, dans lequel Hocine Louanchi, alors âgé de 60 ans, employé à l’hôpital psychiatrique d’Arles, raconte, 35 ans après, sa participation à une prise d’otage dans la mairie de Saint-Laurent des Arbres (Gard) qui conduira à la fermeture d’un de ces camps de la honte.

Ce camp, c’est celui de Saint-Maurice l’Ardoise, un hameau forestier, perdu en pleine campagne, ceinturé de barbelés et de miradors, qui accueille à l’époque 1200 Harkis et leurs familles. Un camp comme tant d’autres dans la France de 1962 à 76, utilisé comme des lieux de transit et de reclassement des Harkis. Des parcs indignes où règnent une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales. 40 malades mentaux, déracinés, déphasés, qui errent d’un point à un autre.

Dans ce film poignant, on suit Hocine qui accepte, pour la première fois, devant la caméra, sur ce camp dévolu aujourd’hui aux militaires du 2e REG. "Revenir ici me donne la chair de poule" déclare-t-il. Car le petit Hocine est âgé de 12 ans quand il quitte le camp de Rivesaltes où il a déjà passé deux ans pour arriver ici, dans la nuit, à Saint-Maurice l’Ardoise. "Depuis tout petit, j’ai connu les barbelés", confiait-il. Il raconte la "vie" au camp, où il "habitait". Dans un bâtiment, "en tôle", "fait à la hâte" et "partagé par six familles". Sans eau chaude avec des sanitaires collectifs. Et surtout, il y détaille cette opération commando dans laquelle il a risqué sa vie. Pour celle des autres, tous ceux derrière les barbelés. Et puis, il parle de cet homme qui donnera la force, à lui et aux jeunes du camp, de se révolter : M’hamed Laradji.

Le 19 mai 75, ils occuperont le bureau du directeur du camp. Un mois plus tard, ils monteront un commando et prendront en otage le même directeur rapatrié en mairie. "Il fallait frapper les consciences". Ils sont arrivés à quatre, armés (explosifs, fusil de chasse à canon scié) et cagoulés. Hocine et ses camarades menaçaient de tout faire sauter si les forces de l’ordre intervenaient. Après de longues négociations, ils obtiendront du procureur et du préfet la fermeture des sites. Un mois et demi après, le conseil des ministres annonce la fermeture du camp. Un an plus tard, il sera officiellement rasé. À la fin du film, on y voit Hocine qui retrouve des anciens du camp. Et Fattima, son épouse, qui se livre sur ces racines qui leur ont été arrachées. Vingt ans plus tard, une stèle classique a été placée. Mais à l’extérieur du camp, comme pour esquiver l’histoire.

Les auteurs

"Il faut que tu fasses un livre sur mon histoire" avait dit un jour Hocine à Anne Grommaire, journaliste radio (France Bleu, France Inter). Anne en parlera à son compagnon, journaliste lui aussi à France 3, Jean-Claude Honnorat. "Nous lui avons proposé un documentaire. Et on s’est retrouvé le 14 juillet 2011, jour de fermeture du camp militaire, à St Laurent des Arbres", explique Jean-Claude. "Je connaissais l’histoire des Harkis mais j’ignorais ces conditions de vie dans les camps, les détails de la vie de ces hommes, ces femmes et ses enfants parqués ainsi. Quant à cette prise d’otage, ils n’avaient plus rien à perdre. On leur avait tout pris déjà. Ils étaient vraiment prêts à mourir". Le film "Hocine, le combat d’une vie" a, depuis sa mise en ligne en septembre 2011, dépassé les 20 000 clics. Il est consultable sur les sites Dailymotion.com et Vimeo.com et se disperse un peu partout sur la toile.


Voir en ligne : HARKIS, Les Camps de la Honte ! (Hocine, le combat d’une vie)

Messages

  • Hocine,
    Je suis touchée par ton histoire,car,c’est aussi la mienne,Nous sommes arrivés 1962,à Marseille,Bien entendu,la nuit,des camions nous transportèrent à Bourg- Lastic en Auvergne !
    J’avais 9 ans,puisque,je suis née en 1953,Des soldats,mon père avec y compris ont monté des tentes, sans aucune explication : de la part ni de nos parents,ni suivi psy,comme seule explication,la peur au ventre,j’ai encore l’image de ce père non rasé,les poils drus,les machoires crispées(pauvre père !!!,je comprend mieux le pourquoi maintenant , combien de jours ou de mois ,aucun souvenir ,hélas !la mémoire est sélective,Je sais que nous avons atterris à Rivesalte,là,aussi pas de souvenir,rien que la peur !Les séparations se sont faites,mes deux oncles sont partis travailler dans le Pas -De Calais pour travailler dans les mines.Je pense que nous avons eu un privilège parce-que ,mon père avait fait aussi la 2 ieme guerre mondiale,et pendant la guerre d(algerie,il n’était pas harkis,cela s’appelait les gms,dont,il n’était pas journalier. j’ai faite une psycothér pendant des années.Mon père a était muté à Mende en lozèrre ou ,il a était chauffeur du prefet et nous les enfants,nous avons étaient coucounés dans la vielle France dans un petit village lozérien.Si, je t’envoie ce témoignage,c’est que ,je ressens ta douleur !!!!cordialement,je suis une mamie de 62 ans qui comprend.

  • Je plains la situation des Harkis après la fin de la guerre d’Algérie, mais une question me hante l’esprit : Est ce que ces Harkis ont eu, un jour, des remords d’avoir pris les armes pour aider l’ennemi (c’est ainsi que les choses se présentaient à l’époque) contre les siens ?!

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