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Facebook & Google, vecteurs de chienlit

Jean-Marc Manach | bugbrother.blog.lemonde.fr | lundi 26 novembre 2012

mardi 27 novembre 2012

 Jean-Marc Manach | bugbrother.blog.lemonde.fr

Facebook & Google, vecteurs de chienlit
Jean-Marc Manach | bugbrother.blog.lemonde.fr | lundi 26 novembre 2012

Si Facebook avait existé en mai 68, les étudiants s’en seraient servis pour s’exprimer et s’organiser, les gaullistes pour identifier les meneurs de la "chienlit", et les journalistes pour les interviewer. Le parti communiste, lui, aurait probablement dénoncé la collusion "crypto-capitaliste" de ces "petits cons" se répandant à l’envi sur un média impérialiste...

Je suis effaré du nombre de défenseurs des droits de l’homme & de "vieux cons" (expression témoignant paradoxalement de toute l’affection que je leur voue, cf "Les "petits cons" parlent aux "vieux cons"") qui ont "peur" de Facebook en particulier, et de l’Internet en "général" (& si j’ose dire).

Internet n’est pas tant une société de surveillance qu’un monde de transparence. Refuser d’y apparaître, d’y participer ou de s’y investir parce que cela ferait le lit de "Big Brother" est à peu près aussi subtil que de refuser la libération sexuelle au motif qu’elle ferait le lit des maladies vénériennes, des grossesses non désirées et donc des avortements... (voir aussi "Les RG l’ont rêvé, Facebook l’a fait… #oupas")

"Les internautes sont la nouvelle chienlit". Dans les années 90, ils créaient des pages perso, puis des blogs dans les années 2000, aujourd’hui, ils s’expriment (notamment) sur Facebook et Twitter. Je ne sais si Facebook existera encore dans 5 ans, ni si Google sera toujours la régie publicitaire, et le moteur de recherche, dominant tous les autres. Il y a par contre fort à parier que les gens continueront à utiliser l’Internet pour s’exprimer. Ceux qui ont peur de le faire, de peur d’être harcelés de publicités ciblées, surveillés voire fichés, ont grand tort d’être ainsi effrayés : on peut tout à faire être très actif sur le Net sans, pour autant, y mettre sa vie privée en danger, il suffit de faire attention, voire de se protéger (cf "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi mais que vous aviez la flemme d’aller chercher sur l’internet…")

La Ligue des droits de l’homme (LDH) m’a proposé d’écrire un article à l’intention de tous ceux qui assimilent Internet à une "société de surveillance", au vu de la somme colossale, inédite et potentiellement dommageable de données personnelles qu’accumulent, agrègent, interconnectent voire partagent Google, Facebook et consorts (voir "Facebook sait si vous êtes gay, Google que vous êtes enceinte", et/ou « Facebook a dit à mon père que j’étais gay »). Mais de même que l’on peut, certes, attraper une MST, voire déboucher sur une grossesse non désirée, quant on fait l’amour, on ne peut décemment pas réduire la sexualité aux seuls dommages collatéraux qu’elle peut entraîner.

On en causera ce mercredi 28 novembre de 18h30 à 22h30 à l’Ageca (177 rue de Charonne 75011 Paris), dans le cadre d’une conférence-débat intitulée "Les nouvelles technologies au service du citoyen ?", retransmise en direct sur le site de l’Ageca et où je parlerai du fichage, mais où il sera aussi -et notamment- question de vidéosurveillance avec Noé Leblanc, des puces RFID avec Jean-Claude Vitran, et de la liberté d’expression et des réseaux sociaux avec Dominique Cardon.



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Signe des temps, et de cette "peur" que peuvent engendrer les réseaux sociaux, j’avais proposé que ma contribution, compilation de deux interviews que j’avais accordées au blog du modérateur (sur l’"Identité numérique, entre liberté d’expression et vie privée", et les notions de "Vie privée et surveillance"), et que j’avais précédemment compilées dans un (long) billet intitulé "Le problème, ce n’est pas la transparence, mais la surveillance", soit ré-intitulée "Internet n’est pas une société de surveillance". Elle n’en a pas moins été retitrée "Un Internet Big Brother ?", dans le n° 157 de Hommes & Libertés, la revue de la LDH, qui l’a publiée cet été. La voici donc dans sa version originale :

Internet n’est pas une société de surveillance

Plusieurs faits, couplés à un traitement journalistique alarmiste, ont fait ressurgir le spectre de Big Brother sur le web. Les internautes ont-ils des raisons de se méfier de l’exploitation de leurs données personnelles ?

Oui et non. C’est tout le problème que je pose dans « La vie privée, un problème de vieux cons ». D’un côté, les internautes ont envie de s’exprimer. Un des points forts d’Internet est la concrétisation d’un droit, la liberté d’expression, que l’on a depuis 1789 mais qui a longtemps été réservé aux journalistes et aux gens de pouvoir. Aujourd’hui, tout le monde peut prendre la parole. C’est une avancée dans le bon sens. Le problème est que des gens ont comme métier d’agréger des données personnelles et peuvent s’en servir à des fins intéressées.

La question n’est pas seulement celle des données personnelles mais aussi celle de la liberté d’expression. Est-ce parce que des gens se servent de façon inappropriée de nos données personnelles que nous devrions nous taire ? Va-t-il falloir brider la liberté d’expression de peur de se voir espionner ? Un parallèle peut se faire avec la libération sexuelle. Pendant très longtemps, il était très mal vu qu’une femme se promène toute seule, se maquille ou porte des minijupes. Des féministes sont arrivées, ont fait la libération sexuelle, et les mœurs ont évolué. C’est désormais acquis et naturel, c’est devenu un droit fondamental dans notre société. Donc oui, il faut avoir peur de l’utilisation qui peut être faite de notre liberté d’expression et donc de nos données personnelles, mais le problème ne vient pas de nous, internautes. Il vient de ceux qui veulent les utiliser à des fins néfastes. Il faut donc faire évoluer notre société de l’information pour qu’il soit considéré comme naturel et normal d’exprimer ses idées sans que cela puisse pour autant se retourner contre nous.

Ce changement doit-il passer par la législation ou par l’évolution des usages et des mentalités ?

Les deux ! Les gens doivent apprendre à gérer leur réputation et à se construire une identité en ligne. Il ne faut pas hésiter à avoir plusieurs profils, à prendre des pseudonymes pour protéger certaines informations qui peuvent nuire. Une évolution de la société de l’information est également nécessaire. Faut-il passer par une évolution législative ? Je ne sais pas exactement comment cela peut se passer. Un groupe de travail au sein de la FING dénommé Identités actives a actuellement une réflexion sur la loi informatique et libertés 2.0. Ils se demandent notamment s’il ne faut pas introduire le droit au mensonge et le droit d’utiliser des outils pour bloquer les logiciels espions et les outils d’agrégation de données personnelles mis en place par certaines sociétés, "services" ou administrations dont le métier est de s’intéresser à nos données personnelles. Cela permettrait de se protéger et de décriminaliser le fait de se défendre.

Quels sont les principaux risques pour les prochaines années en matière d’identité numérique et de vie privée ?

L’absence de conscience politique et de maîtrise de l’Internet de ceux qui décident. Dès le lendemain du 11 septembre, on a commencé à mettre en cause Internet car les terroristes avaient utilisé le réseau pour préparer les attentats. On s’est aperçu depuis que c’était complètement faux. Pourtant, Internet a été placé sous surveillance dans les mois qui ont suivi. On assiste à une diabolisation du web depuis des années. On le voit encore aujourd’hui avec Hadopi. Il y a des atteintes répétées aux libertés qui modélisent une société de surveillance. La société de l’information est pour moi un espace de liberté, pas un espace de surveillance. En démocratie, on parle de présomption d’innocence, pas de présomption de culpabilité, or, sur l’internet, nous sommes surveillés, et présumés suspects. Un autre problème est la prise de conscience des internautes sur ces questions de libertés. Ils doivent exercer une pression face aux entreprises privées qui soit telle que ces dernières ne puissent que respecter leurs clients. Le problème se pose avec Facebook ou Google. Il est nécessaire d’avoir un contre-pouvoir pour qu’ils ne deviennent pas des « littles brothers ».

Par quels moyens cette prise de conscience peut-elle se faire ?

Il faut que l’information circule, que cela devienne quelque chose de normal. On peut comparer cela à l’exemple de la ceinture de sécurité. Pendant des années, ce n’était pas du tout un réflexe de la mettre. Quand la loi l’a imposé, les gens ont protesté. Quelques années après, c’est devenu un réflexe. Cela doit également le devenir pour les internautes. Cela va aussi passer par des accidents. Certains vont être malheureusement humiliés sur la place publique et voir leur vie privée exposée au grand public. Ce seront des exemples à ne pas suivre. Tant que les gens ne prennent pas les précautions pour se protéger eux-mêmes, il y aura des sorties de route. Je n’ai bien sûr pas envie de provoquer ces accidents. Je constate juste qu’il y en aura et qu’ils vont peut-être aider les gens à prendre conscience des risques. Cette nouvelle technologie fait que la liberté d’expression et de circulation est plus forte que jamais. Cela a été tellement rapide que les mentalités n’ont pas suivi. Nos sociétés doivent donc évoluer pour digérer et encadrer toutes ces libertés offertes. Mais la situation est assez paradoxale. Je m’intéresse aux technologies de surveillance et de vie privée depuis de nombreuses années. Je suis assez défiant envers les gens qui disent « Faites-moi confiance ». Non, on ne peut pas avoir confiance aussi simplement. En même temps, j’ai l’impression que c’est ce que je viens de dire à propos d’Internet… Pour avoir confiance, il faut avoir de la défiance. C’est assez complexe, on ne sait pas comment cela va évoluer. Il y a encore beaucoup de choses à comprendre et à faire. C’est extrêmement important de s’y mettre dès maintenant.

Quelles différences d’usage de l’Internet peut-on observer chez ceux que vous nommez « petits cons », à savoir la génération des "digital natives", par rapport aux générations précédentes ?

Dans mon article "La vie privée, un problème de vieux cons", je partais du constat qu’un certain nombre de gens, nés depuis les années 80, ont été habitués à la vidéosurveillance, à la traçabilité des communications, et considèrent que ceux qui ont un problème avec cette inflation de technologies de surveillance et de contrôles sont des "vieux cons". Dans un second article, "Vie privée, le point de vue des petits cons", j’essayais d’expliquer que cette génération de natifs du numérique, les "digital natives", qui sont nés avec Internet, a un rapport à la vie privée et à la vie publique qui est très différent de ceux qui ont grandi avant, et sans. En résumé, leur vie privée est sur Facebook, parce que c’est là qu’ils retrouvent leurs potes. La vie privée, pour ceux qui ont grandi sans connaître Internet, c’était quand ils voyaient leurs copains, pour aller au terrain de foot, au centre commercial, ou en bas de l’immeuble. Les mêmes, aujourd’hui, s’indignent de voir que Facebook regorge de données personnelles. Sauf que c’est là où les jeunes se retrouvent entre-eux, c’est leur vie sociale ! Et il faut bien comprendre que cette socialisation relève tout autant de la vie privée que de la vie publique. Il faut bien voir, par ailleurs, que ceux que j’ai appelé les "petits cons" (ceux qui ont un usage intense de l’Internet, qu’ils soient nés depuis les années 80-90 ou comme moi dans les années 70, voire avant) sont des gens qui ont compris que sur Internet, la question n’est pas tant celle de la vie privée que de la vie publique, y compris sur Facebook. On peut en effet tout à fait avoir une vie privée dans des espaces publics : quand vous rencontrez quelqu’un dans la rue ou dans un café, c’est un espace public. Quand vous commencez à raconter votre vie à votre meilleur ami dans ce café, vous parlez de votre vie privée : vous avez donc une vie privée dans un espace public. Il ne faut pas opposer vie privée et vie publique. Et c’est ce qui se passe sur le Net en général, et Facebook en particulier. Les utilisateurs sont conscients qu’ils y mènent aussi une vie publique, et ils en jouent, se mettent en scène et en avant.

La banalisation de l’exposition de soi date des années 70-80, pas de l’internet : Andy Warhol avait déclaré en 1968 que "Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale", et tous ceux qui sont nés depuis les années 70 ont été filmés avant même d’être nés, avec l’échographie, puis filmés au caméscope VHS dans les années 80, avant que les années 90 ne banalisent les reality show, les appareils photos numériques et les téléphones portables équipés de caméras. De plus, le rapport aux enfants a complètement changé depuis les années 60 et 70, depuis la libération sexuelle. Avant, il y avait l’autorité du père, et l’enfant devait attendre l’adolescence, voire l’âge adulte, pour être reconnu comme personne à part entière ayant le droit de s’exprimer. Avec la libération des femmes, la révolution sexuelle, et la redéfinition du rôle du père, tout cela a complètement changé : les enfants sont au centre de la famille, au centre de toutes les attentions – médicale, sociale, parentale - et donc sont constamment surveillés, exposés et mis en scène, exposés par leur entourage. Le fait d’être mis en avant, mis sur un piédestal, et d’être photographié, filmé en permanence, c’est quelque chose que tous ceux qui sont nés depuis les années 80 connaissent. Ceux que j’ai surnommés les "petits cons", les natifs du numérique, ce sont ceux qui ont effectivement compris l’intérêt de l’exposition de soi sur Internet ; ils s’en servent pour se mettre en scène, pour donner une bonne image d’eux. Par exemple, comme cette adolescente qui disait "Moi ça ne me pose pas particulièrement de problème de poser à moitié nue, voire nue en photo et d’être montrée sur Internet, si la photo est belle". C’est aussi simple que ça. Parce que l’important, c’est de se faire un nom, d’être beau, et de se faire respecter comme on est.

Ces jeunes ont-ils conscience que plus tard, cela pourrait leur nuire ?

Ceux qui débarquent sur les réseaux sociaux ne sont pas complètement conscients de tout cela. En même temps, et au vu du nombre d’articles et de reportages consacrés à la question de la vie privée sur Facebook, difficile de croire qu’il puisse encore être possible de ne jamais en avoir entendu parler même si, depuis un an et demi que cette histoire de "droit à l’oubli" tient le haut du pavé, il m’arrive fréquemment, quand je suis interviewé, d’être pris à partie par le journaliste ou un employé, qui vient me voir en aparté, horrifié, car son enfant est sur Internet et qu’il a peur des pédophiles. Internet n’est pas le royaume de la pédophilie et des cyber-terroristes, il faut arrêter avec cette diabolisation de l’Internet, qui passe aussi par cette thématique du "droit à l’oubli".

J’ai commencé à faire cette enquête sur les "petits cons" et les "vieux cons" suite à la polémique suscitée par Edvige. L’argument soulevé par les défenseurs de ce fichier policier, à destination des services de renseignements, était de dire qu’ils ne comprenaient pas où était le problème puisque de plus en plus de monde publie des données personnelles sur Facebook. C’est de la novlangue, comme dirait George Orwell ! Un fichier policier censé identifier les suspects n’a strictement rien à voir avec le fait je m’exprime sur Facebook pour partager un lien, une vidéo ou raconter ce que je viens de manger. Il y a d’un côté quelque chose qui relève de la liberté d’expression et de l’exposition de soi, et de l’autre un fichier de suspects.

Les fichiers policiers, administratifs ou sociaux, mis en place par des politiques ou des administrations afin de surveiller les gens, c’est de la société la surveillance, alors que quand je décide de m’exprimer sur un blog ou un réseau social, c’est moi qui décide de m’exprimer, c’est de la transparence, de la liberté d’expression. C’est comme la différence entre le fait d’être vidéosurveillé à son insu et le fait de choisir d’apparaître dans un film. La société de surveillance, c’est le modèle de Big Brother, c’est quelqu’un qui décide de surveiller d’autres personnes. Internet n’est pas la société de surveillance, puisqu’il s’agit de gens qui décident de s’exprimer. C’est antinomique. Le Net est de l’ordre de la transparence, pas de la surveillance. A force de se focaliser sur Internet qui serait de la société de surveillance et sur le faux débat du droit à l’oubli, ça permet de faire passer plus simplement la vidéosurveillance, la biométrie, les fichiers policiers, le croisement des fichiers sociaux, toutes ces choses que je dénonce. Et il n’est pas anodin de remarquer que c’est précisément suite au scandale Edvige que le débat sur le "droit à l’oubli" a été initié. Or, paradoxalement, on trouve très peu de gens victimes de ce que l’Internet reflète d’eux, alors que, et pour prendre ce seul exemple, un rapport de la CNIL a révélé l’an passé que plus d’un million de gens, blanchis par la Justice, sont toujours fichés comme "suspects" dans le fichier STIC de la police. Les véritables victimes de cette absence de "droit à l’oubli" ne sont pas sur le Net.

Concrètement, y a t-il des moyens d’échapper à cette société de surveillance ?

Sur Internet, oui. Le gouvernement français s’est enfin décidé à expliquer aux chefs d’entreprises ou aux universitaires qui travaillent sur des données sensibles comment sécuriser leur ordinateur pour éviter de faire l’objet d’actions d’espionnage de la part de sociétés ou de services de renseignements étrangers. L’espionnage économique et industriel est une réalité. C’est ce qu’on appelle l’intelligence économique, la guerre de l’information. Maintenant, quand vous allez aux Etats-Unis par exemple, la douane est tout à fait habilitée à saisir votre ordinateur et faire un duplicata de votre disque dur, et elle le fait couramment. C’est de l’espionnage industriel. Le gouvernement s’est enfin saisi de la question et a publié deux modes d’emploi il y a quelques mois. Il y a donc des moyens : il faut sécuriser son ordinateur, chiffrer une partie voire l’intégralité de son disque dur, chiffrer ses communications si l’on veut vraiment qu’elles restent confidentielles. Il y a des outils qui permettent de le faire, des outils de cryptographie notamment, et ce n’est pas si compliqué à utiliser, il faut juste décider de s’y mettre (cf mon "petit manuel de contre-espionnage informatique"). Le problème c’est que jusqu’à présent les pouvoirs publics comme les prestataires de services ne se sont pas pressés pour en faciliter ou en promouvoir l’utilisation.

Il est clair qu’il faut d’abord être sensibilisé à la question et ensuite décider de s’y mettre et apprendre à utiliser ces outils. Mais on l’a vu avec le débat sur l’Hadopi : énormément de gens ont commencé à se demander comment sécuriser leur ordinateur pour éviter d’être espionné. Et ça fait peur aux services de renseignement. En Grande-Bretagne, avec le projet similaire à Hadopi, les services de renseignements ont expliqué que de plus en plus de citoyens vont chiffrer toutes leurs communications donc qu’il va être de plus en plus difficile pour eux d’arriver à savoir qui sont les terroristes, à identifier les criminels, et à pouvoir écouter les gens dans le cadre d’enquêtes de police judiciaire.

A partir du moment où on souhaite pouvoir surveiller tout le monde, à considérer tout le monde comme suspect et mettre en place toute une usine à gaz (ce qu’est l’Hadopi), on va créer des erreurs. Le paradoxe de l’Hadopi, c’est qu’il nous appartient de démontrer notre innocence. Dans un Etat de droit, on est présumé innocent, et c’est à l’accusation de prouver notre culpabilité. Avec l’Hadopi, c’est l’inverse. La réaction d’un grand nombre d’internautes va donc être de prendre leurs dispositions pour se protéger.

Comment voyez-vous le futur de cette surveillance ? Est ce que les internautes vont trouver les moyens de combattre, ou va-t-on assister à une surenchère de dispositifs ?

J’ai tendance à considérer qu’Internet est moins une partie du problème qu’une partie de la solution, au sens où c’est un contre-pouvoir du fait de la liberté d’expression, car ce ne sont pas seulement les personnes autorisées qui sont amenées à s’exprimer : les gens peuvent apprendre à se protéger et peuvent dénoncer cette société de surveillance. Les gens sur Internet sont de plus en plus conscients.

L’Internet est un très bon contre-pouvoir face à cette société de surveillance. Maintenant, concernant la société de surveillance hors Internet, on est dans une mécanique infernale où plus ça va, plus il y a de technologies, plus il y a de lois qui placent les gens sous surveillance et qui en font des suspects potentiels. Je ne sais pas du tout quand la machine va s’enrayer, quand l’on va remettre l’accent sur la liberté et non sur le sécuritaire. Si mon hypothèse, à savoir le parallèle entre la libération de l’expression et la libération sexuelle, entre cette révolution de l’information et les bouleversements entraînés notamment par les féministes et homosexuels dans les années 70 est vraie, j’ai tendance à penser qu’à terme, les internautes vont gagner. Voire qu’on a déjà gagné...

Voir aussi :
Hadopi s’enfonce dans le ridicule
Et si on vidéosurveillait les policiers ?
Facebook et le « paradoxe de la vie privée »
Tout le monde à droit à son 1/4h d’anonymat
« Un peu de parano ne fait pas de mal », dixit le FBI
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi mais que vous aviez la flemme d’aller chercher sur l’internet…

jean.marc.manach (sur Facebook & Google+) @manhack (sur Twitter)
Et pour me contacter, de façon sécurisée (#oupas /-), c’est par là.


Voir en ligne : Facebook & Google, vecteurs de chienlit

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