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Ils ferment carrément l’inspection du travail à Paris

Gérard Filoche | filoche.net | jeudi 29 septembre 2011

jeudi 29 septembre 2011

Ils auront bientôt éradiqué les locaux de l’inspection du travail de Paris. Au début, les bureaux de l’inspection étaient répartis dans les différents arrondissements de la capitale : c’était pour que les salariés lésés puissent s’y rendre et demander de l’aide de proximité dans les permanences des contrôleurs et inspecteurs. Depuis dix ans, peu à peu, ils ferment ces locaux répartis du 15 ° au 8 °, du 2° aux 11˚ et 13 ˚ arrondissements. L’immeuble du 18 avenue Parmentier où j’ai rempli mes missions pendant 20 ans vient ainsi d’être exterminé : tout est regroupé pour le moment au quai de Jemmapes. Ils vendent le siége de la direction départementale de Paris, 2 rue Montmartre. L’avenir c’est que toute l’inspection et annexes, les services « emploi » et l’armée mexicaine des directeurs du travail soient tous rassemblés à Aubervilliers. Cela deviendra un exploit pour les usagers du 15° ou du 13° d’y aller et cela éloignera les agents de contrôle de leur terrain d’action. Bientôt il y aura des « open space » pour des secrétariats en « pool » anonymes et les inspecteurs recevront le public dans des « box » comme cela se fait dans les sociétés de crédits et d’assurance. Peu à peu l’accueil du public sera supprimé : un rêve de Parisot, Sarkozy et Bertrand le font. Les « DIRECCTE » regroupements administratifs régionaux de tous les services de contrôle, allégés sur le terrain et alourdis en hiérarchie, prennent définitivement la place des directions départementales d’Ile de France.

L’inspection du travail agit à contre-courant tant que le gouvernement actuel n’a pas été battu : fin juin, en Maine et Loire, un inspecteur a été séquestré, menacé avec un couteau de boucher avant que la gendarmerie n’arrive. A Bourges, un patron de garage a été condamné à prison avec sursis pour avoir outragé des contrôleurs. Le 28 juillet dans les Ardennes, deux agents de contrôle se sont fait insulter dans une fonderie, les pneus de leur voiture ont été crevés. Le 31 août, deux agents de l’Inspection du travail de Saône et Loire et un contrôleur de la MSA ont été malmenées lors d’ une opération de contrôle du travail illégal dans le cadre des vendanges. Silence radio du Ministère. Rien n’est redressé depuis que le 2 septembre 2004, deux agents de l’inspection ont été abattus en Dordogne dans l’indifférence des plus hautes autorités.

Dans une lettre publique à Xavier Bertrand, l’Union des entreprises de l’Indre ose se plaindre du zèle, pourtant bienvenu, de « deux jeunes inspecteurs tout juste entrés en fonction » qui « privilégient la sanction plutôt que le dialogue ». Selon ces mêmes patrons (l’Echo du 13 août) « le strict respect du droit social est devenu une gageure pour une immense majorité d’entreprises » et visiblement la lutte contre la délinquance patronale leur reste en travers de la gorge. Même quand le gouvernement diffuse des messages dans les médias contre le travail dissimulé sur le thème « frauder c’est voler », l’affaiblissement de l’inspection du travail est tel que la répression de la fraude est contestée.

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