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Découverte de plutonium à Fukushima

Sylvestre Huet | sciences.blogs.liberation.fr | 28 mars 2011

lundi 28 mars 2011

Ouvriers devant réacteur 4 « Au secours. » C’est l’appel à l’aide lancé aujourd’hui par la Tepco (Tokyo Electric Power) aux industriels du nucléaire, français en particulier, qui résume le mieux l’évolution de la situation à Fukushima. D

Dans la centrale dévastée par le séisme et le tsunami, la lutte engagée pour stopper le développement de la catastrophe nucléaire va de « mauvaise surprise en mauvaise surprise », admet-on chez les spécialistes.

Jeudi, c’était la découverte d’une inondation d’eau très fortement radioactive dans les salles des machines. Là où se trouvent les turbines, et où des ouvriers devaient installer des câbles électriques pour tenter de redémarrer les systèmes de refroidissement des réacteurs. Or, cette eau affiche un sievert par heure – un niveau de radiation mortel en quelques heures d’exposition. Impossible donc d’y travailler avant d’avoir trouvé un moyen pour pomper cette eau et la mettre ailleurs.

Hier, c’était d’abord la découverte que cette eau fortement radioactive se trouve aussi dans des tranchées, auxquelles on accède par des regards, jusque près de la mer. Puis, en début de soirée, c’est l’annonce par la Tepco que du plutonium a été découvert en cinq endroits du site de la centrale. Il s’agit des isotopes 238, 239 et 240. Viennent-ils des réacteurs 2 et Situation de Fukushima 3, confirmant ainsi que toutes les barrières de confinement ont cédé ? « Nous pensons qu’il y a une forte probabilité qu’au moins deux des échantillons aient un lien direct avec l’accident survenu à la centrale », a déclaré la Tepco. L’affirmation qui suit - « la faible concentration ne présente pas de danger pour la santé »-, est pour l’instant invérifiable, d’autant que la Tepco se contente de la qualifier « d’infime ». L’opérateur japonais a juste précisé que le taux de plutonium retrouvé dans les cinq prélèvements était équivalent à celui détecté au Japon après des essais nucléaires effectués par la Corée du Nord. Si c’est vrai, il s’agit donc de traces. (les chiffres exacts annoncés par la Tepco sont là).

Que signifie l’appel à l’aide lancé par la Tepco ? Que les critiques sur la gestion autiste de la crise nucléaire, au Japon et ailleurs, par la compagnie et le gouvernement japonais portent leur fruit ? Que les ingénieurs, qui tentent d’empêcher l’accident de s’aggraver encore, ne savent plus à quel scénario se raccrocher ?

Du côté d’Areva, on affirme que cet appel à l’aide se porte en priorité sur « des idées », avant de porter sur du matériel. Et qu’il n’est pas prévu que des employés d’Areva se rendent sur le site contaminé. Des idées pour quoi ? Pomper et traiter cette eau radioactive, probablement. Monter des scénarios alternatifs à ce que tentent les ingénieurs et techniciens japonais depuis le début… Mystère.

Tous les spécialistes savent depuis le 12 mars - avec la décision d’évacuer sur 20 km autour de la centrale prise par le premier ministre japonais - que cet accident va être un long Réacteurs 3 et 4 (a drtoite) cauchemar. Il ne s’arrêtera pas de sitôt, même si les Japonais parviennent à empêcher les cœurs en fusion de déclencher de nouvelles explosions de vapeur ou d’hydrogène s’ils percent franchement - ce qui est peut-être déjà le cas pour le réacteur n°3 - des cuves qui fuient, puis les radiers en béton.

Ce danger écarté, il faudra en effet trouver des solutions pour atteindre les piscines des quatre réacteurs et les vider de leurs combustibles usés et bourrés d’atomes radioactifs. Or, ces piscines sont au minimum endommagées. Et pour trois d’entre elles recouvertes d’un amas redoutable de poutrelles de béton et de métal, avec un pont roulant probablement en travers. Le tout menaçant de surcroît, et à chaque instant, de s’écrouler.

La seule décontamination nécessaire pour conduire un tel chantier fait frémir. Le jeu de mikado des poutrelles, à enlever sans aggraver la situation des piscines, sera un défi sans précédent. Or, tant que ces piscines ne seront pas vidées de leurs combustibles, le risque de voir la machine infernale - perte de refroidissement, ébullition, manque d’eau, dénoyage des combustibles, émission de radioactivité - menacera de repartir. Un long, long cauchemar.


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