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A l’UMP, ces candidats qui cachent leur étiquette pour les cantonales

Marine Turchi0 | mediapart.fr | 02 Mars 2011

samedi 5 mars 2011

« On ne peut pas utiliser (l’étiquette UMP) quand on gagne et la cacher sous le tapis quand on est en difficulté. C’est dans l’adversité qu’il faut porter haut l’étendard », a dit Jean-François Copé, le 23 février, en visite dans l’Aveyron, où le président du conseil général se présente, justement, sans l’étiquette UMP. Le patron de l’UMP a sans doute oublié que, dans son département, ses troupes se présentaient sous l’étiquette « Union pour la Seine-et-Marne »...

Le phénomène n’est pas nouveau – il n’est pas non plus réservé au parti au pouvoir –, mais il semble avoir pris une ampleur proportionnelle à la chute de popularité de l’exécutif. Pour les cantonales des 20 et 27 mars, nombre de candidats de la majorité présidentielle dissimulent l’étiquette UMP. Logo qui a disparu des affiches ; choix d’un nom de liste plus local ou plus neutre comme « majorité départementale » ; candidature « divers droite » : tous les moyens sont bons pour éviter de se revendiquer du parti présidentiel et du chef de l’Etat.

« Dans mon département, rural, plutôt de droite, sur 73 candidats, un seul se présente sous l’étiquette UMP. Même le député UMP y va en divers droite. Il y a clairement un effet Sarkozy », rapporte à Mediapart un cadre du ministère de l’intérieur. Un schéma que l’on retrouve dans plusieurs départements, y compris ceux des poids lourds de la majorité.

SARTHE. Dans le fief de François Fillon, ils ne sont que huit candidats (dans 19 cantons) à concourir sous l’étiquette UMP. Les autres se revendiquent simplement membres de la « majorité départementale ». Le site commun des candidats de droite lui-même ne mentionne nulle part l’appartenance à l’UMP. Le bandeau affiche : « Ensemble pour la Sarthe ».

SEINE-ET-MARNE. Dans le fief de Jean-François Copé et son bras droit Christian Jacob, le patron des députés UMP, il s’agit d’une liste « Union pour la Seine-et-Marne » (USM). Sur leur site, le logo UMP n’apparaît pas non plus.

CHARENTE-MARITIME. Dominique Bussereau, ancien secrétaire d’Etat aux transports, et actuel président du conseil général de Charente-Maritime, a préféré présenter sa liste sous le le label « majorité départementale ».

AVEYRON. Sur 22 cantons renouvelables, seuls trois candidats arborent l’étendard UMP. Le président du conseil général, Jean-Claude Luche, se présente également sous le label « majorité départementale ». Pour ne pas être étiqueté UMP, il a carrément boycotté la visite de Jean-François Copé dans son département, le 23 février... « C’est son choix, j’espère que ce sera un choix gagnant », a répliqué le patron de l’UMP (voir le reportage de France-3 Midi-Pyrénées).

COTE-D’OR. Le site internet des candidats de la majorité présidentielle, « Initiatives Côte-d’Or », n’affiche ni le logo de l’UMP, ni celui du Nouveau centre (NC). Leur leader est pourtant François Sauvadet, le patron des députés NC.

TARN. Seuls deux candidats s’affichent officiellement sous les couleurs de Nicolas Sarkozy. Le secrétaire départemental de la fédé UMP (et candidat aux cantonales), Olivier Brault, est recensé par la préfecture dans la catégorie « autres » (ni UMP, ni DVD), rapporte lefigaro.fr, qui explique aussi que, dans son journal de campagne, il n’utilise pas une seule fois le mot UMP.

LOIRE. Même chose avec une liste « Union pour la Loire », qui adopte des couleurs... violette et jaune.

MOSELLE. Le député UMP François Grosdidier s’est présenté face au conseiller général sortant (membre de la majorité départementale) sans solliciter l’investiture du parti présidentiel. Il affirme agir « en homme libre ». Interrogé par Le Figaro, il assure que s’il concourt sous l’étiquette « Majorité », « cela n’a strictement rien à voir avec l’impopularité présumée du président ».

« Les candidats UMP se cachent »

Des choix qui font sourire la gauche. « Les candidats UMP se cachent », a ironisé lundi François Hollande, en visite dans la Sarthe pour soutenir le PS. Le président sortant du conseil général de Corrèze a comparé ces « candidats sans étiquette » à des bagages perdus « sans adresse ». « C’est une marque que je ne connaissais pas, le sans-étiquette », s’est-il amusé, s’attardant sur le cas des fiefs de Fillon et Copé. « Si la droite était confiante et sereine, on verrait fleurir des affiches avec les candidats en compagnie Nicolas Sarkozy et du premier ministre », affirme-t-il.

« C’est un adversaire de droite qui n’a pas le courage d’afficher qu’il est secrétaire départemental de l’UMP. Cela s’appelle être confus », dénonce quant à lui, dans La Dépêche, Serge Garcia, conseiller général socialiste sortant, en évoquant le responsable de l’UMP dans le Tarn. « Ils veulent se démarquer de la politique de Sarkozy, commente dans Sud-Ouest Yann Juin, candidat radical de gauche en Charente-Maritime. A se demander s’il y a deux Dominique Bussereau, celui du gouvernement et celui qui se présente à Royan-Est, ou deux Daniel Laurent, celui du Sénat et le candidat du canton de Pons. Mais qu’ils assument leurs choix. Nous, on affiche clairement nos valeurs. »

Dominique Bussereau réfute toute « manœuvre politicienne ». « Tout le monde sait bien que je suis à l’UMP et que j’en suis même le président départemental. Je n’en ai pas honte », assure-t-il. « Une petite moitié seulement de nos candidats est encartée à l’UMP. Les autres viennent d’horizons très divers comme les radicaux valoisiens, le Nouveau Centre ou, même, le centre gauche. » Il estime le concept de majorité départementale « plus approprié » : « cette élection est départementale et non nationale ».

Fin janvier, devant le bureau de l’UMP, l’ancien secrétaire d’Etat, qui dispose d’une majorité étroite au conseil général de la Charente-Maritime, ne cachait pourtant pas son inquiétude par rapport à ces élections. « Vos débats sur les 35 heures ou les fonctionnaires, c’est bien gentil, mais nous, on a des élections dans deux mois ; provoquer une mobilisation de la gauche n’est pas le meilleur moyen de nous aider », s’emportait-il.

Interrogé mercredi sur le sujet par Mediapart, Patrick Devedjian, candidat à sa réélection dans les Hauts-de-Seine, met en avant le caractère plus « local » des cantonales. « Ce sont des élections très différentes, c’est un scrutin majoritaire uninominal, et non proportionnel comme aux régionales par exemple. Les électeurs votent pour un conseiller général avec qui ils ont une relation plus directe. »

Alain Marleix, le secrétaire national UMP en charge des élections, a répliqué lundi à François Hollande : « Il découvre le fil à couper le beurre. Ça s’est toujours fait, à droite comme à gauche. » Le phénomène existe effectivement aussi à gauche, dans des proportions moindres. « Loire Pour Tous », « Savoie pour tous », ou encore « Le 13 en action » dans les Bouches-du-Rhône, ne mentionnent pas leur appartenance au PS. Ce n’est « pas très porteur » d’avoir « l’étiquette socialiste derrière M. Guérini » dans les Bouches-du-Rhône, ironise Alain Marleix, en référence à l’affaire Alexandre Guérini, écroué en décembre pour blanchiment et abus de biens sociaux (lire les enquêtes de Mediapart ici et là).

Le FN n’est pas en reste. Sur sa nouvelle campagne d’adhésion, placardée dans toute la France depuis le 12 février, le parti de Marine Le Pen ne mentionne, pour la première fois, ni le « FN », ni le nom de « Le Pen ». A la place, un simple « Adhérez au Front » et le prénom de « Marine ».

Pour le FN, ce « nouveau slogan est plus convivial ». « Maintenant, quand on parle du Front National, on dit “Le Front”. Ça simplifie les choses », assure à Europe-1 Julien Sanchez, secrétaire national à la communication numérique du parti.


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