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Cachez cette chatte… les tartuffes de la touffe

Ovidie | metronews.fr | lundi 10 juin 2013

jeudi 13 juin 2013



Cachez cette chatte… les tartuffes de la touffe
Ovidie | metronews.fr | lundi 10 juin 2013

La "Vulva Puppet", créée par l’artiste Dorrie Lane, utilisée lors de de cours d’éducation sexuelle (DR)

Entre épilation intégrale et développement de la chirurgie esthétique intime, certaines artistes décident de lutter contre l’uniformisation du sexe féminin. Un travail plus que nécessaire, à une époque où la notion de « parties honteuses » refait surface.

Il y a quelques jours, j’ai tenté de faire circuler sur les réseaux sociaux une vidéo réalisée par des féministes suédoises qui faisaient « chanter » leur vulve. Des sexes féminins, filmés en gros plan, étaient reliés à des fils, tels des marionettes, et vibraient au rythme de la musique. Dans ma
grande naïveté, je pensais que cette vidéo allait être trouvée amusante voire mignonne. Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir des commentaires horrifiés, non pas par un prétendu aspect pornographique de la vidéo, mais par le simple fait que ces sexes avaient… des poils. « Laid », « insupportable », « horrible », « insoutenable », « repoussant »… Tels ont ét&eac
ute ; les qualificatifs en réaction à ces images qui ne représentaient jamais QUE des sexes féminins, parfaitement propres, sans difformité, en bonne santé, et dans un contexte non-sexuel.

C’est, face à ce type de réactions, que l’on ne peut que comprendre l’intérêt de la démarche de la réalisatrice Max Göran. Le titre Jag känner faktiskt att jag är bättre kompis med min fitta nu (« Je me sens maintenant plus en paix avec ma chatte ») suffit à lui seul pour expliciter le message. Cette vidéo s’inscrit dans la lignée du projet artistique Great Wall of Vagina qui rassemble des moulages de vulves, de la Vulva Puppet de Dorrie Lane, utilisée lors de cours d’éducation sexuelle, ou encore du Kussomaten danois (que l’on pourrait traduire par « chatte-o-maton », ou « photomaton de la chatte ») qui avait été installé à l’institut de Goethe de Copenhague. La revendication ? Que chaque visage vulvaire est unique, et que les diktats de beauté n’ont aucune place dans nos culottes.

Avoir une vulve lisse et sèche, comme un poupée gonflable

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’interroger sur l’apparence de leur sexe. La majorité des moins de 25 ans ont recours à l’épilation intégrale ou semi-intégrale. Autrefois source de fantasmes, elle est devenue aujourd’hui une simple norme hygiénique. A la hantise du poil et des sécrétions est venue s’ajouter la crainte de ne pas avoir une vulve « conforme », lisse comme une tirelire, sèche comme un trou de poupée gonflable. Nous assistons actuellement à un développement auprès d’une jeune patientèle de la chirurgie esthétique intime qui peut laisser perplexe.

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En 2011 la marque de crème dépilatoire Veet faisait circuler une publicité à destination d’un public jeune (adolescentes ? Jeunes femmes ?), mettant en scène un chat fredonnant «  Quand mon minou est tout doux, il vaut le coup » (sous-entendant qu’un « minou » non épilé ne « valait pas le coup »). Selon Stéphane Rose dans son livre Défense du poil</em
>, « Les adolescents de 2010 sont ceux de la toute première génération de l’ère du web. Initiés au nu sur les plateformes de téléchargement de vidéos X, ils ont naturellement associé la vulve au glabre, et le poil à la déviance« . Il ne s’agit plus pour eux d’un fantasme sexuelle, mais d’une norme, au même titre que l’épilation des aisselles. Beaucoup de femmes sont prêtes à refuser un rapport si leur sexe n’est pas parfaitement imberbe, car elles estiment ainsi ne pas être présentables. Le piment apporté par l’épilation des parties intimes s’est retrouv
é diktat, instrument complémentaire de la culpabilité des femmes à devoir correspondre à une norme.

Si mon minou n’est pas tout doux, alors il ne vaut pas le coup ?

Je ne suis pas en train de remettre en cause le droit de nous épiler si cela nous chante. Chacune a le droit de faire ce qu’elle veut avec sa pilosité. Nous sommes libres de notre apparence, surtout intime. En revanche je m’inquiète du dégoût généré par une femme qui refuse simplement de se soumettre à ce qui semble devenir la norme. Que le buisson soit naturel, taillé, ou totalement rasé, l’important est que nous conservions le choix.

A une époque où les images explicites sont relativement banalisées, et où nous serions sensées être plus en paix avec les représentations de nos parties génitales, j’avoue être surprise de recevoir ce genre de messages de dégoût. Majoritairement masculins, d’ailleurs, je peux le préciser. Est-il possible qu’en 2013 nous en soyons revenus à une situation où la vision d’un sexe féminin est repoussante ? Cette diversité du paysage vulvaire est en train de se retrouver de nouveau confrontée à une notion désuète longtemps fort combattue : celle des parties honteuses.


A Propos d’Ovidie

La sexualité est pour moi un vaste champ d’investigation, et surtout une intarissable source interrogations. Observer les comportements érotiques de mes congénères ne cessera jamais de me surprendre, de m’amuser, et peut-être parfois aussi de me décevoir. Je vous fais partager ici mes découvertes et réflexions. Le ticket de Métro est mon blog, celui d’une sexperte résolument urbaine.


Je suis auteure, réalisatrice, et éducatrice sexuelle pour adultes depuis une douzaine d’années. J’ai, avant cela, exercé en tant qu’actrice X et me suis revendiquée "travailleuse du sexe". J’ai ensuite été une des premières à développer le concept de pornographie féminine. Mon travail gravite principalement autour de la liberté sexuelle de la Femme.


 
 

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Transmis par Voltaï
 Thu, 13 Jun 2013 10:28:29 +0200
 

 
 


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