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Fukushima : nationalization des coûts financiers de la catastrophe...

François Leclerc | pauljorion.com | mardi 27 décembre 2011

mardi 27 décembre 2011



Les échelles de l’industrie électro-nucléaire sont multiples.

Quarante ans sont ainsi prévus pour les opérations de démantèlement de la centrale de Fukushima-Daiichi, puisqu’il fallait bien annoncer un calendrier. Celui-ci est donné sans garantie, étant donné les inconnues et défis titanesques de l’opération, tandis qu’une autre échelle se révèle progressivement : celle des coûts financiers de la catastrophe.

Tepco, l’opérateur privé de la centrale, va devoir non seulement assumer les coûts de ce démantèlement, mais également ceux du dédommagement des victimes et de la compensation par d’autres moyens de l’arrêt de la quasi intégralité de ses réacteurs nucléaires.

Dans l’immédiat, Tepco fonctionne grâce à des avances financières du Fonds de versement des indemnités pour les dégâts nucléaires, mis en place par l’État. 8,7 milliards d’euros ont déjà été débloqués, mais Tepco – qui en avait réclamé 10 milliards – demande maintenant 16,7 milliards d’euros. Les experts considèrent que 42,5 milliards d’euros devront être versés à ce titre d’ici à 2013, un montant déterminé sur la base d’estimations contradictoires. Il pourra être augmenté au fur et à mesure que sera délimité la future “zone interdite” qui affecte actuellement 80.000 Japonais déplacés.

Avec le démantèlement des réacteurs et le financement des coûts de la catastrophe, c’est le troisième enjeu. Les autorités japonaises ont l’intention de substituer trois nouvelles zones à l’actuelle zone d’un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale, qui a été totalement évacuée de ses habitants. Elles devront tenir compte des niveaux de radioactivité : celle-ci est variable, fonction de la direction des vents et des précipitations, et ne doit plus désormais augmenter en raison des travaux effectués sur le site, est-il affirmé.

Une première zone qualifiée de “préparation au retour”, où le niveau des radiations est inférieur à 20 millisieverts par an, sera en priorité décontaminée, en arasant la terre et en coupant les arbres, puis en remettant en état les infrastructures. Des opérations très onéreuses dont le calendrier n’a pas été déterminé. Une seconde zone, dite “d’habitat limité”, sera délimitée, où les radiations sont actuellement entre 20 et 50 millisieverts par an, qui pourra ensuite connaître le même traitement. Enfin, une zone “de retour difficile” sera dans les faits déclarée inhabitable pour une ou plusieurs décennies, le gouvernement envisageant de racheter les terres des paysans.

On admirera le soin qui a présidé à la dénomination de ces zones, en constatant que les coûts afférents à ces nouvelles opérations n’ont pas été officiellement chiffrés, pas plus qu’il n’a été précisé qui, de l’État ou de l’opérateur, les prendrait à sa charge.

Afin de financer les opérations à sa charge, l’opérateur a présenté au gouvernement un plan de restructuration sur dix ans, aboutissant à des diminution de 26 milliards d’euros de ses coûts, ainsi que de ventes d’actifs, pour un montant de 6,9 milliards d’euros. Mais cela ne permettra pas de tout financer. D’autant que les avances de l’État sont dans l’état actuel des choses remboursables. Yukio Edano, le ministre de l’industrie, a donc à nouveau évoqué la possibilité d’une nationalisation, qu’il a présenté comme “provisoire”. Il serait question que l’État prenne indirectement le contrôle des deux tiers de l’opérateur, à la faveur d’une augmentation de capital.

A l’arrivée, le coût global de la catastrophe sera sans nul doute pris en charge par la collectivité, car il n’est pas dans les moyens de l’opérateur d’y pourvoir. Cette dimension-là n’est pas moins alarmante que les autres, présentant sous un jour moins idyllique qu’il est d’usage les bienfaits de l’électro-nucléaire.






Voir en ligne : Fukushima : L’échelle financière du nucléaire

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