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Nucléaire "Filière d’avenir" : Montebourg se défend de faire "de la provocation"

Le Monde.fr avec AFP | lemonde.fr | lundi 26 août.2012 • Mis à jour le 27.08.2012 à 16h58

lundi 27 août 2012


Montebourg se défend de faire "de la provocation" sur le nucléaire
Le Monde.fr avec AFP | lemonde.fr | lundi 26 août.2012 • Mis à jour le 27.08.2012 à 16h58

Arnaud Montebourg à l'Assemblée nationale, le 11 juillet.

Arnaud Montebourg à l’Assemblée nationale, le 11 juillet. | Reuters/CHARLES PLATIAU

Le ministre du redressement productif s’est défendu, lundi 27 août, de faire "de la provocation" sur le nucléaire, après avoir assuré la veille sur BFM TV qu’il s’agissait d’"une filière d’avenir". "Mes propos (...) sont dans la droite ligne de ce qu’a été le discours de campagne de François Hollande", a-t-il déclaré à la 2resse, lors d’une visite chez l’opticien Atoll à Beaune (Côte-d’Or).

"Avec une augmentation continue de la consommation des ménages et industrielle, même en maintenant notre parc de centrales actuel", la question est desavoir "si nous allons continuer à investir", expliquait le ministre dimanche."Nous avons besoin d’énergie et pas trop chère", et "la France a un atout extraordinaire entre ses mains [avec ses centrales nucléaires] qui lui a permis de bâtir son industrie".

"Notre choix d’avoir une énergie pas chère, abordable et en quantité est stratégique", a insisté M. Montebourg, rappelant que plusieurs pays européens revenaient vers le nucléaire, "même le Royaume-Uni, droite, gauche confondues".

Les propos du ministre ont soulevé l’indignation des associations. "Pourquoi débattre si on ne peut toucher au nucléaire ?" et "à quoi bon réunir les associations, syndicats et élus si les décisions sont déjà prises et annoncées par le gouvernement ?" s’interrogeait lundi Sortir du nucléaire. Le réseau estime que les propos de M. Montebourg "ne font que confirmer les signaux donnés par François Hollande, qui a repoussé la fermeture de la centrale de Fessenheim aux calendes grecques et demande l’accélération des travaux de la mine d’uranium d’Imouraren, au Niger".

"UNE PROFESSION DE FOI EN DÉCALAGE TOTAL AVEC LA RÉALITÉ"

Ces déclarations ont également provoqué de vives réactions du côté d’Europe Ecologie-Les Verts, pourtant partenaires du gouvernement. Denis Baupin, vice-président (EELV) de l’Assemblée nationale a été le premier à dénoncer "une profession de foi en décalage total avec la réalité." "Partout dans le monde, au contraire, le nucléaire est en déclin", écrit dans un communiqué le député de Paris, avant d’énumérer l’"abandon en Allemagne, en Belgique, en Italie, abandon de fait au Japon, remise en question des programmes de construction en Chine, aux Etats-Unis".

Citant des estimations de la Cour des comptes selon lesquelles "un accident type Tchernobyl ou Fukushima" coûte "entre 600 et 1 000 milliards d’euros", l’élu assure que "le redressement productif ne passe pas par l’acharnement thérapeutique sur des technologies dépassées". "La filière nucléaire doit préparer son avenir : le démantèlement", ironise-t-il.

REMISE EN CAUSE DES ACCORD PS-EELV ?

Noël Mamère a condamné pour sa part une "provocation" d’Arnaud Montebourg, qui peut conduire les écologistes à "s’interroger" sur la validité des accords qui les lient au PS. Sur Europe 1, le député et maire de Bègles a en effet estimé qu’il était "très inquiétant de voir ces déclarations de quelqu’un qui n’est pas isolé, qui est un membre important du gouvernement, qui est le ministre de l’industrie, qui a la responsabilité de tout ce qui concerne le secteur de l’énergie".

Le porte-parole d’EELV, Jean-Philippe Magnen, s’est voulu moins agressif, considérant les déclarations du ministre du redressement productif comme des "propos isolés". "Nos interlocuteurs restent le premier ministre, le président de la République et le PS". "Nous réagissons en n’attachant pas plus d’importance que cela" aux propos d’Arnaud Montebourg "que nous connaissions déjà comme étant pro-nucléaire", a-t-il ajouté précisant que "le président a annoncé un grand débat national sur l’énergie". "L’essentiel ce sont les actes", a indiqué la ministre écologiste du logement, Cécile Duflot.

 CACOPHONIE CÔTÉ PS

Côté socialiste, les propos d’Arnaud Montebourg ont provoqué l’embarras. Pour apaiser la situation, le porte-parole du parti, David Assouline, a estimé lundi matin qu’il s’agissait d’un "sentiment personnel" sans "conséquence concrète".

Le président PS de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, s’est montré plus nuancé, jouant sur le flou du terme "avenir". "Quand vous avez encore 50 % de votre énergie qui doit être produit en 2025 par le nucléaire, c’est qu’il y a encore la place pour le nucléaire dans le pays ! a-t-il affirmé. Il va falloir entretenir les centrales qui vont continuer à exister ! A aucun moment, le président de la République n’a dit dans la campagne : on va les laisser vieillir et ça va se terminer."

La sénatrice Laurence Rossignol, chargée de l’environnement au PS, a jugé "évident" que la filière industrielle nucléaire "devait continuer" dans l’"excellence". "La transition énergétique crée des activités et des emplois nouveaux, assure-t-elle. [La filière] doit aussi se spécialiser dans le démantèlement des centrales où ses compétences acquises lui permettront d’être leader."

Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a de son côté affiché un soutien sans faille à son collègue du gouvernement. Interrogé par Europe 1, il a assuré comme lui que l’énergie nucléaire est "incontestablement" une filière d’avenir. Il a rappelé cependant les engagements de François Hollande "de réduire la part du nucléaire, à l’horizon 2025", dans le mix énergétique. "Ces débats auront lieu au sein du gouvernement et puis dans le cadre de la conférence environnementale que ma collègue Delphine Batho", chargée de l’écologie, "va animer", a-t-il relevé.

LES PROMESSES DU CANDIDAT HOLLANDE

Pendant la campagne présidentielle, François Hollande n’a eu de cesse de répéter son engagement à réduire à 50 % – contre 75 % actuellement – la part du nucléaire dans la production d’électricité, à l’horizon 2025. En revanche, il n’avait pas repris dans ses soixante engagements le volet de l’accord de gouvernement PS-EELV prévoyant la fermeture progressive d’une vingtaine de réacteurs nucléaires. Le président a déclaré qu’il fermerait durant son quinquennat une seule centrale, celle de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc nucléaire hexagonal, et qu’il achèverait la construction de l’EPR (réacteur de troisième génération) de Flamanville (Manche). Ce nouveau réacteur est censé entrer en service en 2016.




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Transmis Christine Dardal
Lundi 27 Août 2012 15:55:16




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