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Carrefour lance l’étiquetage « non OGM »

Anne Farthouat | novethic.fr | 29/10/2010

lundi 1er novembre 2010

Lancé par Carrefour le 26 octobre dernier, l’étiquetage « Nourri sans OGM » relance le débat sur une réglementation française en la matière. Et souligne l’importance de soutenir l’offre de l’alimentation animale non-transgénique.

Comment reconnaître un poulet nourri avec OGM d’un poulet nourri sans OGM ? A première vue, difficilement. Du moins dans les rayons des grandes surfaces. L’enseigne Carrefour s’est donc engagée à répondre -partiellement- à la question, en lançant le 26 octobre dernier un étiquetage inédit : « Nourri sans OGM ». Les 300 références alimentaires de la gamme Engagement Qualité Carrefour sont désormais habillées d’une nouvelle étiquette verte, garantissant au consommateur que le produit en question contient moins de 0,9% d’organismes génétiquement modifiés. Une première dans la grande distribution.

Pallier les lacunes réglementaires

Saluée par l’association Greenpeace, l’initiative de Carrefour relance le débat sur l’étiquetage relatif aux OGM. La réglementation européenne du 18 avril 2004 impose certes un étiquetage spécifique à tous les produits alimentaires dont les ingrédients, arômes ou additifs contiennent plus de 0,9% d’OGM. Mais l’alimentation animale reste exclue de ce périmètre. Or, comme le souligne Arnaud Apoteker, chargé de campagne OGM chez Greenpeace France, « si on devait étiqueter la présence d’OGM sur les produits d’origine animale, 80% d’entre eux seraient étiquetés ! » En cause, les milliers de tonnes de soja transgénique déversées chaque année sur le marché européen de l’alimentation animale.

Certains états-membres, l’Allemagne et l’Autriche notamment, ont d’ores et déjà crée un cadre législatif autorisant l’étiquetage « sans OGM » pour les produits d’origine animale. En France, un décret similaire est attendu...depuis la loi relative aux OGM votée en mai 2008. Devant l’inertie des pouvoirs publics, quelques acteurs de l’agro-alimentaires ont donc pris le devant. « L’initiative de Carrefour est une première dans la grande distribution, précise Arnaud Apoteker. Globalement, les autres chaînes ne font par grand chose, en tout cas pas sur l’étiquetage. Par contre, certaines marques mentionnent l’absence d’OGM, comme les Poulets de Louet ou les beurres d’Echiré. Mais ces démarches sont rares et locales. Pour l’heure, le seul moyen de valoriser les efforts des producteurs reste l’étiquetage volontaire. » L’association espère que la démarche de Carrefour inspirera ses concurrents.

Préserver l’offre de soja non transgénique

Les producteurs risquent en effet de voir l’offre « non OGM » sur le marché de l’alimentation animale se réduire drastiquement. Et par conséquent, son coût augmenter. La question concerne essentiellement les importations brésiliennes de tourteaux de soja, le maïs français étant -pour l’instant- préservé de l’intrusion des OGM. Cependant, en 2010 40% du soja brésilien était encore non-transgénique. « L’offre reste donc suffisante pour le marché européen » d’après Arnaud Apoteker. Le militant précise néanmoins que « les États-Unis et l’Argentine ont courbé l’échine face aux OGM. Il faut donc adresser un message fort au Brésil, et lui garantir des débouchés pour une production animale européenne sans OGM. » Un créneau que pourrait également investir l’Inde, producteur de soja exclusivement non transgénique, qui n’a donc pas à supporter les surcoûts d’un double circuit de production et de distribution.

Sans OGM versus Bio ?

Ce surcoût explique notamment le fait que Carrefour concentre son action sur la seule gamme Engagement Qualité Carrefour, les produits discount étant pour l’heure écartés. A l’instar du bio, le « non OGM » n’est toujours pas à la portée de toutes les bourses. Néanmoins, Arnaud Apoteker estime « qu’il est important que les consommateurs voient qu’il y a une autre offre que le bio. Bien sûr, Greenpeace préconise d’acheter des produits bio et soutient ce marché, mais il reste un marché de niche, et l’offre n’est pas suffisante pour un changement massif et rapide de habitudes alimentaires. » Mais l’initiative de Carrefour n’enchante pas tout le monde. Biocoop, premier distributeurs de produits bio en France tient à rappeler qu’existent « des magasins qui n’ont pas attendu le 26 octobre 2010 pour proposer des produits sans OGM et le clamer haut et fort. Chez Biocoop, c’est 100% sans OGM et sur bien plus de 300 références. »


L’affichage environnemental expérimenté

La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, l’Association nationale des industries alimentaires et l’Ademe ont présenté le 21 octobre dernier les conclusions d’une expérimentation volontaire sur l’impact environnemental de 300 produits. Privilégiant une approche multi-critères sur l’analyse du cycle de vie des produits, leur méthodologie pourrait inspirer la mise en œuvre de l’affichage environnemental prévu par la loi Grenelle 2. La phase d’expérimentation nationale de ce dispositif, ouverte à tous les acteurs de l’agroalimentaire, débutera le 1er juillet prochain.


Anne Farthouat

Mis en ligne le : 29/10/2010

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