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Les aventures de Thierry Meyssan à Tripoli

Michel Sitbon | parisseveille.info | 29 août 2011

samedi 3 septembre 2011

À Tripoli, depuis le mois de juin, tous les représentants de la presse internationale, une cinquantaine, étaient enfermés à l’hôtel Rixos, devenu fameux les derniers jours de la bataille de Tripoli, lorsqu’ils se sont retrouvés « pris en otages », par le dernier carré des troupes khadafistes.

Les journalistes sont amusants : aucun – hormis Bernardo Valli, du Corriere de la Sera – n’aura mentionné qu’il y avait parmi eux deux personnalités françaises plutôt fameuses – chacune à sa façon –, deux compères : Thierry Meyssan, du Réseau Voltaire, et l’humoriste leader du Parti anti-sioniste, Dieudonné M’bala M’bala.

L’animateur du Réseau Voltaire est surtout connu pour son Effroyable imposture, ouvrage vendu à plus d’un million d’exemplaires – en France –, dans lequel il dénonçait l’invraisemblance de la thèse officielle sur les attentats du 11 septembre 2001. Dix ans plus tard, il aura fait du chemin… se présentant désormais comme le pourfendeur de l’Otan – et travaillant à la défense des dictatures contestées par leurs peuples de Khadafi et d’Assad – comme de celle du non moins brutal Ahmadinejad, en Iran.

Depuis 2007, et l’élection de Sarkozy, Meyssan avait déclaré ne pas être en sécurité en France, et avait choisi le chemin de l’exil, à Damas, déjà, sous la « protection » de Bachir el Assad... Mais on se souvient qu’il signait alors ses articles aussi de… Alma Ata, l’ex-capitale du Khazastan – le pays, parmi les ex-Républiques soviétiques, où la dictature du Parti communiste se sera maintenue telle quelle, sous la main de fer de Noursoultan Nazarbayev.

Et, depuis fin juin donc, Thierry Meyssan avait élu demeure à Tripoli, où il faisait figure de « conseiller en communication » pour Khadafi. Il proclamait à qui voulait l’entendre qu’il s’interdit de poser le pied non seulement en France, mais dans tous les pays de l’Otan – prétendant « savoir » que sa tête y serait mise à prix…

Ce qui est vraiment amusant, c’est que, séquestrés dans cet hôtel, n’ayant droit qu’à de rares excursions très encadrées, tous auront considéré inutile d’informer leurs lecteurs du fait qu’ils voyaient tous les jours parader dans l’hôtel Rixos aux côtés des autorités Khadafistes, l’inénarrable Meyssan.

Ainsi, ces derniers jours, seul le Réseau Voltaire – et ses satellites, comme le Comité Valmy – auront diffusé les informations dramatiques, reproduites ci-dessous, suivant lesquelles Thierry Meyssan était pris au piège dans la chute de Tripoli. Jusqu’au 23 août, celui-ci déclarait les khadafistes victorieux. « Le dernier message de Thierry Meyssan, daté de 4h30 ce mardi 23 août, parle de grande “victoire” des loyalistes. Selon lui, les assaillants ont été écrasés, “des missiles sol-air ont été apportés en ville”, tandis que “l’OTAN a du stopper les bombardements” », pouvait-on lire sur son site.

Aura-t-il fini par s’auto-intoxiquer lui-même au point de négliger de partir à temps ?

Relevons que dans un de ses derniers articles de Tripoli, Meyssan dénonçait avec tant de virulence la couverture médiatique de la guerre libyenne qu’il proclamait que « les journalistes qui pratiquent la propagande de guerre doivent être jugés par la Justice internationale ».

Il dénonçait là, pèle-mêle, CNN, France24, BBC et Al-Jazeera, coupables selon lui de « crimes contre la paix », « plus graves encore que les crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».

Comment faudrait-il juger alors le travail idéologique qu’il assume depuis de nombreuses années en défense des régimes iranien, syrien ou libyen, qui répriment leurs peuples avec la violence que l’on sait, au bénéfice desquels le Réseau Voltaire fournit, à longueur d’année, les plus indignes plaidoyers ? [Voir à ce sujet notre texte Voltaire au bout de la nuit, analyse détaillée du discours pro-Assad diffusé par Meyssan.]

Ironie de l’histoire : pris au piège de Tripoli – et peut-être même légitimement inquiet pour sa sécurité –, après avoir lancé moult appels au secours, c’est grâce à l’assistance de… la cellule de crise du Quai d’Orsay que Meyssan aura quitté la Libye à l’heure où son ami le dictateur n’est plus en état de le « protéger »...

Où l’on voit comment la diplomatie française évite de mettre « tous ses œufs dans le même panier »… et n’oublie pas de rescaper ses agents spéciaux.

***
Transmis par Michel Sitbon
Sat, 3 Sep 2011 11:11:03 +0000


Voir en ligne : Les aventures de Thierry Meyssan à Tripoli

Messages

  • Je n’ai pas une très grande confiance en Meyssan, qui a su tout dire et son contraire, mais je n’ai pas non plus une grande confiance en Michel Sitbon, qui aura trop longtemps été un de ses compagnons de route pour paraître honnête dans ses critiques acerbes vis-à-vis de lui.

    Cette guignolade entre journalistes qui servent bien leurs maîtres n’intéresse pas grand-monde en réalité, tant leurs positions sont acides et caricaturales.

    Mr Sitbon et Mr Meyssan, faites-nous plaisir : prenez des vacances...

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