Poutine envoie un nouveau "signal". Une opposante a été condamnée ce mardi en Russie à huit ans de camp pour "trafic de drogue", une affaire fabriquée de toutes pièces selon la plupart des observateurs.
Membre du parti d’opposition L’Autre Russie, Taïssia Ossipova, 28 ans, a comparu devant un tribunal de Smolensk (420 km à l’ouest de Moscou) qui lui a infligé le double de la peine requise par le procureur.
Les avocats de l’opposante, détenue depuis bientôt deux ans, avaient dénoncé dès le départ une provocation et affirmé que des pressions ont été exercées sur Taïssia Ossipova pour qu’elle témoigne contre son mari, Sergueï Fomtchenkov, l’un des dirigeants du parti L’Autre Russie. Après qu’elle a refusé de déposer contre son époux, souligne le parti sur son site, des enquêteurs ont lancé à Taïssia Ossipova : "Ta fille grandira sans toi !".
La police a ensuite accusé l’opposante d’avoir cherché à vendre deux doses de drogue, ce qu’elle a toujours nié.
"Selon son avocate, Svetlana Sidorkina, la pratique est courante en Russie : "Beaucoup de gens sont en prison parce qu’on utilise contre eux de la drogue pour fabriquer des affaires de toutes pièces", explique-t-elle.
Taïssia Ossipova ne bénéficie en détention d’aucun soin bien qu’elle souffre de diabète. Arrêtée en 2010 à Smolensk et condamné une première fois à dix ans de camp, son nom figurait sur la liste des personnes condamnées pour activité politique remise en début d’année au Kremlin, lorsque Dmitri Medvedev était président. Ce dernier, jugeant la peine trop sévère, était intervenu pour demander au parquet de réexaminer cette affaire, finalement renvoyée devant le tribunal de Smolensk.
Le pouvoir est "prêt à resserrer les boulons"
La condamnation de Taïssia Ossipova "est une décision politique qui vient d’en haut. Le pouvoir veut montrer sa force et faire peur à ceux qui s’opposent à lui", a réagi Sergueï Fomtchenkov, ajoutant que son épouse allait déposer un recours devant la Cour de cassation. Un autre leader de l’opposition, Sergueï Oudaltsov, venu au tribunal soutenir Taïssia Ossipova, a critiqué un "jugement monstrueux et injustifié". "C’est une justice arbitraire", a renchéri l’opposant et écrivain russe Edouard Limonov, dénonçant une sanction "extrêmement sévère".
Pour l’analyste politique indépendant Dmitri Orechkine, ce jugement est un "signal" envoyé aux opposants pour leur montrer que le pouvoir est "prêt à resserrer les boulons", alors que le Kremlin est confronté depuis plusieurs mois à une contestation sans précédent depuis une décennie. "Tenez-vous tranquilles et on vous laissera en paix. Sinon, on trouvera de la drogue chez vous. C’est une loi non écrite. Si vous êtes contre le pouvoir, vous êtes un délinquant !", explique Dmitri Orechkine.
Cette condamnation suit celle des trois membres du groupe de punk rock russe Pussy Riot à deux ans de camp pour une "prière" contre Poutine chantée dans une cathédrale, le 17 août.
Des enquêtes ont également été ouvertes récemment contre deux leaders de la contestation anti-Poutine, l’avocat et blogueur Alexeï Navalny, et le député d’opposition Guennadi Goudkov, qui risque de perdre son immunité parlementaire.
Avec
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Transmis par Syrinx
Fri, 31 Aug 2012 01:09:41 -0700
PAMF