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Monologue & L’impossible

Michel Butel | limpossible.fr | Lundi 31 janvier 2011

jeudi 3 février 2011

1 – Je commence aujourd’hui, 31 janvier 2011, ce monologue. Il annonce un journal, l’hebdomadaire « L’impossible », qui paraîtra en kiosque au début du beau mois de mai.

2 – Ceci est un jeu, le plus sérieux des jeux. Créer un journal (un journal-papier, en France, en 2011) est un jeu. Un jeu très sérieux. Un jeu à considérable enjeu.

3 – La rue arabe par un mouvement de prodige sort de la léthargie terrible, sort du coma des peuples, des sociétés, des civilisations même (parfois). C’est un jeu. Le jeu entre tous sérieux.

4 – Le jeu des enfants qui inventent des histoires drôles sous les bombes, le jeu des mères qui inventent la nourriture de leurs enfants dans les camps de réfugiés, le jeu des exténués qui franchissent les frontières les séparant de l’eldorado, c’est un jeu tragique mais c’est un jeu.

5 – Le jeu des aventures de l’anormale vie normale, celles de la pensée, celles de l’art, celles des amitiés ou des amours, c’est un jeu d’insensés mais c’est un jeu.

6 – Tous ces jeux portent le même nom : l’impossible.

7 – Il n’est de vivant que l’impossible. En politique, dans la vie privée, en art, dans les sciences.

8 – Le mot impossible désigne le lieu de vie. Il propose d’aller là. Il sous-entend : ne recommençons pas, n’imitons pas, ne continuons pas.

9 – Parce que ce jeu, ce mot, évoquent la nécessité d’une rupture, ils effraient.

10 – Une autre fois, demain sans doute, je dirai des phrases plus calmes à propos d’événements dans le siècle et dans nos vies. Par exemple, la crise de la presse (je m’étais déclaré candidat à la direction du Monde, j’en parlerai). Par exemple, la crise idéologique, politique et économique où nos experts et nos intellectuels trouvent matière plaisante à barboter et radoter.

11 – Lisez John Berger. Lisez Marina Tsvetaïeva. Lisez Jean-Christophe Bailly. Lisez Anna-Maria Ortese. Lisez Paul Celan. Lisez Alejandra Pizarnik. Vous entendrez la voix tremblée qui cherche la note impossible. Comme dans la rue des révolutions. Comme dans notre journal, bientôt.

Michel Butel


Pourquoi je crée L’impossible ?

(un hebdomadaire, en kiosque le jeudi 5 mai 2011)

1 – Parce que des journaux m’ont donné, dès mon plus jeune âge, des informations sur l’état du monde. Du monde entier. Sur l’état de la société dans laquelle je vivais. Parce que certains de ces journaux ont façonné mon esprit – mon esprit critique, parce que certains journalistes dans ces journaux – ou parfois certains écrivains, certains penseurs, certains artistes, certains intellectuels, certains chercheurs, certains photographes, certains dessinateurs, certains inconnus dans ces journaux, ont bouleversé fugacement ou durablement mon état d’esprit. À l’égal des œuvres d’art ou de pensée. À l’égal de certains livres, de certains films, de certains manuels ou traités, à l’égal de certaines pièces de théâtre, à l’égal de certains films, à l’égal, parfois, de l’art entre tous énigmatique – la musique. Et aussi à l’égal de certaines rencontres, de certains voyages, à l’égal de certains amis, à l’égal de certains enfants, à l’égal de certains sages, à l’égal de certaines amours.

2 – Parce que je veux changer le monde. Je pense qu’on ne peut pas décider, préméditer, organiser le changement vrai du monde. Mais on peut changer l’état d’esprit de ceux qui habitent ce monde et qui, un jour, si les circonstances le permettent, contribueront au vrai changement du monde. Qui, pour être vrai, devra être inspiré par le souci de justice dans l’ordre de l’organisation des sociétés humaines, par le souci de loyauté dans l’exercice de la pensée, par le souci de célébration de la beauté de la vie sur terre dans toutes ses manifestations y compris les plus folles, les moins imaginables.

3 – Parce que l’information est morte, c’est-à-dire illisible, inaudible, invisible, si elle n’est pas animée-ranimée par les mots, par une langue, par un style, par une pensée, inédites. Un journal doit être un événement, au sens radical de ce mot, dans la vie de chacun. Il doit troubler. Il doit inquiéter. Il doit émouvoir. Il doit transmettre l’énergie vitale sans quoi nous nous effritons de jour en jour. Ainsi, drogue entre toutes bienfaisante, il créera une addiction.

4 – Parce que tout part toujours d’une communauté qui se forme et qui s’identifie, puis qui, progressivement, forme une autre communauté, plus vaste qui se forme et qui s’identifie. Qui, elle-même, se forme et qui, progressivement (ou soudainement – qui sait ?) forme une autre communauté. Ainsi d’une vague, ainsi des vagues, ainsi de la mer (ainsi parfois de la tempête). Ainsi de la première communauté de ceux et de celles qui créent ce journal. Ainsi de la communauté à venir de ses lecteurs : à l’impossible, nous sommes tous tenus.
Rejoignez-nous.


Tansmis par istchad

Thu, 3 Feb 2011 11:37:41 +0100 (CET)


Voir en ligne : Monologue

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