Accueil > 2010 > décembre > WikiLeaks abandonné par son fournisseur de nom de domaine

WikiLeaks abandonné par son fournisseur de nom de domaine

lemonde.fr | 03.12.10 |

vendredi 3 décembre 2010

Message d’erreur lorsqu’un internaute tente de se connecter sur Wikileaks.org

Ne cherchez plus WikiLeaks.org. Après avoir été abandonné par son hébergeur Amazon.com, c’est son fournisseur de noms de domaine américain qui le laisse tomber. EveryDNS, filiale de Dynamic Network Services, a annoncé dans la nuit de jeudi avoir été la cible de nombreuses attaques par déni de service qui ont menacé la stabilité de ses infrastructures. Résultat, vendredi matin, le site est inaccessible à son nom de domaine habituel. Le compte Twitter de WikiLeaks a annoncé que le site est disponible sur l’adresse suisse Wikileaks.ch, mais la connexion est lente. Il est possible d’accéder plus rapidement à WikiLeaks en utilisant son adresse IP, http://46.59.1.2/

Tous ces rebondissements ne devraient pas prendre fin avec la décision d’EveryDNS : vendredi, Eric Besson, ministre de l’économie numérique, a demandé au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies d’indiquer au plus vite les moyens de mettre un terme à l’hébergement de WikiLeaks en France. Depuis hier, la société roubaisienne OVH assure l’hébergement de WikiLeaks, après que Amazon.com a décidé de ne plus assurer ce service.

UNE DÉCISION RARE

EveryDNS est le principal fournisseur gratuit de noms de domaine, avec la gestion de cinq cent mille noms de domaine. En comparaison, le premier fournisseur payant de noms de domaine, Go Daddy, en gère quarante-quatre millions. Tout comme Amazon, qui a arrêté d’héberger cette semaine les serveurs de WikiLeaks, EveryDNS est une entreprise américaine.

Un fournisseur de noms de domaine permet de faire le lien entre l’adresse IP d’un site Internet, qui se compose d’une série de chiffres compréhensibles par le navigateur Internet, et le nom "usuel" du site. Ainsi, quand un internaute tape www.wikileaks.org, le navigateur doit en réalité se rendre à l’adresse IP 46.59.1.2. En supprimant le nom de domaine, EveryDNS brise ce lien. Tout internaute qui saisit l’adresse habituelle de WikiLeaks tombe sur une page d’erreur, son navigateur ne comprenant pas où il doit se rendre. La décision d’un fournisseur de supprimer le nom de domaine d’un client est rare.

"MENACE SUR LA STABILITÉ DE L’INFRASTRUCTURE"

"Nous avons interrompu notre service [auprès de Wikileaks.org] pour violation de la mention selon laquelle ’un membre ne doit pas interférer avec la possibilité d’un autre membre ou d’une autre entité de profiter de nos services’", explique EveryDNS sur sa page d’accueil. "Ces interférences viennent du fait que Wikileaks.org est devenu la cible de nombreuses attaques par déni de service. Ces attaques ont, et vont, menacer la stabilité de l’infrastructure d’Everydns.net, qui permet l’accès à près de cinq cent mille autres sites."

Une attaque par déni de service, aussi appelée DoS, vise à rendre indisponible un site sur Internet. La technique employée pour bloquer l’accès à WikiLeaks est connue sur sous le terme de "déni de service distribué", ou DDoS. Elle consiste à bombarder les serveurs du site visé en ordonnant à un grand nombre d’ordinateurs, le plus souvent piratés à l’insu de leurs propriétaires, d’y envoyer des requêtes simultanément. Le serveur, totalement saturé, est incapable de répondre aux requêtes et finit par tomber. Le site Internet devient alors inaccessible.

Pour l’avocat londonien du site, Me Mark Stephens, un acteur étatique est "probablement" à l’origine des cyberattaques de ces derniers jours. Selon lui, les tentatives "sophistiquées" pour mettre hors service le site font partie d’un plan plus général visant à réduire au silence son fondateur, Julian Assange. Ces "millions de requêtes fantômes par seconde" finissent par mettre le site en panne, a-t-il expliqué vendredi.

AMAZON JUSTIFIE SA DÉCISION

Plus tôt dans la semaine, Amazon avait annoncé qu’il cessait d’héberger les serveurs de WikiLeaks qui contiennent toutes les informations du site. L’organisation avait migré sur les serveurs du site marchand américain après avoir subi de nombreuses attaques par déni de service sur ses serveurs suédois. Depuis, les serveurs sont hébergés en Suède, en France et aux Etats-Unis.

Amazon a justifié aujourd’hui sur son blog sa décision de ne plus héberger WikiLeaks. Le site marchand réfute les accusations de pression politique – il avait reçu la visite de la commission sénatoriale de la sécurité intérieure, présidée par Joe Lieberman –, mais pointe les violations de ses conditions de service par WikiLeaks.

Ces dernières "stipulent que ’vous déclarez et garantissez que vous possédez ou alors contrôlez tous les droits sur les contenus (...), que l’utilisation du contenu que vous fournissez ne viole pas cette politique et ne causera aucun dommage à aucune personne ou entité’. Il est évident que WikiLeaks ne possède pas ni ne contrôle tous les droits sur ce contenu classifié."

Amazon affirme également que les documents de WikiLeaks ont été publiés "sans s’assurer que cela ne portera pas préjudice à des tiers", estimant qu’il est impossible que "l’extraordinaire volume" des données puisse "avoir été soigneusement expurgé pour ne pas mettre des personnes innocentes en danger".

Selon Numerama, bien que les hébergeurs mettent tous dans leurs conditions de services des clauses dont le non-respect peut mener à la fin du contrat, il est rare qu’ils décident d’eux-mêmes de ne plus héberger un site. La décision est généralement laissée à la justice, afin de préserver leur neutralité.

Le Monde.fr


Voir en ligne : WikiLeaks abandonné par son fournisseur de nom de domaine

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.