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L’aide humanitaire à l’endroit d’Haïti

Berthony Dupont | lautjournal.info | 09 novembre 2010

mercredi 17 novembre 2010

La présentation suivante fut livrée au cours de la neuvième Conférence annuelle à New College (Toronto) d’études sur les Caraïbes le 30 octobre 2010.

Berthony Dupont est directeur d’Haïti Liberté, hebdomadaire haïtien publié à Port au Prince et à New York.

De graves dangers, des dangers imminents, menacent l’existence souveraine du peuple haïtien. La misère et la pauvreté ont atteint en Haiti un degré inestimable rendant accablante, déchirante et même impossible la vie des masses populaires.

Pourtant, par une tragique ironie, il ne se passe pas de jour sans qu’on entende parler de solidarité humanitaire à l’endroit d’Haïti, c’est-à-dire de l’aide que le pays reçoit de la part des grands manitous de la Communauté Internationale.

En effet, cette solidarité combien importante met déjà en cause la souveraineté nationale haïtienne, si l’on tient compte de l’état de délabrement dans lequel se trouve le pays actuellement avec tous ces experts internationaux qui dirigent l’Etat.

Pour mieux saisir la portée de ce phénomène, il nous faut partir de l’époque coloniale avec l’arrivée de l’expédition de Leclerc envoyée pour rétablir l’esclavage à Saint-Domingue en 1802.

Cette expédition ne fut pas particulièrement un projet de la France mais bien celui d’une Communauté internationale naissante, parce qu’elle était composée de la France, de l’Espagne, de la Hollande, de la Pologne et de l’Angleterre.

Le général Leclerc, commandant de cette expédition avait reçu des instructions claires et précises de Napoléon Bonaparte, à savoir : « utiliser la violence pour tracer un exemple sûr afin que plus jamais de nègre, se libérant de l’esclavage et de la domination coloniale, ne constitue un modèle de référence pour le monde noir »

C’est dans ce but que 24.000 hommes avaient envahi la colonie française de Saint-Domingue pour buter sur leur défaite en novembre 1803, suite à la bataille de Vertières qui se traduira par l’indépendance de ce coin de terre, symbolisant la Première Nation noire, souveraine de l’hémisphère.

On ne peut s’empêcher de penser que les esclavagistes occidentaux n’ont toujours pas digéré leur échec. Et depuis, Haiti s’est trouvée confrontée à pas mal de persécutions et de problèmes politiques venus de toutes parts.

Comme nous le savons, son fondateur a été assassiné, deux années après l’indépendance, occasionnant la scission du pays en deux États : le royaume du nord et la république du sud ; scission encouragée par une campagne de déstabilisation orchestrée par ces puissances esclavagistes qui avaient vu Haiti comme une menace à leur économie qui, en ce temps là, était essentiellement basée sur le système esclavagiste.

Depuis cette époque, la paix ne règne plus en Haiti. Les forces esclavagistes, aujourd’hui impérialistes n’ont jamais pardonné Haiti ni cessé de la déstabiliser pour non seulement la reconquérir mais la punir, du fait d’avoir posé le jalon incontournable de mettre fin à la traite négrière, à l’esclavage et au colonialisme.

Bien que la classe dominante haïtienne reste toujours inféodée à la politique de son ancienne métropole, la France n’a jamais eu la possibilité de redevenir maîtresse de son ancienne colonie ; mais aujourd’hui, grâce à la filière de l’aide humanitaire, elle s’ y est infiltrée pour manœuvrer et manigancer des actes négatifs dans le pays dont la plus récente a été sa participation souterraine mais active à la campagne de propagande contre la célébration du Bicentenaire de notre indépendance en 2004, qui s’est soldée par un coup d’Etat chapeauté par la Communauté internationale. Qui pis est, le gouvernement français a profité de cette situation pour envoyer ses militaires sur le sol Dessalinien et ils sont présents dans le pays jusqu’à nos jours.

A chaque moment historique d’importance, l’oligarchie dirigeante internationale ajuste toujours son tir pour ne pas perdre le contrôle hégémonique d’Haïti. En fait, la première grande initiative de mettre Haiti à genoux sous les bottes étrangères n’aura pas été réalisée par la France, mais bien par les Etats-Unis, encore sous le même prétexte d’une aide humanitaire.

En préparation de leur sale besogne, le ministre des États-Unis d’alors en Haiti le Dr. Henry W. Furniss avait envoyé ce rapport, au Département d’État en 1909 pour justifier leur plan d’occupation du pays qui allait se réaliser 6 ans plus tard : « Après environ trois ans de résidence en Haïti et une étude très approfondie des gens et du gouvernement, j’en suis arrivé à la conclusion que dans le cadre du système actuel, il est impossible d’avoir un bon gouvernement tant qu’il sera dirigé par des Haïtiens. A la lumière des informations recueillies au cours de mes voyages effectués de ville en ville à travers le pays, je suis convaincu que, bien que ce soit l’un des pays les plus riches des Tropiques en matière de ressources naturelles, Haïti ne peut se développer et devenir une nation paisible et prospère, sans changer entièrement de système de gouvernement, ce qui nécessiterait l’appui moral et matériel d’une nation plus puissante (Entendez par là celui des États-Unis), vu qu’un tel changement ne pourrait être accompli par les Haïtiens tout seuls ».

Et au président des Etats-Unis, Franklin Delano Roosevelt, de déclarer plus tard « Il faut constamment soulever les va-nu-pieds contre les gens à chaussures et mettre les gens à chaussures en état de s’entre-déchirer les uns les autres ; c’est la seule façon pour nous d’avoir une prédominance continue sur ce pays de nègres qui a conquis son indépendance par les armes. Ce qui est un mauvais exemple pour les 26 millions de Noirs d’Amérique ».

Voilà pourquoi le 28 juillet 1915, les colons de l’Amérique accomplissaient leur rêve. Ils ont envahi militairement Haiti, sous prétexte de rétablir l’ordre et l’ont occupée.

A peine débarqués, leur première préoccupation fut d’orienter l’économie du pays dans le sens de leurs intérêts. Pour ce faire, ils avaient rapidement pris le contrôle de deux importants batiments financiers du pays, en l’occurrence la Douane et la Banque Centrale. Cette dernière a été vite vidée de sa réserve en or qui a été volée pour être expédiée à la City Bank de New York.

Pour l’histoire, rappelons qu’en ce temps là, on pratiquait encore la ségrégation raciale aux Etats-Unis. On n’acceptait pas de noirs au sein du corps des Marines yankees et la majorité des troupes d’occupation venait du Sud des États-Unis, région où la ségrégation était la plus forte. Dès lors, on peut imaginer, la férocité de la violence raciale avec laquelle les occupants ont traité le peuple haïtien.

Heureusement, nos paysans avaient organisé une résistance à travers les Cacos sous la direction de Charlemagne Péralte et de Benoît Batraville qui en quelque sorte, peu ou prou, avaient altéré cette violence et cette humiliation.

Cette occupation de 19 ans n’a pas été favorable au peuple haïtien. C’est une illustration des méthodes utilisées par l’impérialisme pour démanteler, précisément, les forces progressistes. Au sujet des besoins du pays au point de vue socio-économique, cette occupation en guise de l’orienter ne cesse de l’enterrer beaucoup plus dans le sous-développement.

En réalité, outre l’effet psychologique de domination et la fonction politique de cette occupation de 19 ans, elle ne nous a laissé rien d’autre en héritage qu’une armée d’occupation.

Et la majorité des officiers de cette Gendarmerie nationale laissée en place par l’occupant avaient des liens secrets avec les services d’intelligence américains, qui la manipulaient pour faciliter leur complète ingérence dans la politique interne du pays.

Cette Gendarmerie allait devenir plus tard Forces Armées d’Haiti dissoutes en 1995 par l’ex-président Aristide lui-même victime d’un coup d’Etat exécuté par ces Forces Armées manipulées par les Etats-Unis.

Dans ce sens, bien que les marines fussent partis en 1934, Washington continuait cependant de contrôler le pays par la filière de gouvernements réactionnaires qu’il manipulait à sa guise : les approuvant et les appuyant s’ils se conformaient à sa politique, les renversant s’ils manifestaient la moindre velléité d’autonomie ou lorsqu’ils lui déplaisaient.

Ainsi le gouvernement des Duvalier et celui de l’actuel président Préval sont deux exemples concrets qui illustrent clairement la domination coloniale des Etats-Unis sur Haiti.

Il y a fort longtemps, que cette domination se présente sous un visage humanitaire, avec des centaines d’ONGs jouant un rôle politique majeur, voire pernicieux puisque financés par les pays impérialistes ; il leur a été assigné la mission d’influencer et de coopter les esprits pour les amener à jouer le jeu de l’occupant.

C’est donc à partir de cette présence humanitaire comme nouvelle formule de domination, que les soi-disant aides étrangères provenant de la Communauté internationale s’octroient à nouveau le contrôle du pays au profit notamment des puissances tutrices comme la France, les Etats-Unis, le Canada et l’Union Européenne.

En vérité, l’aide humanitaire n’a pas pour objectif de sortir les déshérités de la misère ou de la pauvreté, mais d’utiliser le drame humain en cours pour servir les intérêts de ceux qui les manipulent.

C’est la raison pour laquelle l’aide n’est pas déployée pour servir les masses populaires, en créant des routes, des écoles, des hôpitaux, des infrastructures, mais bien pour enrichir l’oligarchie et des gouvernements anti-populaires.

En somme l’aide favorise le maintien au pouvoir de gouvernements corrompus et d’autres réalisations politiques qui n’ont rien à voir avec nos problèmes économiques et sociaux.

Au contraire cette aide a entraîné la destruction de notre agriculture et d’autres domaines importants du pays. En réalité, cette aide humanitaire affublée d’un masque de solidarité internationale a servi d’ingérence sous couverture humanitaire, pour mieux orienter leur domination politique.

En 1991 et en 2004, les Etats-Unis ont concocté deux coups d’état pour renverser le président constitutionnel d’alors, Jean-Bertrand Aristide, la première fois seuls, la deuxième fois avec la complicité agissante de puissances tutrices comme la France, le Canada et l’Union Européenne.

Deux coups qui ont entraîné deux interventions étrangères. Le but prétendu de ces interventions était la restauration de l’ordre et le maintien de la paix, quand, en fait, le premier coup avait des raisons très spécifiques : éliminer les masses populaires qui supportaient le gouvernement Lavalas et également faciliter la pénétration en profondeur du fléau néolibéral, commencé dans les années 80 sous le régime de Jean-Claude Duvalier, imposé à Haïti par l’impérialisme américain, avec l’aide active de sa propre classe dirigeante encombrante et réactionnaire.

Le second coup en 2004, perpétré par les USA et la France, c’est pour avoir soulevé la question du remboursement des 21 milliards de dollars extorqués par la France aux Haïtiens à partir de 1825, pour prix de leur liberté. La France dépitée a alors soutenu à fond le coup d’État de 2004.

Cette troisième occupation des Etats-Unis, maintenant sous couverture des Nations Unies est relayée par une Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haiti (Minustah) est soutenue et malheureusement largement considérée, pas seulement aux États-Unis mais à travers le monde, comme une « opération humanitaire » censée stabiliser la situation à Haïti, afin d’aider le peuple haïtien dans sa quête de développement et de la consolidation d’un climat politique stable.

Or il n’en est rien. C’est dans ce contexte systématique de mensonges et de confusion qu’un grand nombre de pays a rejoint cette force d’occupation.

Le Brésil, à qui le chef de file des pays impérialistes a confié la tache de diriger cette occupation, a engagé son armée dans une honteuse agression contre Haiti en illustrant également son rôle de subalterne des Etats-Unis.

A ce compte, dans le cas de l’Amérique latine, il affiche un statut de sous-impérialisme et espère gagner une crédibilité pour obtenir un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU.

Mais une chose demeure certaine, la présence de la Minustah est pour rassurer les capitalistes occidentaux notamment les Etats-Unis, la France, le Canada et l’Union européenne, bastions et principales forces du colonialisme contemporain et pour garantir une certaine stabilité afin qu’ils puissent atteindre sans aucune contrainte leur objectif à savoir nous imposer leur civilisation, leur pratique, leur idéologie, leur façon d’agir et de vivre et, en un mot, la recolonisation.

Ceci n’est rien de plus que la persistance de l’opinion raciste de ces gouvernements – qui n’est pas récente – et selon laquelle nous sommes incapables de conduire nos affaires intérieures de manière adéquate.

Cela ne veut pas dire qu’Haiti n’a jamais eu aucun lien ni ne souhaite aucune solidarité avec d’autres pays frères. Loin delà ! Car il y a l’aide de la République révolutionnaire de Cuba et celle du Venezuela par exemple et d’autres pays qui ne s’immiscent pas dans nos affaires. On ne peut que les féliciter.

Ce sont que des manifestations désintéressées de solidarité internationale de peuples frères. L’aide de Cuba à Haiti est spontanée, libre de pression politique. C’est une aide offerte aux secteurs de l´industrie de la pêche, de la formation de techniciens ou de la mécanisation de l’industrie de la canne à sucre pour l´augmentation de la production sucrière.

D´autres exemples de coopération de Cuba avec Haïti sont dans le cadre de la santé avec des médecins cubains travaillant gratuitement dans le pays, et également de nombreux jeunes haïtiens qui sont allés étudier dans différentes universités de Cuba.

Nous ne pouvons pas oublier de citer aussi l’UNASUR et l’ALBA. Grâce aux initiatives solidaires des gouvernements progressistes et internationalistes cubain et vénézuélien, l’ALBA a fait faire des progrès significatifs à Haïti bien avant le tremblement de terre, en construisant des hôpitaux ruraux , des écoles de campagne, en fournissant de l’essence subventionnée ainsi que des prêts de développement à taux réduit.

Lors de la catastrophe du 12 Janvier 2010, au cours de laquelle plus de 300.000 Haïtiens ont perdu leur vie, les villes de Port-au-Prince, de Jacmel, de Léogane, de Petit Goâve et de Grand Goâve ont été dévastées ; l’attention de la planète entière était convergée vers Haiti, apportant sa solidarité humanitaire.

Que c’était beau ! On ne peut guère nier cet immense élan de solidarité qui s’est manifesté à l’égard du peuple haïtien. Peu après, il y a eu des conférences par-ci par là. C’est ici même au Canada le 25 janvier 2010 qu’a eu lieu la première grande conférence sur le sujet à savoir, comment reconstruire le pays ?

Du 15 au 17 mars 2010, était tenue en République Dominicaine, à l’hôtel Santo Domingo une seconde réunion dite préparatoire à celle du 31 mars aux Nations-unies.

Malheureusement, malgré toutes ces conférences à grand renfort de publicité, la montagne n’a accouché que d’une souris, vu qu’en dépit de ces millions promis par les pays donateurs, jusqu’à nos jours, rien ou presque rien n’a été fait pour la population qui continue à vivre dans des conditions inhumaines.

Certains pays peuvent être de bonne foi en voulant solidairement aider un pays frère ; mais ce n’est pas l’objectif et l’idéal des grandes puissances, représentant des multinationales qui ne pensent qu’à s’accaparer des richesses des plus petits pays.

Alors aujourd’hui que l’opportunité lui a été offerte pour en faire une bouchée, d’absorber un petit pays sous prétexte d’aide au développement, l’impérialisme est en train de se frotter les mains, profitant des catastrophes naturelles qui s’y abattent.

En ce sens, ce qui se passe en Haiti, n’est rien d’autre que la manifestation de la volonté des exploiteurs impérialistes de s’approprier légalement les richesses de notre terre par le biais de la dévastation sociale dont ils sont à l’origine.

Il y a belle lurette, que le Conseil de sécurité des Nations Unies réfléchissait sur les moyens de mettre Haiti sous protectorat, puisque selon eux, c’est un pays qui a échoué, mais ils n’ont pas le courage de dire la vérité que c’est le pillage du pays qui l’a voué à l’échec. Car c’est un pays qu’on a ruiné et appauvri.

Aussi il est important de rappeler que tout ce qui est arrivé en Haiti est l’échec programmé d’un système corrompu et pourri mis en place depuis bien longtemps contre le peuple haïtien par les pays impérialistes, eux qui, pour cacher leur mésaventure, ont adopté le nouveau label au vernis humanitaire de « Communauté internationale ».

Haïti a déjà été en plusieurs fois colonisée, mais aujourd’hui elle est recolonisée, suite au tremblement de terre du 12 Janvier.

La communauté internationale, dix mois après la catastrophe, reste passive alors que les victimes du séisme ne sont pas encore relogées dans des maisons convenables. Les Etats-Unis, la France, le Canada et les Nations unies sans parler d’une série d’organisations non gouvernementales, n’ont pratiquement rien fait pour reloger les sinistrés jusqu’à date.

Deux faits importants éclairent l’évolution de la situation. Le premier est que le tremblement de terre du 12 janvier sert de prétexte à la Communauté internationale pour accélérer la mise en place de son programme néo-libéral et pour renforcer l’occupation du pays.

Car les Etats-Unis, au lendemain du séisme n’avaient pas hésité à envoyer plus de 20.000 soldats sous prétexte de solidarité humanitaire. En d’autres termes, l’humanitaire n’est qu’un cynique prétexte utilisé par les puissances capitalistes pour servir leurs propres intérêts.

Ce sont ces mêmes impérialistes qui ont détruit, à travers leurs programmes d’ajustement structurel, les services publics pour les remplacer par la charité des ONG humanitaires.

L’aide humanitaire est subordonnée aux calculs et aux stratégies des puissances impérialistes notamment des États-Unis qui l’instrumentalisent cyniquement pour leurs seuls intérêts.

L’humanitaire est une forme de corruption à travers des aumônes déguisées en dons. Il sert à maintenir dans la dépendance les dominés pour mieux les asservir.

Le second fait est que, quoi qu’en dise la propagande officielle, la création de la Commission intérimaire de Reconstruction d’Haiti (CIRH), une institution internationale dominée par le fonds monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale reste aux yeux de l’opinion publique un objectif de conquête.

Haiti n’a pas été détruite, ce sont seulement quelques villes qui ont été endommagées par le séisme, alors pourquoi parler de « Reconstruire Haiti » ?

La CIRH, comme l’a si bien signalé Camille Charlmers dans un sursaut de loyauté, « ressemble étrangement aux commissions envoyées par les colons français avant 1804. Elle est sans aucun doute une répétition du “receveur général” nommé par l’occupation américaine après 1915 pour gérer les finances publiques de notre pays. Elle consacre “l’incapacité des Haïtiens à diriger leur pays” proclamée dans le discours colonial et néocolonial tout au cours des 206 dernières années. Elle complète le dispositif mis en place depuis 2004 avec la Force Multinationale Intérimaire (FMI) en février 2004 et la MINUSTAH en juin 2004. La CIRH parachève un dispositif d’occupation et d’administration internationale avec l’élimination complète de nos espaces de gestion administrative et de notre souveraineté. »

Et il ajouta que « les décisions prises en 1915 sont, en partie, à l’origine du naufrage actuel de notre pays. L’occupation militaire de 1915 n’a apporté ni la paix, ni la prospérité promises. L’occupation militaire américaine a aggravé la crise structurelle du début du XXème siècle comme la CIRH va aggraver la crise actuelle en accélérant l’effondrement national. »

A ce stade, nombreux sont ceux qui disent que tout est fini pour Haïti, vu que la situation est complètement révoltante, l’état des lieux désastreux, le pays vidé de sa substance.

De fait la priorité du moment de la Communauté internationale n’est pas une aide effective aux sinistrés qui vivent sous les tentes mais bien de reconstruire le centre commercial pour faciliter les grandes compagnies industrielles.

En réalité, le rôle des multinationales dans cette affaire n’est jamais apparu plus clairement, face à ce qu’il faut bien appeler une conspiration, la plus grave sans doute qu’ait connue le peuple haïtien.

Tout indique que la Communauté Internationale est déterminée à s’aventurer dans une politique criminelle de fuite en avant qui menace d’embraser le pays tout entier.

Ainsi, dans une période de crise comme celle que traverse actuellement le pays, la Commission intérimaire de Reconstruction d’Haiti que dirige Bill Clinton, n’est qu’un instrument, visant non seulement à parachever le processus de recolonisation du pays, mais bien à reconstruire le capitalisme en Haiti.

Il n’est pas sans importance de rappeler que la CIRH est un plan conçu pour enrayer brutalement tout processus progressiste voire même révolutionnaire qui déboucherait sur un développement authentique de libération nationale de notre pays.

Par ailleurs, les élections programmées pour le 28 novembre 2010 ne serviront à rien sinon qu’à soutenir toujours les intérêts de l’impérialisme américain et de la bourgeoisie locale dans l’unique but d’empêcher les masses populaires d’occuper la scène politique. Il faut donc s’attendre non pas à une élection mais bien à une sélection, car ce sont les forces occupantes qui choisiront leur marionnette.

Je profite de l’occasion pour adresser mes condoléances aux victimes de l’épidémie de choléra, cette maladie n’étant qu’une autre catastrophe liée à la politique anti-peuple du gouvernement haïtien et des pays impérialistes . En d’autres termes c’est une maladie de la pauvreté, une plaie du sous-développement et de l’occupation du pays.

Malgré nos malheurs, Haiti ne peut rester en panne à la croisée des chemins tout comme le peuple ne doit pas se laisser influencer par les fausses sirènes de reconstruction qui l’incitent à la subordination et à la démobilisation.

Comment pouvons-nous faire confiance à ceux dont les mains sont encore souillées du sang innocent de nos frères et sœurs qu’ils oppriment depuis si longtemps ? Il faut en finir avec cette mainmise néocoloniale pour avant tout laisser au peuple haïtien la responsabilité de son avenir.

Et cette obligation nous mène tout droit à compter sur nos propres forces et sur l’initiative créatrice des masses populaires pour propulser la nation vers d’autres horizons. Sur ce déclarons de toutes nos forces :

Justice pour les masses haïtiennes !

Hors du pays les forces d’occupation !

Canada, hors d’Haïti !

USA, get your hands off Haiti !

France, hors d’Haïti !


Voir en ligne : L’aide humanitaire à l’endroit d’Haïti

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