Accueil > 2010 > août > De Paris à Bucarest, le difficile accès aux soins des Roms

De Paris à Bucarest, le difficile accès aux soins des Roms

par Aurélie Haroche - 23/08/2010

lundi 23 août 2010

Paris, le lundi 23 août 2010 – L’été a placé sous le feu de l’actualité les Roms, des populations diversement définies, aux nationalités et statuts multiples et dont le dénominateur commun paraît parfois être les discriminations dont elles sont l’objet dans les pays qu’ils tentent de fuir et dans ceux qu’ils atteignent. Partout, les Roms connaissent, notamment, d’importantes difficultés d’accès aux soins. Il s’agit d’une préoccupation chronique pour de nombreuses associations humanitaires qui dénoncent depuis plusieurs années les conditions sanitaires particulièrement précaires dans lesquelles vivent les Roms. Ainsi, en pointe dans ce combat, Médecins du Monde (MDM) a publié plusieurs rapports révélant des indicateurs santé concernant les Roms vivant en France similaires à ceux que l’on observe dans certains pays dits en voie de développement. En 2008, la mortalité néo-natale atteignait 19 pour 1000, tandis que la mortalité infantile était estimée à 23,5 pour 1000. Il apparaît par ailleurs que dans les camps de Roms installés en France, les couvertures vaccinales sont très inquiétantes : 18,5 % seulement des moins de 7 ans sont vaccinés contre le tétanos et 21,7 % des enfants de 7 à 15 ans sont immunisés contre la poliomyélite. Ces données de MDM estiment en outre le taux d’incidence de la tuberculose à 250/100 000 contre 8,9/100 000 pour l’ensemble de la population française. Actuellement, face à la vague d’expulsion, MDM souligne combien ces opérations contreviennent au suivi des soins et donne l’exemple des patients traités pour une tuberculose qui peuvent voir leur prise en charge soudainement interrompue.

Barrière de la langue

Alertée aujourd’hui par les risques liés aux expulsions, l’organisation avait en 2008 porté son attention sur la situation des femmes, évoquant les avortements à répétition, le fait que moins de 10 % des futures mères bénéficient d’un suivi et mettait en avant la barrière de la langue comme l’un des freins à l’accès aux soins. Dans une note publiée en février 2010, le Conseil de l’Europe citait également une « étude récente » montrant que « l’isolement géographique et les barrières linguistiques jouent un rôle important dans les difficultés des Roms à accéder aux services de santé ».

Stérilisation forcée

Mais cette question de la langue n’est pas seule en cause pour expliquer la mauvaise santé des Roms. Le délaissement des gouvernements est également prégnant. Ainsi, dans cette même note, le Conseil de l’Europe a rappelé comment le Comité européen des droits sociaux a estimé que la Bulgarie avait violé la Charte européenne des droits sociaux en ne fournissant pas « une assistance médicale adéquate » aux Roms. Ainsi, la Bulgarie n’a pris aucune disposition pour garantir « une eau propre dans les quartiers roms », tandis que « des exemples spécifiques de discriminations » sont énumérés par le Conseil de l’Europe, tel le refus d’envoyer des ambulances dans les camps où vivent les roms ou encore la ségrégation des femmes dans les services de maternité. Ces différences de traitements subies par les femmes Roms sont également dénoncées en Roumanie, où ne manque pas d’être observée la séparation entre les Roms et les autres parturientes dans les hôpitaux. En Tchéquie et en Slovaquie, des pratiques plus extrêmes encore ont été épinglées par l’Europe : la stérilisation forcée. « La question de la stérilisation forcée – qui a été signalée au rapporteur pendant sa visite en République Tchèque – soulève de grandes inquiétudes et sera traitée en détail dans l’avis de la Commission sur l’égalité des chances pour les femmes et les hommes » écrivait au début de l’année le Conseil de l’Europe.

Aurélie Haroche


Voir en ligne : De Paris à Bucarest, le difficile accès aux soins des Roms

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.