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Drogues : restreindre les économies à court terme pour éviter les catastrophes à long terme

Publié le 10/11/2010

jeudi 11 novembre 2010

Lisbonne, le mercredi 10 novembre 2010 –

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) rend public aujourd’hui son rapport annuel qui passe en revue les tendances les plus marquantes quant à la consommation de substances psychoactives dans l’Union européenne. Cet état des lieux est l’occasion pour ces experts européens de mettre en garde contre le danger de restreindre l’offre de traitements sous l’effet de la crise économique mondiale. Une telle tendance ne manquerait pas d’entraîner des conséquences bien plus dommageables que le bénéfice des économies réalisées, martèlent les auteurs du rapport de l’OEDT. Ces derniers préfèrent mettre en avant les avantages financiers d’une prise en charge optimale des usagers de drogue : « Des études ont montré que les interventions peuvent être rentables en termes de coût/efficacité, parce qu’elles réduisent les dépenses consacrées aux problèmes connexes de santé, de société et de criminalité », rappellent-ils en introduction. Déjà, des phénomènes inquiétants sont constatés, puisque pour « la première fois nous observons une baisse du nombre de pays disposant d’une stratégie antidrogue nationale valable en vigueur ».

La part des toxicomanes pris en charge passe de 10 à 50 % selon les états

Si les très importants efforts réalisés ces dernières années doivent être maintenus, c’est également en raison de la persistance de grandes inégalités et de l’émergence de nouvelles difficultés. Ainsi, bien qu’un million de toxicomanes bénéficient aujourd’hui d’un traitement adapté au sein de l’UE et que la part de personnes prises en charge ne cesse de croître, des différences importantes persistent selon les pays. La longueur des listes d’attente et un accès aux traitements limité sont ainsi toujours déplorés dans la plupart des pays d’Europe de l’Est et dans quelques pays d’Europe du Sud. D’une manière générale, la part de personnes dépendantes aux opiacés recevant un traitement passe de 10 à 50 % d’un état à l’autre. En outre, sur l’ensemble des traitements de substitution distribués dans l’Union européenne, moins de 2 % sont délivrés dans les douze Etats membres ayant le plus récemment rejoint la communauté. Au-delà de ces inégalités selon les pays, l’OEDT met en avant un écueil qui concerne l’ensemble des états : le vieillissement des consommateurs qui doit entraîner le développement de nouvelles politiques de prise en charge.

Cannabis : l’Europe de l’Est rattrape l’Ouest

Outre ces appels, le rapport de l’OEDT propose différentes données chiffrées sur les produits consommés dans l’Europe. Ainsi, 23 millions d’adultes européens (6,8 %) indiquent avoir consommé du cannabis au cours des douze derniers mois. Des différences très importantes s’observent là encore en fonction des pays : la consommation au cours de l’année écoulée peut concerner de 0,4 % de la population à 15,2 % selon les états. Si une évolution globale à la baisse est cependant constatée, l’OEDT s’alarme de l’émergence de « niveaux de prévalence » de plus en plus élevés en Europe de l’Est où les chiffres s’alignent désormais avec les pays occidentaux.

Cocaïne et drogues de synthèse tiennent toujours la vedette

Concernant la cocaïne, l’OEDT relaie les alertes émises par certains pays d’Europe de l’Ouest quant à une progression de la consommation. Le rapport indique ainsi que désormais dans quelques états, les consommateurs de cocaïne représentent un quart des nouvelles admissions dans les services de traitement. Cette tendance est notamment observée en Espagne, Italie et Royaume Uni. Enfin, l’OEDT fait état d’une accélération de la découverte de nouvelles substances psychoactives. Ainsi, 24 nouvelles drogues de synthèse, identifiées pour la première fois au sein de l’Union, ont été recensés en 2009, ainsi que 15 entre janvier et juin 2010. Pour les experts européens, ces « legal highs » représentent un « défi permanent ». Ils estiment qu’en la matière, les médias et le public peuvent jouer un rôle de pression déterminant sur les états, comme l’a révélé l’exemple de la méphédrone, aujourd’hui interdite dans de nombreux états, dont la France.


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