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Bousso Dramé écrit une lettre ouverte aux autorités consulaires et diplomatiques Françaises au Sénégal

Bousso Dramé | xibaaru.com | dimanche 23 Juin 2013

dimanche 23 juin 2013

sur cette page

 Lettre ouverte aux autorités consulaires et diplomatiques Françaises au Sénégal : non, merci.
Bousso Dramé | dakaractu.com | jeudi 20 juin 2013
 Après le refus du Visa, Bousso Dramé lance une autre lettre : “Semer la Graine et faire réfléchir : Les deux raisons principales d’un Combat”
Bousso Dramé | xibaaru.com | dimanche 23 Juin 2013

sur le net

 Bousso Dramé, tu symbolises et confirmes : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années »
Mandiaye Gaye | maliweb.net | mardi 25 juin 2013
« Va quérir la dignité en enfer s’il le faut ! Et refuse l’humiliation, même au paradis. »
de Al-Moutanabbi

 Sénégal : Bousso Dramé dit « Non » au visa français !
Fouâd Harit | afrik.com | lundi 24 juin 2013
Sa lettre à l’attention du Consul Général de France à Dakar fait le buzz au Sénégal et sur les réseaux sociaux. Bousso Dramé, lauréate du Concours National d’Orthographe au Sénégal, a refusé le visa français qui lui a été proposé en raison de l’accueil déplorable réservé aux Sénégalais par le personnel du consulat de France au Sénégal.

 Lettre à Bousso Dramé
Rabia Diallo | senenews.com | lundi 24 juin 2013
 Bousso Dramé : Symbole d’une jeunesse africaine décomplexée
Youssouf Bâ | burkina24.com | dimanche 23 juin 2013
Comme un fracas, le jeudi 20 juin dernier, une jeune intellectuelle sénégalaise s’illustrait en se faisant le porte voix d’un certain ressentiment que partagent de nombreux Africains et particulièrement ceux qui ont déjà entrepris des démarches d’obtention d’un visa européen et français particulièrement.

 Le Consul général de France à Dakar répond à la résistante sénégalaise Bousso Dramé
Alain Jouret | senenews.com | samedi 22 juin 2013
Alain Jouret, consul général de France à Dakar, a découvert la lettre jeudi sur un site sénégalais et il se dit « vraiment désolé »




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Lettre ouverte aux autorités consulaires et diplomatiques Françaises au Sénégal : non, merci.
Bousso Dramé | dakaractu.com | jeudi 20 juin 2013

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A Son Excellence, Monsieur le Consul Général,
A Monsieur le Directeur de l’Institut Français du Sénégal,
 
 
Mon nom est Bousso Dramé et je suis une citoyenne sénégalaise qui, en ce jour, a décidé de prendre sa plume pour porter haut et fort un message me tenant particulièrement à cœur.
 
Par intérêt pour la langue de Molière, j’ai décidé de participer en Avril dernier, au Concours National d’Orthographe 2013, organisé par l’Institut Français, dans le cadre des Prix de la Francophonie. Le concours a réuni quelques centaines de candidats, âgés de 18 à 35 ans dans les Instituts Français de Dakar et de Saint-Louis ainsi que les Alliances Françaises de Kaolack et de Ziguinchor. A la suite de joutes portant sur un extrait de L’Art Français de la Guerre d’Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011, j’ai eu l’honneur d’être primée Lauréate dudit Concours. A ce titre, un billet d’avion Dakar-Paris-Dakar et une formation CultureLab en réalisation de film documentaire au Centre Albert Schweitzer m’ont été octroyés.
 
Durant ma petite vie, je n’ai eu de cesse, tout en étant ouverte sur le monde dont je suis une citoyenne, de défendre ma fierté d’être noire et africaine. Il va sans dire que je crois résolument à l’avenir radieux de ma chère Afrique. Je suis également d’avis qu’il est impératif que les préjugés qui ont prévalu au sujet des Africains et de l’Afrique, du fait du passé colonial et de la situation contemporaine difficile de ce continent, soient révolus. Il est temps que les Africains se respectent eux-mêmes et exigent d’être respectés par les autres. Cette vision d’une Afrique généreuse et ouverte, certes, mais fière et ferme dans l’exigence du respect qu’on lui doit et qu’on ne lui a que trop longtemps refusé est une conviction forte qui me porte et me transporte, littéralement.
 
Cependant, durant mes nombreuses interactions avec, d’une part, certains membres du personnel de l’Institut Français, et, d’autre part, des agents du Consulat de France, j’ai eu à faire face à des attitudes et propos condescendants, insidieux, sournois et vexatoires. Pas une fois, ni deux fois, mais bien plusieurs fois ! Ces attitudes, j’ai vraiment essayé de les ignorer mais l’accueil exécrable dont le Consulat de France a fait montre à mon égard (et à celui de la majorité de Sénégalais demandeurs de visas) a été la goutte d’eau de trop, dans un vase, hélas, déjà plein à ras bord. 
 
En personne authentique qui ne sait pas tricher, une décision difficile mais nécessaire s’est naturellement imposée à moi. Un voyage tous frais payés, fut-il le plus beau et le plus enchanteur au monde, ne mérite pas que mes compatriotes et moi souffrions de tels agissements de la part du Consulat de France. Une formation aussi passionnante soit-elle, et Dieu sait que celle-ci m’intéresse vraiment, ne vaut pas la peine de subir ces attitudes qu’on retrouve malheureusement à grande échelle sous les cieux africains. Par souci de cohérence avec mon système de valeurs, j’ai, donc, pris la décision de renoncer, malgré l’obtention du visa.
Renoncer pour le symbole.
Renoncer au nom de tous ces milliers de Sénégalais qui méritent le respect, un respect qu’on leur refuse au sein de ces représentations de la France, en terre sénégalaise, qui plus est.
 
Cette décision n’est pas une sanction contre des individualités, mais contre un système généralisé qui, malgré les dénégations de mes concitoyens, semble ne pas avoir l’intention de se remettre en cause.
 
Par ailleurs, je trouve particulièrement ironique que l’intitulé partiel de la formation à laquelle je ne prendrai pas part soit : "La France est-elle toujours la Patrie de Droits de l’homme. Jusqu’à quel point les Français sont-ils des citoyens d’Europe, du monde ?" Cela aurait, sans aucun doute, fait un intéressant sujet de documentaire vu d’une perspective africaine et j’espère, avoir l’occasion, par d’autres voies et moyens, de participer à une future formation CultureLab.
 
Je tiens à remercier, l’Institut Français tout de même, pour l’initiative de ce concours, qui, à mon avis mériterait de continuer à exister, voire se tenir à fréquence plus régulière et ce, pour stimuler l’émulation intellectuelle entre jeunes Sénégalais et pour le plaisir des amoureux de la langue française, dont je fais partie.
 
Madame la Préposée au Guichet du Consulat de France - je ne connais pas votre nom, mais je vous dis au sujet de ce visa dont je ne me servirai pas : Non, merci.
 
Fièrement, sincèrement et Africainement vôtre.
 
Bousso Dramé 
Consultante Internationale
Récipiendaire de la Bourse d’Excellence du Gouvernement Sénégalais
Récipiendaire de la Bourse d’Excellence Eiffel du Gouvernement Français pour les étudiants étrangers
Diplômée de Sciences Po Paris, Master en Affaires Internationales
Diplômée de la London School of Economics, MSc in International Political Economy
Nominée “Global Shaper” par le Forum Economique Mondial
 
Email : bousso1985@gmail.com
Facebook : Bousso Dramé à www.facebook.com/pages/Bousso-Dramé/390353337739918
Twitter : https://twitter.com/BoussoDrame




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Après le refus du Visa, Bousso Dramé lance une autre lettre : “Semer la Graine et faire réfléchir : Les deux raisons principales d’un Combat”
Bousso Dramé | xibaaru.com | dimanche 23 Juin 2013

Semer la Graine et faire réfléchir : Les deux raisons principales d’un Combat

 bousso dramé refuse le visaCe Jeudi 20 Mai, j’écrivais, dans la fraîcheur de l’aube dakaroise, les premières lignes d’une Lettre Ouverte que je voulais comme un témoignage pudique, certes, mais fort, sur l’inacceptable. Ce geste intime – car écrire, c’est livrer peu ou prou de soi – répondait à un besoin impérieux. J’ai alors posté aux 150 abonnés de ma page Facebook cette missive dont des amis s’étaient par ailleurs emparée et, pour certains, diffusée à la presse. Grande fut ma surprise de voir l’adhésion que cette Lettre Ouverte suscita. A en juger par les nombreux mails que je reçois et continue de recevoir, des centaines de gens à travers le monde se reconnaissent dans les mots que j’ai spontanément couchés sur le papier. Des personnes qui, dans un élan universel transcendant frontières et barrières identitaires, se sont reconnus dans ce cas prétendument isolé – le mien – et qui adhèrent à mon combat pour la dignité de l’homme noir en particulier et pour le respect de tout homme en général. Comme je le faisais avant ce jeudi mémorable, j’aurais aimé, par considération et pour le plaisir de partager, pouvoir répondre à chacun des contributeurs sur ma page Facebook. Hélas, l’exercice devient herculéen quand on s’adresse à plusieurs milliers d’abonnés actifs, conscients et très impliqués.

 

Par acquis de conscience, il me parait important de préciser ce pourquoi nous luttons, finalement. Pour ma part, je considère ma personne comme un modeste véhicule par lequel le message est passé et peut être porté. J’appelle donc à une réflexion en profondeur de la part des Sénégalais, Africains et de tous ceux qui croient que l’Homme est un être digne ne devant être méprisé et/ou maltraité par les administrations. Pour rappel, les administrations sont faites pour servir l’homme et non pour l’oppresser, l’humilier ou l’asservir. Aujourd’hui, nombre de citoyens de pays à travers le monde souffrent du joug d’administrations tatillonnes, procédurières et peu regardantes de l’humain.


Concernant plus spécifiquement cette problématique de visas, mon combat se situe à deux niveaux :

1. Semer une graine de conscientisation auprès de mes frères et sœurs Sénégalais, Africains, sans compter tous ceux qui croient en la dignité de l’homme. J’ai voulu poser un acte symbolique pour nous Africains, ainsi que pour tous les autres qui subissent des comportements vexatoires dans certaines ambassades. Ces hommes et femmes dont certains (pas tous, heureusement), intériorisent cette peur injustifiable du « Blanc » et se sentent obligés de subir sans possibilité de recours, aucune. L’humiliation a vécu. Elle n’a plus lieu d’être. Il fallait témoigner qu’il est toujours possible, ici et maintenant et demain, de refuser ce genre de traitement. Il fallait monter qu’en ces temps difficiles, l’on peut rester digne. De manière générale, la Dignité ne se négocie en aucune façon. Ni pour les honneurs, ni pour les postes, les privilèges ou les biens matériels. La Dignité est non négociable. Cela vaut pour toutes les situations de la vie et pas seulement lors des demandes de visa. Les centaines de message de soutien qui me sont envoyés me confortent dans cette vérité. Qu’a l’homme, sinon sa Dignité ? Que lui restera-t’-il s’il perd celle-ci ? C’est le désir de vulgariser cette conscientisation qui motive mon cri posté sur les réseaux sociaux : « plus le mot circulera, plus le combat sera gagné  ».

 

2. Faire réfléchir les autorités consulaires des différents pays, et de la France en particulier, qui adoptent ce type d’attitude à l’égard des demandeurs de visa en général, nous traitant comme des voleurs et/ou des clandestins ou usurpateurs en puissance. L’administration doit refléter des valeurs fortes et non pas écraser les usagers de ses services. Nous ne sommes pas des criminels. Certes, il y a un problème bien réel et dont je suis parfaitement consciente : certains Africains qui se rendent en Europe au prétexte d’un court séjour ne reviennent pas. Mais ce problème – qui doit effectivement être pris en compte par les ambassades – ne devrait en aucun cas les exonérer de nous traiter avec le plus élémentaire des respects. Si aujourd’hui mon geste peut faire en sorte que les officiers consulaires français disent « Bonjour », « Au revoir », « Merci » aux usagers Sénégalais et Africains et plus généralement à tous ceux issus de pays non labellisés « puissantes dominantes », alors ce sera une avancée significative. Si les représentants au Sénégal de ces pays entament une véritable réflexion et modifient de manière plus profonde la façon dont ils traitent les Africains en général et ceux candidats au visa en particulier, alors mon geste n’aura pas été vain et je ne serai, je crois, pas la seule à me réjouir de cette victoire qui sera en fait, notre Victoire.

 

A toutes celles, à tous ceux qui se retrouvent dans ces valeurs et sont mûs par cet idéal,

Aux milliers de nouveaux soutiens que La Vie m’a offerte en quelques jours,

Aux idéalistes des quatre coins du monde mobilisant leurs énergies pour la Cause,

A mes amis Français, ceux de longue date et ceux plus récents,

Je dis merci pour vos encouragements, merci de me porter !

 

Africainement vôtre,

 

Bousso Dramé


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