Rafle Personne ou presque n’échappe au contrôle. « Comme s’ils cherchaient quelqu’un », raconte un vendeur de téléphone. Femme, enfants, personnes âgées… les policiers vérifient méthodiquement l’identité de chaque passant. Pas de papiers, immédiatement les talkie-walkies grésillent : « J’en ai un ! ». Mickaël et sa bande sont posés sur un muret rue de la Goutte d’Or quand quatre agents en civils – « en sweats, déguisés en jeunes, quoi ! » – leur tombent dessus. « Vos papiers, les jeunes ! » Deux d’entre eux n’en ont pas. Face au mur, les bras dans le dos, ils sont menottés. En guise de bracelet, des lanières de plastiques leur enserrent les mains. Enfin, deux policiers les escortent jusqu’à l’un des trois bus garés un peu plus loin. A l’intérieur, des dizaines de sans-papiers s’entassent. « Plus de 80 », racontent de nombreux témoins. Certains parlent d’une centaine de personnes. La préfecture de police ne souhaite pas communiquer le nombre exact d’interpellations.
Du premier étage du magasin Tati où il se cache, Karim observe le ballet incessant des policiers. Tous ceux qui sortent du métro sont contrôlés, impossible par ailleurs d’y entrer. « J’avais l’impression qu’ils arrêtaient tout le monde. Je les ai même vus embarquer un touriste avec son appareil photo. » Certains sans-papiers se sont glissés dans les cours ou les halls d’immeuble. « Ils allaient les chercher à l’intérieur, on les voyait ressortir menottés », raconte Frank, lunettes de soleil vissées sur le visage. Saïd, patron du Barbès Café, est posté derrière son comptoir quand une dizaine de policiers « tous en civil », font leur entrée dans l’établissement. « Ils ont fermé la porte derrière eux. » Dehors, le soleil est au beau fixe. Pas grand monde à l’intérieur. « Une dizaine de clients tout au plus. » Table après table, les agents contrôlent les papiers d’identité, jusqu’à tomber sur un sans-pap’. « Au total, ils ont arrêté trois personnes chez moi, dont deux mineurs », raconte Saïd.
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Mathieu Molard | streetpress.com | jeudi 13 juin 2013
vendredi 14 juin 2013
Quand la police met Barbès en état de siège pour rafler des sans-papiers
Mathieu Molard | streetpress.com | jeudi 13 juin 2013
Info StreetPress C’est une gigantesque descente qui a eu lieu à Barbès, jeudi 6 juin. Pendant une heure et demie, une centaine de policiers bloque 4 rues du quartier, dispose des check-points et fouille les bistrots du coin à la recherche de sans-papiers.
Métro Barbès – 15 heures. Ce jeudi, Kamel* est posté comme chaque jour face aux tourniquets de sortie de la station. Il tente d’alpaguer le chaland -« cigarettes, cigarettes ! » – quand il voit « des dizaines de fourgons de police arriver par tous les côtés. » En un instant c’est la débandade. Les vendeurs à la sauvette courent dans tous les sens, semant derrière eux des paquets de clopes et quelques babioles. Le jeune Tunisien, comme bon nombre de ses amis, n’a pas de titre de séjour. La plupart se précipitent à l’intérieur du Tati situé de l’autre côté de la rue.
Du premier étage du magasin, ils assistent au déploiement des CRS. « Ils ont mis en place des barrages », raconte Karim. Harnachés « comme Robocop », ils prennent position en travers de la rue, formant un mur d’uniformes. Impossible de passer. La même scène se répète dans les rues voisines : les forces de l’ordre établissent un périmètre. A l’intérieur : une partie de la rue de La Goutte d’Or, la rue des Islettes, la rue Capla, la rue Charbonnière et une partie du boulevard Barbès. En un instant, le quartier est bouclé.
Violence A l’intérieur du périmètre, c’est la panique. Certains se faufilent dans les halls d’immeuble, les cours ou les commerces. Mohamed, sans titre de séjour, tente sa chance en direction du boulevard Magenta. « Je voulais traverser ici. » Index tendu, il désigne un passage piéton sur le boulevard de la Chapelle. Il court sur le trottoir. « Un policier m’a mis un coup de pied », il exhibe alors un bleu sur l’arrière de sa cuisse tandis qu’un strap maintient son épaule blessée. « Ensuite, il m’a poussé contre les barrières en me tirant le bras dans le dos », continue le Tunisien de 29 ans. « Et puis, je ne sais pas pourquoi, il m’a relâché en me disant ‘vas-y dégage’ ». Sans demander son reste, il s’éloigne du quartier.
A chaque intersection, les riverains racontent la même histoire : un cordon de CRS prend position en travers de la rue. Progressivement, une queue se forme au check-point. « Pour entrer ou sortir du périmètre il fallait présenter ses papiers », explique un bistrotier de la rue de la Goutte d’Or. Lui comme ses clients sont priés de rester dans l’établissement, limitrophe de la zone bouclée. Ils regardent médusés l’opération. « Il y avait des dizaines de fourgons de police ici et autant par là. Au total plus de cent policiers », raconte un client, la quarantaine grisonnante et du plâtre plein le t-shirt. La préfecture de police, contactée par StreetPress, ne « souhaite pas communiquer sur les effectifs déployés ». A l’intérieur du périmètre, CRS, police de quartier et agents de la brigade anti-criminalité sillonnent les rues, pendant près d’une heure trente.
Messages
1. les sans-papiers raflés à Barbès le jeudi 6 juin, n’ont pas été parqué au vel’ d’hiv’..., 15 juin 2013, 11:24, par Lucien Rouvère
A) "...parqués au vel’ d’hiv’..."
B) "une queue se forme au check-point".
Total : Un point partout.
Comprend qui sait.