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les Amériques, les drogues, le business et la coruption

Fernando Henrique Cardoso, Cesar Gaviria, Ricardo Lagos, George P. Shultz, Paul Volcker, Louise Arbour, Ernesto Zedillo, Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine | lemonde.fr | vendredi 7, lundi 10 & mardi 11 juin 2013

mardi 11 juin 2013


 Amérique latine et Etats-Unis débattent des options contre les drogues
Jean-Michel Caroit | lemonde.fr | mardi 11 juin 2013 
 Des magistrats anticorruption lancent un appel aux chefs d’Etat du G8
Anne Michel | lemonde.fr | lundi 10 juin 2013
 Régulons le trafic de drogues pour lutter contre la violence et la corruption
Fernando Henrique Cardoso, Cesar Gaviria, Ricardo Lagos, George P. Shultz, Paul Volcker, Louise Arbour, Ernesto Zedillo, Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine | lemonde.fr | vendredi 7 juin 2013




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Amérique latine et Etats-Unis débattent des options contre les drogues
Jean-Michel Caroit | lemonde.fr | mardi 11 juin 2013 

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Réunis à Antigua, au Guatemala, les 34 pays de l’Organisation des Etats américains (OEA) n’ont pu surmonter leurs divergences sur de nouvelles stratégies de lutte contre le narcotrafic. Hôte de l’assemblée générale de l’OEA qui a pris fin jeudi 6 juin, le Guatemala s’est néanmoins réjoui du "consensus continental pour débattre de la politique de la drogue". Le secrétaire général de l’OEA, le Chilien José Miguel Insulza, s’est félicité de l’ouverture du débat : "C’est la fin d’un tabou qui dure depuis plusieurs décennies."

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2012, le président guatémaltèque, Otto Pérez Molina, répète que la "guerre contre la drogue" menée par les Etats-Unis a échoué. Cette guerre fait des milliers de morts au Mexique et en Amérique centrale. Le général Pérez Molina, un homme de droite, est devenu l’un des principaux avocats de la recherche de nouvelles stratégies contre les stupéfiants, n’excluant pas la dépénalisation.

Quatorze pays, dont l’Uruguay, la Colombie et le Mexique, se sont prononcés en faveur de solutions alternatives. Une cinquantaine d’organisations non gouvernementales (ONG) a adressé une lettre aux membres de l’OEA leur demandant de "placer les droits humains au centre du débat". Human Rights Watch a réclamé la dépénalisation de la consommation personnelle. Selon cette ONG, le narcotrafic et la guerre menée par l’ancien président Felipe Calderon ont provoqué la mort d’au moins 70 000 personnes au Mexique entre 2006 et 2012.

Les Etats-Unis ont maintenu leur opposition à toute forme de dépénalisation, y compris du cannabis, dont l’usage a pourtant été légalisé dans deux Etats (Colorado et Washington). "Il n’y a pas de réponses simples ni de solutions uniformes", a admis le secrétaire d’Etat, John Kerry, rappelant que la "politique intégrale" des Etats-Unis n’excluait pas la répression.

Le Nicaragua sandiniste a défendu la même position que Washington, refusant la dépénalisation. "Ce serait une ignominie", a déclaré le représentant nicaraguayen à l’OEA, Denis Moncada. La déléguée mexicaine, Vanessa Rubio, s’est prononcée en faveur d’une approche priorisant la santé publique et garantissant le traitement des drogués, "sans pénaliser la consommation dans certains cas".

Un scénario inquiétant

Une réunion extraordinaire de l’OEA doit être convoquée en 2014 afin de poursuivre la discussion, avec l’appui de la Commission interaméricaine pour le contrôle de l’abus de drogues et de l’Organisation panaméricaine de la santé. C’est aux chefs d’Etat réunis en 2015 qu’il appartiendra de prendre une décision, avant la réunion sur la drogue convoquée par les Nations unies en 2016.

Un rapport publié à la mi-mai par l’OEA a établi en 400 pages un diagnostic sans complaisance du "problème de la drogue dans les Amériques". Prônant une "plus grande flexibilité", ce texte évoque la dépénalisation de la marijuana parmi les options à considérer et insiste sur le fait qu’il s’agit d’un problème de santé publique.

Parmi les quatre scénarios envisagés, le dernier est inquiétant. Si le sujet n’est pas abordé de manière concertée, les pays producteurs et de transit, "qui payent des coûts insupportables et injustes", pourraient "abandonner unilatéralement la lutte contre la production et le transit de drogues". Cela risque de provoquer "la cooptation d’Etats par des organisations criminelles et des conflits pour violations des traités internationaux".




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Transmis par Olivier Poularon
Tue, 11 Jun 2013 06:24:41 -0700


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Des magistrats anticorruption lancent un appel aux chefs d’Etat du G8
Anne Michel | lemonde.fr | lundi 10 juin 2013

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A une semaine d’un sommet du G8 largement consacré à la lutte contre l’évasion fiscale internationale, les 17 et 18 juin à Lough Erne en Irlande du Nord, dix-neuf magistrats, anciens magistrats et spécialistes de la lutte anticorruption lancent un appel aux chefs d’Etat des huit plus grandes puissances mondiales : Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie.

Lire : La lettre des magistrats adressée à François Hollande

Ils leur demandent de s’attaquer avec vigueur à "la grande corruption" et aux mécanismes financiers qui la rendent possible, après les récentes déclarations d’intention "vigoureuses" du premier ministre britannique, David Cameron.

Huit lettres identiques devaient être adressées, lundi 10 juin, aux huit chefs d’Etat concernés, dont François Hollande pour la France.

Parmi les signataires de l’appel, lancé à l’initiative des trois réseaux contre la corruption Global Witness, Transparency International et Corruption Hunters Network, figurent Richard Findl (procureur de la république à Munich), Richard Goldstone (ex-procureur général des tribunaux pénaux des Nations unies pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda), Eva Joly (députée européenne), Silvio Antonio Marques (procureur de la république de Sao Paolo, au Brésil), Drago Kos (ex-président du groupe anticorruption du Conseil de l’Europe) ou Mark Pieth (président du groupe anticorruption de l’Organisation de coopération et de développement économiques).

Ils préconisent deux réformes "indispensables" : l’adoption de mesures empêchant que des sociétés-écrans (trusts, compagnies financières opaques) soient utilisées pour dissimuler et blanchir l’argent issu d’activités criminelles (fraude fiscale, trafics de drogue...) ; l’interdiction pour les banques de "faire affaire" avec des responsables politiques corrompus.

"DIRECTEMENT TÉMOINS"

"En tant que groupe de personnes qui s’est efforcé de mettre au jour la corruption et de lutter contre celle-ci", écrivent ces personnalités dans la lettre à M. Hollande, dont Le Monde a eu copie, "nous avons été directement témoins des effets préjudiciables du pillage des avoirs de l’Etat par des politiciens et fonctionnaires peu scrupuleux. Cet acte entrave le développement au sein de certains des pays les plus pauvres au monde, en privant le gouvernement de recettes dont il a désespérément besoin pour lutter contre la pauvreté." "La grande corruption serait impossible sans l’aide du système financier mondial, notamment les banques qui acceptent les avoirs issus de la corruption, poursuivent-elles, et sans les règles de confidentialité qui permettent aux blanchisseurs d’argent de masquer leurs activités."

Concrètement, ces experts de la lutte contre la grande délinquance financière veulent rendre obligatoires, partout dans le monde, y compris dans les paradis fiscaux, des registres publics de toutes les sociétés existantes, trusts inclus, révélant l’identité de leurs véritables propriétaires. "Cela aiderait les services de police à pourchasser les blanchisseurs d’argent, disent-ils, mais permettrait aussi aux citoyens, journalistes et à la société civile de tenir les entreprises pour responsables de leurs actes."

Quant aux banques qui accepteraient l’argent de dirigeants politiques corrompus, elles devraient être passibles de "sanctions vigoureuses et dissuasives".

Cet appel au G8 fait écho au célèbre appel de Genève de 1996, qui avait vu sept grands magistrats anticorruption - dont Bernard Bertossa, Edmondo Bruti Liberati, Carlos Jimenez Villarejo, Benoît Dejemeppe et Renaud Van Ruymbeke –, réunis par le journaliste-écrivain Denis Robert, réclamer un espace judiciaire européen. Le 9 mai 2001, les juges Eva Joly, Renaud Van Ruymbeke, Jean de Maillard, et les procureurs Bernard Bertossa et Benoît Dejemeppe avaient signé une tribune dans Le Monde intitulée "Les boîtes noires de la mondialisation financière", pour appeler à prendre la mesure des révélations de M. Robert sur la société de compensation de flux financiers Clearstream.




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Transmis par Olivier Poularon
Mon, 10 Jun 2013 04:02:49 -0700


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Régulons le trafic de drogues pour lutter contre la violence et la corruption
Fernando Henrique Cardoso, Cesar Gaviria, Ricardo Lagos, George P. Shultz, Paul Volcker, Louise Arbour, Ernesto Zedillo, Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine | lemonde.fr | 7 juin 2013

Par Fernando Henrique Cardoso, Cesar Gaviria, Ricardo Lagos, George P. Shultz, Paul Volcker, Louise Arbour, Ernesto Zedillo, Ruth Dreifuss et Michel Kazatchkine

Après plus de quatre décennies d’une guerre contre la drogue qui s’est avérée être un échec, les appels à un changement de stratégie sont de plus en plus forts. En Amérique latine, le débat est omniprésent. Les dirigeants de Colombie, du Guatemala, du Mexique et de l’Uruguay ont pris l’initiative de transformations dans leurs propres politiques en matière de drogues, qui ont impulsé une forte dynamique de changement dans la région et dans le monde.

Le débat s’est étendu aux États-Unis, où l’opinion publique en matière de régulation est en train d’évoluer. Pour la première fois en effet, un sondage a montré que la majorité soutient la régulation de la vente du cannabis pour la consommation des adultes. Nulle part cet appui été plus évident que dans les Etats du Colorado et de Washington, qui ont récemment approuvé de nouveaux projets de loi à cet effet. Ce changement dans l’opinion publique va à l’encontre de la loi fédérale américaine, mais aussi des conventions en matière de drogues des Nations Unies, ainsi que du régime international des politiques de drogues.

La commission globale pour la politique drogue, faisant suite à l’appel à un changement de paradigme formulé par la commission latino-américaine sur les drogues et la démocratie, plaide en ce sens depuis 2011. Vingt dirigeants mondiaux ont ainsi mis en évidence les effets dévastateurs des politiques de drogue répressives sur les personnes, la gouvernance et l’économie, non seulement en Amérique latine, mais partout dans le monde.
Notre rapport phare - la guerre contre la drogue - énonce deux recommandations principales :

- remplacer la criminalisation de l’usage de drogues par une approche de santé publique ;
 expérimenter des modèles de régulation légale visant à saper le pouvoir du crime organisé.

En ouvrant un débat véritablement global sur la réforme des politiques en matière de drogues, nous avons brisé un tabou séculaire. Une nouvelle voix s’est récemment jointe à ce débat, celle de l’Organisation des États Américains (OEA), dans un un rapport très attendu sur les scénarios alternatifs pour le contrôle et la réglementation des drogues pour les Amériques. Cette étude était à l’origine une idée du président Santos de Colombie, qui avait été approuvée par tous les chefs d’États américains lors du Sommet des Amériques à Carthagène en 2012.

Endossée par l’OEA, ce rapport propose quatre scénarios possibles pour les futures politiques de drogues, reflétant un consensus émergeant à travers l’Amérique Latine. Heureusement, aucun scénario n’appelle au statu quo. La plupart des experts approuvent les trois premiers scénarios - le passage d’approches répressives à une approche privilégiant la sécurité des citoyens, l’expérimentation de différentes voies de régulation des drogues illégales et le renforcement de la résilience des communautés. Bien entendu, tous les dirigeants responsables s’accordent à vouloir éviter à tout prix le quatrième scénario, la menace de voir se créer des narco-Etats. Dans sa globalité, le rapport présente pour la première fois un ensemble complet de recommandations d’une organisation multilatérale pour la réforme des politiques en matière de drogues.

L’étude de l’OEA propose l’exploration de voies complémentaires, plutôt que de chemins qui s’excluent mutuellement. Ces propositions sont basées sur l’hypothèse réaliste que la demande de substances psychoactives continuera d’exister au cours de la prochaine décennie et que seule une petite proportion d’utilisateurs en deviendra dépendante. En effet, de nombreux pays sont déjà sur la voie de la décriminalisation de l’usage de drogues et expérimentent la réglementation du cannabis, tout en investissant dans des programmes de réduction des risques, y compris la prescription médicale de drogues dites"dures". Loin de causer des problèmes, comme annoncé par leurs détracteurs, ces programmes génèrent des résultats positifs et mesurables.

L’OEA et les pays d’Amérique Latine contribuent résolument à briser le tabou qui a bloqué pendant si longtemps le débat sur une politique en matière de drogues plus humaine et plus efficace. Il est temps que les gouvernements du monde entier soient autorisés à expérimenter de façon responsable des modèles de régulation qui sont adaptés à leurs réalités et aux besoins locaux. Le leadership dont font preuve le président Santos et le secrétaire général de l’OEA est bienvenu. Mais le rapport n’est que le début - les dirigeants des Amériques doivent prendre cette étude au sérieux et examiner concrètement comment leurs propres politiques peuvent être améliorées.

Ce faisant, ils briseront le cercle vicieux de la violence, de la corruption et des prisons surpeuplées, et mettront la santé et la sécurité de leurs citoyens au premier plan.

Fernando Henrique Cardoso, ancien président du Brésil ; Cesar Gaviria, ancien président de la Colombie ; Ricardo Lagos, ancien président du Chili ; George P. Shultz, ancien secrétaire d’Etat, Etats-Unis, président d’honneur ; Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis et de la commission de relance économique ; Louise Arbour, ancien haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le président de l’International crisis group ; Ernesto Zedillo, ancien président du Mexique ; Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Suisse ; Michel Kazatchkine, envoye spécial des Nations Unies sur le sida en Europe de l’Est et en Asie centrale




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Transmis par Olivier Poularon
Sat, 8 Jun 2013 13:38:35 -0700


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Voir en ligne : Régulons le trafic de drogues pour lutter contre la violence et la corruption

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