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"Copwatch" : La police dans le viseur

Alexandre Spalaïkovitch et Alexandre Dereims - Camille Polloni | rue89.com - canalplus.fr | lundi 27 mai 2013

lundi 27 mai 2013

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"Copwatch" : La police dans le viseur
Alexandre Spalaïkovitch et Alexandre Dereims | canalplus.fr | lundi 27 mai 2013

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Le documentaire-choc sur le « copwatching », flicage citoyen qui énerve tant les flics
Camille Polloni | rue89.com | lundi 27 mai 2013

N’espérez pas revivre les reportages à sensation diffusés sur la TNT, où les équipes de police coursent des braqueurs et cassent les portes de bandits à 6 heures du matin. Mais promis, il y a de l’action quand même.

Le film diffusé ce lundi par Canal+, « Copwatch, la police dans le viseur », d’Alexandre Dereims et Alexandre Spalaïkovitch, a nécessité un an de tournage à Paris (au marché des biffins de Barbès), Lille, Calais et New York, aux côtés d’adeptes du « copwatching », ces « surveilleurs de flics » qui filment caméra au poing les interventions policières.

Ce documentaire montre l’envers du travail policier : une chasse aux pauvres et aux migrants somme toute assez médiocre. Il témoigne aussi de l’agressivité des fonctionnaires envers les militants qui ont l’ambition de contrôler les travaux finis.

Une pratique énervante mais légale

« Tu commences à nous casser les couilles avec ta caméra », lance par exemple un agent à celui qui le filme. Un commissaire promet, lui, de la casser contre le mur la prochaine fois. A travers leurs syndicats, les policiers ont plusieurs fois exprimé publiquement leur ras-le-bol de se voir filmés en intervention et parfois épinglés sur Internet.

Le site Copwatch Nord-Ile-de-France accède à la notoriété en novembre 2011 à la faveur d’un surprenant effet Streisand. A la demande du ministère de l’Intérieur qui a saisi la justice, le site est bloqué par les fournisseurs d’accès. Le tribunal a estimé qu’il contenait des propos diffamatoires sur la violence supposée de tel ou tel fonctionnaire, et que certaines données n’y avaient pas leur place.

Malgré le dépit des policiers concernés, rien n’interdit de pratiquer le « copwatching » si l’on prend garde ensuite à la manière de présenter les images. Comme le rappelait en 2006 une note du ministère de l’Intérieur, « les policiers ne peuvent donc pas s’opposer à ce que leurs interventions soient photographiées ou filmées. »

Cela « ne peut constituer aucune gêne pour des policiers soucieux des règles déontologiques », écrivait même la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) en 2005. Finalement, la CNDS inverse le slogan des partisans de la vidéosurveillance : si vous n’avez rien à vous reprocher... souriez.

Pierre, un « copwatcheur » interviewé dans le documentaire, se montre sûr de son bon droit :

« On veut que les policiers sachent que toute personne dans la population peut être témoin de ce qu’ils font et peut aussi exercer un contrôle. »

Pour la première fois, lui et ses amis, « des étudiants ou salariés proches de la gauche radicale », ont accepté d’être suivis par une équipe de télé.

« Un vrai boulot de documentation »

Comme l’expliquent les réalisateurs, la confiance s’est consolidée à petit feu. « On leur a présenté nos précédents travaux », dit Alexandre Dereims. Les collectifs Copwatch et No Border ont mis à leur disposition trois ans d’archives, « des dizaines d’heures » de vidéos et des compte-rendus écrits. Le réalisateur poursuit :

« Ils font un vrai boulot de documentation, sur des choses précises. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse froid, ils sont là. »

Son collègue Alexandre Spalaïkovitch les juge aussi « crédibles dans leur manière de travailler ». « Ce qu’ils nous ont montré correspondait à ce qu’on a vu par la suite. »

Intimidation, destruction de matériel

Les deux journalistes, habitués de terrains difficiles (Niger, Corée du Nord) ont tourné en caméra cachée sur la voie publique, sans demander l’autorisation de suivre les fonctionnaires au travail. « Ce n’était pas pour les piéger, mais pour avoir une version authentique des faits », soutient Alexandre Spalaïkovitch.

Le résultat, sévère compilation d’images tournées par les journalistes et par les militants, n’est pas flatteur pour les forces de l’ordre. Il révèle des pratiques répétées d’intimidation envers des marchands ambulants et des vidéastes, la destruction d’effets personnels des migrants à Calais, et plus généralement un comportement grossier et inapproprié des policiers filmés.

Certaines images prises à Calais avaient déjà été diffusées sur Rue89 en avril 2011. On y voyait notamment des fonctionnaires entrer, de nuit, dans un squat de Calais avec de la musique à fond dans les camions. Ils repartaient après avoir réveillé les migrants, en esquissant une petite danse.

Nous étions revenus sur cet épisode en novembre 2012, quand les policiers concernés avaient justifié cette pratique auprès du Défenseur des droits par la recherche d’un « moment de convivialité ». Alexandre Spalaïkovitch évoque plutôt « une pression continue » et « une chasse aux pauvres » :

« Les migrants et les biffins viennent souvent de pays où la police est très dure, et ils constatent qu’en France elle est presque aussi dure que chez eux. »

Pour lui, c’est en partie parce que « les policiers ne connaissent pas toujours la loi » ou connaissent « des problèmes d’encadrement ». Il précise que son film « ne cherche pas à dénigrer la police ». D’ailleurs, le visage des fonctionnaires a été flouté. Alexandre Dereims renchérit :

« Nous savons qu’il existe une grosse frustration de la part des policiers, pour lesquels c’est un éternel recommencement. On leur demande de résoudre la pauvreté, ce qui est impossible. »

Une caméra payée par des procès à la police

Aux Etats-Unis, les réalisateurs sont remontés aux sources du mouvement « copwatch ». Depuis l’affaire Rodney King en 1991 (un jeune Noir tabassé par la police de Los Angeles, sous les yeux d’un vidéaste amateur), filmer les interventions policières est une pratique plus fréquente qu’en France.

A New York, une application iPhone permet désormais d’envoyer les images d’un seul clic, sans risquer de se les voir confisquer. Et les destructions de matériel débouchent souvent sur des procès. A la clé, l’argent tiré des caisses de la police sert à... racheter des caméras pour filmer la police.

Là-bas, les « copwatcheurs » ne se cachent pas. Même s’ils sont, comme en France, source de colère pour certains policiers, ils témoignent à visage découvert. Ils sont convaincus de mener une action à la fois légale et salutaire.




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Special investigation - Copwatch : Les flics dans le viseur
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