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En Afrique du Sud, l’ex-chef de la police était "un ripou"

Transmis par Anne & Ahmid - Thu, 5 Aug 2010 - Organisation : PAMF http://www.mapinc.org/pamf/

jeudi 5 août 2010

Lorsqu’il dirigeait Interpol, de 2004 à 2008, l’ancien chef de la police sud-africaine Jackie Selebi s’était fixé pour objectif "d’avoir toujours un coup d’avance sur les criminels". La justice sud-africaine l’a pris au mot, à ses dépens. Mardi 3 août, Meyer Joffe, juge à la haute cour du Gauteng, l’a en effet condamné à 15 ans de prison pour corruption en liaison avec un baron de la drogue. "M. Selebi, lui a lancé le juge Joffe, vous avez embarrassé cette cour. Vous devez embarrasser ceux qui vous ont nommé ; vous devez embarrasser les policiers qui ont servi sous vos ordres."

Jackie Selebi va faire appel du verdict qui met un terme, au moins provisoire, à un feuilleton politico-policier qui a tenu l’Afrique du Sud en haleine depuis des mois. "L’histoire de M. Selebi est d’une certaine façon une parabole de notre démocratie, explique le journaliste Stefaans Brümmer, sur le site du quotidien Mail and Guardian. C’est une histoire faite de lutte, d’espoir, de promesses et de renaissance, mais c’est aussi une histoire de compromission avec ce qu’il y a de pire dans notre passé, et de trahison de nos rêves."
Ancien haut responsable du Congrès national africain (ANC), Jackie Selebi (60 ans) avait été nommé à la tête de la police sud-africaine en 2000. Poste qu’il occupa jusqu’en 2008. Ses ennuis avaient commencé peu avant.
Malgré la tentative du président de l’époque, Thabo Mbeki, d’enterrer le dossier, l’unité spéciale d’enquêteurs, les Scorpions, était parvenue à prouver les relations trop étroites du chef de la police avec des criminels. Parmi eux figure Glenn Agliotti. Cet homme d’affaires véreux, condamné en 2007 pour trafic de drogue, et actuellement jugé pour meurtre, a acheté, pour l’équivalent de 100 000 euros, des informations confidentielles au chef de la police. " (Jackie Selebi) a trahi la lutte démocratique en échange de costumes, de paires de chaussures et de menue monnaie", s’indigne M. Brümmer.
Le parti d’opposition, l’Alliance démocratique (AD), a salué le verdict qui "démontre que les politiciens de l’ANC ne sont pas au-dessus des lois". Mais l’AD doute que cette condamnation soit un coup majeur asséné aux corrompus. Elle rappelle que "la faction de l’ANC actuellement au pouvoir a dissous les Scorpions parce qu’ils avaient démontré leur efficacité dans la lutte contre les malversations des hommes politiques". Ils ont été remplacés "par une unité de la police facile à manipuler et à politiser", dénonce l’Alliance démocratique.

Christophe Châtelot
Article paru dans l’édition du 05.08.10.

© Le Monde.fr


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