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"Deal Safari" à Bordeaux : première condamnation

Florence Moreau | lemonde.fr | samedi 4 mai 2013

lundi 6 mai 2013

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"Deal Safari" à Bordeaux : première condamnation
Florence Moreau | lemonde.fr | samedi 4 mai 2013

Il avait participé malgré lui à un concours photo d’un genre un peu particulier puisqu’il consistait à faire la chasse aux dealers dans un quartier de Bordeaux. Un homme de 45 ans, au casier déjà bien chargé, a été condamné à trois mois de prison ferme, vendredi 3 mai, par le tribunal de Bordeaux pour "tentative de cession de substance vénéneuse sans justificatif". Il a été incarcéré à l’issue de l’audience. Le 30 avril, des policiers l’avaient en effet surpris en train de vendre sept cachets de Subutex, un substitut de synthèse aux opiacés qui fait l’objet de nombreux trafics.

Rien d’extraordinaire. Là où l’affaire devient moins banale, c’est que c’est une photo de lui, prise dans la rue il y a plusieurs semaines et postée sur Facebook, qui l’a conduit devant le tribunal : c’est acté en procédure. Les policiers l’ont reconnu grâce à cette photo publiée à l’invitation d’une poignée de riverains et de commerçants du quartier Saint-Paul lors d’un "safari photo". La démarche avait défrayé la chronique il y a un mois, avant que le soufflet ne retombe et que les organisateurs ne s’en remettent à la police en cessant de publier les photos.

Baptisée "Deal Safari", cette opération de dénonciation lancée par "des habitants du quartier fâchés pas fachos" avait pour but de débarrasser ce carré de rues des dealers. Murs et portes avaient été couverts d’affiches et de slogans du type "Dealers, souriez, on connaît vos clients". Avec le danger de représailles pour ceux qui suivaient les consignes, et le risque qu’un individu à la mine patibulaire et au look négligé offrant une cigarette se retrouve estampillé dealer aux yeux du monde entier.

"MÉTHODE SAUVAGE"

"C’est une méthode à l’anglo-saxonne, sauvage et dangereuse, estimait il y a peu le commissaire Paul Bousquet, chef de la division de police de Bordeaux. C’est une réaction épidermique où les gens se substituent aux autorités et veulent faire la justice. Mais le premier geste d’un citoyen est de dénoncer les faits dont il est témoin à la police. Tout élément de preuve fait et fera l’objet d’une enquête." Il a été entendu.

A l’audience, le vice-procureur Philippe Jaegle a cité cette "initiative qui a eu le mérite de donner un coup de projecteur sur le quartier et ses problématiques". Au contraire, pour l’avocat de la défense, "la justice donne le sentiment de légitimer ce genre de démarche".
Me Alexandre Novion s’indigne : "On laisse à des particuliers l’initiative de capturer des images qui vont être à l’origine de poursuites, on part du principe que les gens sur les photos sont des dealers, on abandonne aux citoyens des moyens de délation qui vont être officialisés en procédure." Victime collatérale et auteur bien réel, son client ne devrait pas revenir tout de suite dans le quartier.

Florence Moreau




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Transmis par Anne & Ahmid
Mon, 6 May 2013 03:00:28 -0700


PAMF


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