Accueil > 2013 > mai > Mélenchon veut la VIe République, oui mais laquelle et pour quoi faire ?

Mélenchon veut la VIe République, oui mais laquelle et pour quoi faire ?

Geoffroy Clavel | huffingtonpost.fr | samedi 4 mai 2013

samedi 4 mai 2013

huffpost.com

Mélenchon veut la VIe République, oui mais laquelle et pour quoi faire ?
Geoffroy Clavel | huffingtonpost.fr | samedi 4 mai 2013

aaa

CONSTITUTION - Contre l’austérité et pour la VIe République. C’est un double mot d’ordre qui réunira ce dimanche 5 mai, près d’un an après l’élection présidentielle, l’aile gauche de la classe politique pour une grande marche parisienne. A sa tête, Jean-Luc Mélenchon, chef de file du Front de Gauche et principal promoteur d’un bouleversement des institutions censé répondre à la crise de confiance qui traverse le pays.

Refonte institutionnelle et judiciaire, instauration d’un régime parlementaire, moralisation de la vie publique... Si le PS et l’UMP sont globalement hostiles à une remise en cause de la Ve République, qui souffle cette année ses 55 bougies (une longévité exceptionnelle), Jean-Luc Mélenchon défend le scénario d’une "révolution républicaine" depuis le début des années 90.

Alors que l’hypothèse circule même à l’Elysée, le président du Parti de Gauche espère que 100.000 personnes se joindront à sa "reprise de la Bastille". Parmi eux, de nombreux écologistes, dont Eva Joly et Sergio Coronado, défileront dimanche malgré les réticences de l’Etat-major d’EELV.

VIe République, une idée qui fédère à gauche ? Encore faut-il que tout le monde soit d’accord sur le fond comme sur la méthode. Le 17 avril dernier, un collectif d’élus écologistes publiait une tribune intitulée "pourquoi nous n’irons pas manifester dimanche 5 mai", critiquant vertement la stratégie et l’appel de Jean-Luc Mélenchon. "La VIe République que nous voulons n’est pas celle que propose M. Mélenchon". épinglé en "tribun mimant l’homme providentiel bien dans la tradition bonapartiste du régime actuel", écrivent en substance les cosignataires, dont le politologue Bastien François cofondateur de la Convention pour la VIe République.

Un réquisitoire cinglant contre la République de De Gaulle

Qu’elle soit communiste, écologiste ou sociale, la VIe République se définit avant tout en opposition à celle qui la précède. Ses promoteurs, qui se recrutent essentiellement à gauche, s’accordent au moins sur le diagnostic : la dénonciation de la Ve, instaurée en 1958 par le général De Gaulle, qui donne la primauté du pouvoir à l’exécutif, tout particulièrement depuis l’élection au suffrage universel du président de la République. Irresponsabilité politique et judiciaire, pouvoir de nomination sans contrôle, pouvoir de dissolution, chef de guerre, droit de grâce... C’est ce "monarque républicain", pourtant plébiscité par les Français, que l’extrême gauche, les écologistes et une partie du PS aimeraient abattre.

Dans la Ve République, "l’opposition parlementaire est quotidiennement ridiculisée, n’exerce que d’inutiles prérogatives quand elle n’est pas tout bonnement muselée", critiquait le Front de Gauche pendant l’élection présidentielle. Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon promettait d’ailleurs d’être le dernier président de la Ve République.


VITE LA 6ème REPUBLIQUE ! #2 (VIDEO STICKER) par lepeuplelibere

Même diagnostic accablant chez l’ancienne candidate écolo Eva Joly. "Notre société souffre d’un déficit démocratique : une grande partie de la population ne se sent plus représentée et se détourne de la vie démocratique", écrivait-elle dans son programme présidentiel.

Avant eux, l’actuel ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait co-signé une "Constitution de la VIe République" dès 2005. "La démocratie en France se résume aujourd’hui à un chèque en blanc, donné pour cinq ans à un seul homme, à l’issue d’une campagne devenue une joute communicationnelle et médiatique plus qu’un réel débat sur le futur de notre pays", défendait-il pendant la primaire socialiste de 2011. Un créneau sur lequel le ministre se fait désormais plus discret.

Le retour compliqué au régime d’assemblée

Autre dénominateur commun des soutiens de la VIe République, tous réclament un renforcement drastique des pouvoirs du Parlement, la fin du cumul des mandats synonyme de renouvellement du personnel politique, le renforcement de la séparation des pouvoirs judiciaires et exécutifs... En clair : le retour à un régime parlementaire censé faire contre-poids au président de la République.

Mais les avis divergent sur les modalités et l’ampleur du bouleversement institutionnel attendu. Alors que le Front de Gauche et les écologistes prônent l’instauration d’un mode d’élection à la proportionnelle intégrale (favorable aux petits partis), Arnaud Montebourg a toujours défendu le scrutin majoritaire actuel, synonyme de majorité stable. Pendant la primaire, le ministre du Redressement productif plaidait d’ailleurs pour que la proportionnelle ne s’exerce que dans le cadre du Sénat... dont Jean-Luc Mélenchon n’exclut pas la suppression pure et simple.

Idem sur l’élection du président de la République. Le Front de Gauche envisage de revoir "les modalités" de son élection, autrement dit revenir sur sa désignation au suffrage universel. Une proposition dont Arnaud Montebourg s’est éloigné, lui qui fut aussi le premier promoteur des primaires citoyennes, qui renforcent la légitimité de l’élection directe du président de la République.

Constituante ou pas : la rivalité EELV-Front de Gauche

Reste la question de la nature du future régime et de la méthode pour y arriver. Le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot a prévenu que "le seul changement de numéro d’une République" ne suffira pas pour remanier en profondeur les institutions françaises. "Le coup de balai de Jean-Luc Mélenchon, la VIe République, ce n’est ma tasse de thé", a prévenu Olivier Besancenot, qui craint la stratégie du Front de Gauche ne se résume en définitive "à un changement de Premier ministre".

Ressuscitant l’esprit de 1789, Jean-Luc Mélenchon préconise pourtant le recours à une assemblée constituante, dont les membres ne pourraient être élus dans le cadre du nouveau régime et qui seront chargés d’élaborer les futures institutions françaises. Le tout validé par référendum.

Une approche "jacobine" qui ne convainc pas certains écologistes, partisans d’une décentralisation régionale et d’une démocratie à l’échelle européenne. "La VIe République que nous voulons n’est pas le concept fumeux d’une avant-garde se prétendant éclairée et qui n’a rien d’autre à proposer que la réunion d’une Constituante sans perspectives", tranchent les élus écologistes, Bastien François en tête.

Signe que le fossé va croissant entre les partisans de la VIe République, le patron d’EELV, Pascal Durand, a pris encore plus de distances avec les amis de Jean-Luc Mélenchon : "Nous pensons que l’Europe et les régions sont incontournables, eux privilégient un repli national, très centralisé".

Et d’enfoncer le clou : "Notre VIe République ne se construit ni dans l’injure, ni dans l’arrogance, ni dans le culte de la personnalité".


Voir en ligne : Mélenchon veut la VIe République, oui mais laquelle et pour quoi faire ?

Messages

  • Je ne polémiquerai pas avec le Monde, qui sert la soupe au PS depuis la nuit des temps.

    Je dirai simplement : Il est évident que Monsieur Montebourg, qui est au gouvernement actuel, ne va pas appeler à un changement ni de politique, ni de République. Il y a dix ans que je le prends pour un arriviste de la plus belle eau et je n’ai pas changé d’avis. Il en va de même pour les élus d’EELV. Seule une personne qui ne participe pas au gouvernement peut appeler à manifester contre lui, sauf à démissionner, ce qui se fit lors de la première guerre du Golfe, par exemple.

    De même l’insinuation que Monsieur Mélenchon visait à devenir Premier Ministre est de l’ordre du procès d’intention.

    Pourrait-on demander à ce qui fut un très grand journal un minimum d’honnêteté ?

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.