Les LED sont laides

Paris, le mardi 26 octobre 2010 – Au printemps 2008, le département de l’énergie américain a organisé un petit concours, dont l’objectif était de fabriquer une lampe où la traditionnelle ampoule à incandescence de 60 Watts serait remplacée par une par diode électroluminescente (LED) de 10 W, offrant un éclairage aussi important et dont la durée de vie dépasserait les 25 000 heures ! Dix millions de dollars étaient promis au vainqueur ! Cette petite expérience témoigne que partout dans le monde, les pouvoirs publics ont fondé un important espoir de voir progressivement les LED prendre la place des ampoules traditionnelles, pour un gain d’énergie important. Elles sont de fait appelées à jouer un rôle important alors qu’une directive européenne de 2005 programme l’interdiction successive de différents types d’éclairage, des lampes fluorescentes aux halophosphates bannies cette année aux lampes à vapeur de mercure qui doivent disparaître en 2015. Aussi, estime-t-on qu’en 2020, les LED pourraient représenter 75 % du marché de l’éclairage. Déjà, Dominique Gombert, directeur de l’évaluation des risques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) note qu’en « quelques mois, le nombre d’ampoules à LED accessibles en grande surface s’est multiplié de façon fulgurante ».

Ne regardez pas la lumière bleue

Cette croissance devrait cependant être fortement freinée et les objectifs de l’Union Européenne pourraient être modifiés au lendemain de la publication par l’ANSES d’un avis mettant en lumière…les risques liés aux LED. L’étude des LED où sont couplés une LED bleue à un phosphore jaune (la technologie la moins coûteuse donc la plus fréquente) a en effet révélé différents dangers liés d’une part au « déséquilibre spectral des LED (forte proportion de lumière bleue dans les LED blanches) » et d’autre part à de « très fortes luminances ». Concernant les méfaits provoqués par la lumière bleue, Dominique Gombert note qu’elle a un « effet toxique sur les cellules de la rétine ». Aussi, les enfants « dans la mesure où leur cristallin encore en formation n’assure pas la même filtration de la lumière bleue » présentent une sensibilité accrue. L’avis de l’ANSES signale en outre que les « personnes (…) atteintes de certaines maladies oculaires (dégénérescence maculaire) et cutanées (en cas de consommation de substances photosensibilisantes) » sont également plus exposées.

Ne regardez pas la lumière, tout court !

En outre, les experts de l’ANSES mettent en avant les très fortes « luminances » des LED. L’avis rappelle qu’en la matière, il est considéré qu’en « éclairage d’intérieur (…) une luminance supérieure à 10 000 cd par mètre carré est visuellement gênante », or, les LED peuvent « présenter des luminances 1 000 fois supérieures » !

Les LED vont sortir de la lumière

Ces différentes constatations incitent l’ANSES à émettre plusieurs recommandations, dont une restriction de la diffusion au grand public des systèmes d’éclairage à LED : seuls ceux appartenant au groupe de risque zéro ou un devraient pouvoir lui être accessibles. Une protection des populations sensibles et des personnes les plus exposées doit par ailleurs être mise en œuvre. L’ANSES invite en outre de manière générale à une diminution de l’intensité des LED et à un étiquetage informatif précis. Enfin, l’agence appelle à une adaptation des normes européennes. En effet, ils ont pu observer que la norme NF EN 62 471 « n’est pas tout à fait adaptée à des éclairages utilisant des LED ».

Illustration : Leo Villarreal, Multiverse* (2009) National Gallery of Art (Washington DC)

* Œuvre consistant en un tunnel de 60 m recouvert de plus de 41000 LED

Aurélie Haroche

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