Accueil > 2013 > mars > Le PKK respectera l’appel au cessez-le-feu d’Öcalan

Le PKK respectera l’appel au cessez-le-feu d’Öcalan

Le Nouvel Observateur avec AFP | tempsreel.nouvelobs.com | jeudi 21 mars 2013

samedi 23 mars 2013

aaa

Le PKK respectera l’appel au cessez-le-feu d’Öcalan
Le Nouvel Observateur avec AFP | tempsreel.nouvelobs.com | jeudi 21 mars 2013

C’est ce qu’affirme un commandant militaire. Le premier ministre turc assure de son côté qu’Ankara cessera ses opérations militaires si le PKK arrête les siennes.

Abdullah Öcalan, chef rebelle kurde, en 1993 lors d'une conférence de presse au Liban. (JOSEPH BARRAK / AFP)

Abdullah Öcalan, chef rebelle kurde, en 1993 lors d’une conférence de presse au Liban. (JOSEPH BARRAK / AFP)

Le Parti de travailleurs du Kurdistan (PKK) s’engage à respecter l’appel à déposer les armes lancé jeudi 21 mars par son chef emprisonné Abdullah Öcalan, a affirmé son commandant militaire, Murat Karayilan, cité par l’agence de presse pro-kurde Firat News.

"Tout le monde doit savoir que le PKK est aussi bien prêt à la paix qu’à la guerre. Nous allons, dans ce contexte, inscrire avec détermination dans les faits le processus lancé par le président ’Apo’" (le surnom d’Abdullah Öcalan), a indiqué Murat Karayilan depuis le nord de l’Irak, où se trouve le commandement militaire du PKK.

Approche "positive"

De son côté, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a assuré jeudi à La Haye que la Turquie cessera ses opérations militaires contre les Kurdes si le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) cessent les siennes.

"S’il n’y a plus d’actions militaires, nos troupes n’entreprendront plus d’opérations militaires", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence de presse à La Haye, aux Pays-Bas, où il venait de rencontrer son homologue néerlandais Mark Rutte.

Qualifiant de "positive" l’approche d’Abdullah Öcalan, le Premier ministre turc, dont les propos en turc ont été traduits en néerlandais, a soutenu que "l’important est de voir comment il [le cessez-le-feu, NDLR] sera appliqué en réalité". "J’espère qu’il aura un effet le plus vite possible", a-t-il en outre ajouté.

"La politique doit prévaloir"

Plus tôt jeudi, le chef kurde emprisonné Abdullah Öcalan avait appelé, à l’occasion du Nouvel an kurde, les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à cesser-le-feu et à se retirer du sol turc, une déclaration qui ravive l’espoir de mettre un terme à un conflit qui déchire la Turquie depuis 29 ans.

"Je le dis devant les millions de personnes qui écoutent mon appel, une nouvelle ère se lève où la politique doit prévaloir, pas les armes", avait-il ajouté dans un message lu à Diyarbakir devant des centaines de milliers de personnes par un député du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde).

"Nous sommes arrivés à une phase dans laquelle les armes doivent se taire (...) et les éléments armés doivent se retirer en dehors des frontières de la Turquie", avait lancé Abdullah Öcalan.

La déclaration du chef historique du PKK a été acclamée par des centaines de milliers de personnes qui, depuis le lever du jour, s’étaient rassemblées pour l’écouter sur une immense esplanade de Diyarbakir, que les 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie considèrent comme leur capitale.

"Nous sommes avec toi chef"

Tout au long de la matinée, cette foule a patienté en agitant des banderoles proclamant "dans la paix comme dans la guerre, nous sommes avec toi, chef" ou en chantant "longue vie à notre chef Apo", le surnom d’Abdullah Öcalan.

"La période de la résistance armée a ouvert une porte à un processus de politique démocratique. Les sacrifices n’ont pas été fait en vain, les Kurdes y ont gagné leur véritable identité", a également indiqué Abdullah Öcalan en faisant référence aux quelques 45.000 morts causées depuis 1984 par le conflit kurde. 

"Ce n’est pas la fin, c’est un nouveau départ", a-t-il insisté, "ce n’est pas la fin du combat, c’est le début d’un nouveau combat".

Mais les obstacles à la paix demeurent nombreux, notamment parce qu’Ankara semble encore rejeter l’idée de libérer Abdullah Öcalan et qu’une majorité de Turcs sont encore réticents à négocier directement avec lui.

45.000 morts

A quatre reprises déjà depuis le début de sa rébellion en 1984, Abdullah Öcalan a proclamé des cessez-le-feu unilatéraux. Jamais jusque-là ils n’ont permis de déboucher sur une solution à ce conflit qui a fait plus de 45.000 morts.

Cette fois, le gouvernement comme les rebelles semblent déterminés à parvenir à la paix. Avant l’appel de jeudi, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a répété de son côté qu’il était prêt à tout faire pour que les armes se taisent, même à "avaler du poison" ou à tirer un trait sur sa carrière politique.

Le fil de leur dialogue a été renoué à la fin de l’automne dernier, au terme d’une année de combats particulièrement meurtriers et d’une longue grève de la faim de détenus kurdes interrompue sur ordre du chef du PKK.

Depuis, les gestes de bonne volonté se sont enchaînés. Ankara a levé l’isolement imposé à Abdullah Öcalan et déposé au Parlement un "paquet" législatif qui doit permettre la remise en liberté de centaines de Kurdes incarcérés pour leurs liens avec le PKK.

Öcalan, "tueurs d’enfants"

En retour, le mouvement rebelle, considéré comme une organisation terroriste en Turquie et dans de nombreux pays occidentaux, a libéré la semaine dernière huit prisonniers turcs détenus en Irak. Malgré ce climat favorable, les obstacles sur le chemin d’une paix restent très nombreux.

A commencer par le sort réservé à Abdullah Öcalan. Ankara a écarté toute idée d’amnistie générale mais les Kurdes insistent pour sa remise en liberté ou, à défaut, son assignation à résidence.

Le processus de paix ne fait pas non plus l’unanimité. Une majorité de Turcs rejettent l’idée d’une négociation directe avec Abdullah Öcalan, largement considéré comme un "terroriste" ou un "tueur d’enfants".

Malgré ses dénégations, l’opposition soupçonne aussi Recep Tayyip Erdogan d’arrière-pensées plus politiciennes. En clair, de vouloir accorder des droits aux Kurdes en échange de leur soutien à un projet de Constitution renforçant les pouvoirs du président. Contraint de quitter la tête du gouvernement en 2015, le Premier ministre ne cache pas son intention de briguer la magistrature suprême en 2014.

Signe que l’appel à la paix attendu du chef du PKK suscite des tensions dans ses propres troupes, des affrontements ont opposé jeudi matin les forces de l’ordre et des manifestants kurdes dans la ville de Sirnak, près de la frontière irakienne.


Les grandes dates du conflit kurde

1978 : Naissance du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui prône la lutte armée.
1984 : Le PKK se lance dans la lutte armée contre les militaires turcs.
Avril 1991 : Après la guerre du Golfe, les Kurdes iraqiens se soulèvent. La répression entraîne l’exode de 2 millions de Kurdes vers la Turquie et l’Iran.
1992 : Intervention militaire turque contre le PKK en Iraq. Des combats éclatent entre le PKK et les Kurdes iraqiens, qui apportent leur soutien à l’armée turque.
1995 : L’armée turque déploie 36 000 soldats en territoire iraqien pour combattre le PKK.
1999 : Les Turcs annoncent capturer Öcalan, leader du PKK, et le condamnent à prison à perpétuité.
2000 : Le PKK annonce l’arrêt de la lutte armée.
2004 : Les rebelles du PKK annoncent la rupture de la trêve unilatérale.
2007 : Le Parlement vote le principe d’une intervention militaire contre les rebelles kurdes basés en Iraq.
L’armée lance des raids aériens.
2009 : 24 soldats turcs sont tués par le PKK. Nouvelle vague d’arrestations dans les milieux kurdes.
2010 : 11 soldats turcs sont tués dans des attaques du PKK. Le premier ministre promet de « noyer dans le sang » les responsables de leur mort.
2011 : Reprise des affrontements entre le PKK et l’armée turque, après l’échec de discussions secrètes en
2012 : Plusieurs centaines de kurdes observent une grève de la faim, levée sur l’intervention d’Öcalan.
Décembre 2012 : Les autorités reprennent les discussions avec Öcalan.

Voir en ligne : Le PKK respectera l’appel au cessez-le-feu d’Öcalan

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.