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Hugo Chavez, Victorin Lurel, les médias et Claude Ribbe...

Henri Maler - Claude Ribbe | acrimed.org - claude-ribbe.com | lundi 11 mars mardi 12 mars 2013

mardi 12 mars 2013

 Hugo Chavez, le ministre et les médias
Henri Maler | acrimed.org | mardi 12 mars 2013
 Victorin Lurel a raison
Claude Ribbe | claude-ribbe.com | lundi 11 mars 2013



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Hugo Chavez, le ministre et les médias
Henri Maler | acrimed.org | mardi 12 mars 2013

Il était une fois un ministre qui, le vendredi 8 mars 2013, interrogé par Europe 1 à l’occasion des obsèques d’Hugo Chavez crut bon de déclarer : « Moi je dis, et ça pourra m’être reproché, [...] que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez puisqu’on prétend que c’est un dictateur. Il a pendant ces 14 ans respecté les droits de l’Homme. »

N’importe quel journaliste, passé ou non par les écoles reconnues par la profession, pouvait comprendre que le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, entendait ainsi contester qu’Hugo Chavez était un « dictateur », louer, ne serait-ce partiellement, sa politique et non faire l’éloge de sa « dictature ».

N’importe quel journaliste, mais pas nombre de médias parmi les plus réputés. Ceux-ci optèrent pour des titres, voire, pour certains d’entre eux, pour des commentaires, laissant entendre que c’est bien une dictature que saluait le ministre. Et cette fable bénéficia d’une remarquable circulation circulaire.

De dictature, sous la présidence d’Hugo Chavez, il n’y en eut point. L’hostilité au régime et au président du Venezuela dispose d’un répertoire de vocables suffisamment discutables (c’est-à-dire que l’on peut discuter, fût-ce âprement) – « populiste », démagogique », « autoritaire », « autocratique » – sans qu’il soit nécessaire d’évoquer une introuvable dictature. Mais qu’importe aux titreurs et commentateurs – dont certains ont peut-être un diplôme de science pipeaulogie : le ministre aurait bien loué une dictature en tant que telle. Échantillon









Et l’inénarrable Aphatie, toujours à la pointe du professionnalisme, ne put s’empêcher d’opposer la République à la dictature que le ministre aurait encensée en tant que dictature.


Et comme un raccourci ne va jamais seul, le ministre bénéficia d’autres coups de coup de ciseaux.

Laissons-lui la responsabilité de ce propos : « Toutes choses égales par ailleurs, Chavez c’est De Gaulle plus Léon Blum », dit comme ça, c’est pour le moins discutable. Supprimez « Toutes choses égales par ailleurs  », il ne reste plus que « Chavez c’est De Gaulle plus Léon Blum  », dit comme ça, c’est grotesque, voire pire.

On doit aussi au ministre l’affirmation (qui se passe de commentaires) selon laquelle Chavez était « tout mignon » dans son cercueil. Supprimez le cercueil, il ne reste plus que Chavez était « tout mignon ». Ce qui est improbable. Prêtez de surcroît au ministre le soutien à un dictateur comme tel, et vous obtenez ce titre halluciné (et hallucinant) d’un article de Rue 89.


Que l’on se comprenne bien : il ne s’agit ici ni de soutenir ni de condamner les propos d’un ministre, mais de constater, à partir de quelques faits d’apparence anodine, les tares d’une production de « l’actu » à flux tendu qui concourt à un consternant épisode de suivisme en chaîne.

Raccourcis et dilettantisme, concurrence moutonnière et circulation circulaire : le goût pour « ce qui fait polémique » (surtout sur des détails) et la recherche compulsive du « clic », du « buzz et du « clash » (avec le Lab d’Europe 1 en première ligne [1]) permettent de faire le plein avec du vide.

Et, en l’occurrence, cela tient lieu de débat, informé, documenté et pluraliste sur le Venezuela.

Henri Maler

Notes

[1] Comme l’a relevé à sa façon Daniel Schneidermann dans une chronique intitulée « Victorien Lunel, gibier de buzz ».





claude-ribbe.com

Victorin Lurel a raison
Claude Ribbe | claude-ribbe.com | lundi 11 mars 2013

Victorin Lurel a raison.

 

Par Claude Ribbe

 

Personne ne sera surpris, j’espère, que j’accorde un total
soutien aux propos tenus par Victorin Lurel à propos d’Hugo Chavez. Ils sont
tout à fait justes.  Dans le fond comme
dans la forme.

Le ministre des Outre-mer, l’un des rares intellectuels du
gouvernement Ayrault, est un homme qui sait peser ses mots.

Rien de trop dans ce qu’il a dit.

Vu de Londres, où je me trouve en écrivant ces lignes, la comparaison
du « Comandante » avec le De Gaulle de 1940 n’a vraiment rien de
choquant.

Et la meute pétainiste qui jappe aujourd’hui contre Lurel, qui
vient lever la patte sur la tombe de Chavez, aurait certainement aboyé de la
même manière contre le De Gaulle de 1940.

Oui, Chavez était un homme politique aimé de son peuple. Il aura
marqué l’histoire du Venezuela et de l’Amérique latine.

Non, la dictature n’est pas du côté de Chavez. Elle est du
côté des médias français, de cette poignée de plumitifs racistes et négrophobes
qui ne sauraient pas situer le Venezuela sur une carte muette, mais pérorent depuis
des lustres dans les colonnes de journaux appartenant à une poignée d’hommes pour
lesquels la manipulation de l’opinion est une affaire comme une autre.

Une certaine France n’aime pas Chavez. Et elle n’aime évidemment
pas Lurel. Elle n’aurait pas non plus aimé Blum qui, de son vivant, était, lui
aussi, volontiers traité de métèque.

Que personne ne s’y trompe : de même que le mépris
affiché contre Chavez est lié à ses origines indiennes et afro-vénézuéliennes,
la violence des propos tenus contre Lurel s’explique par la couleur de sa peau.

L’idée qu’un ministre nègre représente la France aux
obsèques d’un autre nègre, un chef d’État honni des conservateurs, les rendait
déjà malade. Mais qu’il prenne courageusement ses responsabilités et  rende compte avec justesse de l’opinion
unanime des Vénézuéliens au lieu d’exprimer ce que les réactionnaires français
voudraient entendre leur est insupportable.

Quant à ceux, à gauche,
dont le premier réflexe serait de se désolidariser du ministre des Outre-mer,
ils devraient bien réfléchir.

L’Outre-mer et les Français d’origine africaine feront bloc
derrière Victorin Lurel. Et sans eux, la Gauche ne serait pas au pouvoir.





Voir en ligne : Victorin Lurel a raison

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