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La tournée mondiale de Yoani Sánchez & 40 questions...

Salim Lamrani | operamundi.uol.com | lundi 18 février 2013

samedi 23 février 2013

 La tournée mondiale de Yoani Sánchez
Salim Lamrani | operamundi.uol.com | lundi 18 février 2013
 40 questions à poser à Yoani Sánchez lors de sa tournée mondiale
Salim Lamrani | mondialisation.ca | mercredi 20 février 2013



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La tournée mondiale de Yoani Sánchez
Salim Lamrani | operamundi.uol.com | lundi 18 février 2013

Après cinq années d’attente, Yoani Sánchez a enfin obtenu l’autorisation de se rendre à l’étranger. Suite à la réforme migratoire entrée en vigueur le 14 janvier 2013, qui permet à tout Cubain de quitter le pays sans autre formalité que l’obtention d’un passeport et d’un visa, la plus célèbre opposante au gouvernement de La Havane débute au Brésil une tournée mondiale qui la mènera sur plusieurs continents. Elle sera reçue à Recife par le cinéaste Dado Galvao et participera à la présentation du documentaire Conexión Cuba Honduras1.

Efe

La plus célèbre opposante au gouvernement de La Havane débute au Brésil une tournée mondiale

Sa tournée est digne de celle d’un chef d’Etat ou d’une star de la musique et les moyens mis à la disposition de Yoani Sánchez sont impressionnants. En effet, « un programme très intense » attend la jeune opposante de 37 ans2 . Des conférences sont prévues au Mexique où elle sera l’invitée d’honneur de la Société interaméricaine de presse (SIP) qui tiendra sa réunion semestrielle à Puebla, aux Etats-Unis, avec des rencontres prévues à New York, où elle sera reçue dans les bureaux du New York Times, à Washington et à Miami, en Argentine, au Canada, au Pérou, en Espagne, en Italie, en Pologne, en Allemagne, en République tchèque, aux Pays-Bas et en Suisse3.

Voyager étant un droit universel reconnu dans la Déclaration des Nations unies de 1948, on ne peut que se réjouir du fait que la principale figure de l’opposition cubaine puisse exprimer ses convictions à travers le monde. Néanmoins, il est inévitable de souligner certains aspects obscurs de la personnalité et de la vie de Yoani Sánchez qui sont l’objet de controverses, et que cette tournée monumentale semble confirmer.

En effet, Yoani Sánchez n’est pas une opposante ordinaire. Après avoir vécu deux années en Suisse, elle a choisi de rentrer à Cuba et d’intégrer l’univers de la dissidence. En 2007, elle a créé le blog Generación Y – traduit en pas moins de 18 langues ! – dans lequel elle y fustige de manière virulente le système et le gouvernement cubains. Sa nouvelle activité a été couronnée de succès. En l’espace de quelques années, Sánchez a reçu de multiples distinctions du monde entier, toutes accompagnées de dotations financières. Au total, la bloggeuse a été rétribuée au total à hauteur de 250 000 euros, c’est-à-dire une somme équivalant à plus de 20 années de salaire minimum dans un pays tel que la France, cinquième puissance mondiale, et à 1488 années de salaire minimum à Cuba4.

A cela s’ajoute le salaire mensuel de 6 000 dollars que lui verse la Société interaméricaine de presse, qui regroupe les grands conglomérats médiatiques privés du continent, et qui a décidé de la nommer vice-présidente régionale de la Commission de liberté de presse et d’information pour Cuba5. Le quotidien espagnol El País a également décidé de la nommer correspondante à La Havane, lui octroyant un confortable salaire 6.

Le gouvernement des Etats-Unis, dont l’objectif ouvertement affiché est un changement de régime à Cuba par le biais du financement d’une opposition interne, a fait de Yoani Sánchez sa priorité. Il considère, dans des documents confidentiels rendus publics par Wikileaks, « que Yoani Sánchez peut jouer un rôle à long terme dans une Cuba post-Castro 7 ». L’opposante cubaine est en étroite relation avec la diplomatie étasunienne à Cuba, comme l’indique un câble classé « secret » en raison de son contenu sensible. Elle est tenue en haute estime par l’administration Obama, comme le montre la réunion secrète qui a eu lieu dans son appartement avec la sous-secrétaire d’Etat étasunienne Bisa Williams lors de sa visite à Cuba entre le 16 et le 22 septembre 2010 8.

Michael Parmly, ancien chef de la diplomatie étasunienne à La Havane, qui, d’après les documents confidentiels de la Section d’intérêts nord-américains de La Havane, se réunissait régulièrement avec Yoani Sánchez dans sa résidence personnelle, a fait part de son inquiétude au sujet de la publication des câbles diplomatiques étasuniens par Wikileaks : « Je serais vraiment ennuyé si les nombreuses conversations que j’ai eues avec Yoani Sánchez venaient à être publiées. Elle pourrait en payer les conséquences toute sa vie 9 ». La question.

qui vient inévitablement à l’esprit est la suivante : pour quelles raisons Yoani Sánchez serait-elle en danger si ses agissements, comme elle l’affirme, respectent le cadre de la légalité ?

A l’évidence, Yoani Sánchez n’est pas une simple dissidente. Il serait intéressant que la principale figure de l’opposition cubaine profite de sa tournée mondiale pour éclairer certaines zones d’ombres sur son parcours personnel et révèle quels sont les puissants intérêts qui se cachent derrière sa personne.

1. Voz de América, « Yoani Sánchez viaja a Brasil el 17 de febrero », 6 février 2013.
2. Yoani Sánchez, 17 février. https://twitter.com/yoanisanchez 
3. EFE, « La bloguera cubana hablará en Brasil sobre libertad y derechos », 17 février 2013.
4. Yoani Sánchez, « Premios », Generación Y.
5. El Nuevo Herald, « Nombran a Yoani en Comisión de la SIP », 9 novembre 2012.
6. El País, « Artículos escritos por Yoani Sánchez », http://elpais.com/autor/yoani_sanchez/a/ (site consulté le 17 février 2013).
7. Jonathan D. Farrar, « The U.S. and the Role of the Opposition in Cuba », United States Interests Section, 9 avril 2009, cable 09HAVANA221. http://213.251.145.96/cable/2009/04/09HAVANA221.html (site consulté le 18 décembre 2010).
8. Joaquin F. Monserrate, « GOC Signals ‘Readiness to Move Forward’ », United States Interests Section, 25 septembre 2009, cable 09HAVANA592, http://213.251.145.96/cable/2009/09/09HAVANA592.html (site consulté le 18 décembre 2010)
9. Michael Parmly, « Consenso On Line : An Impartial Forum In Cuba », United States Interests Section, 28 juin 2007, cable 07HAVANA622, http://wikileaks.org/cable/2007/06/07HAVANA622.html (site consulté le 15 septembre 2011) ;Stéphane Bussard, « Ma rencontre avec l’auteur des câbles sur Cuba », Le Temps, 30 décembre 



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40 questions à poser à Yoani Sánchez lors de sa tournée mondiale
Salim Lamrani | mondialisation.ca | mercredi 20 février 2013

La célèbre opposante cubaine effectuera une tournée mondiale dans plus d’une dizaine de pays du monde.

1. Qui organise et finance votre tournée mondiale ?

2. En août 2002, après vous être mariée avec un citoyen allemand nommé Karl G., vous avez quitté Cuba, « une immense prison, avec des murs idéologiques » pour émigrer en Suisse, l’une des nations les plus riches du monde. Contre toute attente, en 2004, vous avez décidé de rentrer à Cuba, « bateau qui prend l’eau de toutes parts et qui est sur le point de faire naufrage », où « des êtres, des ombres, qui tels des vampires s’alimentent de notre joie humaine, nous inoculent la crainte à travers les coups, la menace, le chantage », où « les poches étaient vides, les frustrations en hausse et la peur partout ». Quelles sont les raisons qui ont motivé ce choix ?

3. Selon les archives des services diplomatiques cubains de Berne, en Suisse, et des services migratoires de l’île, vous avez sollicité votre retour à Cuba en raison des grandes difficultés économiques rencontrées en Suisse. Qu’en est-il ?

4. Comment avez-vous pu épouser Karl G. alors que vous étiez déjà mariée à votre actuel époux Reinaldo Escobar ?

5. Votre objectif est-il toujours d’établir un « capitalisme sui generi » à Cuba ?

6. Vous avez créé votre blog Generación Y en 2007. Rien qu’en 2008, vous avez obtenu le prix de Journalisme Ortega y Gasset décerné par le quotidien espagnol El País. D’habitude, ce prix est accordé à des écrivains et journalistes prestigieux ayant une longue carrière littéraire. C’est la première fois qu’une personne de votre profil l’obtient. Vous avez également été sélectionnée parmi les 100 personnes les plus influentes du monde par la revue Time (2008). Votre blog a été inclus dans la liste des 25 meilleurs blogs du monde de la chaîne CNN et la revue Time (2008) et vous avez obtenu le prix espagnol Bitacoras.com ainsi que The Bob’s (2008). Le quotidien espagnol El País vous a inclus dans sa liste des 100 personnalités hispano-américaines les plus influentes de l’année 2008. La revue Foreign Policy a fait mieux en décembre 2008 en vous incluant parmi les 10 intellectuels les plus importants de l’année. La revue mexicaine Gato Pardo en a fait de même pour l’année 2008. La prestigieuse université étasunienne de Columbia lui a décerné le prix Maria Moors Cabot en 2008. Comment expliquez-vous cette avalanche de prix, accompagnés de fortes dotations financières, en à peine un an d’existence ?

7. Que faites-vous des 250 000 euros récoltés grâce à toutes ces récompenses, somme équivalant à plus de 20 années de salaire minimum dans un pays tel que la France, cinquième puissance mondiale, et à 1488 années de salaire minimum à Cuba ?

8. La Société interaméricaine de presse, qui regroupe les grands conglomérats médiatiques privés du continent, a décidé de la nommer vice-présidente régionale de la Commission de liberté de presse et d’information pour Cuba. Quel est votre salaire mensuel pour occuper ce poste ?

9. Vous êtes également la correspondante du quotidien espagnol El País. Quelle est votre rémunération mensuelle ?

10. Combien de places de cinéma, de théâtre, de livres, de mois de loyer ou de pizzas pouvez-vous vous payer avec vos revenus mensuels en Cuba ?

11. Payez-vous l’impôt sur le revenu à Cuba ?

12. Comment pouvez-vous représenter les Cubains alors que vous avez un niveau de vie qu’aucune personne dans l’île ne peut s’offrir ?

13. Comment se fait-il que votre blog puisse utiliser Paypal, système de paiement en ligne qu’aucun Cubain vivant à Cuba ne peut utiliser en raison des sanctions économiques qui interdisent, entre autres, le commerce électronique ?

14. Comment se fait-il que vous disposiez d’un Copyright pour votre blog « © 2009 Generación Y – All Rights Reserved », alors que les lois de l’embargo l’interdisent pour tout Cubain résidant dans l’île ?

15. Qui se cache derrière votre site desdecuba.net dont le serveur, enregistré au nom de Josef Biechele, est hébergé en Allemagne par l’entreprise Cronos AG Regensburg, qui héberge également des sites d’extrême-droite ?

16. Comment avez-vous pu enregistrer votre nom de domaine à travers l’entreprise étasunienne GoDaddy alors que cela est formellement interdit par la législation portant sur les sanctions économiques ?

17. Votre blog est disponible en près de 18 langues (anglais, français, espagnol, italien, allemand, portugais, russe, slovène, polonais, chinois, japonais, lituanien, tchèque, bulgare, néerlandais, finlandais, hongrois, coréen et grec). Aucun autre site au monde, y compris ceux des plus importantes institutions internationales comme par exemple les Nations unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’OCDE, l’Union européenne, ne dispose d’autant de versions linguistiques. Ni le site du Département d’Etat des Etats-Unis, ni même celui de la CIA ne disposent d’une telle variété. Qui finance les traductions ?

18. Comment se fait-il que le site qui héberge votre blog dispose d’une largeur de bande 60 fois supérieure à celle dont dispose Cuba pour tous ses utilisateurs d’Internet ?

19. Qui paye la gestion du flux de plus de 14 millions de visites par mois ?

20. Vous avez plus de 400 000 suiveurs sur votre compte Twitter. A peine une centaine d’entre eux habitent réellement Cuba. Vous suivez vous-même plus de 80 000 personnes. Vous affirmez : « Je twitte via sms, sans accès à Internet ». Comment faites-vous pour suivre 80 000 personnes sans un accès à Internet ?

21. Le site www.followerwonk.com permet d’analyser le profil des fans de tout membre de la communauté Twitter. Il révèle à partir de 2010 une impressionnante activité de votre compte. A partir de juin 2010, vous avez rejoint en moyenne plus de 200 comptes twitter par jour, avec des pics pouvant atteindre 700 comptes en 24 heures. Comment avez-vous pu réaliser cette prouesse ?

22. Pourquoi près de 50 000 de vos suiveurs sont-ils en réalité des comptes fantômes ou inactifs ? En effet, des plus de 400 000 profils du compte @yoanisanchez, 27 012 sont des coquilles vides (sans photo) et 20 600 revêtent les caractéristiques de comptes fantômes avec une activité inexistante sur le réseau (0 à 3 messages envoyés depuis la création du compte).

23. Comment se fait-il que de nombreux comptes twitter qui ne disposent d’aucun fan, vous suivent uniquement et ont émis plus de 2 000 messages ? Est-ce dans le but de créer une popularité fictive ? Qui a financé la création des comptes fictifs ?

24. En 2011, vous avez publié 400 messages par mois. Le prix d’un message à Cuba est de 1,25 dollars. Vous avez dépensé 6000 dollars par an pour l’utilisation de twitter. Qui paye pour cela ?

25. Comment se fait-il que le Président Barack Obama ait accepté de répondre à votre demande d’interview, alors qu’il en reçoit des centaines des plus importants médias du monde ?

26. Vous avez publiquement affirmé que vous aviez fait parvenir au Président Raúl Castro une demande d’interview suite aux réponses de Barack Obama. Or, un document officiel émanant du chef de la diplomatie étasunienne à Cuba, Jonathan D. Farrar, affirme que vous n’avez jamais écrit à Raúl Castro : « Elle n’attendait pas de réponse de ce dernier, car elle a confié qu’elle ne les [les questions] avait jamais transmises au Président cubain ». Pourquoi avez-vous menti ?

27. Vous qui êtes si expressive sur votre blog, pourquoi occultez-vous vos rencontres avec les diplomates étasuniens à La Havane ?

28. Entre le 16 et le 22 septembre 2010, vous vous êtes secrètement réunie dans votre appartement avec la sous-secrétaire d’Etat étasunienne Bisa Williams lors de sa visite à Cuba. Pour avoir maintenu le silence sur cette rencontre ? De quoi avez-vous parlé ?

29. Michael Parmly, ancien chef de la diplomatie étasunienne à La Havane, affirme qu’il se réunissait régulièrement avec vous dans sa résidence personnelle comme l’indiquent les documents confidentiels de la SINA. Dans une interview, il a fait part de son inquiétude au sujet de la publication des câbles diplomatiques étasuniens par Wikileaks : « Je serais vraiment ennuyé si les nombreuses conversations que j’ai eues avec Yoani Sánchez venaient à être publiées. Elle pourrait en payer les conséquences toute sa vie ». Pour quelles raisons risqueriez-vous des problèmes avec la justice cubaine si vos agissements respectent le cadre de la légalité ?

30. Pensez-vous toujours que « beaucoup d’écrivains latino-américains méritent le prix Nobel de littérature plus que Gabriel García Márquez » ?

31. Pensez-vous toujours qu’ « il y avait une liberté de la presse plurielle et ouverte, des émissions de radio de toutes les tendances politiques » sous la dictature de Fulgencio Batista entre 1952 et 1958 ?

32. Vous avez déclaré en 2010 : « le blocus a constitué l’argument parfait pour le gouvernement cubain pour maintenir l’intolérance, le contrôle et la répression interne. Si demain on levait les sanctions, je doute que l’on en voie les effets ». Etes-vous toujours convaincue que les sanctions économiques n’ont aucun effet sur la population cubaine ?

33. Condamnez-vous l’imposition des sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba ?

34. Condamnez-vous la politique des Etats-Unis qui cherchent à obtenir un changement de régime à Cuba au nom de la démocratie, alors qu’ils soutiennent les pires dictatures du Moyen-Orient ?

35. Etes-vous favorable à l’extradition de Luis Posada Carriles, exilé cubain et ancien agent de la CIA, responsable de plus d’une centaine d’assassinats, qui a publiquement reconnu ses crimes et qui vit librement à Miami grâce à la protection de Washington ?

36. Etes-vous favorable à la dévolution de la base navale de Guantanamo occupée par les Etats-Unis ?

37. Etes-vous favorable à la libération des cinq prisonniers politiques cubains détenus aux Etats-Unis depuis 1998 pour avoir infiltré des organisations terroristes de l’exil cubain de Floride ?

38. Trouvez-vous normal que les Etats-Unis financent une opposition interne à Cuba ?

39. A vous yeux, quels sont les succès de la Révolution cubaine ?

40. Quels intérêts se cachent derrière votre personne ?

Photo : Agence Efe

 

Article en portugais : http://operamundi.uol.com.br/conteudo/opiniao/27260/40+perguntas+para+yoani+sanchez+em+sua+turne+mundial.shtml

 

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de la Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son dernier ouvrage s’intitule État de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba, Paris, Éditions Estrella, 2011 (prologue de Wayne S. Smith et préface de Paul Estrade).

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel




Voir en ligne : La tournée mondiale de Yoani Sánchez

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