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Tchernobyl, avec le temps, va, tout va s’effondrer...

Andreï Reznitchenko - Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga | lemonde.fr - rian.ru | mercredi 13 février 2013

mercredi 13 février 2013

 Un bâtiment d’appui du sarcophage de Tchernobyl s’est en partie effondré
Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga | lemonde.fr | mercredi 13 février 2013
 Les questions qu’il faut se poser sur Tchernobyl
Andreï Reznitchenko, RIA Novosti | rian.ru | mercredi 13 février 2013



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Un bâtiment d’appui du sarcophage de Tchernobyl s’est en partie effondré
Pierre Le Hir et Cédric Pietralunga | lemonde.fr | mercredi 13 février 2013

Le chantier du sarcophage de Tchernobyl, le 17 septembre 2007.

Le chantier du sarcophage de Tchernobyl, le 17 septembre 2007. | AFP/GENIA SAVILOV

Une destruction partielle des murs et du toit de l’enceinte de confinement du réacteur4 de Tchernobyl (Ukraine) est survenue mardi 12 février, selon le service de presse de la centrale, cité, mercredi matin, par le journal La Pravda et l’agence de presse Ria Novosti .

Les dégâts, touchant une surface de 600 m2 et provoqués par l’accumulation de neige, ont affecté un bâtiment annexe du réacteur. Selon le service de presse de la centrale, "les constructions en question ne constituent pas une partie substantielle de l’enceinte de confinement" et "aucun changement de la situation radiologique n’est détecté". L’effondrement n’aurait pas fait de victime.

Contacté par Le Monde, le groupe Bouygues, l’un des actionnaires de Novarka, le consortium européen chargé de construire une nouvelle enceinte de confinement autour du réacteur, reconnaît qu’un "incident" a eu lieu sur le site mardi. "A peu près dix mètres de toiture d’un bâtiment abritant des turbines de l’ancien réacteur numéro 4 se sont effondrés, apparemment à cause du poids de la neige, explique une porte-parole du constructeur. Mais il s’agit d’un bâtiment conventionnel, qui ne dégage pas de rayonnement en soi."

Sur cette vue aérienne fournie par l'autorité de régulation nucléaire ukrainienne (SNRC), la pastille rose indique la partie qui s'est effondrée; l'arche en surimpression figure le futur sarcophage, en cours de construction.
Sur cette vue aérienne fournie par l’autorité de régulation nucléaire ukrainienne (SNRC), la pastille rose indique la partie qui s’est effondrée ; l’arche en surimpression figure le futur sarcophage, en cours de construction. | SNRC

LES SALARIÉS DU CHANTIER DE LA NOUVELLE ARCHE ÉVACUÉS

Le chantier de la nouvelle arche, situé à seulement 150 mètres de ce bâtiment, a néanmoins été immédiatement arrêté, une dissémination dans l’atmosphère des poussières radioactives présentes sur ces structures étant toujours possible. "Des mesures de la radioactivité sont en cours et sont pour l’instant rassurantes", assure-t-on chez Bouygues. "Par précaution", près de 80 employés de Vinci et Bouygues ont été évacués de la centrale. 

Le chantier ne devrait toutefois pas reprendre tout de suite. "Nous attendons que les autorités ukrainiennes nous garantissent que le reste de cette toiture ne risque pas de s’effondrer à son tour", explique le constructeur, qui précise que des ouvriers sont actuellement en train de déblayer la neige présente sur les structures les plus fragiles.

Le bâtiment touché est une annexe sur laquelle s’appuie en partie le sarcophage en béton construit dans les six mois qui ont suivi l’accident de 1986, dans des conditions très difficiles, pour confiner les matières radioactives du réacteur sinistré. Cette enceinte s’est rapidement dégradée. Dans un rapport de 2011 sur "Tchernobyl, vingt-cinq ans après", l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) notait qu’"un écroulement du sarcophage aboutirait à la mise en suspension de poussières radioactives qui pourraient, à nouveau, contaminer le voisinage du site". A l’intérieur du sarcophage, le cœur fondu est encore radioactif pour des milliers d’années.

Une vue du bâtiment qui s'est partiellement effondré, publiée sur le site de l'autorité ukrainienne de régulation nucléaire (SNRC).
Une vue du bâtiment qui s’est partiellement effondré, publiée sur le site de l’autorité ukrainienne de régulation nucléaire (SNRC). | SNRC

L’ACCIDENT DE 1986

Le 26 avril 1986, à 1 h 24, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl, en service depuis 1983, explose accidentellement lors de la réalisation d’un essai technique, provoquant la plus grande catastrophe de l’histoire du nucléaire. La déflagration soulève la dalle supérieure du réacteur, d’un poids de 2000 tonnes, laissant la partie supérieure du réacteur à l’air libre. Plusieurs foyers s’allument dans l’installation, qui ne seront éteints définitivement que le 9 mai.

L’énergie libérée par l’explosion provoque une projection brutale des produits radioactifs contenus dans le cœur du réacteur, jusqu’à plus de 1 200 mètres de hauteur. Les rejets atmosphériques se poursuivront jusqu’au 5 mai. Au total, ce sont près de 12 milliards de milliards de becquerels qui, en dix jours, sont relâchés dans l’environnement, soit 30 000 fois l’ensemble des rejets radioactifs atmosphériques émis en une année par les installations nucléaires alors en exploitation dans le monde. Une zone de plus de 100 000 km2 sera durablement contaminée.

Près de 600 000 "liquidateurs", civils et militaires, sont intervenus sur le site jusqu’à l’automne 1987 pour éteindre le "feu" nucléaire, sur lequel ont été déversées 5 000 tonnes de matériaux (sable, bore, argile, plomb...). Les années suivantes, ils ont encore été environ 400 000. Nombre d’entre eux sont morts de maladies liées à la radioactivité et le Centre international de recherche sur le cancer a évalué à 16 000 le nombre de décès par cancer attribuables à l’accident de Tchernobyl.

La centrale nucléaire de Tchernobyl après l'explosion, en avril 1986.
La centrale nucléaire de Tchernobyl après l’explosion, en avril 1986. | AP/STR

En 1997, un programme a été lancé pour construire une nouvelle enceinte de confinement recouvrant l’ancien sarcophage, avec un financement conjoint de l’Ukraine et d’un fonds international administré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Son coût : 1,5 milliard d’euros.

La construction de la nouvelle arche de béton et de métal, de 250 mètres de portée et de 108 mètres de hauteur, pour un poids de 18 000 tonnes, a commencé au printemps 2012. Elle est menée par le consortium Novarka réunissant Vinci et Bouygues. Son achèvement est prévu à l’automne 2015. La nouvelle superstructure est destinée à protéger le réacteur contre les intempéries et à éviter tout rejet radioactif dans l’environnement, mais aussi à permettre, à terme, le démantèlement du premier sarcophage.




Les questions qu’il faut se poser sur Tchernobyl
Andreï Reznitchenko, RIA Novosti | rian.ru | mercredi 13 février 2013

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La centrale nucléaire de Tchernobyl est le numéro un des sites les plus dangereux du monde jamais érigés par l’homme. Existe-t-il des évaluations de son état des années à l’avance ?

La centrale de Tchernobyl est probablement la plus malchanceuse du monde. Le 12 février, une partie des murs et du toit de la salle des machines du quatrième réacteur s’est effondrée – le même qui a explosé le 26 avril 1986, au-dessus duquel on érige depuis des années une "Arche" ou "sarcophage", destiné à recouvrir les débris dangereux pour l’environnement.

Selon les experts, l’incident en lui-même n’a pas affecté le sarcophage mais a rappelé la série de mauvaises décisions prises à Tchernobyl. L’une d’elles fut le choix du consortium français Framatome pour construire les dépôts de combustible nucléaire usé de la centrale, en 2003.Les Français ont raté ce projet. Selon la version officielle, Framatome n’a pas réussi à régler le problème d’assèchement du combustible et d’élimination de l’eau des barres d’uranium qui avaient perdu leur étanchéité.

Le récent accident montre qu’il faut surveiller de près la centrale de Tchernobyl car sa structure vieillit avec le temps et pourrait s’effondrer rapidement sans entretien.Cet événement ne concerne pas l’Arche en cours de construction par un consortium russo-ukrainien. Les murs et le toit se sont effondrés en dehors de ce site.

On se pose alors plusieurs questions : qui est chargé de surveiller les sites de la centrale de Tchernobyl en dehors du périmètre du sarcophage ? Car il ne s’agit pas de bâtiments auxiliaires mais de la salle des machines.Selon les estimations des experts, l’effondrement des sites à Tchernobyl ne comporte aucun risque radioactif mais la situation semble tout de même étrange. La centrale fait partie des sites les plus dangereux du monde. Il ne faut pas sous-estimer l’attention de la communauté internationale.

L’état des sites de Tchernobyl est-il évalué plusieurs années à l’avance ? Quelles mesures seront prises pour éviter que ce genre de choses se reproduise ? Qui financera les travaux de maintenance des sites de Tchernobyl en dehors du projet "Arche de Tchernobyl" ?Bien sûr, les questions sont toujours plus nombreuses que les réponses mais en ce qui concerne cette centrale nucléaire, on voudrait tout de même que les solutions soient déjà prêtes. Après tout, une centrale nucléaire, qui plus est Tchernobyl, n’est pas une petite usine de bougies.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction



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