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"Afrique 50", premier film anticolonial français

René Vautier | 1950

jeudi 17 janvier 2013

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Afrique 50
René Vautier | 1950

Considéré comme le premier film anticolonial français, Afrique 50, réalisé par René Vautier en 1950, a longtemps été interdit.




Ancien résistant et fraîchement diplômé de l’IDHEC, René Vautier répond en 1949 à une commande de la Ligue de l’enseignement. A un film censé porter sur les bienfaits des missions éducatives de la France en Afrique, il répond par un pamphlet cinglant contre la colonisation. Les négatifs sont confisqués mais René Vautier, avant d’être emprisonné, sauve quelques bobines de la commission de censure qui lui permettront de monter son film.

La disparition des négatifs originaux, ainsi que les conditions illégales de diffusion du film pendant plusieurs décennies, ont contribué à la dégradation des rares copies existantes. Les nouveaux tirages sont issus d’un internégatif aujourd’hui fragilisé, lui-même réalisé à partir d’un élément positif et conservé à la Cinémathèque de Bretagne.

Après ce premier film, René Vautier poursuit toute sa vie une carrière de cinéaste militant. Il s’engage entre autres contre le capitalisme et le patronat (Un homme est mort), le racisme en France (Les Ajoncs, Les Trois cousins), poursuit sa dénonciation du colonialisme (Avoir vingt ans dans les Aurès) et donne la parole aux femmes (Quand les femmes ont pris la colère, coréalisé avec Soazig Chappedelaine). Il fait tourner Claudia Cardinale pour la première fois en 1956 (Anneaux d’or), participe aux groupes Medvedkine et publie ses mémoires en 1998, Caméra citoyenne, livre aujourd’hui épuisé.

Le nouveau tirage d’Afrique 50 s’inscrit dans un travail de sauvegarde de l’œuvre de René Vautier que la Cinémathèque française a entrepris avec sa fille Moïra Chappedelaine-Vautier en 2007. La rétrospective Bruno Muel (cinéaste, producteur, écrivain, chef opérateur et proche de Vautier) avait alors révélé la nécessité de tirer de nouvelles copies du court-métrage Les Trois cousins (1970), qui n’était plus projetable. Puis, en 2008, à l’occasion d’une journée d’études sur René Vautier organisée en partenariat avec la Cinémathèque française, deux copies neuves du film Les Ajoncs sont tirées. Il a déposé les négatifs de ces deux films, conservés depuis dans les collections de la Cinémathèque française.

Avec Avoir vingt ans dans les Aurès (1972) aujourd’hui invisible sur une bonne copie, Afrique 50 est l’un des films incontournables du cinéma français que notre institution se devait de préserver.

source du texte : cinematheque.fr


Rencontre avec René Vautier par lacinematheque

cinematheque.fr


Pour diffuser le film "Afrique 50" vous pouvez contacter : la Cinémathèque de Bretagne
À noter : la Cinémathèque de Bretagne dispose dans ses fonds d’autres films militants.
Site internet de la Cinémathèque de Bretagne :
http://www.cinematheque-bretagne.fr



René Vautier sur wikipedia.org

Né d’un père ouvrier d’usine et d’une mère institutrice, il mène sa première activité militante au sein de la Résistance en 1943, alors qu’il est âgé de 15 ans, ce qui lui vaut plusieurs décorations. Il est décoré de la Croix de guerre à 16 ans, responsable du groupe « jeunes » du clan René Madec, cité à l’Ordre de la Nation par le général Charles de Gaulle pour faits de Résistance (1944).

Après des études secondaires au lycée de Quimper, il est diplômé de l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) en 1948, section réalisation.

En 1950, il réalise son premier film, Afrique 50, qui était une simple commande de la Ligue de l’enseignement destinée à mettre en valeur la mission éducative de la France dans ses colonies. Sur place, il décide de témoigner d’une réalité non commandée, le film sera interdit pendant plus de quarante ans. Ce sera le premier film anticolonialiste français, chef-d’œuvre du cinéma engagé, qui lui vaudra 13 inculpations et une condamnation de prison, son co-inculpé est Félix Houphouët-Boigny. Il s’agit une condamnation en violation du décret Pierre Laval (Ministre des colonies) de 1934 et Vautier est mis en prison militaire à Saint-Maixent[Lequel ?], puis à Niederlahnstein (de) en zone française d’occupation en Allemagne. Il sort en juin 1952. Afrique 50 reçoit la médaille d’or au festival de Varsovie.

Engagé en Afrique sur divers tournages, il rejoint l’Algérie clandestinement par les maquis dès 1956 et participe à la lutte des indépendantistes du FLN. Il tourne dans les Aurès-Némentchas, ainsi qu’à la frontière tunisienne, filmant les maquisards de l’ALN1,2. Au printemps 1958, il se rend au Caire, ou certaines instances dirigeantes du FLN sont basées pour y montrer son film sur la lutte de l’ALN. Sur place, il doit rencontrer Abane Ramdane, l’un des cinq membres du comité exécutif du FLN. Il ignore cependant que ce dernier a été assassiné en 1957 en raisons de luttes intestines aux sein du parti algérien 3. Jugé encombrant, Vautier est convoyé vers la Tunisie via la Libye et emprisonné pendant vingt-cinq mois, de 1958 à 1960. D’abord détenu à Mornag dans les environs de Tunis, il parvient à s’échapper en retirant un barreau d’une fenêtre. Il ne souhaite pas s’évader, mais plutôt s’expliquer avec les dirigeants du FLN dont il pense qu’ils ignorent son incarcération. Cependant, au lieu de l’aider, ses contacts lui envoient les gardiens de Mornag qui le ramènent en prison3. Il subit alors la torture, pendant 4 jours « littéralement épluché avec une garcette ». Transféré à Den Den il est au bout du compte relâché, sans explication3. Ne gardant pas rancune de cet épisode aux indépendantistes algériens, il part dès l’indépendance s’installer à Alger3. Il est nommé directeur du Centre audiovisuel d’Alger (de 1962 à 1965). Il y est aussi secrétaire général des Cinémas populaires4. Il filme les premiers jours de l’Indépendance algérienne et tente de créer un dialogue, grâce à la vidéo, entre les deux peuples français et algérien.

De retour en France, il fonde en 1970 l’Unité de production cinématographique Bretagne (UPCB) dans la perspective de « filmer au pays ». En janvier 1973, il commence une grève de la faim, exigeant « […] la suppression de la possibilité, pour la commission de censure cinématographique, de censurer des films sans fournir de raisons ; et l’interdiction, pour cette commission, de demander coupes ou refus de visa pour des critères politiques »[réf. nécessaire]. René Vautier aura raison de la commission. Il sera soutenu par Claude Sautet, Alain Resnais et Robert Enrico. Au terme de cette grève, la loi sera modifiée. En 1974 il reçoit un hommage spécial du jury du Film antiraciste pour l’ensemble de son œuvre. Il fonde en 1984 une société de production indépendante : Images sans chaînes.

Il s’est toujours efforcé de mettre « l’image et le son à disposition de ceux à qui les pouvoirs établis les refusent », pour montrer « ce que sont les gens et ce qu’ils souhaitent »[réf. nécessaire]. Comme Jean-Luc Godard, qu’il ne rencontre qu’en 2002, il participe à l’aventure des Groupes Medvedkine en 1968 (collectifs cinéastes-ouvriers). René Vautier cherche à développer une théorie en acte de l’image.

Il a reçu en 1998 le Grand Prix de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) pour l’ensemble de son œuvre.

Témoin au procès de Roger Garaudy (comme l’Abbé Pierre), le cinéaste a dit qu’il ne partageait pas les thèses négationnistes qui étaient reprochées à celui-ci5] tout en témoignant de son amitié pour l’homme.

Il est décoré de l’ordre de l’Hermine en 2000 à Pontivy.

Il est nommé président d’honneur des Écrans Citoyens en 2002 à l’Institut d’art et d’archéologie.

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Voir en ligne : "AFRIQUE 50" par René VAUTIER - Film anticolonial

Messages

  • HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :
    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.

    Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez : Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

    Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

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