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FEMEN - Militantisme provocateur et fort de café !

Didier Lestrade - Alexandre Latsa | rue89.com & french.ruvr.ru | lundi 19 & jeudi 22 novembre 2012

samedi 24 novembre 2012

 Militantisme gay : merci aux Femen, c’est très fort !
Didier Lestrade | Journaliste, cofondateur d’Act Up Paris, écrivain | rue89.com | jeudi 22 novembre 2012
 Les FEMEN : des agents provocateurs ?
Alexandre Latsa | french.ruvr.ru | lundi 19 novembre 2012



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Militantisme gay : merci aux Femen, c’est très fort !
Didier Lestrade, journaliste, cofondateur d’Act Up Paris, écrivain | rue89.com | jeudi 22 novembre 2012

L’action des Femen, lors de la manifestation contre le mariage gay de l’organisation d’extrême droite Civitas, marquera sûrement le tournant de la mobilisation en faveur du mariage pour tous et de la procréation médicalement assistée (PMA).

Tout d’abord parce que cette action a suscité une vague de soutiens sans précédent face à la violence de la confrontation. Mais surtout parce que, dans sa forme et son esprit, elle renouvelle les modes d’action lesbiens, gays, bi et trans (LGBT) – tout en venant d’un groupe de femmes féministes.

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Les Femen, sur Canal+

On se souvient d’Act Up en 1989...

C’est un peu comme en 1989. Il suffit qu’une quinzaine de personnes manifestent d’une manière nouvelle et soudain : cela cristallise dans le visuel quelque chose que l’on attendait confusément [six mois après sa fondation, le 1er décembre, Act Up-Paris accroche une banderole « Oui à la capote » sur les tours de la cathédrale de Notre-Dame de Paris pour dénoncer l’attitude de l’Eglise catholique].

Pour les médias qui étaient présents et les activistes qui ont préparé cette action, c’est un moment décisif qui rappelle les premiers « zaps » d’Act Up.

En mieux. Plus moderne. Plus « now ».

Une manif’ très graphique

Regardons ces images et ces vidéos de manière graphique. Car c’est toujours l’image qui prime.

  • des filles nues (c’est leur marque) avec une typo vaguement gothique (mais parfaite) sur la peau, avec des slogans ;
  • des extincteurs repeints en blanc avec marqué dessus, avec la même typo, « Holy Sperm » ;
  • de la fumée ;
  • une chorégraphie ;
  • des cris ;
  • une bousculade.

Quand ces photos sont apparues sur Facebook, elles sont été partagées des centaines de fois en l’espace de quelques minutes, comme un acte instantané, spontané. Cela ressemblait à un tableau classique du genre « Le Radeau de La Méduse ». Ou une image des barricades de la Commune. Ou une image de Mai 68, ou du Festival Wigstock.

Il y a du courage, même un esprit suicidaire

En fait, cela venait d’Ukraine. Et aujourd’hui, ces filles viennent s’engager en France, avec la ferme intention de montrer comment l’ « agitprop » doit être fait aujourd’hui. C’est une initiative féministe et les références historiques sont innombrables. Il y a du courage, de la témérité, même un esprit suicidaire : se servir de son corps pour manifester, presque nu, dans le froid, face à un groupe de droite très mobilisé. C’est très fort.

Graphiquement, donc, c’est une action qui a été pensée dans les moindres détails. Comme à Act Up, la « fabrication d’objets » a été simple et efficace :

  • costumes de nonnes résumés à l’extrême (c’est du Fellini !) ;
  • extincteurs du BHV repeints en blanc (c’est le nouvel artefact qui remplace les vieilles cornes de brume) ;

Les journalistes, des boucliers inspirés

La mobilisation des médias est importante à double titre :

  • faire la photo ou la vidéo qui restera historique,
  • servir d’écran protecteur pour les militantes.

De nombreuses personnes présentes ont admis que si les médias n’avaient pas été là, il y aurait eu des risques de lynchage. Il ne faut pas oublier aussi, que les journalistes sont souvent plus que des personnes qui tendent le micro ou qui font des photos.

Dans le cas présent, ils ont été invités à être témoins d’un évènement qui lance une dynamique. Comme à l’époque d’Act Up, ces journalistes veulent s’engager.

Ils ont 30 ans, ils n’ont pas connu Act Up à la belle époque. Les Femen les inspirent. En étant ainsi présents, ils sont invités aussi à rejoindre le mouvement.

Un électrochoc pour les assos LGBT

Donc, c’est toujours la même recette : agir à travers les médias. « Who cares » si ça tourne mal, si des coups sont échangés (du moment qu’il n’y a pas de fracture grave, j’insiste) : l’important, c’est la photo, au-delà de l’action. C’est la photo qui va devenir virale, qui traverse les pays et le temps. Qui fige un moment.

Et à tous ceux qui disaient depuis des années, malgré « Occupy » et les Anonymous, que les actions activistes appartenaient au passé, voici la preuve, avec les Femen, que le renouveau est là, qu’il est possible, qu’il fonctionne au-delà de toutes les attentes.

L’action des Femen est un électrochoc pour les LGBT car il peut donner des idées aux groupes d’affinité qui vont se préparer dans leur coin pour la grande manifestation du 16 décembre.

C’est là où le militantisme bien organisé rejoint les « flash mobs ». Au lieu de présenter aux médias des « kiss in » ratés devant l’Hôtel de Ville ou devant l’Assemblée nationale, sans banderole, sans effet visuel, sans son, sans ENCADREMENT, l’action des Femen aura servi à inspirer les LGBT avec des images percutantes.

Désormais, n’importe quel groupe d’amis et d’amies de dix à quinze personnes (ou 50 !) peut désormais intervenir. Ce n’est plus du cirque de rue. C’est le retour aux « affinity groups ».

Le 16 décembre, le bonheur de manifester

Il faut vraiment que vous regardiez « United in Anger » de Jim Hubbard. C’est pour ça que j’insistais pour que ces films soient projetés lors du festival Chéries-Chéris. Si on avait pu voir ces films, on aurait pu s’inspirer de ce qui a déjà été oublié. Par exemple, et après j’arrête avec ça : dans « United in Anger », lors de la manif « Storm the NIH » d’Act Up, on voit plusieurs personnes avec des fumigènes attachés au bout de perches de cinq mètres de haut.

Et ces personnes se mettent à courir, traversant la manif, laissant derrière elles un panache de couleurs qui s’évaporent dans la foule et dans le ciel. C’est du spectacle ! Quelque chose qui fait crier les gens de bonheur, d’être ensemble et de manifester ! C’est fondamental dans l’esprit d’une manif qui demande l’égalité pour toutes et pour tous ! Vous DEVEZ voir ce film ! Le 29 novembre par exemple ! !

Et enfin, please, demandez à vos amis graphistes de faire des pancartes ! Demandez à Pascal Colrat, au moins ! Le 16 décembre, il faudra être nombreux mais surtout il faudra sortir de cet état d’esprit misérabiliste du kiss in de l’Hôtel de Ville car nous sommes obligés d’être inventifs !

C’est ce qui va leur trouer le cul, à la droite et au PS ! Et il y a encore assez de gens riches dans cette crise économique pour trouver les moyens de faire les choses d’une manière plus... glamour.

Les gays du Cox réveillés par les Femen !

Donc, merci aux Femen. Et n’oubliez pas, ce sont elles les militantes. Ce sont elles qui ont inventé cette action. Il faut les rejoindre. Il faut protéger leur siège. Il faut s’en inspirer. Il faut arrêter de récupérer leurs actions comme le fait Caroline Fourest (j’ai vu des articles du genre « Caroline Fourest et les Femen tabassées ». NON, c’est « Les Femen sont tabassées, Fourest ensuite »).

Il faut reprendre l’initiative dans le combat pour le mariage. Obtenir la PMA, coute que coûte. Refuser la « liberté de conscience ». Et enfin, enfin, enfin, grâce aux Femen, mobiliser les gays du Marais qui restaient jusqu’alors en retrait. Ah la blague ultime ! Les gays du Cox réveillés par les filles du Femen !

Si on nous l’avait dit !



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Les FEMEN : des agents provocateurs ?
Alexandre Latsa | french.ruvr.ru | lundi 19 novembre 2012

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Photo : EPA

Depuis quelques mois, nombre de français ont entendu parler des FEMEN, ce groupuscule féministe Ukrainien composé de jeunes et jolies jeunes femmes, et dont la méthode de combat et de revendication consiste à exposer ses seins au grand jour. Les actions des FEMEN pour l’amélioration de la condition des femmes ou la lutte contre la prostitution en Ukraine ne peuvent au demeurant qu’attirer de la sympathie. Lorsque celles-ci manifestent en petite culotte pour dénoncer le système « sexe contre diplômes » dans les universités ukrainiennes, tous les hommes de la planète les soutiennent, cela va sans dire. On peut tout autant difficilement être contre elles, lors de leur stimulante campagne appelant à « lire plus  » et motivée par le slogan : « si tu ne lis pas plus, je ne couche pas avec toi » (!). Enfin comment ne pas être d’accord avec elles lors de leurs manifestations contre la prostitution pendant l’euro de football en Ukraine ? Les FEMEN jouent sur leur somptueuse plastique et une symbolique très identitaire et guerrière qui, une fois n’est pas coutume, ne semble pas déranger les élites globalistes européennes.

C’est il y a un an que le mouvement a commencé à prendre de l’ampleur et à surtout activement se mêler de politique internationale. Les jeunes féministes se sont revendiquées de l’heritage de la révolution orange en Ukraine, ce coup d’état démocratique destiné à vassaliser durablement l’Ukraine dans l’alliance occidentale. Fin 2011, elles ont aussi manifesté en soutien de la révolution du Lotus en Egypte, contre Moubarak, et pour l’émancipation des femmes Egyptiennes. Nul ne peut douter que le bilan des courses, ne doit sans doute pas être à la hauteur de leurs espérances, mais leur croisade anti-Moubarak et pour l’émancipation des femmes s’est depuis transformé en une croisade contre la Shariah et l’islamisme, ainsi que contre la Burka. Curieusement, les provocations des FEMEN en Turquie et en Tunisie n’ont pas abouti a quoi que ce soit. Le fait de se déshabiller devant une mosquée n’a pas visiblement eu en Turquie l’effet escompté.

Au sein de l’Union Européenne le mouvement a reçu un accueil beaucoup plus favorable. Les FEMEN ont organisé depuis un an un réel tour d’Europe, destiné à l’organisation d’actions dans différents pays, mais aussi à la création de structures FEMEN dans différents pays : suisse, hollande, Italie ou encore France par exemple en réaction à l’affaire Strauss Khan. A l’international, c’est le Brésil qui a lui été cet été contaminé par cette vague feministe-orange. On se demande toujours avec quels moyens et quels soutiens logistiques ces déplacements ont été organisés. La Voix de la Russie a publié un texte très intéressant à ce sujet, et qui met en lumière des faits assez intéressants, notamment le fait que les FEMEN bénéficient de soutien plus qu’inattendus à l’ouest comme à l’est, via des stars du Show-business Ukrainien, des hommes d’affaires allemands et américains ou encore plausiblement la présence française à l’étranger, puisque les FEMEN notamment étaient invitéesa l’ambassade de France a Kiev le 14 juillet 2012. Ces soutiens ne sont pas surprenants lorsqu’on sait que les FEMEN défendent l’entrée de l’Ukraine dans l’UE et s’opposent également à l’ingérence russe en Ukraine. Il est aussi à noter que lors de leur dernière visite à Moscou, celles-ci ont été reçues par Sergueï Mironov, le leader du parti d’opposition social-démocrate Russie Juste, parti qui a activement participé aux contestations de rues en Russie, contestations que certains ont comparées a une tentative de révolution de couleur en Russie.

C’est justement cet été que les choses ont commence à prendre une autre ampleur. Le message global des FEMEN s’est politisé, s’affirmant de plus en plus contre le racisme, le sexisme et les valeurs patriarcales qui règnent dans les sociétés industrialisées, valeurs promues selon elles par les religions. Leurs campagnes politiques vont alors de plus en plus se diriger contre les leaders de l’Europe orientale : Vladimir Poutine, Alexandre Loukachenko, Victor Ianoukovitch ou leurs alliés en Europe, Sylvio Berlusconi en tête. En juillet dernier, les FEMEN tentent d’agresser le patriarche orthodoxe Cyrille lors d’une visite a Kiev, sous le slogan : Tuez Cyrille, la campagne étant accompagnée d’une photo de ce dernier décapité. Charlie hebdo n’aurait sans doute pas fait plus ignoble. Très logiquement finalement cette action a été revendiquée en soutien au Pussy-Riot, ces 3 anarchistes russes ayant été arrêtées pour avoir organisé un concert punk dans la cathédrale Saint Sauveur à Moscou et dont deux d’entre elles ont été condamnées pour hooliganisme. En réaction à la condamnation de ces dernières, les FEMEN ont donc jugé nécessaire d’attaquer l’église et de tronçonner une croix érigée en mémoire des victimes de la répression stalinienne et qui datait de la révolution de couleur orange. Ce faisant, elles voulaient tant manifester leur déception de l’Ukraine orange que montrer leur détermination face a l’église Chrétienne.

La réaction du pouvoir Ukrainien a été sans doute moins disproportionnée que celle du mainstream médiatique qui a réagi de façon relativement obsessionnelle à ce non événement : dans tous les pays du monde les manifestations non organisées sont illégales et la destruction d’édifices publics et religieux également hors la loi. De façon surprenante, suite à cela, la coupeuse de croix arrive à s’enfuir d’Ukraine en étant pourtant recherchée en Ukraine et trouve refuge en France ou s’installera peu de temps après la base arrière et internationale des FEMEN. L’antenne française est rapidement créée à Paris composée de militantes françaises et sous la férule de Inna Shevshenko, Loubna Meliane ou encore Safia Lebdi qui à jugé bon de m’écrire J

L’orientation très à gauche de ces cadres français est parfaitement adapté aux revendications des FEMEN pour une nouvelle société sans religions, sans différences entre hommes et femmes et en faveur des droits des minorités. La proximité du mouvement avec les groupes libertaires de gauche français tels que « ni putes ni soumises » ou avec « le parti socialiste » semble clairement indiquer les raisons d’êtres de ce groupuscule féministe qui n’a rien trouvé de mieux que d’aller hier en France déranger une manifestation autorisée pour la famille traditionnelle en hurlant « in Gay We trust  ». Les FEMEN, déguisées en bonne sœur, ont gazées des poussettes et des enfants avec du faux gaz en hurlant « voila le sperme de dieu », déclenchant vraisemblablement le stress et la colère du service d’ordre de la manifestation. On se demande comment il aurait pu en être autrement. Le mainstream s’est lui contenté de parler de coups que les FEMEN auraient reçu. Evidemment nul ne saurait cautionner les coups que l’une des activistes a vraisemblablement reçu (ce qui n’est pas la première fois) mais de la même façon qu’avec les Pussy-Riot on peut se demander quelles sont les motivations réelles d’une telle action.

Une femme (théoriquement une future mère) trouve t’elle normal d’aller hurler et jeter du gaz (aussi faux soit t-il) sur des familles en poussette ? N’y a-t-il d’autres moyens pour de jolies jeunes femmes, dont des responsables associatives françaises, de se faire entendre ? Comment la société et les journalistes auraient réagi si des manifestants pour le mariage homosexuel avaient été agressés de la même façon par des partisans du mariage traditionnel ?

Produit marketing importé à sans doute très bas coût, les FEMEN ont depuis leur arrivée en France dévoilé leur vrai visage, celui d’un groupuscule féministe financé et soutenu par l’Occident, sous contrôle politique et moral d’une gauche française libertaire et sectaire, et dont à ce jour, les revendications exprimées sont bien loin des préoccupations populaires et nationales tant françaises qu’Ukrainiennes.


 
 

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signalé dans un commentaire par P*a*s*c*a*l B*u*s*n*o*t (H*e*l*o*u*p - 61)
 Sat, 24 Nov 2012 09:30:08 +0100 

 
 



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