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Le Syndrome du Terrorisme face à la Politique Africaine de Nicolas SARKOZY

Calixte BANIAFOUNA | 29 septembre 2010

samedi 9 octobre 2010

Transmis par Invers@lis <>

Fri, 8 Oct 2010 23:13:21 +0000


Par Calixte BANIAFOUNA

De l’avis des autorités françaises au plus haut niveau de l’État, la menace terroriste au cœur même de la République est bien réelle. L’instrumentalisation du terrorisme par le gouvernement de Nicolas SARKOZY sonne cependant comme un boomerang de bumarin dans sa politique africaine.

Mieux que tous ses prédécesseurs à l’Élysée sous la Ve République, Nicolas SARKOZY, comme il l’avait si bien promis lui-même dans sa campagne 2006-2007, serait l’homme par qui pouvait s’opérer un changement profond de la politique africaine de la France aujourd’hui obsolète. Il a plutôt préféré l’empirer en la "décomplexant".

Dans sa vision de la Françafrique décomplexée, en effet, Nicolas SARKOZY se fait avocat des pauvres dans son discours à la tribune de l’ONU, en même temps qu’il défend bec et ongles ceux-là mêmes qui empêchent ce discours de produire les résultats escomptés.

L’aide et son augmentation réclamée n’ont ainsi jamais profité et ne profiteront jamais, en l’état de la gouvernance, aux populations pour lesquelles on les sollicite.

Le cinquantenaire des indépendances africaines qui devait susciter plus d’interrogations tant du côté d’anciennes colonies que de celui de l’ancienne métropole a fait l’objet d’un faste défilé sur les Champs-Élysées des armées sanguinaires et de répression, aux côtés des dictateurs assis côte à côte avec Nicolas SARKOZY.

Mais les Français sont un peuple lucide et les Africains s’éveillent sous le choc des méthodes archaïques, celles que Nicolas SARKOZY croit être les bonnes et qui consistent à soutenir les "amis dictateurs" comme l’avaient toujours fait ses prédécesseurs à l’Élysée... de la poudre aux yeux des Français présentée comme relevant de leurs intérêts ! Mais quels intérêts ?

 Alors que tout indique que le bien-être du peuple africain chez lui n’aurait absolument rien de compromettant aux prétendus intérêts français en raison de la communauté de l’histoire, de la langue et, aujourd’hui, du métissage des familles (métissage dû au taux élevé des mariages mixtes entre Français et Africains), le gouvernement de Nicolas SARKOZY continue à enfermer les populations françaises dans un double langage qui, le jour, leur vante l’invitation qu’il fait aux Africains de prendre leur destin en mains et, la nuit, fournit armes et finances aux dictateurs pour les aider à tordre ces mêmes mains.

 Alors que le groupe d’hommes d’affaires comme Bolloré... vit dans l’autosuffisance au nom des intérêts français en Afrique, les populations françaises, elles, ne voient pas une once de ces intérêts ; au contraire, plus ces affairistes font du chiffre, plus les Français s’enfoncent dans la galère : chômage, immigration, conflits des cultures, baisse du pouvoir d’achat, survie sous le seuil de pauvreté, insécurité, inquiétude de l’avenir, prises d’otages, terrorisme international qu’on leur présente aujourd’hui comme le nouveau label du patriotisme...

 Alors que le gouvernement de Nicolas SARKOZY demande aux contribuables français de serrer davantage la ceinture pour "aider les pauvres Africains", les salariés croulent sous le poids des impôts (les plus élevés au monde) sans leur dire que l’aide ne parvient jamais aux prétendus pauvres mais qu’elle s’arrête dans les clans des dictateurs qui, seuls, en jouissent tout en rapatriant une partie aux "amis de Paris" pour les aider à financer les campagnes électorales de leurs partis politiques.

 Alors que Nicolas SARKOZY est parfaitement conscient que le soutien apporté aux dictateurs africains est la cause principale de l’immigration clandestine d’une population qui ne fuit pas que la misère mais aussi et surtout les répressions d’"amis dictateurs", son gouvernement feint de multiplier des lois de reconduite à la frontière comme si la solution n’était pas à sa portée et qui consiste à laisser à ces populations la liberté de choisir leurs dirigeants et de vivre librement chez eux.

En tout état de cause, le terrorisme international profite aujourd’hui de la misère des populations africaines et fait de son mieux pour capitaliser les ingérences, les injustices, les mainmises sur des États souverains qui n’ont eu pour unique tort que d’être moins puissants que les autres... pour ainsi apeurer, prendre en otage, voire perpétrer des bombes partout où il peut être perçu comme un "bon vengeur".

Pour le gouvernement de Nicolas SARKOZY, il s’agit moins d’un avertissement des terroristes aux populations françaises qu’ils ne viseraient pas spécialement qu’un syndrome moral aigu sévère adressé à une seule victime, lui Nicolas SARKOZY particulièrement, auquel cas il faudrait l’apitoyer (le pauvre !) et lui laisser enfin la compréhensible légitimité qui s’étiole du jour au jour de poursuivre tranquillement, dans le cadre d’un deuxième mandat, l’application de sa doctrine sur la "rupture" non plus avec ses promesses de campagne ni avec le peuple français qui l’a vomi mais avec le terrorisme international.

Un vilain jeu !

Car, c’est jouer avec le feu que de vouloir instrumentaliser un mal dont on sait qu’il est aujourd’hui bien installé au milieu des populations africaines qui ne voient que dalle des richesses de leurs pays, un mal qui - comme au Niger ou au Nigeria avec les prises d’otages et demain que sais-je dans les autres pays où Total fait la loi ! - est capable de frapper et de frapper fort pour tuer en masses au cœur même de la République française.

L’art du secret des services de renseignement – quand bien même les États-Unis en ont parlé - ne serait-il pas préférable aux tintamarres que le gouvernement SARKOZY fait sur l’opinion publique, tintamarres qui sinon n’apportent rien de sécurisant du moins interpelle l’éveil et l’arrogance des barbares, assoiffés du sang... qui se croiraient être désormais les maîtres du monde... être craints !


10 Questions à Calixte Baniafouna

http://www.reveil-fm.com/index.php/2010/02/13/699-10-questions-a-calixte-baniafouna

Par Freddy Mulongo, samedi 13 février 2010 à 11:51 :

Militant des Droits de l’Homme, il prône la droiture, la dignité humaine et le respect de la chose publique. Membre de Transparence Internationale France, il mène un combat sans merci contre la corruption. Calixte Baniafouna compte parmi les intellectuels africains qui luttent pour l’émancipation mentale, sociale et politique des peuples africains. En cela, il combat farouchement la triste politique africaine de la France, cette fameuse Françafrique à laquelle il vient de consacrer son dernier livre en deux volumes, intitulé Les Noirs de l’Élysée aux Éditions l’Harmattan. Un livre-bilan sur les 50 ans d’une diplomatie peu glorieuse des réseaux obscurs, qu’il est conseillé à tout Africain, en ce qu’il répertorie tous les coups d’État depuis l’indépendance, tous les assassinats d’illustres personnages africains, les différents sommets françafricains et leurs enjeux, et où il dénonce sans ménagement les mécanismes des réseaux élyséens, le rôle joué par chaque chef d’État français, de De Gaulle à Sarkozy en passant par Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac, ainsi que la complicité d’une catégorie des dirigeants africains qui ont définitivement tourné le dos à la cause africaine.

Calixte Baniafouna est docteur en Informatique, diplômé de l’Université Paris-IX-Dauphine. Dans cette même université, il y a passé une Maîtrise, un DEA, une Expertise informatique et un Doctorat qui lui ont aidé à intégrer le groupe France Telecom où il est actuellement cadre supérieur et occupe des responsabilités techniques depuis 22 ans. Malgré ses lourdes occupations, il n’a jamais oublié ses origines africaines.

1. Réveil-FM : C’est quoi la Françafrique pour vous ? Pourquoi existe-elle ? Pourquoi est-elle si décriée par les intellos africains ?

Calixte Baniafouna : La Françafrique est un ensemble de réseaux français, opaques et d’influence, en Afrique, composés d’une partie de la classe politique française, d’une certaine catégorie de chefs d’États africains et de quelques hommes d’affaires français qui opèrent en Afrique, tous agissant au nom de relations diplomatiques entre la France et ses anciennes colonies africaines. Elle tire ses origines de la bouche même de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny qui, en 1955, tout en militant pour l’indépendance de son pays, souhaitait qu’après l’indépendance des colonies françaises d’Afrique, celles-ci maintiennent de bonnes relations avec l’ancienne métropole. Au lieu de cela, ces relations n’ont jamais été qu’une forme de néocolonialisme déguisé et rendu très opérationnel par la complicité d’une poignée de dirigeants que la France installe et destitue (cas rare) à son gré à la tête des États africains. Tout intellectuel africain patriote et intègre ne peut que s’en indigner.

2. Réveil-FM : Pourquoi les pays africains n’arrivent jamais à récupérer les Fortunes placées dans les pays occidentaux des dictateurs Mobutu, Eyadema, Bongo, etc..

Calixte Baniafouna : Par « fortunes placées dans les pays occidentaux » j’ai bien compris que vous parlez du patrimoine placé à l’étranger par les dictateurs des pays africains (Mobutu, Eyadema, Bongo, Sassou Nguesso...) et qui, pour fructifier, bénéficie des complaisances occidentales à leur égard et du rôle délétère des banques, des paradis fiscaux et judiciaires.

Eh ! ben, ce patrimoine ne peut être récupéré que dans un cadre institutionnel organisé, qui suppose l’existence d’institutions démocratiques. C’est ainsi qu’en 2000, les autorités suisses ont accepté de rendre en plusieurs tranches au Nigeria, 700 millions de dollars de la fortune pillée du peuple nigérian par le dictateur Abacha.

Tout comme au Mali, une partie de la fortune du dictateur Moussa Traoré (2,7 millions de dollars) a été gelée en Suisse, puis retournée en 1997 à l’État malien. Quant à la fortune volée par les dictateurs des pays qui ne veulent pas entendre la voix de la raison en matière d’alternance démocratique, il ne faut pas rêver que cet argent reparte dans les escarcelles des pays d’origine aussi longtemps que survivra la Françafrique et que, par ricochet, la démocratie sera confisquée.

3. Réveil-FM : Pourquoi Mandela après sa sortie de prison a-t-il rendu visite à Omar Bongo à Libreville ? Pensez-vous que tout a été dit sur Bongo ?

Calixte Baniafounia : Je ne donnerais pas de raison particulière à la visite, à deux reprises, de Nelson Mandela à Libreville qui ne soit autre que celle liée à la profonde considération que ce Grand Homme jouit en Afrique et au reste du monde.

Voyez-vous, aucun chef d’État africain ne voulait manquer l’occasion de laisser l’empreinte de son règne sur l’honneur de l’ex-prisonnier le plus prestigieux de la planète. Il s’était rendu à Libreville par l’invitation d’Omar Bongo.

Certains dictateurs n’ont d’ailleurs pas trouvé d’autre moyen de se taper un grain d’honneur sur le nom de Mandela que de faire écrire un livre dont il aurait signé la préface. Aïe ! Que les honneurs ont du prix !

Quant à savoir si tout a été dit sur Bongo, que voulez-vous que je vous dise ? Je n’étais, ni ne suis, dans le secret de sa cour. Si, pour le peu qui nous a été dévoilé, le Maître de l’Élysée et sa justice parisienne crient au non-lieu, pourquoi chercher à en savoir davantage ? Seule l’Histoire dira tout ce qui reste à dire non seulement sur Bongo mais aussi sur ses semblables, vivants et morts.

4. Réveil-FM : Dans vos deux ouvrages, vous montrez que la France a besoin de l’Afrique pour exister et les chefs d’États africains francophones ont besoin d’être reçus sur le perron de l’Élysée pour se faire valoir dans leur pays.

Calixte Baniafounia : La France a besoin de l’Afrique pour exister, ça, oui, et comment ? Mais, que les chefs d’État africains aient besoin du tapis rouge de l’Élysée pour être bien vus de leur peuple, pas du tout. Cela ne sera jamais écrit par moi, et si mes écrits sont compris comme tels, il doit y avoir un réel problème de lecture. C’est bien le contraire. Je ne connais pas un seul chef d’État africain, marionnette identifiée et convaincue au service de la France, qui mérite le moindre égard de son peuple sous prétexte qu’on lui déballe du tapis rouge à l’Élysée.

Même les courtisans et les fanatiques africains les plus mordus des intérêts individuels au détriment de la cause collective sont un peu gênés du chapeau trop ombrageux porté par leur demi-dieu pour le bonheur de la France, quoique, pour se voiler la face, ils insistent sur le prétexte de bonnes relations que la France entretiendrait avec le pays tenu de main de fer en gardiennage par leur « guide éclairé ».

5. Réveil-FM : À la page 260 « Les Noirs de l’Élysée, vol. 1 » on peut lire : « Les bons élèves doivent demeurer impunis... Tuer pour élimer ses détracteurs, taire le débat démocratique..". La françafrique est-elle tueuse ? »

Calixte Baniafounia : Je pense qu’il ne faut pas se voiler la face. J’ai dit tantôt que la Françafrique agit au nom de la diplomatie officielle d’État à État pour perpétrer des actes criminels qui se révèlent clairement « terroristes ».

Quel mot me reste-t-il en effet à employer quand on pense à la magistrale stratégie mise en place pour assassiner Thomas Sankara au Burkina Faso ?

Ou bien, quand on pense au nombre de morts occasionnés par la remise sur la sellette du dictateur Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville ?

Ou bien encore pour qualifier le remplacement du choix des Centrafricains par le « bon élève » de l’Élysée, François Bozizé ?

Sans oublier ce que cela coûte en vies humaines pour imposer le système dynastique en République Démocratique du Congo de Kabila fils, au Togo des Eyadema ou au Gabon des Bongo et à qui le tour demain ?

Oui, la Françafrique est un club dangereux des tueurs. Les crimes des disciples de la Françafrique ne sont pas seulement humains, ils sont aussi économiques, politiques, culturels et sociaux... en témoigne l’état des lieux des pays africains maintenus à ce jour sous l’influence française.

6. Réveil-FM : Quelle relation Françafrique et Francophonie ?

Calixte Baniafounia : Françafrique et Francophonie sont des cousines de la même famille. Cela ressemble à une famille des instruments à cordes : la Françafrique est le violon, la guitare ou le luth, tandis que la Francophonie est la caisse de résonance composée d’une table d’harmonie avec un fond relié par des éclisses.

En d’autres termes, si la Francophonie est l’instrument permettant de perpétuer la langue française au-delà des anciennes colonies françaises d’Afrique, la marge est tellement étroite pour que tout pays, ex-colonie de quelque ancienne puissance soit-il qui se fait prendre au piège, glisse consciemment ou inconsciemment dans la Françafrique. Le Zaïre de Mobutu et la République Démocratique du Congo de Kabila fils (du même au pareil) en sont l’exemple le plus révélateur.

7. Réveil-FM : Certains proposent que Blaise Compaoré ait le Prix Nobel de la Paix, d’autres rappellent l’assassinat de Thomas Sankara dont il est l’exécutant. Blaise Compaoré est-il le produit de la Françafrique ?

Calixte Baniafounia : C’est une non-question ! Le rôle de « facilitateur » que la France néocoloniale de Jacques Chirac et son très fidèle continuateur, Nicolas Sarkozy (mot pour mot dans le respect des dictateurs serviteurs), a réservé à ce très spécial « bon élève », est à la mesure de la facilitation qu’il a faite au Maître de l’Élysée d’avoir éliminé physiquement celui qui, après Lumumba, a su tenir tête à la Françafrique.

Quelle frayeur Thomas Sankara a-t-il suscitée à la France néocoloniale qui voyait en ce courageux un possible émancipateur du peuple africain ?

En 23 ans de règne (déjà !), Blaise Compaoré a encore beaucoup à se faire cadeauter par plusieurs successeurs à l’Élysée, tellement le morceau était énorme !

Et comme la Françafrique ne connaît pas la limite du ridicule, du respect de soi, de la gêne et de la honte, rien n’exclut qu’elle nous réveille un bon matin au son d’un Prix Nobel de la Paix décerné à l’un de ses obligés les plus fidèles des fidèles.

On en a déjà vus dans les rangs des « bons élèves » qui, au sortir d’une guerre néocoloniale de reprise de pouvoir et pour avoir parfaitement exécuté l’ordre de tuer ses compatriotes (10 000 morts), ont été pompeusement nommés « président de l’Union africaine » sous recommandation, justement de... la Françafrique !

8. Réveil-FM : Peut-on parler de la reculade française à l’égard de Paul Kagamé ? Pourquoi la France lui fait tant de courbettes ?

Calixte Baniafounia : Ce que vous appelez « courbettes » de la France auprès de Paul Kagamé est, à mon avis, un cas de conscience.

De la parole des témoins crédibles et des experts chargés de l’enquête sur le génocide du Rwanda, découle très clairement l’implication dans les crimes de la France néocoloniale, ce que le rapport d’enquête du juge français spécialisé dans la lutte anti-terroriste, Jean-Louis Bruguière, a bien voulu escamoter.

Il était contrarié par un autre Rapport de 500 pages mettant la France en cause.

Kagamé est un Tutsi alors qu’au moment des faits, la France soutenait le président hutu, Juvénal Habyarimana. Il est de toute évidence que pour des raisons géopolitiques, stratégiques, de cas de conscience mais aussi et surtout des intérêts économiques, la France ne puisse se passer de Kagamé.

Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas été animé par des idées quelque peu « permissives » qui lui poussèrent de revendiquer haut et fort l’offre gratuite et gracieuse d’une partie des richesses de la République Démocratique du Congo, et donc d’une partie de la RDC tout court, en faveur du Rwanda ? La conscience a un prix ! Et quel prix ?

9. Réveil-FM : Les fils remplacent les pères au pouvoir en Afrique. Les dynasties politiques ne montrent-elles pas les limites des élections sur le continent ?

Calixte Baniafouna : Le système d’alternance dynastique en Afrique, initié en République Démocratique du Congo, puis au Togo, par Jacques Chirac, et poursuivi par Nicolas Sarkozy au Gabon et demain à qui le tour ? est la forme achevée du néocolonialisme français sur ses anciennes colonies d’Afrique noire, et la manifestation éhontée du mépris et du refus de voir le peuple africain s’émanciper par le libre choix de leurs dirigeants.

Je ne pense pas qu’il s’agisse là d’une limite des élections en Afrique.

Car du fait des élections observées ici et là dans ce pré-carré français, il ne s’agit ni plus ni moins que des arrangements pour donner un semblant de légitimité dans une parodie de démocratie à ceux-là qui ont définitivement tourné le dos à la cause africaine.

Les pères ont confisqué l’indépendance de l’Afrique pendant un demi-siècle et parmi eux existent des demi-dieux qui ont encore du parfum de jeunesse comme Sassou Nguesso, Compaoré, Bozizé, Deby et j’en passe.

S’il faut que leurs enfants tirent aussi leur demi-siècle et ainsi de suite, vous imaginez les barrières que la France dresse à l’avenir de ce sous-continent !

D’où la nécessité d’une révolution radicale et immédiate des mentalités. Et l’impératif des intellectuels africains intègres de sortir de l’individualisme pour insuffler du courage aux populations en vue d’organiser des forces sociales et culturelles capables de booster dehors ces traîtres-corrompus, de permettre le libre choix des dirigeants et de mettre en place des institutions véritablement démocratiques sans lesquelles aucun décollage, aucun développement ne sera possible en Afrique.

10. Réveil-FM : Le 14 juillet 2010, pas moins de 14 armées africaines ex-colonies françaises vont défiler sur les Champs Élysées, qu’en pensez-vous ?

Calixte Baniafounia : C’est révoltant ! Très révoltant ! Mais, il faut restituer les faits dans leur contexte.

En ayant promis la « rupture » avec les dictateurs africains lors de sa campagne présidentielle de 2006-2007, Nicolas Sarkozy qui, acteur lui-même du temps où il n’était que ministre, en voyait tant et tant des pratiques des réseaux françafricains, y croyait réellement.

Avant même son accession à l’Élysée, le duo Chirac-De Villepin lui a clairement signifié l’impossibilité de gagner des élections de ce niveau sans l’apport des financiers-dictateurs africains.

Comme il tenait à l’atteinte de ses ambitions présidentielles, il était dans l’obligation de tomber dans les bras du « doyen » de la Françafrique, Omar Bongo, qui lui avait donné sa contribution en monnaie sonnante et trébuchante.

Ce bakchich n’a rien de nouveau dans les campagnes présidentielles de la Ve République. Simplement, avant même l’élection présidentielle au point de n’en plus se voiler la face en l’appelant en premier pour le remercier le jour même de son entrée à l’Élysée, ses tout frais électeurs découvrent aux dépens que le président Sarkozy n’est pas vraiment à l’écoute du candidat Sarkozy.

Il n’aura d’ailleurs pas de temps de répit puisqu’il sera d’emblée l’otage des caciques de la droite française et de ses amis hommes d’affaires dont les plus solvables opèrent en Afrique des dictateurs et à qui il s’empressera d’offrir un paquet fiscal.

Impuissant face à l’hégémonie incontestée des États-Unis et à la montée vertigineuse de la Chine, celui qui vient de rompre avec la « rupture » ne compte plus que sur la politique intérieure pour un baroud d’honneur.

Or, là encore, la crise monétaire met illico au régime le pouvoir d’achat des Français : l’échec est cuisant.

Il n’est pas en effet nécessaire de sortir de l’ENA pour qu’en observateur modeste de la politique française on comprenne que chaque discours du président Sarkozy en efface un autre et que, de discours mielleux en discours mielleux, il finit par faire pire que tous ses prédécesseurs qu’il critiquait, en politique africaine de la France tout au moins.

Dans ce fourre-tout que représente cette « non-politique intérieure et extérieure » de Nicolas Sarkozy, ce dernier a fait le choix non seulement de foncer dans la continuité mais aussi de gratter le fond du tiroir des pratiques néocoloniales pour essayer de faire tenir à la France un semblant de place dans le monde des puissants.

Et la seule façon d’y parvenir, c’est-à-dire de prolonger l’agonie d’une politique africaine de la France désormais sans issue et vouée à être repensée, c’est de se rabattre sur les marionnettes les plus attitrées des anciennes colonies qui, à ce jour, sont les seules au monde à continuer de considérer la France comme une grande puissance.

La seule façon de faire oublier aux dictateurs décriés lors de sa campagne présidentielle les propos de vilains petits canards qu’ils étaient à ses yeux, c’est de les percher sur un piédestal encore plus élevé que celui sur lequel l’ancienne métropole les avait placés jusque-là : blanchissement de tout soupçon de vol des biens de leur peuple pour les dictateurs les plus redoutables traduits en justice, revalorisation par des élections arrangées des régimes aux mandats à durée indéterminée, relance des sommets françafricains (en avril prochain à Paris), défilé le 14 juillet sur les Champs Élysées des armées néocoloniales d’Afrique, renforcement du système dynastique en cas de fin de vie d’un guignol affranchi d’amour propre, etc.


Voir en ligne : Le Syndrome du Terrorisme face à la Politique Africaine de Nicolas SARKOZY

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