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Mais que fait la police ?

Georges Moréas - Guy Belloy | agoravox.fr - moreas.blog - quefaitlapolice.samizdat.net | samedi 6 & dimanche 7 octobre 2012

dimanche 7 octobre 2012


sur cette page
 QUE FAIT LA POLICE ?
– Bulletin d’information anti-autoritaire

Nouvelle série – numéro 63 | quefaitlapolice.samizdat.net | octobre 2012
 Police de Marseille : comment expliquer l’omerta ?
Georges Moréas | moreas.blog.lemonde.fr | dimanche 7 octobre 2012
 La Maison « Poulaga » en émoi….
Guy Belloy | agoravox.fr | samedi 6 octobre 2012

sur le net et le même sujet
 Ripoux et polémiques. Malaise dans la police...
Laurent Jacques | ladepeche.fr | dimanche 7 octobre 2012



   
QUE FAIT LA POLICE ?
– Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 63 – octobre 2012

| quefaitlapolice.samizdat.net | 
    
Editorial : Les mauvaises habitudes perdurent !
Cinq mois après la victoire de la gauche, sommes-nous toujours sous pression de cette tentation autoritaire qui n’a cessé de tenir lieu de politique sociale tout au long des dix dernières années écoulées ? Même si un air plus léger paraît flotter dans le domaine de la Justice, il n’en va pas de même en ce qui concerne la politique sécuritaire. Dès le mois de juillet, avec le retour des évacuations de campements de Roms, la reprise en mains n’a pas tardé. Au prétexte de la nécessité de mettre en place une quinzaine de zones dites de « sécurité prioritaire » (promesse de campagne du candidat Hollande), c’est surtout du pouvoir qui est redonné à cette police, inquiète de son devenir depuis la chute de la maison Sarkozy. Pour marquer son territoire, le nouveau pouvoir a bien fait tomber quelques têtes trop visibles : Michel Gaudin (préfet de police de Paris), Frédéric Péchenard (directeur général de la police nationale), ont été écartés de ces postes sensibles ; tandis que Bernard Squarcini (ancien patron de la DCRI) serait passé à d’autres activités plus discrètes. Ce coup de torchon passé, il ne semble pas que les mauvaises habitudes de notre police soient tellement remises en cause. Dans les quinze zones, dîtes de « sécurité prioritaire » comment ne pas s’attendre aux débordements de CRS, détachés pour faire régner cet ordre qui ne saurait déplaire aux partisans d’un Etat fort. Dans ce sens, il faut s’attendre à bien des dérapage. Par ailleurs, les services de Manuel Valls annoncent déjà la création d’une cinquantaine de ces nouvelles « zones », d’ici un an. Bien sûr, il n’y a pas que des enfants de chœur dans certains quartiers dits « sensibles », mais dans la ligne de mire des autorités, on ne trouve que rarement les gredins en col blanc qui font leur miel sur 1a misère régnant dans les banlieues. Comme à l’ordinaire, le redéploiement des forces de l’ordre ne contribuera nullement à résoudre la crise économique qui nourrit le chômage, tout comme l’économie parallèle et le travail au noir. Dans un tel contexte, il semble que Manuel Valls soit le digne successeur de ministres de l’Intérieur « de gauche » comme Jean-Pierre Chevènement ou Daniel Vaillant, ce boute-feu qui, en juillet 2002, se plaignait que Nicolas Sarkozy ait copié son programme. Ce qui nous est démontré, une fois de plus, c’est cette volonté de la gauche au pouvoir de faire aussi bien que la droite en matière de maintien de l’ordre…
Maurice Rajsfus

Roms, dehors ! Animaux relogés….
Le 9 août, à l’heure du laitier, 150 Roms, qui vivaient depuis deux ans, avec de nombreux enfants, sur une friche de deux hectares, à Hellèmmes (Nord), étaient expulsés de leur campement par des CRS pas trop câlins. Quelques semaines plus tard, une trentaine de ces parias, se sont abrités un peu plus loin, près du grand stade de football de Lille. Ici, pas d’eau potable mais fort heureusement, des bénévoles les alimentent en bouteilles d’eau minérale. D’autres campements, tout aussi précaires, sont désormais disséminés dans la métropole Lilloise. Une certitude : les services de l’Etat n’avaient pas prévu de terrain pour réinstaller les familles, tandis que les pauvres caravanes étaient placées en fourrière, avec les affaires à l’intérieur. Détail important, les animaux (poules, chèvres et cochons) avaient été pris en charge par la ligue de protection des animaux. A suivre. (Source, Libération, 23 août 2012)

Mauvaise adresse
Dans l’après-midi du 30 juillet, à Nancy, deux monte en l’air ont, à l’évidence, manqué de flair. Ils pensaient cambrioler tranquillement un appartement qu’ils croyaient vide. Manque de chance, l’occupant, par ailleurs patron des gendarmes de Meurthe-et-Moselle, se trouvait sur les lieux. Le chef pandore ayant reçu des coups devait être hospitalisé. Mal inspirés, ces deux hommes, âgés de 18 et 25 ans, étaient interpellés dès le 2 août, et devaient être jugés le 25 août. (Source, Vosges Matin, 4 août 2012)

Voisins vigilants sous haute surveillance
Les « Voisins vigilants », initiés par la gendarmerie, sous l’ère Sarkozy, n’ont pas nécessairement de beaux jours devant eux. Parfois, les élus locaux ont paru prendre le plus grand intérêt a cet excès de sécurité. C’est le cas dans le département des Vosges où, dans quelques communes, des élus ont favorisé la mise en place du système, avec l’implantation de panneaux avertissant les habitants de certains quartiers, pour les inciter à avoir des liens étroits avec la gendarmerie nationale. L’aspect était avant tout « préventif », précisait le maire de Thaon-les-Vosges, qui ajoutait néanmoins : « les habitants se sentent protégés, rassurés. » De son côté, le maire de Sanchey expliquait qu’il s’agissait simplement d’entraide entre voisins, participant même à la création d’une « fête des voisins vigilants ». Bien entendu, pour ces édiles sécuritaires, il n’est pas question de voir fleurir des milices privées, et les liens avec la gendarmerie doivent prévenir d’éventuelles dérives inhérentes aux « missions » dont pourraient se sentir investis quelques pseudo shérifs autoproclamés.
Il n’en reste pas moins que, dans ce département des Vosges, s’est constitué une association de lutte contre l’idéologie sécuritaire qui a rapidement recueilli plusieurs centaines de signatures, tout en multipliant réunions publiques et alertes aux élus. L’animateur de cette structure de résistance au tout sécuritaire, qui ne peut que polluer le service public, ne manque pas de bon sens : « Avec ces initiatives privées, on en arrive à l’autodéfense. On n’est pas très loin des milices ; il ne resterait plus qu’à les armer. Cela entretient un climat de suspicion anxiogène : tout le mode se méfie de tout le monde ! » Très soucieux de protéger les libertés fondamentales, ce citoyen, au vrai sens du terme, a écrit à Manuel Valls pour lui demander d’abroger la circulaire Guéant de 2011, qui conférait un statut légal au dispositif des « Voisins vigilants ». Non content de conduire cette action de salubrité publique, ce Robin des lois a ouvert un nouveau front, contre la vidéosurveillance, qui se développe dans la région. (Source, Vosges Matin, 14 août 2012)

Forces de l’ordre : on embauche !
Le 16 août, Manuel Valls qui rendait visite à deux policiers, agressés à Aix-en-Provence, quelques jours plus tôt, annonçait la création, à partir de 2013,de 500 postes de policiers et de gendarmes par an. Ces nouveaux effectifs étant destinés principalement aux zones de sécurité récemment crées. Rappelant que 12 000 postes de policiers et de gendarmes ont été supprimés ces dernières années, le ministre de l’Intérieur estimait qu’il fallait « stopper cette hémorragie ! » Quant à la lutte contre le chômage, le budget de 2013 n’est pas encore en mesure de l’enrayer… (D’après Vosges Matin, 17 août 2012)

Comptine
Nous avons reçu d’un correspondant parisien ce petit chef d’œuvre d’impertinence qu’il ne saurait être question de laisser dormir au fond d’un tiroir. Prenez donc la suite !
 » Sous Pétain
Tin, tin
La police
Pisse, pisse
De l’eau de Vichy
Chie, chie

Sous Hollande
Land, land
BAC et CRS
Ne cessent
De s’abreuver
D’eau de Vals… »

Alain Bauer : au piquet !
En mars 2012, pour plaire à son éminent conseiller en sécurité, Alain Bauer, Nicolas Sarkozy avait décidé la création d’une section de « criminologie », au sein du Conseil national des universités (CNU). Le 21 août, sur recommandation du CNU, la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur décidait de supprimer cette section qui, au printemps dernier, avait provoqué une levée de boucliers dans la famille universitaire. (Source, Libération, 25 août 2012)

Nice : mini Etat policier ?
Déjà dotée d’une police municipale surabondante (380 agents), la ville de Nice bénéficie également d’un réseau de vidéo surveillance comprenant un millier de caméras. Depuis plusieurs années, le maire UMP, Christian Estrosi, ne cesse de proclamer une baisse constante de la délinquance. Ce qui ne l’a pas empêché, le 21 août, de s’insurger contre le fait que sa ville ne fasse pas partie des quinze zones dites de « sécurité prioritaire » dressées par Manuel Valls. Arguant de cet « oubli », Christian Estrosi a donc annoncé la création de sa propre zone sécuritaire, et la surveillance d’un quartier « sensible » par des agents de sécurité privée. Motif de cette volonté de sécurisation extrême ? La délinquance serait repartie à la hausse, « depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir ». Il n’en reste pas moins que cette prochaine irruption de vigiles privés devait provoquer des réactions contrastées des syndicats de policiers. C’est ainsi qu’un responsable du syndicat Unité-SGP Police (dit de gauche) se déclarait aussitôt « totalement hostile à la privatisation de la sécurité. » (Source, Le Monde, 27 août 2012)

Dehors, les Roms !
. A l’aube du 21 août, à Evry (91), la police délogeait de leur campement 72 Roms qui s’étaient installés près des voies du RER.
. Cette même nuit, à Lyon, des familles Roms qui occupaient un immeuble jugé insalubre étaient évacuées par la police. Dans l’un et l’autre cas, ce sont des maires socialistes qui ont fait appel aux forces de l’ordre. (Sources, France 2 et France Info, 27 août 2012)
. Une centaine de Roms ont quitté leur campement de Massy (91), le 26 août, pour devancer une procédure d’expulsion. Tous sont condamnés à l’errance, selon l’association de solidarité en Essonne aux familles roumaines et Roms. (Source, Libération, 27 août 2012)

Variations sur le thème sécuritaire
En 2002, Lionel Jospin avait bien tenté de nous convaincre que « la sécurité est une valeur de gauche ! » En 2007, Ségolène Royal insistait sur la nécessité d’un « ordre juste ». Récemment, à l’université d’été du PS, à la Rochelle, le 25 août, Manuel Valls se faisait applaudir lors de son discours sur la fermeté. Qualifié de « Sarkozy de gauche » par certains de ses camarades socialistes, le ministre de l’Intérieur calquait son vocabulaire sur celui du quinquennat précédant, en évoquant : « La loi de la jungle qui veut chasser la République des quartiers ! ». Tout en rajoutant ces quelques mots qui ont dû faire frémir de joie le très sécuritaire Eric Cioiti : « Je ne crois pas à la démarche -oui à la sécurité mais d’abord l’emploi, oui à la sécurité mais d’abord la prévention. » Nous sommes donc prévenus : le rejeton de républicains espagnols est bien décidé à caresser le monde policier dans le sens du poil. Au sein du PS, pourtant, l’un de ses détracteurs ne manquait pas de souligner : « Plus il parle de sécurité, de mafias et de police, moins il a besoin de parler des 35 heures, du coût du travail et de sa chère TVA sociale. » (D’après Le Monde, 28 août 2012)

Dehors, les Roms (suite)
A l’aube du 28 août, à Saint-Priest (Rhône) un campement de Roms constitué de 180 personnes était investi par la police, et ses occupants expulsés. (Source, France Inter, 23 août 2012)

Suicide
Le 25 août, un gendarme en poste à Hazebrouck (Nord) mettait fin à ses jours, sur son lieu de travail, avec son arme de service. (Source, Libération, 28 août 20I2)

Dehors, les Roms (ça continue)
Tôt dans la matinée du 29 août, à Saint-Priest (Rhône) un campement de Roms de 180 personnes était expulsé par les forces de l’ordre, avant d’être dispersé dans les environs. (Source France Inter et images significatives sur France 2, 29 août 2012)

La haine de la police
Aux Tarterêts (91), l’une des quinze « zones de sécurité prioritaires », des tags hostiles à Manuel Valls ont fait leur apparition sur les murs des halls de la cité. Le nom de Nicolas Sarkozy, associé à des injures, étant remplacé par celui du nouveau ministre de l’Intérieur. (Source, 20 Minutes, 30 août 2012)


Dehors, les Roms (suite sans fin)
. Dans la matinée du 29 août, deux campements de Roms, où vivaient quelque 500 personnes, étaient évacués par les CRS, à Stains (93), suite à une décision de justice. Immédiatement, les pauvres cabanes étaient détruites par les bulldozers qui avaient suivi les fourgons de police. (Source, 20 Minutes, 30 août 2012)

. Dans la matinée du 30 août, à Créteil (94), un campement de Roms d’une cinquantaine de personnes était évacué par les forces de l’ordre. (Source, France Inter, 30 août 2012)

Toujours les Roms : la France montrée du doigt !
Le 29 août, des experts des Nations Unies enjoignaient le gouvernement français de s’assurer que le démantèlement des camps de Roms respectait les normes internationales des droits de l’homme, avec ce commentaire : « Les évictions menacent de mettre les familles dans des situations de grande vulnérabilité. » (Source, Métro, 30 août 2012)

Montée d’adrénaline
Décidément, l’ancien ministre de l’Intérieur, Claude Guéant ne s’est pas remis tant de la défaite de Nicolas Sarkozy que de sa propre déroute aux élections législatives de juin 2012. Dorénavant voué au rôle de donneur de leçons, dans une tribune libre du Monde, il commence par affirmer qu’entre 2002 et 2011 la délinquance aurait reculé de 16,5%, avant de tenter de nous convaincre que, depuis les élections de mai et juin 2012, 1es atteintes aux personnes ont augmenté de 6,28% en juin et de 11,89% en juillet. Ce qui signifierait, en clair, que la gauche -même sécuritaire-, de retour au pouvoir ne peut que générer de la violence. Au passage, l’habile xénophobe nous explique que 10% des déferrements devant la justice, à Paris, concerne des ressortissants roumains. Dès lors, une seule solution : l’expulsion ! Quoi que l’on puisse penser de la nuque de plus en plus raide de Manuel Valls, il est évident que sa mise au rancart a rendu inconsolable son éminent prédécesseur. (D’après Le Monde, 31 août 2012)

Encore là, les Roms ?
Le 30 août vers 8 heures du matin, 50 policiers procédaient a l’expulsion d’une centaine de Roms installés dans les quartiers nord de Marseille. (Sources, Direct Matin et Métro, avec image significative de policiers posant fièrement devant un campement détruit, 31 août 2012)

Sans papiers
Extraits d’un tract distribué place de la République, à Paris, le 1er septembre :
« …Valls a proclamé qu’être de gauche ce n’est pas régulariser tous les sans papiers et que la politique de la chasse aux sans papiers mise en place sous Sarkozy serait maintenue. Ainsi, les expulsions continuent au même rythme… Nous rappelons à François Hollande qu’il a été élu au mois de mai en promettant de mettre fin à la politique xénophobe de Sarkozy… Nous rappelons à François Hollande que le vrai changement ce n’est pas uniquement l’abrogation de la circulaire Guéant… Nous rappelons au gouvernement qu’être de gauche c’est respecter les droits humains. » (Source, 9è collectif des sans papiers, 1er septembre 2012)

Ah bon ?
Lors d’un déplacement à Mulhouse, Manuel Valls devait affirmer son souhait de voir les forces de l’ordre plus près des préoccupations de la population, avec cette réflexion : « Il y a une attente de voir des policiers et des gendarmes plus proches des citoyens. On a besoin d’un rapport de confiance… » Qu’en pensent nos policiers et leurs collègues gendarmes mobiles à la matraque facile ? (D’après Direct-Matin, 3 septembre 2012)

Dehors, les Roms : ça continue !
Le 3 septembre, une quarantaine de Roms, installés sur des terrains privés, dans le 13è arrondissement de Marseille, étaient expulsés par la police. (Source, Direct-Matin, 4 septembre 2012)

Retour en grâce
Deux des commissaires de police mis en examen dans l’affaire Neyret (grand flic lyonnais du genre voyou) ont été recasés. C’est ainsi que l’ancien patron de la police judiciaire de Grenoble a pris ses fonctions à la police de l’air et des frontières, à Cayenne, en Guyane, tandis que l’ex-chef de l’anti-gang de Lyon a rejoint le commissariat de Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. (Source, Libération, 4 septembre 2012)

Vigipirate en deuil
Dans la matinée du 4 septembre, à Paris, un légionnaire, âgé de 26 ans s’est suicidé alors qu’il participait à une mission dans le cadre de Vigipirate. C’est dans les toilettes du parking de l’Hôtel de Ville, que ce militaire s’est tiré une balle dans la tête avec son fusil d’assaut Famas. (Source, Direct-Matin, 5 septembre 2012)

Ripou de luxe
Un an après avoir été mis en examen pour « corruption » et « trafic d’influence », ainsi que pour « association de malfaiteurs », Michel Neyret se présentait, le 4 septembre, devant le Conseil de discipline de la police. Cette instance proposant sa révocation. De leur côté, les avocats de l’ancien « grand flic » se disaient surpris de cette « sanction infamante à l’endroit d’un homme qui a servi pendant près de trente ans la République et ses concitoyens… » C’est Manuel Valls qui devrait statuer pour arbitrer sur l’avenir de cet excellent serviteur de l’Etat. (Source, Métro, 5 septembre 2012)

Suicide ?
Le 5 septembre, au siège de la gendarmerie d’Issy-les-Moulineaux (92), un gendarme et son épouse ont été retrouvés sans vie, morts par arme à feu. (Source, France-Inter, 6 septembre 2012)

Pas d’arrêt dans la chasse aux Roms !
Dans la matinée du 6 septembre, des dizaines de Roms (50 adultes et 30 enfants) étaient expulsés par la police d’un terrain où ils venaient de s’installer, à Villeurbanne. Certains d’entre eux venant vraisemblablement d’un campement récemment détruit à Saint-Priest. (Source, Métro, 7 septembre 2012)

Rigolo
Le 6 septembre, à Rouen, un homme portant brassard de police, insigne et arme à feu factice, était interpellé par des vrais policiers alors qu’il procédait au contrôle d’un véhicule. (Source, Métro, 7 septembre 2012)

Forte pensée
« …Imaginons quelques policiers, même modestes, qui se donneraient la main, qui seraient des hommes de cœur et qui ne manqueraient pas d’amis, d’hommes de plume ou de paroles, capables de toucher le public, quelle puissance ne constitueraient-ils pas ! Si la police se faisait la championne de la mortalité publique , si elle quittait la piste où elle est payée pour courir après des cibles numérotées comme des lévriers, et qu’elle lève, non plus des lièvres cybernétiques, mais de vrais lièvres, où irait-on ? A cette question, le pouvoir n’ose pas répondre, aussi met-il tout en œuvre pour qu’elle ne se pose pas… » (In La police, de Casamayor, Gallimard, 1973 ; pages 134 et 135)

Gros ripou puni !
Finalement, Michel Neyret, ancien numéro 2 de la PJ lyonnaise, a été révoqué, le 7 septembre, par décision du ministre de l’Intérieur, qui suivait une recommandation du Conseil de discipline de la police nationale. Manuel Valls commentait : « Au-delà des carrières qui, parfois, sont de grande qualité, à ce niveau-là, un policier doit être exemplaire ! » Rappelons que parmi les reproches faits à ce « grand flic », il y avait les cadeaux et faveurs reçus de divers truands, en échange des précieux renseignements qu’il leur fournissait. Lors de sa mise en examen, en octobre 2011, Michel Neyret reconnaissait juste quelque « imprudences ». (Source, Libération, 8 septembre 2012)

Que fait la police ?
.
Dans la nuit du 6 au 7 septembre, onze scooters étaient incendiés dans le 17è arrondissement de Paris, non loin de la place Clichy. Déjà trente trois de ces deux roues avaient ainsi été détruits autour de la rue de Rome, le 2 septembre. Finalement, depuis le 3 mai, ce sont 69 scooters garés dans cet arrondissement qui sont partis en fumée. (Source, 20 Minutes, 10 septembre 2012)
. Entre le 3 et le 7 septembre, trois stations de Vélib situées dans les 7è et 15è arrondissements ont été vandalisées. (Source, Libération, 11 septembre 2012)

Rougir de honte…
Serge Dassault, patron du groupe éponyme, sénateur UMP de l’Essonne, tout comme il est propriétaire du Figaro, félicitait Manuel Valls, le 10 septembre, pour son action au ministère de l’Intérieur. (Source, Libération, 11 septembre 2012)

Roms, allez voir ailleurs !
Le 11 septembre, reprenant un vieux refrain, usé jusqu’à la corde, Manuel Valls n’a pas eu honte de déclarer : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur indiquait que, d’ici la fin du mois de septembre, 7.000 Roumains et Bulgares auront été reconduits à la frontière, au travers du système de l’aide au retour. (Source, Le Monde, 12 septembre 2012)

Nouvel exploit policier
Dans l’après-midi du 11 septembre, à Paris, une trentaine de militants de Droit au logement et Jeudi Noir étaient évacués par la police du « Ministère de la réquisition » qu’ils venaient d’installer rue Saint-Marc. Cet immeuble était vide depuis deux ans. (Source, Direct-Matin et Métro, avec images significatives, 12 septembre 2012)

Roms, toujours en ligne de mire
Dans la matinée du 11 septembre, à Villeneuve-le-Roi (94) un campement où vivaient quelque 200 Roms, depuis le printemps dernier, était évacué par les forces de l’ordre. Vers 8 heures du matin, les CRS et les pelleteuses étaient arrivées avec des intentions belliqueuses. Pendant la nuit précédente, une centaine de Roms, dont 39 enfants avaient déjà quitté les lieux. L’opération s’est déroulée sous la pluie. (Source, 20 Minutes, 12 septembre 2012)

Curieuse cuisine lyonnaise
Il y aurait des relents de pourriture dans la police lyonnaise. Le commissaire Michel Neyret aurait eu des émules dans son secteur d’intervention. Toujours est-il que la famille ripoux paraît d’être agrandie dans cette région. Le 11 septembre, il était possible d’apprendre, qu’au terme d’une longue enquête, sept fonctionnaires de police, attachés à la sécurité publique du département du Rhône, avaient été placés en garde à vue en compagnie de deux délégués du procureur. Tous avaient été interpellés à l’aube de ce jour. Selon les premières informations, ces policiers de base sont soupçonnés d’avoir rendu des services à des délinquants, en échange d’avantages matériels. Il est question de consultations illégales de fichiers, d’obstructions dans les procédures, ou encore de conseils prodigués pour favoriser des activités illicites. En contrepartie, ces excellents défenseurs de l’ordre public auraient bénéficié de prêts de voitures, d’invitations dans des restaurants, de téléphones portables, etc. Selon un proche de l’enquête, il y avait une « ambiance générale, une porosité qui devenait préoccupante. » Un autre enquêteur estime, plus brutalement, en évoquant certains malfrats lyonnais, face à la police : « On a l’impression qu’ils étaient chez eux, les barrières étaient franchies, les voyous abordaient les policiers à l’amitié, et les policiers ne se méfiaient plus.. » Cette opération, baptisée « gants propres », dans les rangs policiers, serait le fruit d’une enquête préliminaire, déclenchée en août 2011, par le parquet lyonnais. Dès octobre 2011, une information judicaire avait été ouverte pour « corruption », « trafic d’influence », ainsi que « détournement de finalité de fichiers informatiques. » Désireux d’éviter que l’on parle de contagion dans les rangs policiers, le procureur de la République de Lyon tenait à affirmer, après les interpellations du 11 septembre que ce dossier est « complètement distinct (et) n’a rien à voir avec l’affaire Neyret. » C’est très possible mais, déjà en juin 2012, deux policiers du commissariat du 7è arrondissement de Lyon, avaient été mis en examen pour viol et, à ce titre, placés en détention préventive durant plusieurs semaines. Il devait s’avérer que ces policiers avaient utilisé leur fonction pour obtenir des faveurs sexuelles d’une prostituée occasionnelle. Ce que ces excellents policiers avaient contesté catégoriquement. Par ailleurs, en septembre 2012, un brigadier-chef, en poste à Villeurbanne avait été révoqué pour voyeurisme. Plus généralement, les chefs de la direction départementale de la sécurité faisaient immédiatement savoir que 79 policiers avaient fait l’objet de sanctions disciplinaires, dans le département du Rhône, en 2011, avec cette explication, pour relativiser cette information, qu’il ne s’agissait que de 3% de l’effectif. Faut-il sourire ou s’indigner ? A suivre, évidemment ! (D’après Le Monde, 12 septembre 2012)

Ripoux lyonnais (suite)
Dès l’annonce de la mise en examen des sept policiers lyonnais, un responsable local du syndicat Alliance de la police en tenue, se déclarait « abasourdi » , estimant que tant que les faits n’étaient pas avérés, il ne pouvait être question de mettre les « collègues » en accusation. Notons que lorsqu’un « individu » est placé en garde à vue, il y a déjà certitude de culpabilité, tandis que la présomption d’innocence est immédiatement évoquée pour les « collègues » nécessairement intègres. (D’après France-Inter, 11 septembre 2012)

Chasse à l’homme : bébé blessé !
Il est fréquent que les courses-poursuites engagées par les forces de l’ordre se terminent par un accident plus ou moins grave. C’était le cas, le 11 septembre, vers 17 heures, à Saint-Germain-les-Corbeil (91), lorsqu’un gendarme engageant une chasse à l’homme contre un voleur de voiture, perdait le contrôle de son véhicule sur une chaussée mouillée, fauchant sur un trottoir une mère de famille et son jeune garçon âgé de deux ans ; celui-ci étant grièvement blessé. (Sources, 20 Minutes et Métro, 13 septembre 2012)

Toujours le sursis
Le 13 septembre, la cour d’appel de Paris condamnait trois policiers à des peines de 6 et 8 mois avec sursis, pour « homicide involontaire ». Motif : ces braves policiers avaient laissé un homme en état d’ivresse sur le bord de la Seine. Lequel s’était ensuite noyé. Au départ, il avait été trouvé sur un banc, ivre mort, mais les policiers avaient passé leur chemin. (Source, Direct-Matin, 14 septembre 2012)

La chasse aux Roms
Dans la nuit du 12 au 13 septembre, à Sucy-en-Brie (91), un camp de Roms de 800 personnes s’est subitement vidé, suite à la menace d’une intervention policière. Pour le collectif de soutien Romeurop « leur départ ne résout pas le problème. Cela ne fait que déplacer les familles. » Il n’en reste pas moins que des vigiles étaient dépêchés sur les lieux pour éviter toute réinstallation. (Source, Le Parisien / édition du Val de Marne, 14 septembre 2012)

Non-coupables
En octobre 2005, deux adolescents avaient trouvé la mort, par électrocution, dans un transformateur, à Clichy-sous-Bois (93). Le 13 septembre l’avocat général de la cour de Cassation de Seine-Saint-Denis recommandait la confirmation du non-lieu en faveur des policiers impliqués. (Source, 20 Minutes, 14 septembre 2012)

Policiers de complément
Un garçon, âgé de 12 ans, s’est fait tabasser par les vigiles d’un supermarché de Toulouse, pour avoir dérobé une barre chocolatée. Les faits se sont déroulés au printemps dernier. Sur une vidéo, il est possible de voir deux hommes emmener l’adolescent dans une salle de repos et lui infliger les coups de poing. (Source, 20 Minutes, 14 septembre 2012)

Un collectif de ripounets
Les 7 policiers de Vénissieux (banlieue lyonnaise) mis en examen le 15 septembre pour « corruption passive par personne dépositaire de l’autorité publique », n’étaient finalement que des gagnes-petits, des « ripounets » comme on dit dans notre bulletin. Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire. Certains de ces ripounets sont poursuivis pour « trafic d’influence », « violation du secret professionnel », ou encore « destruction d’objets par personnes concourant à la manifestation de la vérité », voire « détournement de données informatiques ». En fait, nos ripounets se contentaient de rendre de menus services à une famille de commerçants – plutôt du genre mafieux – en échange de matériels électroménagers. Pour le syndicat de policiers Alliance de la région Rhône-Alpes, l’embarras est évident, et son secrétaire général qui, dans un premier temps, invoquait la présomption d’innocence, ne pouvait que déclarer : « C’est tellement bête, j’ai du mal à le croire. Il ne faut pas compter sur moi pour trouver la moindre excuse. » Bien entendu comparaison n’est pas raison mais il est possible de définir ces policiers qui ont failli à ces « julots casse-croûe » qui vivent surtout de petits expédients. Finalement, même si Manuel Valls, de passage = Villeurbanne, rappelait sa « confiance » aux policiers, il n’est pas rare que de telles pratiques soient courantes dans certains commissariats. Avec la malsaine philosophie du « pa vu, pas pris… » (D’après Libération, 15 septembre 2012)

Sacrés pandores !
Deux gendarmes de la section de recherches de Montpellier ont été mis en garde à vue, le 14 septembre, puis placés sous contrôle judiciaire en attente de leur jugement. Ces braves militaires – opérant en civil – en compagnie de gros bras, avaient accepté de seconder, de façon musclée, un garagiste désireux d’obtenir la démission forcée de trois de ses salariés. Avec menace de leur « briser les jambes » s’ils n’obtempéraient pas. L’affaire remonte à deux ans mais les salariés avaient porté plainte. Comme à l’ordinaire, lorsque les forces de l’ordre sont mises en cause, la procédure est longue. Finalement renvoyés devant le tribunal correctionnel, et placés sous contrôle judiciaire, les deux pandores ont dû remettre leur arme de service et sont suspendus de leur fonction, en attendant leur procès. Evidemment, ces deux gendarmes étaient bien notés par leur hiérarchie. (Source, Libération, 17 septembre 2012)

Manuel en action
Décidément, Manuel Valls se veut plus proche des policiers que des citoyens qui devraient être protégés. Le ministre de l’Intérieur, qui vient de s’opposer avec véhémence contre le vote des immigrés non-communautaires aux élections locales, désire que soit abandonné le projet de récépissé qui devrait être délivré par les policiers lors des contrôles d’identité. Il ne faudrait pas fâcher les serviteurs de l’ordre public qui, il y a quelques années, avaient déjà obtenu la disparition de leur numéro matricule, jadis visible sur leur vareuse. Les gesticulations du ministre de l’Intérieur ont provoqué cette réflexion d’un dirigeant socialiste : « Manuel, c’est le coucou du PS… Ils devraient faire attention, à la fin c’est lui qui survivra dans le nid ! » Par ailleurs, il paraitrait qu’Alain Bauer, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy pour la sécurité, jouerait le même rôle auprès de Manuel Valls. (Source, Libération, 19 septembre 2012)

Outrage
Sous le titre éloquent de « Putain, Sarkozy revient ! » , nous avons tout compris de ce dessin de couverture du mensuel CQFD, campant Manuel Valls, éructant : « J’ai changé ! » A sa gauche, un CRS participant à l’expulsion d’un Rom et, à sa droite, une policière tenant en main le violon de celui qui est prié d’aller voir ailleurs. Il y a évidemment outrage. (Source, CQFD, septembre 2012)

C’est bien fait !
Jean-François Coppé, secrétaire général de l’UMP, a déclaré, le 19 septembre, sur la chaîne d’information télévisée LCI : « En termes de parole, Manuel Valls, objectivement, est à droite. Il a exactement les mêmes idées que moi dans la manière dont il s’exprime. » Source, Direct-Matin, 20 septembre 2012)

Les syndicats de policiers, ravis
A l’unisson avec Jean-François Coppé, le syndicat de policiers Synergie bat des mains : « On salue la lucidité et le courage politique du ministre de l’Intérieur qui rejette une proposition absurde (le récépissé de contrôle d’identité) qui aurait affaiblit l’autorité de l’Etat, sur un fond nauséeux de stigmatisation. (Source, Libération, 20 septembre 2012)


moreas.blog.lemonde.fr
   
Police de Marseille : comment expliquer l’omerta ?
Georges Moréas | moreas.blog.lemonde.fr | dimanche 7octobre 2012
    

Alors que Manuel Valls vient de dissoudre l’équipe de jour de la BAC nord de Marseille, bien des questions restent en suspens. Comment expliquer notamment que cette affaire « d’une ampleur que nul ne conteste », comme dit le Ministre, ait pu perdurer sans que personne n’y mette le holà ? Pourquoi les policiers étrangers à ces combines crapuleuses, dont sont soupçonnés une partie de leurs collègues, n’ont rien dit. Pourquoi la hiérarchie a-t-elle gardé la tête sous l’oreiller ?

C’est le côté noir des choses. Et il faudra des réponses, qu’elles soient judiciaires ou administratives. Mais il y a le côté blanc. Le côté rassurant : une enquête de l’IGPN qui redore sérieusement son blason. Une enquête colossale réunissant des dizaines de policiers, avec des moyens techniques dignes d’une affaire relevant de la grande criminalité. Avec un message clair : les flics ne sont pas au-dessus des lois.

Pourtant, si l’on examine le fruit des perquisitions, il s’agit de ripoux petits bras. Quelques centaines de grammes de cannabis et quelques centaines d’euros en argent liquide. Mais évidemment, le problème n’est pas là. Il va même nettement au-delà de la malhonnêteté de certains fonctionnaires. En fait, ce qui est inadmissible, incompréhensible, c’est qu’un réseau quasi mafieux ait pu se mettre en place dans la police française. Une pâle copie de The Shield.

Et de plus en plus de voix s’élèvent contre l’encadrement. Sous-entendu contre les commissaires. Pierre Ottavi, qui a installé la BAC de Marseille, alors qu’il était directeur départemental de la sécurité publique, a déclaré sur BFM-TV qu’il y avait aujourd’hui un sérieux problème de commandement. Cela tient peut-être à la réforme de 2005. Depuis, les commissaires se sont éloignés de leurs équipes pour devenir un corps de « conception », tandis que « le commandement opérationnel » est désormais assuré par les officiers de police. Il ne s’agit pas jeter la pierre à l’un ou à l’autre, mais simplement de s’interroger : l’organisation actuelle des services est-elle adaptée à cette profonde modification des missions ? N’y a-t-il pas trop de chefs à certains endroits et pas assez à d’autres… Notamment sur le terrain. Notamment dans les BAC.

C’est l’un des aspects du problème. L’autre est plus délicat. Personne ne peut imaginer que des flics, dont c’est le métier, ne détectent pas des délits qui se commettraient sous leur nez. Mais que peut faire celui qui ne marche pas dans la combine ? Cafarder ? Pas facile lorsque l’on est intégré à une équipe. En revanche, il est difficile d’admettre qu’il soit quasi impossible de dénoncer des dysfonctionnements dans un service sans encourir les foudres de la hiérarchie. Or, l’administration n’est pas tendre avec ceux qui franchissent le pas.

Rappelons-nous du cas Pichon !

En 2008, ce commandant de police attire l’attention de ses supérieurs sur des irrégularités flagrantes dans la tenue du fichier STIC. Un fichier, il faut le souligner, qui ne concerne pas que les délinquants, et dans lequel figurent plus de six millions de personnes

Devant l’autisme de l’administration, il décide d’aviser les médias en rendant publique la fiche de deux stars du showbiz. Pour celle de Johnny Halliday, par exemple, les faits mentionnés remontent à plusieurs dizaines d’années et auraient dû être effacés depuis longtemps. Une démonstration par l’absurde. Il est cloué au pilori par sa hiérarchie, suspendu de ses fonctions, puis, finalement, viré de la police – alors que la procédure judiciaire à son encontre (pour violation du secret professionnel) est toujours en cours.

Et pourtant Philippe Pichon n’a pas agi par intérêt. Il ne s’est pas mis un fifrelin dans la poche. Non, il a juste eu un geste citoyen. L’année suivante, la CNIL reconnaissait implicitement qu’il avait eu raison en pointant du doigt de graves errements dans la tenue du fichier STIC. Un nouveau contrôle est d’ailleurs en cours.

Aujourd’hui, il rame pour faire vivre sa famille. Il est même victime d’un certain acharnement. Il y a une quinzaine de jours, on lui a reproché d’avoir mis en vente sur Internet des objets et des effets « de police ». Ce qu’il nie catégoriquement. Peu importe : rappel à la loi du procureur. De nombreuses personnes ont trouvé injuste qu’il soit exclu de la police pour avoir dénoncé une faille au sein de la Grande maison. Une association de défense a même été créée. À ce jour, silence radio du côté de la Place Beauvau. En désespoir de cause, son avocat, Me William Bourdon, vient de déposer une plainte auprès du doyen des juges d’instruction du TGI de Paris, contestant les procédés utilisés lors de l’enquête disciplinaire de l’IGPN, notamment l’usage d’écoutes téléphoniques administratives. Un peu comme si un patron piégeait le téléphone personnel de son salarié pour justifier son licenciement.

En marge de l’affaire de Marseille, Manuel Valls a déclaré qu’il « ne tolérerait aucun comportement qui nuise à l’image de la police… ». Il serait bien également de travailler sur l’image que les policiers ont d’eux-mêmes (ou celle que leur hiérarchie leur renvoie). Pour qu’ils se sentent fiers de faire ce métier. Un métier où les petits démerdards ne feront pas la loi.


agoravox.fr
   
La Maison « Poulaga » en émoi….
Guy Belloy | agoravox.fr | samedi 6 octobre 2012
    

Semaine difficile pour les services de police…

 
1) Dimanche dernier, Maître Michael Corbier se déplace au commissariat de Nanterre pour défendre les frères Karabatic soupçonnés « d’escroquerie par manoeuvre frauduleuse aux dépens de la Française des Jeux », « s’étant entendus préalablement pour modifier ou altérer le déroulement normal de la rencontre entre Cesson et Montpellier »et placés en garde à vue.
 
 Ils refusent, comme la loi leur y autorise, de répondre aux questions des policiers, préférant attendre leur avocat.
 
Lorsque celui-ci arrive, il est, selon ses dires, pris à partie par les officiers de police judiciaire, agacés par ces pertes de temps :
 
« « Quand je suis arrivé, les policiers ont vu que je n’étais ni Dupond-Moretti ni Phung. Ils m’ont pris pour un petit jeune. Ils ont voulu en profiter », précise-t-il, ajoutant qu’ils lui avaient déclaré : « vous allez être connu pour être l’avocat qui aura envoyé Nikola Karabatic en prison ; ça va pas vous aider pour votre carrière ; vous devriez bien réfléchir avant d’aller voir votre client ; on va saisir votre bâtonnier ; on va appeler un avocat commis d’office. On a eu le juge au téléphone et il est très en colère contre vous ».
 
 Maître Dupont-Moretti , scandalisé, a déposé une plainte contre la Police Judiciaire pour : « menace et acte d’intimidation commis envers un avocat en vue d’influencer son comportement ».
 
Et le maître du barreau d’ajouter : « Je trouve le comportement des policiers plus grave que des paris sportifs ».
 
 
 
 
2) Dans une affaire d’une toute autre importance, douze policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du nord de Marseille ont été déférés au parquet vendredi, soupçonnés d’avoir volé et extorqué de l’argent et de la drogue à des dealers, une véritable "gangrène" selon le procureur Dallest, qui n’exclut pas d’autres mises en cause évoquant « une affaire lourde, loin d’être terminée ».
 
Des micros et caméras placés dans les locaux de la BAC et dans les véhicules de fonction « sont accablantes » et font apparaître « tout un catalogue d’agissements inacceptables ».
Vol, racket, trafic de drogue, "tout y passe et de façon répétée dans le temps",
 
Ajoutons que du haschich et des sommes d’argent ont été retrouvés dans les vestiaires et les faux plafonds de la BAC des quartiers nord de la ville.
M. Dallest a ajouté que le parquet allait requérir "fermement" le placement en détention provisoire des suspects. 
 
Précisons que la BAC nord de Marseille compte 70 membres au total.
 
Il aura fallu le témoignage à la télévision, début septembre, d’un homme se présentant comme un ex-policier de la BAC, révoqué en mars pour avoir relâché un dealer et ses produits sans informer sa hiérarchie pour déclencher l’affaire. De dos et la voix modifiée, cet homme, dont l’arrêté de révocation n’a pas été pris officiellement, avait dénoncé sur France 3 des vols d’argent, de drogue, disant avoir subi "des menaces" pour avoir voulu dénoncer ces pratiques.
 
Alphonse Giovannini, du syndicat Unité SGP Police s’est ému : "les policiers sont blessés dans leur chair. Il y a des collègues qui ont trahi la profession, mais c’est une infime partie". "Quand tout un service est touché, on a du mal à croire que ça s’est fait comme ça, sans que personne le sache"
 
"Ce que je regrette, c’est que personne dans la hiérarchie n’ait pu arrêter tout cela alors qu’on a une pluralité d’acteurs et que ça durait depuis plusieurs années", a renchéri Yves Robert, du Syndicat national des officiers de police.
 
Pluralité d’acteurs et durée pendant plusieurs années, effectivement.
 
Permettons-nous de nous interroger.
 
La profession, tous grades et toutes fonctions confondus, subit une pression énorme. Tout est verrouillé. Le mot d’ordre « devoir de réserve » est brandi comme une menace.
 
Défense de l’Institution Policière !
 
Les policiers Sihem Souid, Laurent Cuenca et bien d’autres ont été victimes de ces pressions, de ces intimidations.
 
 
Rappelons :
 
l’Article 40 du CPP qui stipule : "Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs".
 
- Article 122-4 du Code Pénal :
« N’est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires.
N’est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal.  »
 
Cette question sur la responsabilité pénale du fonctionnaire est (ou était, vu mon âge), qu’il me soit permis ici de l’annoncer, le type de question « bateau  », figurant aux concours d’officiers de police.
 
Ainsi, l’ensemble des fonctionnaires agissant sur ordre manifestement illégal tombe sous le coup de l’article ci-dessus mentionné.
 
Permettons de préciser que c’est une question purement théorique. 
 
Quel fonctionnaire de police va refuser d’exécuter un ordre de sa hiérarchie même s’il est manifestement illégal ? Isolé, représenté par des syndicats souvent à la botte du pouvoir, a-t-il vraiment le choix ?
 
Le Ministre de l’Intérieur vient de marteler : « Pas de place pour ceux qui salissent l’uniforme de la police".
 
Permettons-nous d’ajouter, que cesse cette "police qui contrôle ...la police", à la stupéfaction de nos voisins européens, les magistrats du Siège, indépendants, étant les plus à même d’exercer ces fonctions.
 
Que Daniel Vaillant soit, ici, remercié :"Je pense qu’il y a eu dans la police nationale d’autres victimes des turpitudes".
 
Afin que cessent les menaces.
 
Certains tuent. A petit feux. Sans faire de bruit. En défense NON légitime d’une institution. Accordons-leur qu’ils ne le font pas par plaisir. Probablement peut-être pas très à l’aise .
Mais les ordres....
Et la vie de leurs victimes disparaît lentement, leurs personnalités s’étiolant avec leurs repères, leurs valeurs, tout ce en quoi ils croyaient, tout ce pour quoi ils vivaient...
 
Que les lanceurs d’alerte évoqués ci-dessus, faisant preuve d’un courage exemplaire, seuls contre la hiérarchie, soient donc désormais honorés et non plus sanctionnés !
 



Ils sont la fierté de notre Police Républicaine...



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