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Faire sauter la Banque ?

Olivier Cabanel | agoravox.fr | lundi 3 septembre 2012

lundi 3 septembre 2012

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Faire sauter la Banque ?
Olivier Cabanel | agoravox.fr | lundi 3 septembre 2012

Cette expression utilisée dans les casinos, lorsqu’un joueur chanceux réussit à couler « la banque », prend aujourd’hui un toute autre sens.


On se souvient que celui qui allait devenir début mai 2012 le nouveau Président de la République, avait déclaré ne pas aimer les riches. lien

Mais que pense-t-il des banques ? Des patrons ?

A-t-il toujours l’intention de s’en prendre à ceux qui s’octroient des bonus mirifiques ?

En tout cas, sa décision d’imposer à 75% les plus fortunés du pays semble avoir aujourd’hui du plomb dans l’aile : elle serait difficile à mettre en place, et surtout, elle ne serait que provisoire.

Petit à petit, elle semble se vider de sa substance puisqu’elle ne concernerait plus qu’un millier de personnes : les sportifs et les artistes en seraient exclus, leurs revenus étant considérés comme aléatoires. lien

Et quid des expatriés fiscaux dont le précédent gouvernement avait la liste, grâce Hervé Falciani, un ex-employé de la banque HSBC qui avait extrait des ordinateurs de celle-ci les noms de 4000 français dont les avoirs à l’étranger se montent à  6 milliards d’euros au total. lien

Il avait auparavant essayé en vain d’alerter sa direction de ces disfonctionnements.

On sait le peu de cas qu’à fait Eric Woerth à l’époque de ces si juteuses informations.

Sur les 4000 cas, seulement 200 dossiers ont été examinés, et les 20 régularisations (500 000 euros récupérés) n’étaient qu’une goutte d’eau face au 50 milliards d’euros vraisemblablement encore planqués dans les paradis fiscaux. lien

Qu’en fera aujourd’hui le ministre du Budget ?

Mais revenons aux banques, puisqu’elles sont au cœur de nos préoccupations liées à la dette publique.

Comment expliquer que la BCE ait prêté 1000 milliards aux banques, mais qu’elle se refuse à prêter aux états, afin d’assurer leur survie ?

D’autant qu’aujourd’hui, on se demande où sont passé ces 1000 milliards d’euros ?

Ceux qui sont persuadés que cet argent a servi à relancer l’économie mondiale en seront pour leurs frais.

En effet, les pays emprunteurs se sont surtout empressés de rembourser leurs dettes auprès des banques créditrices, lesquelles ont redéposé ces sommes dans leur propre compte bancaire, celui de la BCE. lien

Lorsque l’on sait que les seuls intérêts de la dette publique française absorbent la totalité de l’impôt sur le revenu, on peut s’interroger sur la stratégie des banques et sur l’efficacité de la méthode.

Pour l’instant, c’est la Grèce qui est la plus durement touchée, (lien) mais la logique veut que d’autres pays déjà fragilisés le soient à leur tour, et la France est du nombre.

On a assisté déjà dans notre pays à la fermeture d’hôpitaux, de tribunaux, de maternités, de gares, de bureaux de postes, et en Grèce, des familles sont déjà si pauvres qu’elles en viennent à abandonner leurs enfants. lien

On sait depuis 2010, que, grâce au « Crédit Suisse », la célèbre banque helvétique, la France arrive à la 3ème place en nombre de millionnaires dans le monde : ils sont en effet plus de 2 millions en face des 8 millions de pauvres qui gagnent ici moins de 950 € par mois. lien

Alors sans attendre des lendemains qui chantent, des citoyens prônent d’autres solutions, tel Charles Eisenstein, qui dans le film « Sacred Economics », de Ian MacKenzie, montre comment s’est construit l’aliénation au capitalisme, et de quelle manière nous pourrions aller vers une transition citoyenne, écologique, dans le respect d’une économie durable.


Ce film est inspiré du livre d’Eisenstein et on peut découvrir la totalité de celui-ci sur ce lien.


L’exemple espagnol est caractéristique de ce qui pourrait se passer en France, sous peu :

En Espagne, alors qu’on a demandé aux citoyens d’économiser 102 milliards d’euros d’ici 2014, les banques espagnoles attendent un prêt de 100 milliards. Début juillet 2012, l’Europe a recapitalisé les banques espagnoles à hauteur de 30 milliards : il faut savoir qu’en octobre prochain, l’Espagne devra rembourser un prêt de 28 milliards, alors que le Trésor n’a que 30 milliards dans ses caisses.

Le plan de rigueur mis en place ne concerne que les citoyens lambda : hausse de la TVA, baisse des allocations chômage, des retraites et même si des économies seront opérées dans l’administration, les subventions faites aux syndicats, aux partis politiques vont être baissées de 20%. lien

La même méthode a été appliquée à la Grèce avec le résultat que l’on connait.

En France, aujourd’hui, chacun tire de son coté : le patronat pratique le chantage, faisant valoir que si l’on ne lui réduit pas le cout du travail, il sera tenté de délocaliser afin de profiter de la main d’œuvre moins chère, quitte à abandonner les ouvriers de son pays.

Mais les grands patrons ne remettent pas pour autant en question les bonus, les milliards engrangés et distribués aux actionnaires à l’instar de Carlos Ghosn, PDG de Renault qui a réclamé le 1er septembre 2012 sur l’antenne d’Europe 1, (c’est arrivé cette semaine- Arlette Chabot) une baisse du cout du travail. lien

C’est bien le même qui s’était félicité en juin 2012 d’être, au titre de PDG de Nissan, le patron le mieux payé au Japon avec près de 10 millions d’euros, sans compter ses stock-options, auxquels il faut ajouter son salaire de PDG de Renault soit 1,2 millions d’euros. lien

Pourtant, il semble que l’idée ne l’ait pas visité de baisser plutôt son salaire…

Mais revenons aux banques.

En attendant, l’Italie emprunte à  6%, (lien) l’Espagne est au-delà des 7%, ce qui la ferme aux marchés financiers, l’approchant d’une possible faillite, avec la sortie de l’euro en ligne de mire, (lien) et les banques font de juteux profits avec les milliards alloués par la BCE.

C’est l’occasion d’évoquer « le glass-steagall  » ce dispositif qui a permis entre autres à Roosevelt de prouver que les banques newyorkaises s’étaient infiltrées au plus haut niveau de l’état, s’impliquant financièrement avec des fascistes en Europe, responsables en grande partie du krach boursier de 1929, provoquant la crise que l’on sait, avec la misère et la faim qui ont suivi.

Mais la loi « glass-steagall » permettait aussi de séparer les banques de dépôt et de crédit, d’avec les banques d’affaires. lien

En missionnant une commission issue du Senat américain, les membres de celle-ci disposaient enfin de pouvoirs judiciaires permettant de mener des enquêtes au sein des banques.

Le 13 juillet 2011, Arnaud Montebourg, évoquant cette Glass Steagall, déclarait dans les colonnes de « l’Express  » vouloir « demander au parlement une loi d’urgence interdisant la spéculation financière, visant à la séparation des banques dans leurs activités et la dépollution des actifs bancaires  ».

Le candidat à la primaire socialiste qu’il était alors, allait plus loin, déclarant : « le pacte de désendettement que je propose passera donc d’abord par la lutte contre la fraude fiscale, le démantèlement du secret bancaire dans les paradis fiscaux et le relèvement de la surveillance sur les flux de capitaux, avant même que la nation ne commence à imaginer de remonter les impôts. Car il n’est pas question de faire payer la crise aux classes moyennes  ». lien

Qu’en pense le ministre du développement productif qu’il est devenu aujourd’hui ?

Des avril 2012, les banques avaient commencé leurs lobbyings auprès du futur gouvernement (lien) et récemment, Pierre Moscovici, ministre du budget, aurait consulté Frédéric Oudéa, PDG de la Société Générale et ex conseiller de Sarközi, pour réfléchir à la séparation des activités bancaires ; Or pour Oudea, toute séparation entre les banques de dépôt et de crédit d’avec les banques d’affaire « est une idiotie ».lien

Sur ce lien on peut signer « l’appel à un Glass-Steagall ».

Et si nous allions plus loin ?

Personne n’a oublié que l’AUE (Acte Unique Européen), (lien) concocté par Jacques Delors, prolongé en 1984 par sa loi de modernisation bancaire, suivi par la dérèglementation des activités européennes, mise en place par Laurent Fabius, le tout confirmé par le traité de Maastricht, suivi par le refus du peuple français lors du référendum du 29 mai 2005, pour lequel les français avaient dit non à 54,68 % au TCE, Traité Constitutionnel Européen, (lien) et finalement validé par le traité de Lisbonne, suivant l’adage « lorsqu’on sort par une porte, on revient par la fenêtre », lequel traité avait été ratifié grâce à l’abstention massive des députés PS, qualifiée par celui qui allait devenir le premier ministre « d’abstention agressive et dynamique  ».

Mais refuser n’est-il pas plus productif que de s’abstenir ?

Toujours est-il qu’aujourd’hui le TCE lève beaucoup d’interrogations.

Son contenu est quasi illisible, partisan, ne peut-être révisable, verrouillé par une exigence de double unanimité, et, comme l’écrit Etienne Chouard, n’organise pas un vrai contrôle des pouvoirs, ni une réelle séparation de ceux-ci. lien

Depuis la récente visite d’une partie du gouvernement lors de l’université d’été du MEDEF, on attend avec impatience les prochaines mesures du gouvernement : seront-elles en faveur des patrons, ou des ouvriers ?

Les français seront-ils encore une fois les dindons de la farce ? lien

Comme dit mon vieil ami africain : « il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot, mais de l’âne derrière le volant ».

L’image illustrant l’article provient de « dondevamos.canalblog.dom »

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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