Accueil > 2012 > août > Amiens : "Les émeutes n’ont rien d’un jeu : c’est un cri de rage"

Amiens : "Les émeutes n’ont rien d’un jeu : c’est un cri de rage"

Caroline Politi | lexpress.fr | mardi 14 août 2012

mercredi 15 août 2012

lexpress.fr


Amiens : "Les émeutes n’ont rien d’un jeu : c’est un cri de rage"
Caroline Politi | lexpress.fr | mardi 14 août 2012

Une centaine de jeunes des quartiers nord d’Amiens s’en sont pris aux forces de l’ordre à coups de coups de tirs de chevrotine, de mortier de feux d’artifice et des jets de projectiles. Décryprage avec Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste des questions de délinquance.



Amiens: "Les émeutes n'ont rien d'un jeu: c'est un cri de rage"

AMIENS - Un simple contrôle routier excessif a entrainé des heurts sans précédent dans les quartiers nord de la ville. 16 policiers ont été blessés.

REUTERS/Pascal Rossignol



La nuit fut courte pour les habitants des quartiers nord d’Amiens. Une centaine de jeunes s’en sont pris aux forces de l’ordre à coups de tirs de chevrotine, de mortier de feux d’artifice et des jets de projectiles. Seize policiers ont été blessés. A l’origine de ces heurts : un contrôle routier jugé excessif. Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste des questions de délinquance fait le point sur la situation. 


La cause de ces émeutes à Amiens semble anecdotique : un contrôle routier qui tourne mal. Comment expliquer un tel déchainement violence ?

Les quartiers nord d’Amiens sont particulièrement démunis. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont été classés dans les quinze zones prioritaires. Le taux de chômage et l’échec scolaire y sont aussi forts que dans n’importe banlieue française. Il y a très régulièrement des heurts, même si on n’avait jamais atteint le niveau de cette nuit. Le contrôle de police, aussi anecdotique soit-il, a mis le feu au poudre et déclenché la vague de violences. C’est simplement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. 

Les émeutes de cette nuit n’étaient donc pas du tout organisées ?

Pas du tout. La définition même du terme ’émeute’ implique un soulèvement spontané d’un peuple. Cela n’a rien d’un jeu pour les jeunes qui y participent. Il s’agit d’un cri de rage et de colère. Contre le chômage qui n’a jamais été aussi élevé. Contre l’échec scolaire également qui atteint dans les quartiers défavorisés des taux énormes. 

Une centaine de personnes a été impliquée dans les heurts à Amiens. Y a-t-il un phénomène de groupe ?

Comme dans tous les groupes humains, il y a des leaders. Ils peuvent lancer le mouvement, mais cela ne suffit pas à expliquer pourquoi les autres suivent. Il faut vraiment voir ces heurts comme une émotion collective qui survient à la suite d’un problème, qui implique généralement la police. Tous les jeunes qui y participent sont unis par une même situation sociale. En étudiant les émeutes de 2005, on a remarqué qu’il y a plusieurs niveaux de participation : il y a les leaders, les suiveurs qui participent à l’action, mais également ceux qui sont sur le trottoir et qui encouragent et ceux qui regardent depuis leur fenêtre. Lorsqu’on demande aux deux dernières catégories ce qu’elles pensent de ces violences, la majorité n’approuve pas le fait que les écoles des gamins soient détruites ou que les voitures des voisins soient brûlées, mais comprennent pourquoi les jeunes ont agi ainsi. Et pour cause : ils partagent bien souvent le désarroi des casseurs. 

Pourquoi les bâtiments publics sont-ils régulièrement visés dans les émeutes ?

La colère des casseurs s’exprime à différents niveaux. D’abord contre les policiers : les rapports entre les habitants des quartiers et les représentants de la loi sont souvent très tendus. Dès qu’il y a un incident, le niveau de violence est décuplé. Mais cette violence s’exprime également contre des rancoeurs bien plus profondes. Brûler des écoles est un moyen de protester contre l’échec scolaire, qui est la première exclusion de la vie. 

Avant les émeutes à Amiens, le quartier du Mirail à Toulouse était également en proie à des échauffourées. L’été est-il une saison particulièrement tendue dans les quartiers sensibles ?

C’est vrai qu’on observe des émeutes de ce genre quasiment tous les étés. Cette saison - et les vacances scolaires en général - sont particulièrement tendues dans les quartiers difficiles. C’est une période de désoeuvrement, il n’y a pas d’école, toutes les administrations sont fermées, peu de jeunes partent en vacances. Ils restent donc toute la journée dans leur quartier. Il suffit donc d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. 



****
Transmis par Gérard Valler
collectifs locaux anti-délation
Wed, 15 Aug 2012 10:15:56 +0200




Voir en ligne : Amiens : "Les émeutes n’ont rien d’un jeu : c’est un cri de rage"

Messages

  • Drôle de titre quand même, comme si des émeutes pouvaient être un "jeu" non, celles-ci sont "programmées" depuis très longtemps, il suffit qu’un "képi" se balade et c’est l’explosion.

    Bien sûr, détruire des écoles c’est abattre leur échec scolaire mais c’est aussi encourager la loi de la jungle, celle du plus fort, la voix des "kalaches" sans laquelle un djeune n’est plus rien.

    Détruire des écoles pour construire des prisons desquelles sortiront des "caïds" ?
    Victor Hugo pensait exactement l’inverse....

    L’été est propice à ce genre de manifestations car il n’y a pas d’école, cette phrase en dit long sur ce que l’auteur assigne comme rôle à l’école !

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.