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le président Fernando Lugo, "évêque des pauvres", "renversé" par le sénat au Paraguay

Gustavo Zaracho | monde-diplomatique.fr & la-croix.com | vendredi 22 & samedi 23 juin 2012

samedi 23 juin 2012

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Paraguay, nouvelles manœuvres pour renverser le président
Gustavo Zaracho | monde-diplomatique.fr | vendredi 22 juin 2012

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Le 15 juin dernier, au Paraguay, un affrontement entre forces de police et paysans sans terre s’est soldé par la mort de dix-sept personnes (onze paysans et six policiers). L’enchaînement des évènements n’a pas encore été élucidé et de nombreuses zones d’ombre demeurent.

Cette tragédie a néanmoins provoqué une crise politique majeure dans ce pays où, en 2008, l’ancien évêque Fernando Lugo parvenait au pouvoir à la tête d’une large coalition. Celle-ci alliait la gauche au Parti libéral radical authentique (PLRA), une formation conservatrice qui constitue la deuxième force politique du pays. En parvenant au pouvoir, M. Lugo mettait fin à soixante ans de gouvernement du Parti colorado, qui fut l’un des piliers de la dictature militaire du général Alfredo Stroessner (1954-1989) et qui continue à incarner les intérêts de l’oligarchie terrienne du pays — des intérêts qu’on ne bouscule pas plus facilement au Paraguay qu’ailleurs.

A la suite du massacre du 15 juin, le ministre de l’intérieur Carlos Filizzola et le commandant de la police nationale Paulino Rojas ont été destitués par le président Lugo. Le PLRA a quitté le gouvernement et tous ses ministres ont démissionné. Le soutien du parti (auquel appartient le vice-président du pays, M. Federico Franco) à M. Lugo n’aura donc pas duré longtemps. Le PLRA avait d’ailleurs déjà pris ses distances, sans pour autant quitter le gouvernement, soutenant les initiatives de l’opposition, notamment pour empêcher des lois relatives à la justice fiscale ou à la reforme agraire. Malgré sa victoire de 2008, M. Lugo n’avait pas de majorité au Parlement : le voici dans une situation encore plus délicate.

Dès le 16 juin, l’opposition a immédiatement demandé le déclenchement d’une procédure de destitution (prévue par la Constitution). Elle reproche à l’ancien évêque d’avoir attisé la violence paysanne contre les grands propriétaires terriens. Le Parlement a traité la demande de jugement politique en un temps record : M. Lugo devra s’expliquer devant le Congrès le 22 juin. Les défenseurs du président parlent d’une machination qui permettrait de mener à bien un coup d’Etat sous couvert de légalité. Pour eux, les chefs d’accusation, les preuves et le temps imparti pour préparer la défense du président élu passent les bornes du ridicule.

Après quatre ans de gouvernement Lugo et à moins d’un an des prochaines élections présidentielles (prévues en avril 2013), le contexte politique paraguayen se tend depuis plusieurs mois. Un mouvement citoyen de protestation contre la corruption des parlementaires et des magistrats de la Cour suprême de justice a gagné de l’ampleur et s’est étendu à plusieurs villes du pays. En dépit de son caractère «  non partisan  », ce mouvement — qui s’inscrit dans la lignée du mouvement des indignés — dessert les intérêts du Parti colorado. Celui-ci cherche à reprendre le pouvoir en 2013, mais son principal candidat, M. Horacio Cartes, est un entrepreneur soupçonné d’être en lien avec des trafiquants et des mafias.

Malgré le changement qui s’est opéré au sein du pouvoir exécutif en 2008, avec l’arrivée de M. Lugo à la présidence, le pouvoir judiciaire et législatif sont toujours restés entre les mains des groupes qui représentent l’oligarchie paraguayenne.

Avec la destitution de M. Lugo, ils reprendraient totalement le pouvoir.


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le président Lugo, "évêque des pauvres", destitué par le Parlement
la-croix.com | samedi 23 juin 2012

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Le chef de l’Etat paraguayen, Fernando Lugo, un ex-évêque devenu le premier président de gauche depuis 62 ans, a dû quitter le pouvoir vendredi après avoir été démis de ses fonctions à l’issue d’un "procès politique en destitution", expédié en quelques heures devant le Sénat.

Son vice-président, Federico Franco, 49 ans, a immédiatement été investi, conformément à la constitution, lors d’une brève cérémonie au Congrès d’Asuncion.

La gauche latino-américaine a immédiatement dénoncé ce que la présidente argentine, Cristina Kirchner, a qualifié de "coup d’Etat illégitime", suivie par le Bolivien Evo Morales, qui y a vu un "coup d’Etat parlementaire", tandis que le Vénézuélien Hugo Chavez qualifiait d’"illégitime" son successeur.

Dès l’annonce de la condamnation du président, au terme de ce procès expédié en cinq heures, plusieurs milliers de ses partisans rassemblés sur la Place d’armes de la capitale paraguayenne ont manifesté leur colère. Certains protestataires s’en sont pris aux forces de l’ordre, qui ont répliqué à coups de matraques, de gaz lacrymogènes et de lances à eau.

La foule s’est rapidement dispersée avant de revenir peu à peu devant le Congrès en respectant l’appel "à ne pas verser le sang des justes" formulé par leur favori déchu.

A 18H27 locales (22H27 GMT)à Asuncion, un total de 39 sénateurs sur les 43 présents, soit plus des deux tiers requis, ont déclaré Fernando Lugo coupable des accusations formulées contre lui, entraînant sa destitution immédiate.

M. Lugo, a qui il restait un peu plus d’un an de mandat, était accusé d’avoir "mal rempli ses fonctions" à la suite des heurts qui ont provoqué la mort de 11 paysans sans-terre et six policiers lors d’une opération visant à déloger les occupants d’une propriété agricole le 15 juin dans le nord-est du pays.

Pendant la séance, quatre sénateurs ont dénoncé un procès expéditif, constituant selon eux une atteinte à la démocratie paraguayenne.

"Je me soumets à la décision du Congrès", a réagi peu après M. Lugo dans une déclaration à la Présidence, affirmant que "c’est l’histoire paraguayenne, sa démocratie, qui ont été profondément blessées".

"Aujourd’hui je me retire comme président, mais pas comme citoyen paraguayen", a-t-il ajouté, tout en appelant ses partisans au calme.

L’ex-évêque de 61 ans, premier président de gauche après 62 ans de pouvoir du parti Colorado (conservateur), a ensuite quitté le bâtiment à bord d’un convoi automobile vers une destination inconnue, a constaté un journaliste de l’AFP.

M. Lugo, qui vient d’être soigné avec succès d’un cancer du système lymphatique, avait annoncé qu’il ne se représenterait pas à l’élection d’avril 2013. Auparavant surnommé "l’évêque des pauvres", il a abandonné la soutane en 2006, deux ans avant d’être élu.

Quelques minutes après cette destitution, le vice-président, Federico Franco, a prêté serment, revêtu l’écharpe tricolore et le bâton de commandement devant les caméras de télévision, lors d’une rapide cérémonie au siège du Parlement bicaméral.

"Il s’agit de l’engagement le plus important qui soit et je ne pourrai le remplir qu’avec l’aide et la collaboration de chacun d’entre vous", a déclaré M. Franco, aux côtés de son épouse, la députée Emilia Alfaro.

M. Franco est un dirigeant du Parti libéral. Cette formation, qui soutenait M. Lugo au moment de son élection en 2008, lui a officiellement retiré son appui jeudi sur fond de querelles politiques récurrentes. Les libéraux étaient en première ligne de la fronde menée contre l’ex-président.

Dans la matinée, le président paraguayen avait tenté en vain de ralentir la procédure expresse le visant en saisissant la Cour Suprême, lui demandant "de suspendre le procès politique jusqu’à ce que lui soient fournies les garanties constitutionnelles pour sa défense".

Interrogé sur une radio argentine avant le verdict, M. Lugo avait dénoncé "un coup parlementaire déguisé en procédure juridique". Il avait précisé qu’il allait certainement "résister par le biais d’autres organisations".

Hors des frontières de ce petit pays pauvre et enclavé du cône sud-américain, plusieurs voix se sont élevées contre ce procès en destitution.

Avant-même le départ de M. Lugo, le président équatorien Rafael Correa avait déjà annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas un éventuel nouveau président. Et le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie avaient dénoncé un "coup d’Etat déguisé", lors d’une réunion extraordinaire de l’Organisation des Etats américains (OEA) consacrée à cette crise.



AFP



sur le même sujet :
 Au Paraguay, Fernando Lugo, l’"évêque des pauvres", au bord de la destitution
| lemonde.fr | vendredi 22 juin 2012


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Voir en ligne : le président Lugo, "évêque des pauvres", destitué

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