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"To lose" à Toulouse

Olivier Cabanel | agoravox.fr | martes 27 de marzo 2012

mardi 27 mars 2012

"To lose" à Toulouse


En anglais, « to lose », c’est perdre, et on se demande aujourd’hui, au-delà des victimes assassinées, qui seront les perdants de cette tragédie ?

Un candidat à la présidentielle, la cohésion sociale, l’unité nationale ?

Une fois l’émotion un peu retombée sur les meurtres à Montauban et à Toulouse, il reste des zones d’ombre intrigantes autour de cette tragédie et nombreux sont ceux qui pensent que le drame aurait pu être évité.

En effet, Mohamed Merah avait été repéré depuis longtemps et on peut légitimement s’interroger sur les lenteurs, voire les carences, des services impliqués.

Aujourd’hui on en sait un peu plus sur le meurtrier : cet apprenti carrossier, abandonné par son père retourné dans son Algérie natale, avait tenté en vain de s’engager dans la Légion Etrangère, recalé suite à son passé de délinquant, ce qui peu surprendre puisque ce corps d’armée accueille régulièrement des personnes qui tentent d’oublier leur passé. lien

Merah suite à 15 condamnations, avait fini par se retrouver en prison pour 21 mois, prison dans laquelle il aurait découvert le Coran.

Après une tentative de suicide, lors de son séjour à la maison d’arrêt de Seysses, il passe 15 jours en hôpital psychiatrique, puis 5 mois à Saint Sulpice, (lien) et le docteur Alain Penin affirme que son patient présentait une forme de dangerosité. lien

La DCRI, organisme créé par Nicolas Sarközy en juillet 2008, (lien) connaissait le danger que représentait Mohamed Merah et dès novembre 2010, il avait été repéré à Kandahar par la police pakistanaise, laquelle avait prévenu les services français ; de plus son nom était inscrit sur la liste noire des personnes interdites aux USA.

D’ailleurs en novembre 2011, il avait été entendu par la DCRI, laquelle aurait cautionné la fable des vacances qu’il disait avoir passé au Pakistan. lien

Et quid de ces étranges relations qu’a eues Merah avec Bernard Squarcini, patron de la DCRI ? lien

On apprend aussi que son frère, Abdel Kader, était, tout comme lui, connu des services de police, lesquels savaient qu’il fréquentait des milieux islamistes radicaux. lien 

François Heisbourg, chercheur à la FRS (fondation pour la recherche stratégique) s’étonne qu’un profil représentant un tel niveau de dangerosité n’ait pas été davantage surveillé.

Ce que confirme Eric Decené, directeur du CF2R, expliquant que les islamistes radicaux présentant un danger manifeste pour la sécurité du pays font l’objet d’une surveillance constante et on peut s’étonner que le gouvernement ait attendu la 3ème tuerie pour réagir. lien

On sait aujourd’hui que Merah avait tenté en juin 2010 de convaincre un adolescent de rejoindre le camp terroriste, en le forçant à regarder des vidéos violentes afin de l’embrigader dans son camp (lien) ; la mère de celui-ci avait porté plainte suite à cet épisode et on ne peut que s’étonner du peu d’intérêt que les enquêteurs avaient porté à cette plainte.

On pourrait aussi se demander pour quelle raison les médias traditionnels évoquent rarement les 3 parachutistes tués à Montauban par Merah : le 11 mars, c’était Imad Ibn Ziaten, puis le 15 mars, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, alors que Loïc Liber est toujours entre la vie et la mort. lien

Mais revenons au récit du long siège de l’appartement du meurtrier que les forces de police nous ont proposé.

On peut voir sur cette vidéo le détail de l’assaut du raid, et on s’interroge aujourd’hui sur les 34 heures nécessaires pour prendre la décision de l’assaut.

Amaury de Hautecloque, patron du Raid, explique, sans convaincre totalement, de quelle façon ça s’est déroulé.

La description de l’assaut reste très floue et elle est sur ce lien ; d’autres vidéos sont ici.

Le forcené aurait quitté sa salle de bain, tentant de sauter du balcon, en continuant de tirer, et serait tombé, touché mortellement.

On sait aussi que lors de l’attaque, l’un des membres de la brigade d’intervention avait signalé que le forcené était blessé, mais n’était pas mort.

A quel moment a-t-il reçu une balle dans la tête ?

Une autre question reste sans réponse.

On sait aujourd’hui que les vidéos des meurtres, filmées par Merah, ont été retrouvées, s’il faut en croire le procureur de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse donnée le 22 mars  ; On sait aussi que le meurtrier les aurait postées sur le net (lien) et on pourrait s’interroger sur le manque d’information concernant ces vidéos.

Et que dire d’Alain Juppé qui n’a pas voulu voir de liens entre les 3 militaires français assassinés et la présence française en Afghanistan, suivi par Claude Guéant doutant que l’arme ayant servi aux crimes était la même dans les deux cas, alors que celle-ci était du même calibre, et que l’on sait depuis longtemps identifier la provenance d’un projectile. lien

Mais au-delà des théories de complots qui s’étaleront peut-être dans les médias, on peut tout de même s’interroger sur ces coïncidences à répétition qui font qu’a chaque échéance présidentielle, un évènement grave, menaçant la sécurité des citoyens, bouscule la campagne présidentielle.

Ali Laïdi, chercheur à l’IRIS (institut des relations internationales et stratégiques) quelques jours avant l’élection de 2007, évoquait la menace d’un attentat terroriste en France. lien

Personne n’a oublié la bombe qui avait fait 4 morts et 46 blessés devant la synagogue de la rue Copernic, le 3 octobre 1980, peu de temps avant l’élection de mai 1981, attentat jamais revendiqué. Lien

Et quid de celui du 27 mars 2002, 3 semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, lorsque Richard Durn ouvrit le feu sur des élus du conseil municipal de Nanterre ? lien

8 personnes avaient été tuées et 19 autres blessées, massacre qui avait inspiré un film. lien

Et comment oublier la bataille qui opposa policiers et casseurs à la gare du Nord, à Paris, le 27 mars 2007, à un mois de l’élection, dont on sait qu’elle a influencé le vote des électeurs. lien

Bien sur à droite, on déclare ne pas vouloir faire d’amalgame, mais à force de s’en défendre, on en vient à s’interroger, sachant que l’insécurité et la stigmatisation des musulmans sont régulièrement son cheval de bataille. lien

Le candidat redevenu président « ne veut pas être accusé d’instrumentaliser l’affaire, même si redevenir président dans cette circonstance ne nuit pas  » à déclaré l’un de ses proches. lien

Sauf qu’il vient de déclarer que les militaires tués étaient « musulmans d’apparence » donnant raison à ceux qui lui reprochent l’amalgame. lien

Ce genre de déclaration n’est-elle pas de nature à influencer l’électorat ? lien

Comme le dit Christian Salmon dans les colonnes de « Marianne  », « depuis que la campagne est suspendue, on n’entend plus que Sarközi  ». lien

D’ailleurs dans le camp du front national, et le l’UMP, les états d’âme ont eu leur temps, et la candidate du FN n’hésite plus à montrer du doigt le fondamentalisme islamique, affirmant vouloir le combattre, (lien) alors que le président redevenu candidat, encouragé par Arno Klarsfeld, à décidé vouloir s’en prendre à ceux qui iraient s’entraîner hors de nos frontière, afin de revenir perpétrer sur le sol national des attentats. lien

Il va même plus loin déclarant vouloir punir pénalement les internautes qui consulteraient régulièrement des sites faisant l’apologie du Jihad. lien

Mais revenons aux meurtres de Toulouse et Montauban.

Une autre question sans réponse encore aujourd’hui reste présente dans tous les esprits.

Les services spéciaux de la police sont largement dotés d’armes non létales, et on s’interroge sur le fait qu’elles n’aient pas apparemment été utilisées. lien

Du fameux pistolet Taser, aux filets paralysants, en passant par les drones, n’était-il pas possible qu’en 34 heures et avec les énormes moyens mis en place, Mohamed Merah soit capturé vivant ? lien

Ce qui s’est passé a surpris Charles Emmanuel Guérin, expert en la matière, qui fait le constat de l’échec évident de l’opération.

300 cartouches auraient été tirées en 5 minutes, sans compter les jets de grenades. lien

Toutes ces interrogations posent donc problème : pourquoi, après les deux premiers attentats, a-t-on laissé sans surveillance cet homme qui représentait un danger avéré, sachant que l’arme était la même que celle qui avait tué les parachutistes, qu’il était connu des services de police, ce qui aurait pu permettre d’éviter au moins le massacre de Toulouse.

Pourquoi une telle opacité dans cette opération ?

Avec les moyens techniques dont disposent les spécialistes aujourd’hui, ne pouvait-on capturer vivant Mohamed Merah ?

Quels étaient les liens éventuels entre le patron de la DCRI et Morah ?

En attendant l’obsession sécuritaire s’est de nouveau emparée du président candidat et pourrait peser sur la campagne.

Car comme dit mon vieil ami africain : « le monde semble noir quand on a les yeux fermés ».

L’image illustrant l’article provient de « sarkozynews.canalblog .com »

Olivier Cabanel




transmis par Lamamo
Tue, 27 Mar 2012 16:20:59 +0200

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Voir en ligne : "To lose" à Toulouse

Messages

  • salut ,
    si je peux me permettre je ne pense pas que que le tueur ai été recalé de la légion de par son passé criminel (hormis tueurs violeurs et trafiquants de drogue tout le monde est accepté aux test )
    il n’a pas peut être tout simplement pas réussi les tests physiques et mentales.

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