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Le Qatar, Cézanne et les 250 millions de dollars

Harry Bellet | lemonde.fr | lundi 6 février 2012

lundi 6 février 2012

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Mercredi 8 février, Doha sera au centre du monde de l’art. La capitale de l’émirat du Qatar inaugure ce jour-là une exposition de l’artiste japonais Takashi Murakami. Les plus grands marchands du monde sont attendus, de l’Américain Larry Gagosian au Parisien Emmanuel Perrotin. Mais aussi Philippe Ségalot, courtier new-yorkais, que le magazine Vanity Fair soupçonne d’être derrière la plus grande transaction jamais effectuée sur le marché de l’art.






Il aurait servi d’intermédiaire entre les héritiers de l’armateur grec Georges Embiricos, décédé en 2011, et les musées du Qatar, qui se seraient offert une des cinq versions des Joueurs de cartes de Paul Cézanne, la dernière qui était dans des mains privées - les quatre autres sont au Musée d’Orsay, à la Fondation Courtauld de Londres, au Metropolitan Museum de New York et à la Fondation Barnes.

"Œuvre exceptionnelle"

La transaction aurait atteint le record de 250 millions de dollars (191 millions d’euros), soit la plus haute enchère jamais portée en vente publique. Les chiffres qui circulent à propos de ventes privées ne dépassent pas 150 millions de dollars. C’est toute l’ambiguïté de ces ventes discrètes : elles sont invérifiables. Ainsi, joint par Le Monde, Philippe Ségalot nuance sérieusement l’information de nos confrères américains : "J’aurai bien aimé, mais je n’ai rien à voir avec ce "deal". Cela dit, je pense que le tableau a été effectivement vendu, même si rien n’est sûr. Il était sur le marché depuis au moins un an. Quant aux chiffres, on n’en sait rien. J’ai, pour ma part, entendu parler de 300 millions de dollars. Un prix incroyable, mais c’est une oeuvre exceptionnelle."

Le Qatar est aussi un acheteur exceptionnel : le Fonds monétaire international l’a sacré, en septembre 2011, pays le plus riche au monde. On a prêté au pays l’intention de racheter la maison de ventes aux enchères Christie’s, ce qui a été démenti par son propriétaire, François Pinault. A défaut, l’émirat s’est offert son président : Edward Dolman a quitté Christie’s, en juillet 2011, pour devenir directeur général du bureau d’achat d’oeuvres d’art dirigé par la fille de l’émir.

A la même époque, la revue The Art Newspaper qualifiait le Qatar de plus gros acheteur d’art du monde. Comme on ne prête qu’aux riches, on soupçonne les Qataris d’être derrière l’échec de la dation à l’Etat français des oeuvres de la collection du producteur de cinéma Claude Berri (mort en 2009), achetées en sous-main, via Philippe Ségalot précisément, qui a toujours démenti.

L’émirat serait également l’acquéreur d’une oeuvre de Damien Hirst, Lullaby Spring, vendue 14,34 millions d’euros par Sotheby’s, en juin 2007, à Londres, et qui avait fait de son auteur l’artiste vivant le plus cher du monde ; ou encore d’un tableau de Mark Rothko cédé un mois plus tôt par la famille Rockefeller pour la somme ahurissante de 72,8 millions de dollars. C’est donc assez naturellement que la cheikha Al-Mayassa Bint Hamad bin Khalifa Al-Thani, une des filles de l’émir, responsable des musées de son pays, a été désignée par le mensuel américain Art & Auction comme la personnalité la plus influente du monde de l’art en 2011.


Harry Bellet



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