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Pourquoi le silence sur ce qui se passe dans le Détroit d’Ormuz ?

| jennar.fr | dimanche 22 janvier 2012

dimanche 22 janvier 2012





Jusqu’il y a peu consultant en relations internationales, je continue à recevoir des informations sur certains grands dossiers du monde. Hier, j’ai pris connaissance d’une note de synthèse sur la situation militaire dans le Détroit d’Ormuz. Après avoir procédé aux recoupements d’usage lorsqu’on reçoit une information aussi sensible, je peux confirmer que cette note décrit bien ce qui se passe réellement dans cette région hyper sensible du monde.


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Mais d’abord il n’est pas inutile de rappeler pourquoi il y a lieu de s’intéresser au Détroit d’Ormuz .

Comme le pas de Calais en Europe, comme les Détroits de Malacca, de la Sonde et de Lombok en Asie du Sud-Est, le Détroit d’Ormuz, au Moyen-Orient, est un point de passage d’une importance stratégique de première importance puisqu’il voit transiter 30% du commerce mondial de pétrole. C’est l’accès au Golfe Persique. Il est bordé par trois pays : les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d’Oman au sud, l’Iran au nord. C’est l’Iran, qui, en vertu de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, doit assurer avec le Sultanat d’Oman, le libre passage, même si, pour des raisons liées à la profondeur des eaux, l’essentiel du trafic maritime se fait le long des côtes omanaises du détroit.

En décembre 2011, l’Iran a menacé de fermer le détroit si de nouvelles sanctions contre son programme nucléaire frappaient ses exportations de pétrole.

Concentration exceptionnelle de moyens militaires nucléaires

Voici la note qui m’a été communiquée le 20/1.

« Il y a trois jours, un avion Dassault Mirage 2000D (ou 2000N selon les sources) français, équipés pour des missions de frappe nucléaire à grande distance de leur base, a percuté un Boeing F-15* de la Royal Saudi Air Force, dans le nord du royaume saoudien, lors d’un exercice aérien. Les trois pilotes (un saoudien et deux français) n’ont souffert que quelques égratignures légères.
 
« Il s’agit d’un exercice conjoint entre un Mirage appartenant aux armées françaises et un F-15 saoudien, peut-on lire dans une dépêche officielle, et les deux pilotes se sont éjectés sans encombre ** ».



Question : l’OTAN prépare t-il une intervention en Syrie ou en Iran ? Pourquoi avoir utiliser ce Mirage 2000, spécialement équipé pour des frappes nucléaires à grande distance ?
 


Rappelons que l’OTAN dispose dans le détroit d’Ormuz depuis trois semaines du USS Carl Vinson, du USS John C. Stennis et du USS Abraham Lincoln***, quatre ou cinq croiseurs et destroyers anti missile Aegis, plus un nombre important de sous marins, frégates et destroyers et navires de soutien. Plus les navires d’assaut USS Makin Island, capables de lancer des assauts sous marins, le USMC Harriers avec des hélicoptères d’attaque et d’assaut.

Plus encore, le USS New Orleans et le USS Pearl Harbor.*
***


En outre, la marine français a dépêché sur place le Charles De Gaulle, la marine britannique a renforcé sa flotte avec le porte avions HMS Daring.

En tout, environ le tiers des avions de frappe nucléaire du monde entier se trouve en ce moment basé près du Détroit d’Ormuz. »

* produit par Boeing depuis que McDonnel-Douglas qui l’a créé a été absorbé par Boeing ; l’aviation saoudienne possède 87 exemplaires du F-15 C, une version monoplace.

** le communiqué cité évoque le sort des deux pilotes français.

*** il s’agit de trois porte-avions, ce qui implique au moins deux groupes de combat aéronaval, sinon trois.

**** transporteurs d’engins amphibies.

Pourquoi une telle concentration d’armes occidentales de destruction massives ?

On le sait, le programme nucléaire iranien inquiète les Occidentaux et Israël directement menacé dans des déclarations incendiaires des dirigeants iraniens. L’armée israélienne, dont l’aviation a déjà détruit le réacteur nucléaire d’Osirak (en Irak) en juin 1981, a mis au point des plans de destruction des principaux sites nucléaires iraniens. Et nombreuses sont les indications qui confirment que la tentation est grande à l’Etat-Major des forces israéliennes comme dans le plus à droite des gouvernements israéliens de passer à l’acte, au nom de la survie de l’Etat d’Israël et du peuple juif.

Aux Etats-Unis, où on a assisté à une inversion complète de la politique annoncée dans le célèbre discours du Caire, l’Administration Obama se retrouve sur des positions pro-israéliennes identiques à celles de son prédécesseur. Début de ce mois a commencé le déploiement de 9.000 soldats américains en Israël sous prétexte d’un test de missiles. Parmi ces milliers de soldats, bien sûr des marine’s, mais aussi des aviateurs, des équipages intercepteurs de missiles, des marins, des agents de renseignement.

En septembre dernier, les USA avaient installé un système de radars en Israël. De nouveaux types d’armements ont été fournis à l’Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, fidèles alliés et fournisseurs de pétrole.

En Europe, France et Grande-Bretagne s’alignent sur les USA comme relevé dans la note ci-dessus.

On apprend que des officiers américains ont rejoint tous les centres de commandement de l’armée israélienne et que des officiers israéliens viennent d’arriver à Stuttgart où se trouve le centre de commandement en Europe des forces américaines. Ce centre (EUCOM) se confond avec le SACEUR, le Commandement suprême des forces alliées en Europe, responsable du commandement général des opérations militaires de l’OTAN.

Un bruit de bottes que la presse conventionnelle n’entend pas

Il ne faut pas être un spécialiste des relations internationales ou des questions stratégiques pour se rendre compte qu’une attaque contre l’Iran, qu’elle soit le fait d’Israël seul ou d’une coalition incluant Israël, les Etats-Unis et l’Europe aurait d’immenses répercussions militaires, politiques et économiques dans la région, mais également dans le monde entier. Et pourtant, très peu de médias se saisissent du sujet. Très peu d’acteurs politiques soulèvent la question. Une des plus formidables concentrations d’armes de destruction massive s’opère à des fins soigneusement cachées et personne ne s’en inquiète. Alors que le déclenchement éventuel d’un nouveau conflit au Moyen-Orient concerne toutes les populations de la planète, vu les suites difficilement mesurables aujourd’hui qu’il pourrait entraîner.

Le régime qui impose sa dictature en Iran ne m’inspire aucune sympathie. Les théocraties islamiques, chrétiennes ou hébraïques me répugnent. Mais le recours à la guerre comme méthode de résolution des conflits est toujours un recul de la civilisation. Et un immense malheur pour les peuples. Il faut l’empêcher en réclamant un débat public dans les parlements nationaux, au Parlement européen, à l’ONU.

Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage (Jean Jaurès).

Raoul M. Jennar




voir aussi :
Le La Motte-Piquet dans le détroit d’Ormuz avec une task force américaine
Nicolas Gros-Verheyde - bruxelles2.eu - lundi 23 janvier 2012



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Transmis par Christine Dardal
Sun, 22 Jan 2012 19:29:50 +0100






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