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La Chine bientôt leader mondial des énergies renouvelables ?

Gregoire Pailhes | lenergeek.com | vendredi 6 janvier 2012

vendredi 6 janvier 2012

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Si la Chine est l’une des économies les plus polluantes de la planète, l’Empire du milieu s’impose de plus en plus comme un acteur majeur des énergies décarbonées. Au point de devenir le futur leader mondial des énergies renouvelables ?

Le gouvernement chinois se fixe des objectifs de plus en plus ambitieux en ce qui concerne la réduction des émissions de CO2 et la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national avec un triple objectif : limiter la pollution et le réchauffement climatique, diminuer sa facture d’importations pétrolières et acquérir une plus grande légitimité diplomatique lors des négociations sur le climat.

Conséquence de cette politique, le marché des énergies renouvelables augmente annuellement de 15,5% et a même atteint 20,5 milliards de dollars en 2010. De plus, la Chine devrait atteindre en 2015 un niveau de consommation d’énergies non-fossiles de 11.4% par rapport à la consommation totale d’énergie (l’objectif est d’atteindre 15% en 2020).

Le premier producteur mondial de panneaux solaires… et d’énergie solaire

Le secteur de la production de cellules photovoltaïque est naturellement le moteur des clean-tech chinoises. Le pays est le premier producteur mondial de panneaux solaires, avec 70 % des parts de marché. Les compagnies chinoises telles que Suntech, le leader mondial du secteur, Yingli ou JA Solar, fournissent plus de 50% de la demande mondiale du secteur.

Les Chinois en sont même arrivés à battre à plate couture les Allemands, pionniers du photovoltaïque, grâce à des tarifs d’achat jusqu’à 40% inférieurs à ceux des industriels d’outre-Rhin. Les prix des panneaux solaires chinois ont ainsi chuté à 1,2 dollar par watt généré, contre 1,7 dollar l’an dernier, soit un coût nettement plus faible que la moyenne mondiale qui s’élevait à environ 2 dollars en 2010.

Mais la Chine ne se contente plus de fournir les cellules photovoltaïques des pays du Nord. Pékin s’est lancé dans un ambitieux programme solaire, visant à multiplier par huit ses capacités de production solaire d’ici 2016.

Un dynamisme encouragé par une politique plus « verte »

Et au-delà du secteur photovoltaïque, la Chine se lance tous azimuts dans la production d’énergies renouvelables. Selon un communiqué du Conseil national de l’énergie éolienne en 2011, la Chine a détrôné les États-Unis en capacité installée d’éoliennes.

Le pays compte le plus grand parc éolien de la planète, avec 42 gigawatts (GW) installés (soit les deux tiers de la capacité du parc nucléaire français) contre 40 GW pour les Américains. En 2010, la Chine a installé 50 % des nouvelles capacités éoliennes mondiales, portant sa capacité installée cumulée à 42,2 GW. Et ce n’est pas fini, car Pékin voudrait attendre 200 GW d’ici à 2020.

Dans le douzième plan quinquennal chinois, adopté en mars 2011, un tiers des objectifs annoncés par le gouvernement chinois abordent des questions énergétiques et environnementales. La nouvelle stratégie de développement est la suivante : faire baisser la croissance annuelle autour de 7% (contre environ 10% depuis 20 ans), et mettre en avant un modèle de développement plus durable de manière à favoriser une « décarbonisation » progressive de l’économie chinoise. Le plan quinquennal met en avant trois mesures dans le domaine des énergies renouvelables :

- L’augmentation de 70GW de la capacité en énergie éolienne (42GW en 2010).

- L’augmentation de 5GW de la capacité en énergie solaire (625MW en 2010).

- L’augmentation de 120GW de la capacité en énergie hydroélectrique (210GW en 2010).

Le secteur des nouvelles énergies (nucléaire compris) bénéficie grâce au plan quinquennal de régimes fiscaux spéciaux, de soutiens publics supplémentaires et d’incitations à l’investissement. Il était déjà massivement soutenu par subventions du gouvernement chinois, et de crédits bancaires par les banques publiques à des conditions très préférentielles.

Le monopole chinois sur les terres rares

Les « terres rares » (tels que le dysprosium, terbium ou encore neodimyum), un groupe de minerais et de métaux que l’on trouve dans les cellules photovoltaïques comme dans les batteries des véhicules électriques, proviennent à 97% de Chine. Le développement de la filière renouvelable est donc directement dépendant de la gestion des ressources minières chinoises. Et la Chine en est bien consciente : depuis 2004, le pays a mis en place des quotas limitant l’exportation des terres rares. Alors qu’en 2009, la demande mondiale en terres rares a atteint 135.000 tonnes, ces quotas freinent considérablement la disponibilité de ces matériaux, et surtout le développement des énergies renouvelables dans les autres pays.

Premier producteur mondial d’éoliennes et de panneaux solaires, la Chine inscrit donc le développement durable au cœur de sa politique économique à long terme, non seulement grâce à une politique de « mise au vert », mais aussi grâce à un monopole quasi absolu sur les terres rares, condition sine qua non du développement des énergies renouvelables.


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