Grippe à H1N1 : seuls 7,9 % des français auraient été vaccinés !

Paris, le vendredi 17 septembre 2010 – Une enquête menée par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) afin d’estimer, par le biais d’un sondage déclaratif, la couverture vaccinale des Français contre la grippe A(H1N1) avait conduit à évaluer à 11,1 % la proportion de nos concitoyens ayant reçu le fameux vaccin. Les chiffres publiés hier par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) dans l’édition électronique du Bulletin épidémiologique hebdomadaire sont un peu moins favorables. En effet, réalisée à partir des fichiers spécifiques de la CnamTS, l’étude de Jean-Paul Guthmann et coll. révèle que la couverture globale a été de 7,9 %. La différence avec les estimations établies à partir des enquêtes déclaratives s’expliquerait par un « biais de participation à cette enquête téléphonique en faveur des personnes vaccinées, conduisant à une légère surestimation de la couverture. Elle pourrait également être liée à un défaut d’enregistrement de certaines vaccinations dans les bases administratives ». De fait, les auteurs des travaux publiés par le BEH web ont pu observer que « pour environ 560 000 personnes vaccinées, il n’a pas été possible de chaîner dans la base de données finales les données vaccinales avec l’invitation correspondante ». Les responsables de l’étude ont observé ici l’une des conséquences des formalités (à certains égards ubuesques) mises en place lors du lancement de la campagne de vaccination.

Seulement 22,7 % de femmes enceintes vaccinées

Au-delà de ces chiffres généraux, l’équipe de Jean-Paul Guthmann propose des données spécifiquement associées à certains groupes de population, pour lesquels on disposait principalement des estimations proposées par le directeur général de la Santé, Didier Houssin, lors de ses différentes auditions devant le Parlement. Il apparaît que ces dernières apportaient un reflet assez fidèle de la réalité. Ainsi, Didier Houssin avait indiqué que la couverture vaccinale oscillait entre 20 et 25 % chez les enfants de six à vingt-quatre mois, quand les auteurs indiquent qu’elle a atteint 20,7 %. Le directeur général de la Santé avait par ailleurs noté que 20 à 25 % des femmes enceintes avaient été immunisées par la vaccination : l’étude fait état de 22,7 % de personnes vaccinées dans ce groupe. Concernant ce chiffre, les auteurs ne cachent pas leur inquiétude ou tout du moins leur surprise. « Bien que trois fois plus élevées que dans la population générale, il est important de noter qu’en France, les couvertures étaient également faibles chez les femmes enceintes, groupe particulièrement à risque de formes graves de maladie ». Enfin, Didier Houssin avait assuré que 15 à 20 % des personnes en ALD avaient été immunisées. En l’espèce, l’étude publiée hier n’apporte pas de réponses précises. Elle assure que seuls 7 % des patients en « ALD hors grippe » (c’est-à-dire ne recevant pas habituellement de bons de vaccination contre la grippe saisonnière) ont été vaccinés et que les données manquent encore pour les « ALD grippe ».

Mieux communiquer et mieux s’organiser en cas de nouvelle pandémie

L’enquête ne met par ailleurs pas en évidence de grandes différences régionales, bien que la Bretagne apparaisse comme particulièrement « bonne élève » (12 % de personnes vaccinées) et le Languedoc Roussillon une région moins compliante (6,1 %). Mais même les résultats plus encourageants obtenus en Bretagne ne permettent pas de nuancer une analyse plutôt critique des auteurs, qui n’hésitent pas à parler de couverture « insuffisante », souvent plus basse que celles observées à l’étranger, bien qu’en la matière les données soient « contrastées ». En effet, si 24 % des Américains ont été vaccinés et jusqu’à 45 % des Norvégiens, l’Allemagne et l’Italie avec une couverture atteignant respectivement 10 et 1,4 % (!) connaissent une situation similaire, voire bien plus négative que l’hexagone. Pour les auteurs, il est, au-delà de ces analyses comparées, essentiel que ces données puissent « faire réfléchir au contenu des messages et à la manière dont ils devront être délivrés lors de la prochaine saison grippale et lors d’une éventuelle nouvelle situation pandémique ». Pour eux, il est certain que les controverses autour du vaccin et les choix organisationnels expliquent ces faibles couvertures.

BEH Web : Insuffisance de couverture vaccinale grippale A(H1N1)2009 en population générale et dans les groupes à risque durant la pandémie 2009-2010 en France

Aurélie Haroche

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