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Fabricants de mensonges et putschistes, ces éternels semeurs de misère et de mort.

Maxime VIVAS - 16 septembre 2010

vendredi 17 septembre 2010

Décryptage de quelques mauvais coups en forme de boomerang.
Voici le texte (sur le thème :"Offensive médiatique contre le Venezuela") de l’intervention de Maxime Vivas pour le Grand Soir, dimanche 12 septembre au stand de l’ALBA à la fête de l’Humanité, en compagnie de Cathy Ceibe, de l’Humanité et d’Ignacio Ramonet directeur de l’édition espagnole du Monde Diplomatique. Débat animé par Christophe Ventura de Mémoire des Luttes.

On peut lire, à l’entrée de la télévision publique Vive TV à Caracas, un grand tableau avec un portrait de Jean-Paul Sartre et un extrait d’une déclaration qu’il fit au cours d’une conférence de presse pour la présentation du journal Libération en janvier 1973 :

"La première chose sur laquelle on fait beaucoup d’erreurs, c’est qu’on croit que la liberté d’information, le droit à la liberté de la presse, c’est un droit du journaliste. Mais pas du tout, c’est un droit du lecteur du journal. C’est-à-dire que ce sont les gens, les gens dans la rue, les gens qui achètent le journal, qui ont le droit d’être informé. Ce sont les gens qui travaillent dans une entreprise, dans un chantier, dans un bureau qui ont le droit de savoir ce qu’il se passe et d’en tirer les conséquences".

Je rapproche cela de l’inscription qui figure sur le bandeau du site Le grand Soir : "Informer n’est pas une liberté pour la presse, mais un devoir".

Voyons maintenant, à travers l’exemple de deux télés putschistes, comment la presse privée vénézuélienne informe sur son pays.

Venevisión et le coup d’Etat d’avril 2002.

Interrogé par Newsweek, le 29 avril 2002,Otto Reich, agent de la CIA, lié à tous les mauvais coups perpétrés en Amérique latine ces dernières décennies, alors adjoint au secrétaire d’État états-unien pour les Amériques, reconnaît avoir appelé « à deux ou trois reprises » Cisneros (patron de Venevisión) au cours du coup d’Etat. L’intéressé, lui, ne se souvient que d’un appel.

La chaîne de télévision Venevisión avait mis, pour des réunions, des locaux à disposition des comploteurs - dont le futur et très provisoire dictateur Pedro Carmona président de la Chambre patronale (leur MEDEF). Cisneros a ensuite prêté son Jet privé pour évacuer le président putschiste. L’implication de ce média dans la tentative de renversement du gouvernement démocratiquement élu est démontrée. Malgré cela, sa licence d’émettre ne lui a pas été retirée un seul jour. Or, deux ans plus tard, au printemps 2004 est écouverte une cache d’armes dans des locaux appartenant à Venevisión. Son directeur minimisera en jurant qu’il s’agit « d’armes rouillées" .Certes, on en conclura donc que, dans toutes les rédactions des journaux démocratiques, on stocke, non pas des stylos dans les armoires, mais des armes dans des cachettes. C’est l’usage si elles sont « rouillées ». Défense de le trouver bizarre.

La "fermeture" de RCTV.

Nous sommes en mai 2007. Le gouvernement vénézuélien voulait récupérer la fréquence hertzienne (et uniquement elle) de la chaîne RCTV (Radio Caracas Télévision) pour dégager un espace permettant la création d’une télévision publique éducative et populaire.

Cette décision, annoncée en décembre de l’année 2006, avait déclenché une tension qui ne cessait de croître depuis des mois. Il était prévisible que l’opposition allait se déchaîner, appuyée par les médias internationaux. Ce fut le cas. Robert Ménard, pour RSF, y participa fébrilement, s’activant dans les couloirs du parlement européen en compagnie de Marcel Granier, propriétaire de 40 médias (dont RCTV). Ce milliardaire putschiste,dont une partie des activités lucratives se fait à Miami est apparenté à Gustavo Cisneros de Venevisión (ils ont épousé deux sœurs descendantes d’une richissime famille).

Instruit par les médias d’opposition vénézuéliennes et par RSF, Jean-Marie Cavada, ancien journaliste vedette de la télévision française et député européen du Modem s’activa pour faire voter par le parlement européen une motion condamnant le gouvernement vénézuélien.

Au fur et à mesure que les députés européens du groupe de gauche apportaient des informations vraies, le texte de la motion fut revu à la baisse, le mot FERMETURE disparut et finalement, sur plus de 700 députés, 45 seulement votèrent un texte édulcoré. JM. Cavada ne descendit même pas de son bureau pour aller le voter.

Aujourd’hui, RSF, ne parle plus de fermeture, mais de suppression de la fréquence hertzienne, exactement LE CONTRAIRE de ce que Ménard disait le 28 mai 2007 à 10 H du matin à Caracas où il donnait une conférence de presse à l’hôtel Hilton et où il a eu à répondre à des questions gênantes de journalistes dont celles de Christophe Ventura, ici présent.

Au même moment, je me trouvais aussi à Caracas, dans le bureau de Aleazar Díaz Rangel, directeur du quotidien vénézuélien : Ultimas Noticias. C’est le plus fort tirage du pays (près de 300 000 exemplaires). Un journal qui s’attache à observer une neutralité politique concrétisée par la publication de points de vue et de tribunes d’auteurs de tous bords. Ses journalistes couvrent pratiquement tout l’éventail des opinions politiques en présence dans le pays. Dans ses pages, une sorte d’équilibre existe, que chaque camp conteste peu ou prou, mais qui tranche dans le paysage médiatique du Venezuela où la presse a souvent la forme d’un outil de propagande musclée.

Le lendemain, une page intérieure d’Ultimas Noticias rendait compte de la conférence de presse et de mon point de vue sur RSF. Crime qui fit qu’en novembre 2007, à l’occasion d’un voyage d’Hugo Chávez en France, RSF a écrit à Sarkozy une longue lettre pour l’avertir de « l’ampleur » du « contrôle qu’exerce le chef de l’État vénézuélien sur le paysage médiatique »,contrôle qui s’étend au « principal quotidien national Ultimas Noticias et une soixantaine de journaux locaux ».

Circulation circulaire de l’information, disait Bourdieu.

Si je raconte cette anecdote c’est pour montrer comment la classe médiatico-politique s’informe. RSF dispose de deux correspondants au Venezuela. Les deux sont liés à des journaux qui ont approuvé le putsch. RSF inonde la presse de communiqués puisés à ces sources. Elle se vante d’envoyer 1000 communiqués par an à la presse. Le système du copié- collé fait le reste...

Les droits abusifs de télés vénézuéliennes.

Pour toutes les télévisions du monde qui émettent par voie hertzienne l’autorisation est conditionnée à un contrat limité dans le temps (souvent 20 ans) et impliquant des obligations. Par exemple, la charte signée par France 2 contient une cinquantaine d’articles contraignants : obligation de laisser la parole à l’opposition, interdiction de produire des programmes racistes, interdiction de diffuser des émissions choquantes à l’heure où les enfants sont devant le poste, interdiction de glisser des images subliminales, de passer des publicités pour l’alcool lors de retransmissions de matches, d’appeler à la partition du pays, au renversement du gouvernement par la violence, etc.

Aucun des articles que je viens d’énumérer n’est respecté par des chaînes de télévision vénézuélienne. J’ai vu sur l’une d’elle un appel à peine voilé à assassiner Chávez. Aucune des grandes chaînes d’opposition vénézuélienne ne pourrait émettre en France.

Voyons ce qu’en pense un Etats-unien, Bart Jones, qui a passé 8 ans au Venezuela, principalement comme correspondant d’Associated Press. Dans le Los Angeles Times du 30 mai 2007, il écrit (Extraits) :

"...Après l’élection de Chávez en 1998, RCTV, contrôlée par des membres de l’oligarchie fabuleusement riche du pays, dont Marcel Granier, s’est engagée dans une mission : renverser le président démocratiquement élu […].

Puis RCTV diffusa en boucle des messages pour encourager les gens à participer à la marche du 11 avril visant à renverser Chávez et diffusa l’événement en intégralité. Lorsque la marche se dispersa dans la violence, RCTV et Globovisión diffusèrent des films truqués pour accuser les partisans de Chávez d’être à l’origine des morts et des blessés […].

Pendant deux jours, RCTV bascula ouvertement dans le camp de la sédition […].

Le 13 avril 2002, Granier et d’autres barons des médias se rendirent au Palais (présidentiel) Miraflores pour jurer fidélité au tout nouveau dictateur, Pedro Carmona, qui venait d’abolir la Cour Suprême, l’Assemblée Nationale et la Constitution […].

Aux Etats-Unis, une chaîne de télévision qui aurait participé à un coup d’état contre le gouvernement serait-elle autorisée à poursuivre ses activités ? Le gouvernement US aurait probablement fait fermer la chaîne cinq minutes après l’échec du coup d’état - et aurait mis ses propriétaires en prison".

Fin de citation.

Les indignations sélectives.

Sait-on que, dans les mois qui ont précédé ou suivi l’affaire de RCTV, les fréquences hertziennes de plusieurs télévisions, y compris aux USA, en Amérique latine et en Europe, n’ont pas été renouvelées, dans un silence sépulcral.

Il vaut la peine de rappeler qu’en dix années de gouvernement chaviste ,la seule télévision qui fut fermée d’autorité fut la Venezolana de television, Vtv, la seule chaîne d’état. Et ceux qui la firent fermer furent les hyper démocrates - patronat, syndicat acheté, partis, hiérarchie ecclésiastique, presse libre- auteurs du putsch.

Et si RCTV a été parfois fermée, ce fut avant l’arrivée de Chávez au pouvoir :

RCTV a été fermée à 4 reprises, mais il faut remonter à une époque antérieure à l’arrivée de Chávez :

 1976 : RCTV suspendue pour trois jours pour diffusion de fausses nouvelles.

 1980 : RCTV suspendue pour trente quatre heures pour recours au sensationnalisme, noircissement des réalités, relation de faits peu étayés.

 1981 : RCTV suspendue pour vingt quatre heures pour diffusion d’une émission à caractère pornographique.

 1984 : RCTV admonestée pour avoir ridiculisé sous une « forme humiliante » président d’alors.

Bien entendu, aucune de ces mesures n’avait exagérément émue la profession à travers le monde.

Prenons maintenant un exemple qui illustre les méthodes d’intoxications médiatiques françaises.

Jean-Hébert Armengaud, écrit dans Libération qu’un soir de Noël, dans une causerie avec des paysans, Hugo Chávez a fustigé "ceux qui ont tué les Christ pour s’emparer des richesses du monde". En avant pour couiner que Chávez visait les juifs et qu’il est antisémite. Romain Migus, un journaliste indépendant français qui travaille au Venezuela, a vérifié l’information et a découvert que Chávez avait parlé de : "ceux qui ont tué les Christ ET BOLIVAR pour s’emparer des richesses du monde". Il désignait ainsi les impérialistes de toutes les époques.

Malgré plusieurs demandes de Romain Migus, malgré une campagne de presse sur Internet, Libération n’acceptera pas de déjuger son faussaire. Mieux, un de ses directeurs, Pierre Haski, aujourd’hui dirigeant du site Rue 89, ira jusqu’à s’étonner qu’on fasse un reproche à Armengaud, car "il n’a pas ajouté un mot à la déclaration de Chávez".

Les journalistes qu’on assassine.

Par ailleurs la liberté de la presse et notre droit à être informés supposent que les journalistes soient vivants.

Or, des journalistes sont assassinés partout sans que nous soyons invités à nous émouvoir.

Selon l’ONG suisse « Presse Emblème Campagne » (PEC), au cours des six premiers mois de l’année 2010, 59 journalistes ont été tués dans le monde (10 % de plus qu’en 2009).

En tête des pays journalisticides, le Mexique (9 journalistes tués), suivi par le Honduras (8), le Pakistan (6) le Nigeria et les Philippines (4 chacun), la Russie et la Colombie (3)…

La seule journaliste tuée ces dernières années dont le nom est connu du monde entier est Anna Politkovskaïa. Cela s’est passé en 2006 en Russie. La presse accuse Poutine.

Les dirigeants des autres pays cités entretenant des relations privilégiées (voire de subordination) avec les USA, il serait malvenu d’en nommer les martyrs et d’en faire des héros internationaux.

Imaginons qu’une découverte comme celle, récente, d’un charnier de 2000 corps en Colombie à Macarena et qui est l’œuvre de militaires et de paramilitaires ait été faite au Venezuela. Vous entendez les éditoriaux, vous voyez les gros titres ?

Mais ce qu’on nous sert, ce sont des mensonges cent fois répétés :

Chávez a instauré un parti unique ? Mensonge !

Il modifie la Constitution pour être président à vie ? Mensonge !

Il a fermé RCTV ? Mensonge !

RCTV est (était ?) la dernière chaîne de télévision d’opposition ? Mensonge !

L’insécurité a augmenté ? Mensonge !

La corruption progresse ? Mensonge !

Le pays court à la ruine ? Mensonge !

Chávez dilapide l’argent du pétrole ? Mensonge !

Chávez est un va-t-en guerre ? Mensonge !

Chávez veut faire du Venezuela un second Cuba ? Mensonge !

Les médecins cubains qui exercent dans les bidonvilles au Venezuela disposent de seringues qui inoculent le virus du communisme au peuple ? (rires dans l’assistance).

Chávez a tenu des propos antisémites ? Mensonge !

Chávez monopolise le temps de parole dans les médias avec ses "cadenas" ? Mensonge !

Le Venezuela encourage les FARCS ? Mensonge !

Chávez a suggéré que l’attentat du 11 septembre 2001 est un coup monté ? Mensonge !

Tout va bien au Venezuela ? Si je répondais oui, je mentirais à mon tour et vous le comprendriez bien.

Mais en attendant, c’est "TOUT VA MAL" qu’on nous serine.

Je vous remercie.

En complément : Multiplicité des médias et informations.

La multiplicité des titres (quotidiens, magazines, radios, télévisions) n’est pas une garantie de la diffusion de la vérité. En témoignent les deux sondages suivants qui montrent le niveau d’information des citoyens de "La plus grande démocratie du monde".

Etats-Unis. Sondage publié en 2003.

45/52% des Etats-uniens croient que des preuves existent de la collaboration entre Saddam hussein et Al Qaida. (67 % pour les téléspectateurs de la Fox).

20/22% croient que les USA ont trouves des ADM en Irak.

Sondage du 24 mars 2010. (Sondage Louis-Harris auprès d’un échantillon représentatif de 2230 personnes, effectué pendant la campagne sur la réforme du système de santé).

67 % des Républicains (et 40% des Etats-uniens) pensent qu’Obama est socialiste.

57% des Républicains (32% de la population), pensent qu’Obama est musulman.

45% des Républicains (25% de la population) pensent qu’Obama « n’est pas né aux Etats-Unis et ne peut donc pas être élu président ».

38% des Républicains (20% de la population) pensent qu’Obama « fait beaucoup de choses qu’Hitler aurait faites ».

Le plus effrayant de tout : 24% des Républicains (14% de la population) pensent qu’Obama pourrait être l’Antéchrist.

Les résultats complets du sondage montrent que de forts pourcentages de Républicains – et d’Etats-uniens dans leur ensemble- pensent qu’Obama est « raciste », « anti-américain », qu’il « désire la victoire des terroristes » et veut « abandonner la souveraineté des Etats-Unis au profit d’un gouvernement unique mondial ». Ils pensent qu’Obama est un « ennemi de l’intérieur ».

Maxime VIVAS - 16 septembre 2010


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