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Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande - 2 ou 3 truks
Yvette Krolikowski, Mike Krolikowski | cadtm.org & vivre-en-islande.blogspot.com | 11, 12 et 13 octobre 2011
samedi 15 octobre 2011
Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande : la finance
Yvette Krolikowski, Mike Krolikowski - cadtm.org - jeudi 13 octobre 2011
Le samedi 1er octobre 2011, les membres du Parlement islandais ouvraient leur nouvelle session parlementaire. Ils furent accueillis par environ 2000 manifestants en colère, tapant sur les barrières, casseroles et poêles, certains jetant même des oeufs sur les élus.
Les organisateurs de la manifestation ont remis au gouvernement une pétition de 34 000 signatures demandant l’allègement des dettes pour les ménages et plus de rigueur envers les banquiers, responsables de la crise, et qui continuent d’engranger des salaires prodigieux.
Les Islandais n’ont plus confiance dans le gouvernement. Beaucoup, ne pouvant plus rembourser leurs crédits, sont en train de perdre leurs maisons.
Le chômage a "baissé " à 7,2% en mai dernier mais cela est sans compter le nombre d’Islandais qui ont quitté le pays. Beaucoup de jeunes sont partis pour la Norvège, dont certains pour y joindre l’armée.
Depuis la crise en 2008, l’Islande a suscité beaucoup d’espoirs et réveillé les imaginations, de façon inversement proportionnelle à la taille de ce petit pays. Les rumeurs les plus folles ont circulé, allant jusqu’à parler de " Révolution ". Certains mouvements sociaux citant en exemple ce peuple de 320 000 habitants avec des informations pas toujours justes.
Qu’en est-il exactement ? Regardons-y de plus près.
Le gouvernement d’Islande aurait réussi à renégocier sa dette ?
Il y a confusion entre la dette publique de l’Islande et l’affaire dite Icesave.
Au moment de la crise, la dette publique représentait 20% du PNB, mais la situation a été beaucoup médiatisée à travers l’effondrement des trois principales banques privées islandaises dont les obligations financières s’élevaient à 10 fois le PIB du pays, et surtout par le différend Icesave.
Rappelons que les gouvernements britannique et hollandais, qui ont dédommagé leurs détenteurs de comptes (400 000) dans les banques islandaises, ont demandé ensuite le remboursement à l’Islande. D’où ces fameux accords Icesave qui ont été votés par le parlement.
La renégociation "favorable" dont parlent certains articles fait allusion au 2ème accord qui était plus étalé dans le temps et avec un taux moindre. Ces accords ont été rejetés à chaque fois par référendum. C’est le peuple qui a refusé d’assumer une dette privée.
Ces négociations Icesave sont indépendantes du reste de la dette publique déjà existante.
Dès son arrivée comme premier ministre, en 1991, Mr Oddsson lançait une grande campagne de privatisation (pêche, produits pharmaceutiques, assurances, banques...) et de dérégulation du marché du travail. Les banques ont été vendues à bas prix à des membres du groupe dominant qui mène le pays et dont Oddsson fait partie.
L’Islande, fortement endettée de façon chronique, a vu, à partir de 2003, date de l’achèvement de la privatisation des banques, sa dette publique monter rapidement. Le gouvernement, voulant attirer les investisseurs, avait réformé et allégé de façon importante la fiscalité sur les sociétés, ayant pour conséquence de grossir les déficits.
En 2006, première alerte, Fitch dégrade la dette publique islandaise.
Le déficit extérieur atteint 16,5% du PIB – l’un des niveaux les plus élevés du monde. La monnaie locale, la couronne, commence à glisser, les taux d’intérêt étaient relevés.
C’est d’ailleurs suite à ce qui a été appelé la " mini-crise " que les agences de notation ont insisté pour que les banques diversifient leurs bases de financement et élargissent leurs activités à l’étranger, d’où l’ouverture des comptes Icesave dans plusieurs pays d’Europe, notamment au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
La crise venue, le gouvernement accepte " l’aide " du FMI, accouru en sauveur avec un prêt de 2,1 milliards de dollars sur deux ans, accompagné de mesures drastiques d’austérité.
Le Fonds ayant estimé les besoins à 4 milliards d’euros, d’autres pays (Norvège, Suède, Finlande, Danemark, îles Féroé, Pologne) acceptent des prêts complémentaires.
Ces prêts n’ont jamais été remis en question par les gouvernements successifs, droite puis gauche, et les conditionnalités habituelles ont été appliquées à la lettre. Le FMI a même félicité l’Islande lors du déblocage de la sixième tranche, pour sa bonne application du programme des réformes.
"Tous les objectifs du programme ont été atteints", déclare le ministre des Finances, Steingrimur Sigfusson, lors d’une conférence de presse.
Depuis, l’Islande a pu à nouveau emprunter, début juin 2011, sur les marchés pour rembourser sa dette.
Car, bien sûr, tous ces prêts devront être remboursés, celui du FMI le sera entre 2012 et 2015.
Et ceci indépendamment de l’affaire Icesave.
Où en est l’affaire Icesave ?
Le parlement islandais a négocié et ratifié, par deux fois, des accords de remboursement avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, mais le Président de la République, M. Grimsson, s’y est opposé, appliquant l’article 26 de la constitution, soumettant à chaque fois la décision à un référendum.
Les Islandais ont rejeté, en mars 2010 et avril 2011, le remboursement par les fonds publics islandais des 3,9 milliards d’euros avancés par Londres et La Haye à leurs épargnants.
Lors de la crise, le gouvernement islandais a seulement garanti les dépôts des déposants résidents en Islande qui ont été repris par la New Landsbanki.
Le président de l’Autorité de surveillance de l’AELE |1| expliquait : "l’Islande doit se conformer aux obligations qu’elle a contractées au titre de l’accord EEE |2|. Elle doit assurer l’indemnisation de tous les déposants dans les conditions prescrites par la directive de garantie des dépôts et sans discrimination", ajoutant que l’Islande est tenue de payer l’assurance-dépôts garantie jusqu’à 20 000 euros pour chaque déposant Icesave. L’Islande conteste ce point de vue.
En juin 2011, l’ESA |3| a donné jusqu’au 10 septembre 2011 pour que l’Islande paye le Royaume-Uni et les Pays-Bas, faute de quoi elle s’exposait à des poursuites judiciaires.
Le gouvernement assurait que la liquidation des avoirs d’Icesave suffirait largement à rembourser. En aout 2011 Landsbanki a annoncé avoir récupéré des fonds suffisants pour couvrir " toutes les réclamations prioritaires", avec un excédent de 80 millions d’euros. Ce qui confirme la position de l’Islande qui annonce que le remboursement devrait commencer d’ici à la fin de l’année.
À la demande du Ministre des Affaires économiques, Árni Árnason Páll, l’ESA a accordé à l’Islande une prolongation jusqu’à la fin septembre pour présenter son cas, mais insiste sur le fait que les autorités islandaises doivent payer l’assurance dépôt minimum de 20 000 euros environ, par déposant. Une fois que le remboursement sera effectué, le procès pourra être abandonné.
À ce jour, l’Islande attend la décision de l’ESA quant à la suite qui sera donnée.
Le 4 septembre 2011, lors d’une interview à la radio-télévision publique RUV, le Président islandais a demandé, s’adressant à l’Union européenne : "Comment des États membres ont-ils pu accepter les absurdes demandes britanniques et hollandaises ? […] Cela mérite une enquête".
Les Pays-Bas et surtout le Royaume-Uni ont fait pression sur le FMI et l’Union européenne pour intimider l’Islande et la pousser vers l’acception des accords. Le gouvernement britannique est même allé jusqu’à mettre, durant une période, l’Islande sur la liste des pays terroristes et bloquer les avoirs.
Le Ministre de l’économie, Arnason Arni, a déclaré récemment que le gouvernement envisage de demander des dédommagements à la Grande-Bretagne pour cette mesure.
En plus d’avoir créé un profond ressentiment chez les Islandais, cette décision a aussi entrainé des dommages économiques pour le pays et les entreprises. Le ministère des Finances estime ces dommages jusqu’à 56.000.000 d’euros.
L’Islande aurait laissé tomber les banques ?
Après le plan de privatisations du premier ministre D. Oddsson, les trois principales banques privatisées en 2003 étaient Kaupthing, Landsbanki (d’où sortira Icesave) et Glitnir.
Juste avant la crise, le 29 septembre 2008, Glitnir demande l’aide de la Banque centrale, dirigée depuis 2004 par le même M. Oddsson, qui décide d’acheter 75% des actions pour 600 millions d’euros (plus de 6% du PIB du pays. Ceci fut une surprise pour la population.
Avant le crash, la Banque centrale avait aussi prêté beaucoup d’argent aux banques commerciales en difficultés au point de se retrouver elle-même au bord de la faillite. Elle a été recapitalisée avec l’argent des contribuables.
Le 6 octobre 2008 les banques s’effondrent. Le Gouvernement décide alors de garantir tous les dépôts des ressortissants islandais dans les banques, sans limite, avantageant ainsi les déposants les plus riches. Il refuse cependant de garantir les déposants non résidants.
"L’Islande est au bord de la banqueroute", annonçait Geir Haarde, le premier ministre islandais, décrétant les lois d’urgences permettant à l’État de prendre le contrôle des banques en difficulté.
Le 9 octobre 2008, la branche domestique islandaise de Landsbanki est divisée et renommée en New Landsbanki Íslands hf. Le 27 octobre 2008, l’Etat décrète l’incapacité de rembourser les dépôts pour les parties restantes de la banque Landsbanki.
Le gouvernement islandais a transféré les dépôts et prêts intérieurs, dans de nouvelles banques, pour quelques 1,370 milliard €, toujours aux frais des contribuables.
L’État a également prêté 500 millions € à Kaupthing, la plus grande banque d’Islande.
En février 2009 le gouvernement nationalisait les dernières tranches des 3 banques, mais de façon provisoire.
Dès juillet 2009, l’État islandais annonce qu’il va recapitaliser, avec 1,5 milliard d’euros, les trois principales banques islandaises nationalisées.
Les banques seront rendues à des actionnaires privés et changeront de noms. Kaupthing devient Arion et Glitnir reprend son ancien nom Islandbanki.
L’État gardera la partie domestique de Landsbanki et la partie étrangère sera reprivatisée.
Dès le début de la crise, le FMI a insisté sur la recapitalisation du secteur bancaire.
Flanagan, le chef de mission du FMI, notait qu’environ 20% du PIB serait nécessaire pour recapitaliser les pertes de liquidités de la Banque centrale (à ajouter à la dette publique).
Les banques soit-disant " laissées " par l’État se sont plutôt bien remises.
Le 10 mars 2011, le Premier ministre islandais, Johanna Sigurdardottir, déclarait : "il n’y a pas de justification morale au salaire excessif que les hauts dirigeants de Arion bank et Islandbanki ont perçu l’année dernière", "leur conduite est une provocation intolérable et une menace directe à la paix et à la stabilité de la société", "il est inacceptable que les hauts dirigeants des banques et des compagnies se répartissent des millions, alors que la population se bat pour venir à bout des conséquences de l’effondrement bancaire".
Le 6 septembre 2011, Arion banki annonçait 63,5 millions d’euros de profits pour le premier semestre. Une semaine plus tard, cette même banque licienciait, " avec regret ", 57 employés.
Notes
|1| L’Association européenne de libre-échange AELE, en anglais : European Free Trade Association EFTA, est une association visant à établir une zone de libre-échange en Europe. Actuellement les membres sont l’Islande, la Norvège, le Liechtenstein et la Suisse. http://www.efta.int/
|2| L’Espace économique européen (EEE) est une union économique rassemblant trente États européens : les vingt-sept États membres de l’Union européenne (UE) et trois des quatre États membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE)
|3| Autorité de surveillance de l’AELE, en anglais :EFTA Surveillance Authority http://www.eftasurv.int/
Constitution islandaise : l’e-révolution qui beugue ? (1)
vivre-en-islande.blogspot.com - mardi 11 octobre 2011
Copyright Stjórnlagaráð |
Indépendance et souveraineté nationale, moralité et intégrité politique, respect des droits de l’homme, préservation des ressources naturelles, paix et coopération internationale... Il y a quelques semaines, abordant les grands enjeux nationaux, le conseil constitutionnel (Stjórnlagaráð) a remis ses 9 chapitres de recommandations au Parlement (Althing). Celui-ci devrait les examiner dans le courant du mois. Probablement soumis à un référendum populaire (c’est en tout cas le souhait des membres de la commission), les 114 articles rédigés remplaceront peut-être les 79 articles de l’actuelle Constitution, octroyée par le Danemark en 1874 et très légèrement modifiée lors de l’indépendance de l’île en 1944.
Copyright Stjórnlagaráð |
Les 25 membres de l’Assemblée sont élus en novembre 2010. En raison du très court laps de temps concédé aux candidats (3 semaines) pour faire campagne, le démarrage est timide. Mais la ferveur populaire ne va-t-elle pas bientôt se manifester lorsqu’il s’agira de suivre l’avancement des travaux de l’assemblée sur la Toile ? De nombreux médias n’ont-ils pas évoqué une démocratie participative exploitant le net plus ultra de la modernité virtuelle pour favoriser l’expression populaire ? Les serveurs informatiques des Facebook, Twitter, Youtube et autre Flickr parviendront-ils à accueillir les vagues incessantes de commentaires et de propositions que ne vont pas manquer d’adresser des dizaines de milliers d’islandais enthousiastes attendant fébrilement que les 25 « sages » exploitent leurs souhaits de changer leur île, avant peut-être de révolutionner le monde ?
« Un processus inédit qui pourrait préfigurer la démocratie de demain »
(Télérama - 23/06/11)
« 25 citoyens ordinaires élus pour rédiger une nouvelle constitution »
(cyberpresse.ca - 30/11/10)
« L’Islande fait sa révolution : élection d’une constituante. Scoop ! »
(politique-actu.com)
« Révolution citoyenne en Islande »
(LePoint.fr - 4/10/11)
Un « événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août 1789 »
(parisseveille.info / décembre 2010)
...
Thorvaldur Gylfason |
« Nous avons obtenu un consensus et approuvé le projet constitutionnel à l’unanimité. Un exploit rare quelles que soient les circonstances, oui, mais particulièrement en raison de la nature des réformes constitutionnelles que nous proposons et qui sont radicales à de nombreux égards » écrit Thorvaldur Gylfason, dans un message adressé spontanément à une vingtaine de journalistes. « Notre projet met l’accent sur la nécessité de trouver des moyens de contrôle et d’équilibre entre les trois branches de notre système de gouvernement, mais aussi entre les concepts de pouvoir et de responsabilité. Il insiste sur les notions de transparence, d’équité, de protection de l’environnement et d’exploitation efficace et équitable de nos ressources naturelles. Il vise à éradiquer la corruption et le secret (etc) ».
Ragnhildur Helgadóttir |
Les islandais se sont montrés bien plus indifférents à ce scrutin que ce que plusieurs médias ont voulu nous faire croire. Soit. Les 25 élus étaient-ils au moins les dignes représentants du peuple ? Postiers, maçons, fermiers, chômeurs, cuisiniers, vendeurs... Ces « citoyens ordinaires » ont-il été au moins conviés au grand banquet du pouvoir afin de peaufiner un nouveau menu tendant vers une société plus appétente ?
Guðmundur Guðlaugsson |
« Comparée à ceux qui étaient connus du grand public en raison de leurs activités, la majorité des candidats à l’élection était des néophytes totalement inconnus » confirme Guðmundur Guðlaugsson qui s’était lui aussi présenté. « En raison du court laps de temps qui leur a été laissé pour faire campagne, ils n’avaient aucune chance de faire connaître leur programme » ajoute cet ancien Maire.
Autant dire que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour favoriser ce « processus populaire de refondation républicaine » décrit par les plus optimistes.
Dépense dispendieuse et inutile pour certains au regard de la situation économique du pays, manque de confiance pour d’autres (quant aux bénéfices tangibles de la révision, dans la réelle volonté des parlementaires de changer le « système »)... De nombreuses hypothèses ont été émises pour expliquer cette désaffection massive. Les plus crédibles tiennent sans doute à plusieurs paramètres, qui, corrélés, auront freiné l’émergence des « candidat-citoyens » et émoussé l’implication des islandais : plus de 520 prétendants en lice ; une médiatisation des postulants réduite à peau de chagrin et dont se sont plaints certains candidats ; un système de scrutin certes équitable mais complexe et inédit en Islande (4) ; trois semaines pour permettre aux électeurs de faire leur choix avant de voter ; et ultime raison non moins importante : le lobbying efficace de ceux qui n’avaient pas vraiment intérêt à voir certains changements être mis en place.
(A suivre)
(1) Devenu Conseil constitutionnel février suite à l’annulation de la Cour Suprême pour quelques vices de forme susceptibles de nuire à la confidentialité du scrutin
(2) http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la http://www.parisseveille.info/quand-l-islande-reinvente-la,2643.html
(3) Icesave : du nom de cette filiale défunte de Landsbanki qui a englouti quelques milliards d’euros réclamés aujourd’hui par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
(4) Assimilé à un mode de représentation proportionnelle qui offre une meilleure équité qu’un suffrage majoritaire à deux tours, le « vote unique transférable » est utilisé dans moins d’une dizaine de pays à travers le monde (Irlande, le Canada, l’Australie, etc.).
Constitution islandaise : l’e-révolution qui beugue ? (2)
vivre-en-islande.blogspot.com - mercredi 12 octobre 2011
(...)
La volonté politique existait-elle ?
Réelle volonté ou non, les modalités pratiques de mise en place du dispositif constituant paraissent aujourd’hui d’autant plus discutables que les résultats obtenus ont tranché singulièrement avec les objectifs fixés et les superlatifs employés pour qualifier cette prétendue « e-révolution ».
Ólöf Pétursdóttir |
Les avis selon lesquels le Parti de l’Indépendance (Sjálfstæðisflokkur) se serait efforcé de décrédibiliser ce scrutin ne relève pourtant pas que d’un mauvais scénario de politique-fiction. Bien au contraire. « Le Sjálfstæðisflokkur a fait tout son possible pour discréditer l’élection et empêcher les débats » explique Ólöf Pétursdóttir. « Les gens qui ont été choisis sont à priori fiables mais on leur met, ainsi qu’au gouvernement de Sainte Johanna, des bâtons dans les roues - il faut absolument créer un précédent - fonder une nouvelle constitution » poursuit cette traductrice Islandaise installée en Bretagne.
Kjartan Jónsson |
Enfin, avec l’article 67, qui stipule que le recours au référendum ne pourra être envisagé lorsqu’il est question du budget de l’Etat, des taxes... Et des affaires internationales, les « constituants » ont de fait exclu du champs de la décision populaire les sujets qui pouvaient freiner l’exercice du pouvoir ou ralentir les circuits de décision. Autrement dit, si cette constitution avait vu le jour il y a deux ans, les deux référendum Icesave n’auraient jamais été mis en place. Et les islandais n’auraient jamais pu manifester leur opposition aux modalités de remboursement de la dette due à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. S’agissant de l’adhésion de l’Islande à l’UE, sujet ô combien polémique ici, l’article en question permettrait-il une consultation populaire ? La question pourrait bien se poser aussi.
(5) David Oddsson a été l’un des artisans de la libéralisation du système financier Islandais ; désigné Premier Ministre à plusieurs reprises, Gouverneur de la Banque Centrale d’Islande, il a été accusé en avril 2010 « d’extrême négligence » dans le rapport d’enquête publié par le SIC suite à l’effondrement du système financier Islandais. Depuis septembre 2009, il est rédacteur en chef du quotidien Morgunblaðið.
(6) Mis en place au début des années 90 les Quotas Individuels Transférables (QIT) sont devenus de véritables « produits financiers » détenus par quelques gros armateurs et pêcheries qui « louent » et vendent leurs quotas dans une optique spéculative.
Chaleureux remerciements à Ólöf Pétursdóttir, Kjartan Jónsson, Ragnhildur Helgadóttir, Ragnar F. Ólafsson, Guðmundur Guðlaugsson, Ester Auður Elíasdóttir, Eva Leplat Sigurðsson et Berglind Margo Tryggvason Þorvaldsdóttir pour leurs explications et leurs commentaires, sans lesquels cette enquête n’aurait bien évidemment jamais vu le jour.
Une version gnome de cet article a été publiée sur Owni.fr.
Voir en ligne : Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande : la finance
Messages
1. Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande - 2 ou 3 truks, 4 novembre 2011, 16:35, par Bertrand Téchené
Bonjour à tous,
Tout d’abord permettez-moi de vous féliciter pour cette analyse extrêmement détaillée de la situation. Le tout bien fagoté grâce a ce style plein d’ironie et de condescendance... alors que je m’attendais à un article tendant vers cette objectivité si chère au métier de journaliste, je me retrouve avec une succession de formules sarcastiques toutes aussi faciles les unes que les autres.
Comme il est déconcertant de voir le bucheron scier la branche sur laquelle il est assis. Pourquoi évoquez-vous la faiblesse des mots alors que c’est avec des mots que vous le faites ? Est-ce parce que seuls les mots qui vont dans le sens de vos idées ont la force de leur signification. Je pense qu’il est grand temps de changer de métier dans ce cas.
Je ne vais pas revenir sur tous les arguments très bien rodés et répétés à volonté par tous les détracteurs de la révolution islandaise. Je voudrais simplement faire une remarque concernant le taux de participation à l’élection de l’assemblée constituante pour lequel vous vous empressez de faire une comparaison avec la population d’une petite ville de banlieue. Il est vrai que l’Islande ne compte que 320.000 habitants. La France n’est pas la pays le plus peuplé au monde et nous ne pourrions pas imaginer qu’un journaliste chinois décrédibilise un de nos suffrage présidentiel ou législatif sous prétexte que la participation aussi faible soit elle ne représenterait qu’une fraction de la population d’une ville de la banlieue de Shanghai. Soyons sérieux.
Un dernier mot et je m’adresse à ceux qui ont foi dans ce que l’Islande et d’autres pays comme la Bolivie nous enseigne. En tant que témoin de ces changements démocratiques importants qu’a connu l’Islande ces dernières années je pense qu’il est important de reconnaître la caractère unique et fondateur de ces événements. A-t-on demandé aux frères Wrights de faire des loopings avec leur coucou en toile de jute lors de leur premier vol ? Par contre ils ont amorcé cette révolution et inspiré tant de gens qui sont venus apporter leur contribution constructive pour qu’aujourd’hui cela fasse parti de notre quotidien.
La majorité d’entre nous aspire à plus de transparence car nous sommes autant que les islandais victime de cette crise financière créée de toute pièce par des professionnels de la fraude et tout ceci dans l’impunité la plus totale.
L’exemple islandais bientôt suivi par l’exemple grec devrait nous inspirer pour qu’à notre tour nous disions un ferme et retentissant NON à ces terribles injustices.
Bonne journée
Bertrand Téchené