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Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande - 2 ou 3 truks

Yvette Krolikowski, Mike Krolikowski | cadtm.org & vivre-en-islande.blogspot.com | 11, 12 et 13 octobre 2011

samedi 15 octobre 2011

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Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande : la finance

Yvette Krolikowski, Mike Krolikowski - cadtm.org - jeudi 13 octobre 2011

Le samedi 1er octobre 2011, les membres du Parlement islandais ouvraient leur nouvelle session parlementaire. Ils furent accueillis par environ 2000 manifestants en colère, tapant sur les barrières, casseroles et poêles, certains jetant même des oeufs sur les élus.
Les organisateurs de la manifestation ont remis au gouvernement une pétition de 34 000 signatures demandant l’allègement des dettes pour les ménages et plus de rigueur envers les banquiers, responsables de la crise, et qui continuent d’engranger des salaires prodigieux.
Les Islandais n’ont plus confiance dans le gouvernement. Beaucoup, ne pouvant plus rembourser leurs crédits, sont en train de perdre leurs maisons.
Le chômage a "baissé " à 7,2% en mai dernier mais cela est sans compter le nombre d’Islandais qui ont quitté le pays. Beaucoup de jeunes sont partis pour la Norvège, dont certains pour y joindre l’armée.

Depuis la crise en 2008, l’Islande a suscité beaucoup d’espoirs et réveillé les imaginations, de façon inversement proportionnelle à la taille de ce petit pays. Les rumeurs les plus folles ont circulé, allant jusqu’à parler de " Révolution ". Certains mouvements sociaux citant en exemple ce peuple de 320 000 habitants avec des informations pas toujours justes.
Qu’en est-il exactement ? Regardons-y de plus près.

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Le gouvernement d’Islande aurait réussi à renégocier sa dette ?

Il y a confusion entre la dette publique de l’Islande et l’affaire dite Icesave.

Au moment de la crise, la dette publique représentait 20% du PNB, mais la situation a été beaucoup médiatisée à travers l’effondrement des trois principales banques privées islandaises dont les obligations financières s’élevaient à 10 fois le PIB du pays, et surtout par le différend Icesave.
Rappelons que les gouvernements britannique et hollandais, qui ont dédommagé leurs détenteurs de comptes (400 000) dans les banques islandaises, ont demandé ensuite le remboursement à l’Islande. D’où ces fameux accords Icesave qui ont été votés par le parlement.
La renégociation "favorable" dont parlent certains articles fait allusion au 2ème accord qui était plus étalé dans le temps et avec un taux moindre. Ces accords ont été rejetés à chaque fois par référendum. C’est le peuple qui a refusé d’assumer une dette privée.
Ces négociations Icesave sont indépendantes du reste de la dette publique déjà existante.

Dès son arrivée comme premier ministre, en 1991, Mr Oddsson lançait une grande campagne de privatisation (pêche, produits pharmaceutiques, assurances, banques...) et de dérégulation du marché du travail. Les banques ont été vendues à bas prix à des membres du groupe dominant qui mène le pays et dont Oddsson fait partie.

L’Islande, fortement endettée de façon chronique, a vu, à partir de 2003, date de l’achèvement de la privatisation des banques, sa dette publique monter rapidement. Le gouvernement, voulant attirer les investisseurs, avait réformé et allégé de façon importante la fiscalité sur les sociétés, ayant pour conséquence de grossir les déficits.

En 2006, première alerte, Fitch dégrade la dette publique islandaise.
Le déficit extérieur atteint 16,5% du PIB – l’un des niveaux les plus élevés du monde. La monnaie locale, la couronne, commence à glisser, les taux d’intérêt étaient relevés.
C’est d’ailleurs suite à ce qui a été appelé la " mini-crise " que les agences de notation ont insisté pour que les banques diversifient leurs bases de financement et élargissent leurs activités à l’étranger, d’où l’ouverture des comptes Icesave dans plusieurs pays d’Europe, notamment au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

La crise venue, le gouvernement accepte " l’aide " du FMI, accouru en sauveur avec un prêt de 2,1 milliards de dollars sur deux ans, accompagné de mesures drastiques d’austérité.
Le Fonds ayant estimé les besoins à 4 milliards d’euros, d’autres pays (Norvège, Suède, Finlande, Danemark, îles Féroé, Pologne) acceptent des prêts complémentaires.

Ces prêts n’ont jamais été remis en question par les gouvernements successifs, droite puis gauche, et les conditionnalités habituelles ont été appliquées à la lettre. Le FMI a même félicité l’Islande lors du déblocage de la sixième tranche, pour sa bonne application du programme des réformes.
"Tous les objectifs du programme ont été atteints", déclare le ministre des Finances, Steingrimur Sigfusson, lors d’une conférence de presse.

Depuis, l’Islande a pu à nouveau emprunter, début juin 2011, sur les marchés pour rembourser sa dette.
Car, bien sûr, tous ces prêts devront être remboursés, celui du FMI le sera entre 2012 et 2015.
Et ceci indépendamment de l’affaire Icesave.

Où en est l’affaire Icesave ?

Le parlement islandais a négocié et ratifié, par deux fois, des accords de remboursement avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, mais le Président de la République, M. Grimsson, s’y est opposé, appliquant l’article 26 de la constitution, soumettant à chaque fois la décision à un référendum.
Les Islandais ont rejeté, en mars 2010 et avril 2011, le remboursement par les fonds publics islandais des 3,9 milliards d’euros avancés par Londres et La Haye à leurs épargnants.

Lors de la crise, le gouvernement islandais a seulement garanti les dépôts des déposants résidents en Islande qui ont été repris par la New Landsbanki.
Le président de l’Autorité de surveillance de l’AELE |1| expliquait : "l’Islande doit se conformer aux obligations qu’elle a contractées au titre de l’accord EEE |2|. Elle doit assurer l’indemnisation de tous les déposants dans les conditions prescrites par la directive de garantie des dépôts et sans discrimination", ajoutant que l’Islande est tenue de payer l’assurance-dépôts garantie jusqu’à 20 000 euros pour chaque déposant Icesave. L’Islande conteste ce point de vue.

En juin 2011, l’ESA |3| a donné jusqu’au 10 septembre 2011 pour que l’Islande paye le Royaume-Uni et les Pays-Bas, faute de quoi elle s’exposait à des poursuites judiciaires.
Le gouvernement assurait que la liquidation des avoirs d’Icesave suffirait largement à rembourser. En aout 2011 Landsbanki a annoncé avoir récupéré des fonds suffisants pour couvrir " toutes les réclamations prioritaires", avec un excédent de 80 millions d’euros. Ce qui confirme la position de l’Islande qui annonce que le remboursement devrait commencer d’ici à la fin de l’année.

À la demande du Ministre des Affaires économiques, Árni Árnason Páll, l’ESA a accordé à l’Islande une prolongation jusqu’à la fin septembre pour présenter son cas, mais insiste sur le fait que les autorités islandaises doivent payer l’assurance dépôt minimum de 20 000 euros environ, par déposant. Une fois que le remboursement sera effectué, le procès pourra être abandonné.

À ce jour, l’Islande attend la décision de l’ESA quant à la suite qui sera donnée.

Le 4 septembre 2011, lors d’une interview à la radio-télévision publique RUV, le Président islandais a demandé, s’adressant à l’Union européenne : "Comment des États membres ont-ils pu accepter les absurdes demandes britanniques et hollandaises ? […] Cela mérite une enquête".
Les Pays-Bas et surtout le Royaume-Uni ont fait pression sur le FMI et l’Union européenne pour intimider l’Islande et la pousser vers l’acception des accords. Le gouvernement britannique est même allé jusqu’à mettre, durant une période, l’Islande sur la liste des pays terroristes et bloquer les avoirs.
Le Ministre de l’économie, Arnason Arni, a déclaré récemment que le gouvernement envisage de demander des dédommagements à la Grande-Bretagne pour cette mesure.
En plus d’avoir créé un profond ressentiment chez les Islandais, cette décision a aussi entrainé des dommages économiques pour le pays et les entreprises. Le ministère des Finances estime ces dommages jusqu’à 56.000.000 d’euros.

L’Islande aurait laissé tomber les banques ?

Après le plan de privatisations du premier ministre D. Oddsson, les trois principales banques privatisées en 2003 étaient Kaupthing, Landsbanki (d’où sortira Icesave) et Glitnir.

Juste avant la crise, le 29 septembre 2008, Glitnir demande l’aide de la Banque centrale, dirigée depuis 2004 par le même M. Oddsson, qui décide d’acheter 75% des actions pour 600 millions d’euros (plus de 6% du PIB du pays. Ceci fut une surprise pour la population.

Avant le crash, la Banque centrale avait aussi prêté beaucoup d’argent aux banques commerciales en difficultés au point de se retrouver elle-même au bord de la faillite. Elle a été recapitalisée avec l’argent des contribuables.

Le 6 octobre 2008 les banques s’effondrent. Le Gouvernement décide alors de garantir tous les dépôts des ressortissants islandais dans les banques, sans limite, avantageant ainsi les déposants les plus riches. Il refuse cependant de garantir les déposants non résidants.

"L’Islande est au bord de la banqueroute", annonçait Geir Haarde, le premier ministre islandais, décrétant les lois d’urgences permettant à l’État de prendre le contrôle des banques en difficulté.

Le 9 octobre 2008, la branche domestique islandaise de Landsbanki est divisée et renommée en New Landsbanki Íslands hf. Le 27 octobre 2008, l’Etat décrète l’incapacité de rembourser les dépôts pour les parties restantes de la banque Landsbanki.

Le gouvernement islandais a transféré les dépôts et prêts intérieurs, dans de nouvelles banques, pour quelques 1,370 milliard €, toujours aux frais des contribuables.
L’État a également prêté 500 millions € à Kaupthing, la plus grande banque d’Islande.
En février 2009 le gouvernement nationalisait les dernières tranches des 3 banques, mais de façon provisoire.

Dès juillet 2009, l’État islandais annonce qu’il va recapitaliser, avec 1,5 milliard d’euros, les trois principales banques islandaises nationalisées.
Les banques seront rendues à des actionnaires privés et changeront de noms. Kaupthing devient Arion et Glitnir reprend son ancien nom Islandbanki.
L’État gardera la partie domestique de Landsbanki et la partie étrangère sera reprivatisée.

Dès le début de la crise, le FMI a insisté sur la recapitalisation du secteur bancaire.
Flanagan, le chef de mission du FMI, notait qu’environ 20% du PIB serait nécessaire pour recapitaliser les pertes de liquidités de la Banque centrale (à ajouter à la dette publique).

Les banques soit-disant " laissées " par l’État se sont plutôt bien remises.

Le 10 mars 2011, le Premier ministre islandais, Johanna Sigurdardottir, déclarait : "il n’y a pas de justification morale au salaire excessif que les hauts dirigeants de Arion bank et Islandbanki ont perçu l’année dernière", "leur conduite est une provocation intolérable et une menace directe à la paix et à la stabilité de la société", "il est inacceptable que les hauts dirigeants des banques et des compagnies se répartissent des millions, alors que la population se bat pour venir à bout des conséquences de l’effondrement bancaire".

Le 6 septembre 2011, Arion banki annonçait 63,5 millions d’euros de profits pour le premier semestre. Une semaine plus tard, cette même banque licienciait, " avec regret ", 57 employés.


Notes

|1| L’Association européenne de libre-échange AELE, en anglais : European Free Trade Association  EFTA, est une association visant à établir une zone de libre-échange en Europe. Actuellement les membres sont l’Islande, la Norvège, le Liechtenstein et la Suisse. http://www.efta.int/

|2| L’Espace économique européen (EEE) est une union économique rassemblant trente États européens : les vingt-sept États membres de l’Union européenne (UE) et trois des quatre États membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE)

|3| Autorité de surveillance de l’AELE, en anglais :EFTA Surveillance Authority http://www.eftasurv.int/


Constitution islandaise : l’e-révolution qui beugue ? (1)

vivre-en-islande.blogspot.com - mardi 11 octobre 2011

Les mots ont-ils le pouvoir que certains entendent leur prêter ? J’en doute. Les mots sont faibles. Comme nous. Les palabres euphoriques, les dithyrambes enflammées, les discours indignés n’ont jamais émoussé la vilenie des Hommes, freiné leurs désirs de puissance, pas plus qu’ils n’ont ébranlé leur complaisante médiocrité. Tout au plus les mots ont-ils satisfait les crâneuses velléités de gloire éphémère de ceux qui les manient et donné l’occasion à ceux qui les lisent d’afficher fièrement des postures révoltées. 
Mais ont-ils changé la triste farce du monde ? 
En revanche, maniés avec talent, les mots peuvent donner l’illusion d’une réalité. Exploités par des experts, ils sont le moyen de faire prendre les vessies d’une démocratie qui se cherche pour les lanternes d’un processus révolutionnaire sans précédent. Présentée par certains médias et la blogosphère « engagée » comme une « révolution démocratique » qui devait permettre au peuple Islandais de changer un Etat corrompu et une société malmenée par la crise, soutenue à grand renfort de réseaux sociaux, inscrite dans un processus visant à impliquer le « citoyen moyen »... La révision constitutionnelle entamée sur l’île aux volcans a-t-elle été à la hauteur des superlatifs employés pour la qualifier ?

Copyright Stjórnlagaráð

Indépendance et souveraineté nationale, moralité et intégrité politique, respect des droits de l’homme, préservation des ressources naturelles, paix et coopération internationale... Il y a quelques semaines, abordant les grands enjeux nationaux, le conseil constitutionnel (Stjórnlagaráð) a remis ses 9 chapitres de recommandations au Parlement (Althing). Celui-ci devrait les examiner dans le courant du mois. Probablement soumis à un référendum populaire (c’est en tout cas le souhait des membres de la commission), les 114 articles rédigés remplaceront peut-être les 79 articles de l’actuelle Constitution, octroyée par le Danemark en 1874 et très légèrement modifiée lors de l’indépendance de l’île en 1944.


Les premières consultations publiques organisées par le gouvernement de Jóhanna Sigurðardóttir prennent place en 2009, sous l’impulsion de collectifs populaires indépendants du pouvoir qui souhaitent créer les conditions d’une société plus juste et plus probe. Les modalités de désignation des candidats à l’Assemblée Constituante issues de ces premières tables rondes démarrent quant à elles l’année dernière. Contrairement à ce qui a été souvent écrit, cette révision constitutionnelle était prévue de fort longue date. Et si la crise financière de 2008 a bel et bien accéléré sa mise en place, son origine est moins directement le fait de « la rue », d’un ras-le-bol généralisé ou d’une quelconque « révolution des casseroles », que la conséquence d’une exigence politique ; celle d’un parti d’opposition (le Parti du Progrès) qui avait conditionné son soutien à la coalition Gauche-Verts de 2009 à ce changement de constitution.

Copyright Stjórnlagaráð

Les 25 membres de l’Assemblée sont élus en novembre 2010. En raison du très court laps de temps concédé aux candidats (3 semaines) pour faire campagne, le démarrage est timide. Mais la ferveur populaire ne va-t-elle pas bientôt se manifester lorsqu’il s’agira de suivre l’avancement des travaux de l’assemblée sur la Toile ? De nombreux médias n’ont-ils pas évoqué une démocratie participative exploitant le net plus ultra de la modernité virtuelle pour favoriser l’expression populaire ? Les serveurs informatiques des Facebook, Twitter, Youtube et autre Flickr parviendront-ils à accueillir les vagues incessantes de commentaires et de propositions que ne vont pas manquer d’adresser des dizaines de milliers d’islandais enthousiastes attendant fébrilement que les 25 « sages » exploitent leurs souhaits de changer leur île, avant peut-être de révolutionner le monde ?

« Un processus inédit qui pourrait préfigurer la démocratie de demain »
(Télérama - 23/06/11)
« 25 citoyens ordinaires élus pour rédiger une nouvelle constitution »
(cyberpresse.ca - 30/11/10)
« L’Islande fait sa révolution : élection d’une constituante. Scoop ! »
(politique-actu.com)
« Révolution citoyenne en Islande »

(LePoint.fr - 4/10/11)
Un « événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août 1789 »
(parisseveille.info / décembre 2010)

... 
Et en effet, depuis plusieurs mois, de nombreux médias rendent compte de ce projet de nouvelle constitution sous l’angle de l’événement planétaire, voire inter-stellaire, après un silence prolongé (voire définitif pour certains : le Figaro) qu’une blogosphère engagée a vertement dénoncée.

Le fait est qu’en théorie, la mise en place d’une Assemblée constituante (1) apparaît comme une solution apte à redonner au peuple un pouvoir démocratique dont s’est emparé l’exécutif. La démocratie « doit permettre l’expression des enjeux politiques et sociaux fondamentaux » écrivait André Bellon au sujet de la France dans Le Monde du 5 juillet dernier. Pour l’ex-président de la Commission des Affaires Etrangères de notre Assemblée Nationale « l’élection d’une Assemblée constituante » serait une « solution pacifique » susceptible de combler « le décalage entre électeurs et élus (...) devenu une source grave de tensions » dans l’hexagone et offrirait l’opportunité d’en « finir (...) avec des institutions de plus en plus hors-sol et (de) refonder la vie politique sur les enjeux de fond qui préoccupent les Français »

Thorvaldur Gylfason
Dans un mail que j’ai reçu début août, l’un des membres élus du Conseil constitutionnel Islandais se félicite lui aussi des résultats obtenus grâce au dispositif mis en place.
« Nous avons obtenu un consensus et approuvé le projet constitutionnel à l’unanimité. Un exploit rare quelles que soient les circonstances, oui, mais particulièrement en raison de la nature des réformes constitutionnelles que nous proposons et qui sont radicales à de nombreux égards » écrit Thorvaldur Gylfason, dans un message adressé spontanément à une vingtaine de journalistes. « Notre projet met l’accent sur la nécessité de trouver des moyens de contrôle et d’équilibre entre les trois branches de notre système de gouvernement, mais aussi entre les concepts de pouvoir et de responsabilité. Il insiste sur les notions de transparence, d’équité, de protection de l’environnement et d’exploitation efficace et équitable de nos ressources naturelles. Il vise à éradiquer la corruption et le secret (etc) ». 
Tout porte donc à penser qu’un tel système, parce qu’il tendrait à s’inscrire dans un processus démocratique qui privilégie le « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », pourrait modifier cet art de gouverner qui, selon Voltaire, consistait « à prendre le plus d’argent possible à une catégorie de citoyens afin de l’offrir à une autre ». 

Le processus mis en place en Islande et les résultats obtenus ont-ils été conformes à ce que nous a décrit un grand nombre de médias internationaux et à la hauteur des enjeux évoqués ? 

Une participation inférieure à 36%. 
Moins de quatre islandais sur 10 se sont déplacés pour élire les représentants de l’Assemblée Constituante. Jamais l’implication autochtone n’avait été aussi basse lors des scrutins passés, qui enregistrent en moyenne une participation de 90%. Peut-on raisonnablement assimiler ce désintérêt factuel à une « réinvention de la démocratie » (2) ? Et comment expliquer un tel tapage médiatique pour une élection qui a mobilisé l’équivalent de la population d’une ville de la taille d’Aulnay-sous-bois ? 
« Mais enfin ! Il s’agit d’une e-révolution participative ; c’est la démocratie de demain nom d’une source d’eau chaude ! » hurleront peut-être quelques anti-capitalistes extatiques lestés du discernement d’un troupeau de moutons confondant les retombées cendrées d’Eyjafjallajökull avec l’impressionnante brume automnale des Fjords de l’Est. 

Ragnhildur Helgadóttir
Pour Ragnhildur Helgadóttir, une si faible participation « pose des problèmes éthiques ». Cette professeur de Droit de l’Université de Reykjavik ajoute que la décision du Parlement de passer outre l’annulation de l’élection par la Cour Suprême en janvier dernier n’était pas non plus « idéale »  ; qu’il y ait eu ou non matière à polémiquer à propos des raisons invoquées par les neuf juges. « Ces individus ont été choisis par Althingi » et non par le peuple ; pour cette raison, le scrutin n’était pas démocratique explique l’enseignante, qui assume son formalisme. 

D’autres, en France, ont publié au sujet de cette annulation une analyse différente : « ces tenants de l’ordre établi avaient prétexté de certaines irrégularités dans le processus électoral, comme la hauteur de la cloison en carton qui séparait chaque isoloir, comme le fait que le bulletin ne pouvait être plié en deux, autant de détails qui ne pouvaient pas influer sur le résultat du scrutin. Il s’agit donc bien d’une tentative de déstabilisation du processus constituant venant des institutions objet des réformes » a-t-on pu lire sur le site du Parti de Gauche le 27 janvier dernier. 
La rigueur de la démonstration laisse pantois.

3600 commentaires et 370 suggestions. 
En l’espace d’environ 3 mois et tous réseaux confondus. Voilà la traduction chiffrée de cette effervescence constitutionnelle qui nous a été dépeinte. Ramenés à la population de l’île (318.000), ces 3600 commentaires témoignent d’un « réel engouement  » qui a largement dépassé... 1,1% ! Quant aux 370 propositions qui rendent compte de la participation active des islandais, elle représente plus de... 0,1%. Ne conviendrait-il pas d’évoquer une « révolution participative en perdition », comme le titrait Rue89 en février dernier ? 

Les islandais se sont montrés bien plus indifférents à ce scrutin que ce que plusieurs médias ont voulu nous faire croire. Soit. Les 25 élus étaient-ils au moins les dignes représentants du peuple ? Postiers, maçons, fermiers, chômeurs, cuisiniers, vendeurs... Ces « citoyens ordinaires » ont-il été au moins conviés au grand banquet du pouvoir afin de peaufiner un nouveau menu tendant vers une société plus appétente ? 


La plupart des 25 membres du Stjórnlagaráð sont des leaders d’opinion. 
Avocats, journalistes, professeurs et universitaires, dirigeants d’entreprise... l’assemblée élue compte une très grande majorité de personnalités dont la notoriété et les responsabilités publiques présentes ou passées sont avérées. Peut-on dès lors considérer ce comité comme représentatif de la population de l’île ? Et l’Islandais moyen n’étant pas né de la dernière éruption volcanique, fallait-il s’attendre à un plus grand intérêt de sa part en lui servant une assemblée aussi sélective ? 

Candidat ayant remporté le plus grand nombre de suffrages lors de l’élection, Thorvaldur Gylfason a par exemple un parcours riche d’expériences hétéroclites. Economiste au FMI, consultant pour la Banque centrale d’Islande (et même pressenti un temps pour la diriger), membre ou patron d’un certain nombre d’organisations et d’entreprises diverses et variées (parmi lesquelles un fonds d’investissement au début des années 90), partisan d’un prompt remboursement de la dette Icesave (3), contrairement à ce qu’une majorité d’Islandais a souhaitée lors de 2 référendums, on peine à ranger ce frère d’un ancien ministre et fils d’un autre, dans le camps des « simples citoyens  ».


Quelques rapides recherches rendent compte de l’implication politique, entreprenariale ou médiatique passée de la grande majorité des autres membres, présentés dans les médias comme de modestes étudiants, de simples professeurs, de discrets représentants de l’église, etc. 
Le « mathématicien » Thorkell Helgason a ainsi occupé plusieurs fonctions dans différents ministères ; l’autre « mathématicien » Pawel Bartoszek a été un chroniqueur régulier pour Fréttablaðið, candidat malheureux aux élections municipales de 2010 pour le Parti de l’Indépendance (formation conservatrice au pouvoir pendant près d’un demi-siècle) et il est aujourd’hui membre suppléant du Conseil pour les transports et l’environnement de la ville de Reykjavik ; le « médecin » Katrín Fjeldsted s’est dépensée sans compter pour de nombreuses institutions (au conseil municipal de la capitale Islandaise, comme patronne du Comité Permanent des Médecins Européens, au Parlement Islandais, aux Affaires étrangères...) ; etc. 

Mais la mise en scène d’une e-démocratie conduite par les notables et les élites de la nation aurait-elle eu un écho comparable ? Autant parier sur la légitimité d’une Révolution Française orchestrée par Louis XVI et ses ministres.

Guðmundur Guðlaugsson

« Comparée à ceux qui étaient connus du grand public en raison de leurs activités, la majorité des candidats à l’élection était des néophytes totalement inconnus » confirme Guðmundur Guðlaugsson qui s’était lui aussi présenté« En raison du court laps de temps qui leur a été laissé pour faire campagne, ils n’avaient aucune chance de faire connaître leur programme » ajoute cet ancien Maire.

Autant dire que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour favoriser ce « processus populaire de refondation républicaine  » décrit par les plus optimistes. 



Dépense dispendieuse et inutile pour certains au regard de la situation économique du pays, manque de confiance pour d’autres (quant aux bénéfices tangibles de la révision, dans la réelle volonté des parlementaires de changer le « système »)... De nombreuses hypothèses ont été émises pour expliquer cette désaffection massive. Les plus crédibles tiennent sans doute à plusieurs paramètres, qui, corrélés, auront freiné l’émergence des « candidat-citoyens » et émoussé l’implication des islandais : plus de 520 prétendants en lice ; une médiatisation des postulants réduite à peau de chagrin et dont se sont plaints certains candidats ; un système de scrutin certes équitable mais complexe et inédit en Islande (4) ; trois semaines pour permettre aux électeurs de faire leur choix avant de voter ; et ultime raison non moins importante : le lobbying efficace de ceux qui n’avaient pas vraiment intérêt à voir certains changements être mis en place.



(A suivre)

(1) Devenu Conseil constitutionnel février suite à l’annulation de la Cour Suprême pour quelques vices de forme susceptibles de nuire à la confidentialité du scrutin 
(2) http://www.cadtm.org/Quand-l-Islande-reinvente-la http://www.parisseveille.info/quand-l-islande-reinvente-la,2643.html
(3) Icesave : du nom de cette filiale défunte de Landsbanki qui a englouti quelques milliards d’euros réclamés aujourd’hui par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
(4) Assimilé à un mode de représentation proportionnelle qui offre une meilleure équité qu’un suffrage majoritaire à deux tours, le « vote unique transférable » est utilisé dans moins d’une dizaine de pays à travers le monde (Irlande, le Canada, l’Australie, etc.).

Constitution islandaise : l’e-révolution qui beugue ? (2)

vivre-en-islande.blogspot.com - mercredi 12 octobre 2011

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(...)

La volonté politique existait-elle ?

Y-a-t-il eu une véritable intention d’impliquer « l’islandais moyen » dans une modification structurelle de l’Etat engageant durablement l’avenir du pays ? Les instances dirigeantes de l’Islande pouvaient-elles totalement se désengager de cette révision de la constitution dans une période de grave crise économique et sociale et dans un contexte de forte défiance des pouvoirs politique, médiatique et financier ? Pouvaient-elles dans le même temps confier semblable mission à des citoyens passablement et à juste titre mécontents, n’étant pas des spécialistes des rouages et du fonctionnement juridiques de leurs institutions et présumés capables de confondre enjeux nationaux et desiderata personnels (certains ont entre autre suggéré la gratuité de la bière !) ?
Réelle volonté ou non, les modalités pratiques de mise en place du dispositif constituant paraissent aujourd’hui d’autant plus discutables que les résultats obtenus ont tranché singulièrement avec les objectifs fixés et les superlatifs employés pour qualifier cette prétendue « e-révolution ». 
De là à supposer que tout aurait été fait pour que l’émergence du citoyen-candidat lambda soit sinon impossible en tout cas aussi peu efficiente que possible... De là à penser que ce tardif mais impressionnant relais médiatique soit le fruit juteux d’une stratégie de relation publique mûrie en hauts lieux... De là à imaginer que certains auraient pu vouloir faire capoter cette révision constitutionnelle... Il y a un précipice de quelques centimètres que Sergueï Bubka franchirait sans sa perche.

Le Parti de l’Indépendance, ennemi désigné de la révision.
Ólöf Pétursdóttir

Les avis selon lesquels le Parti de l’Indépendance (Sjálfstæðisflokkur) se serait efforcé de décrédibiliser ce scrutin ne relève pourtant pas que d’un mauvais scénario de politique-fiction. Bien au contraire. « Le Sjálfstæðisflokkur a fait tout son possible pour discréditer l’élection et empêcher les débats » explique Ólöf Pétursdóttir. « Les gens qui ont été choisis sont à priori fiables mais on leur met, ainsi qu’au gouvernement de Sainte Johanna, des bâtons dans les roues - il faut absolument créer un précédent - fonder une nouvelle constitution » poursuit cette traductrice Islandaise installée en Bretagne.


Une opinion partagée par d’autres personnes interrogées, qui jugent que l’essentiel était d’avoir des gens compétents au sein du Comité de façon à maximiser les chances d’un changement effectif, rapide et profond de la société. « Le contenu (de la Constitution) on pourra le réviser plus tard » conclue Ólöf en souriant. 

Kjartan Jónsson
Pour Kjartan Jónsson, candidat à l’élection de l’Assemblée Constituante en novembre 2010, les membres du Parti de l’Indépendance « ont pris l’habitude d’être au pouvoir et entendent, à l’instar de l’ancien Premier Ministre David Oddsson (5), s’opposer à tout ce qui est proposé ou mis en place par l’actuel gouvernement de gauche ». Pour ce professeur d’Islandais, les hommes et les femmes de cette formation « ont des liens étroits avec ceux ayant des intérêts importants à préserver, comme les propriétaires des quotas de pêche » (6). A l’opposé, « des hommes comme Gylfason (membre élu de l’Assemblée NDLR) ont critiqué durant des années les processus qui ont conduit à la crise financière ainsi que l’organisation et la répartition du pouvoir en Islande ; ils ont su aussi aborder les changements que beaucoup voulaient voir mis en place » note Kjartan. 

Le système électoral choisi avait indéniablement des failles importantes que les adeptes des e-démocraties novatrices et autres scrutins participatifs révolutionnaires ont malencontreusement occultés. Et contrairement à ce que les mêmes ont affirmé, le « citoyen ordinaire » n’a pas été au coeur du processus développé ; les membres désignés font bel et bien partie des élites de la nation Islandaise. En revanche, pour les personnes sollicitées, la complexité et les défauts du scrutin n’auront été qu’un moindre mal si tant est que les réponses attendues figurent dans la nouvelle constitution. Quant aux 25 « constituants » ayant été choisis, de l’avis de Kjartan Jónsson, ils seraient « bons pour le job » et n’auraient surtout « aucun rapport avec le gouvernement ou le Parlement ». Une condition nécessaire et suffisante qui paraît faire l’unanimité parmi ceux qui attendent des changements aussi prompts que radicaux. 

Les référendums Icesave n’auraient jamais été mis en place. 
Mais alors le projet de nouvelle constitution livré au Parlement en juillet dernier a-t-il répondu aux aspirations des islandais et aux pré-requis d’une démocratie digne de ce nom ? Selon Ragnhildur Helgadóttir, « il est encore trop tôt pour dire » si cette révision était une bonne chose. L’enseignante en Droit estime que l’ancienne constitution devait être simplifiée afin d’être plus accessible, mais qu’elle n’a jamais « entendu de raisons convaincantes » justifiant cette révision. Elle ajoute malgré tout « qu’il y a de bonnes choses (dans la nouvelle constitution) mais aussi des choses à retravailler encore ». Une position qui ravira nos amis Normands et partagée par la plupart des personnes interrogées. 
Reste qu’il serait un peu long de faire ici une synthèse des 114 articles rédigés. Sur de nombreux sujets, les « 25 » ont fixé le cadre général et des objectifs ambitieux sans pour autant déterminer les moyens et les modalités de leur mise en oeuvre, au risque de laisser libre cours à l’imagination fertile du législateur. Parmi les changements les plus «  révolutionnaires  », citons la volonté des constituants d’impliquer davantage les citoyens dans les processus d’élaboration et de vote des lois au Parlement (articles 65 et 66), ou encore la limitation de la durée des fonctions du Président et des Ministres (articles 79 et 86), qui devrait émousser les velléités d’enracinement de certains. 
Sur quelques autres thèmes sensibles, l’indécision prévaut. Séparation de l’église et de l’Etat (l’église évangélique luthérienne est aujourd’hui religion d’Etat) ? Charge au Parlement de trancher (article 19). Concernant la protection de la terre et des ressources naturelles de l’île (articles 33 et 34), les textes se contentent de confirmer leur incessibilité (uniquement lorsqu’elles ne sont pas la propriété d’une personne privée), mais laisse à nouveau le soin à la Loi de décider la « durée raisonnable » d’octroi d’éventuels permis d’utilisation desdites ressources. Autant dire que l’homme d’affaires Chinois qui s’est récemment révélé enthousiaste à l’idée d’installer un complexe touristique sur l’île ne devrait pas trop avoir à se plaindre de cette révision constitutionnelle. 

Enfin, avec l’article 67, qui stipule que le recours au référendum ne pourra être envisagé lorsqu’il est question du budget de l’Etat, des taxes... Et des affaires internationales, les « constituants » ont de fait exclu du champs de la décision populaire les sujets qui pouvaient freiner l’exercice du pouvoir ou ralentir les circuits de décision. Autrement dit, si cette constitution avait vu le jour il y a deux ans, les deux référendum Icesave n’auraient jamais été mis en place. Et les islandais n’auraient jamais pu manifester leur opposition aux modalités de remboursement de la dette due à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. S’agissant de l’adhésion de l’Islande à l’UE, sujet ô combien polémique ici, l’article en question permettrait-il une consultation populaire ? La question pourrait bien se poser aussi.


Processus révolutionnaire ou pas, suffrage 100% citoyen ou non, il faut souhaiter que les profonds changements voulus par les islandais*, y compris par la majorité silencieuse, et auxquelles s’opposent une petite mais puissante oligarchie insulaire, puissent aboutir. En revanche, n’en déplaisent à ceux qui, pour des motivations mystérieuses (prosélytisme ? Marketing ? Propagande ?), ont souhaité travestir la réalité plutôt que de décrypter l’Histoire, les transformations engagées en Islande n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Les présentations euphoriques, les dithyrambes enflammées, les altérations enthousiastes de la situation de l’île n’y changeront rien. Les mots n’ont décidément pas le pouvoir que certains entendent leur prêter. 

* Selon Thorvaldur Gylfason un sondage publié en septembre dernier aurait révélé que 75% des islandais souhaiteraient que le projet constitutionnel présenté soit soumis à la population par référendum sans modification du Parlement.
(5) David Oddsson a été l’un des artisans de la libéralisation du système financier Islandais ; désigné Premier Ministre à plusieurs reprises, Gouverneur de la Banque Centrale d’Islande, il a été accusé en avril 2010 « d’extrême négligence » dans le rapport d’enquête publié par le SIC suite à l’effondrement du système financier Islandais. Depuis septembre 2009, il est rédacteur en chef du quotidien Morgunblaðið.
(6) Mis en place au début des années 90 les Quotas Individuels Transférables (QIT) sont devenus de véritables « produits financiers » détenus par quelques gros armateurs et pêcheries qui « louent » et vendent leurs quotas dans une optique spéculative.

Chaleureux remerciements à Ólöf Pétursdóttir, Kjartan Jónsson, Ragnhildur Helgadóttir, Ragnar F. Ólafsson, Guðmundur Guðlaugsson, Ester Auður Elíasdóttir, Eva Leplat Sigurðsson et Berglind Margo Tryggvason Þorvaldsdóttir pour leurs explications et leurs commentaires, sans lesquels cette enquête n’aurait bien évidemment jamais vu le jour.

Une version gnome de cet article a été publiée sur Owni.fr.


Voir en ligne : Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande : la finance

Messages

  • Bonjour à tous,
    Tout d’abord permettez-moi de vous féliciter pour cette analyse extrêmement détaillée de la situation. Le tout bien fagoté grâce a ce style plein d’ironie et de condescendance... alors que je m’attendais à un article tendant vers cette objectivité si chère au métier de journaliste, je me retrouve avec une succession de formules sarcastiques toutes aussi faciles les unes que les autres.
    Comme il est déconcertant de voir le bucheron scier la branche sur laquelle il est assis. Pourquoi évoquez-vous la faiblesse des mots alors que c’est avec des mots que vous le faites ? Est-ce parce que seuls les mots qui vont dans le sens de vos idées ont la force de leur signification. Je pense qu’il est grand temps de changer de métier dans ce cas.
    Je ne vais pas revenir sur tous les arguments très bien rodés et répétés à volonté par tous les détracteurs de la révolution islandaise. Je voudrais simplement faire une remarque concernant le taux de participation à l’élection de l’assemblée constituante pour lequel vous vous empressez de faire une comparaison avec la population d’une petite ville de banlieue. Il est vrai que l’Islande ne compte que 320.000 habitants. La France n’est pas la pays le plus peuplé au monde et nous ne pourrions pas imaginer qu’un journaliste chinois décrédibilise un de nos suffrage présidentiel ou législatif sous prétexte que la participation aussi faible soit elle ne représenterait qu’une fraction de la population d’une ville de la banlieue de Shanghai. Soyons sérieux.
    Un dernier mot et je m’adresse à ceux qui ont foi dans ce que l’Islande et d’autres pays comme la Bolivie nous enseigne. En tant que témoin de ces changements démocratiques importants qu’a connu l’Islande ces dernières années je pense qu’il est important de reconnaître la caractère unique et fondateur de ces événements. A-t-on demandé aux frères Wrights de faire des loopings avec leur coucou en toile de jute lors de leur premier vol ? Par contre ils ont amorcé cette révolution et inspiré tant de gens qui sont venus apporter leur contribution constructive pour qu’aujourd’hui cela fasse parti de notre quotidien.
    La majorité d’entre nous aspire à plus de transparence car nous sommes autant que les islandais victime de cette crise financière créée de toute pièce par des professionnels de la fraude et tout ceci dans l’impunité la plus totale.
    L’exemple islandais bientôt suivi par l’exemple grec devrait nous inspirer pour qu’à notre tour nous disions un ferme et retentissant NON à ces terribles injustices.
    Bonne journée
    Bertrand Téchené

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