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J’accuse le ministre de l’Education Nationale
Alain Refalo | mediapart.fr | 8 juin 2011
lundi 13 juin 2011
L’exigence de vérité commande de prendre à nouveau
la parole pour mettre en accusation les fossoyeurs de l’école
publique, au premier rang desquels celui qui a en charge le
ministère de l’Éducation Nationale. L’annonce de l’embauche de
17 000 « enseignants » par le
biais de Pôle Emploi, alors que 16 000
postes de titulaires sont supprimés révèle, une fois encore, la
supercherie et l’imposture d’une politique misérable qui
sacrifie une génération d’élèves sur l’autel des restrictions
budgétaires et d’une idéologie des puissants qui ont programmé
la mort du service public d’éducation. C’est désormais une
évidence : ce ministère a renoncé à tous les principes
éthiques et déontologiques qui lui assuraient une légitimité
pour être la voix de l’Éducation Nationale.
J’accuse
le ministre de démanteler l’école publique en rayant de la
carte 1 500 classes à la prochaine rentrée scolaire et en
supprimant 16 000 postes d’enseignants, tout en privilégiant les
embauches de personnes précaires non formées.
J’accuse
le ministre de mentir à l’opinion publique, aux parents d’élèves
et aux enseignants en faisant croire qu’il est possible de faire
mieux avec moins, en clamant que l’école publique remplira mieux
sa fonction avec moins d’enseignants qualifiés et plus d’élèves
en difficulté dans les classes.
J’accuse
le ministre de conduire une politique éducative réellement
assassine qui, par des « réformes »
irresponsables, tue le métier d’enseignant, tue le désir
d’enseigner, tue le plaisir d’apprendre et finalement tue
l’école de la République.
J’accuse
le ministre d’avoir rompu durablement, après les
désastreuses initiatives de son prédécesseur, l’indispensable
lien de confiance entre l’autorité hiérarchique, l’encadrement
intermédiaire et les enseignants du primaire, lien de confiance
sans lequel il est impossible de construire quotidiennement une
école du progrès pour tous.
J’accuse
le ministre de double langage sur le droit à l’innovation
pédagogique dans les classes et les écoles : d’un côté, il
l’encourage, forums institutionnels à l’appui, de l’autre il le
brime en imposant des programmes rétrogrades, des évaluations
nationales formatées et des dispositifs de « soutien » en trompe-l’œil qui ont pour
effet de standardiser les pratiques des enseignants au mépris de
la liberté pédagogique garantie par la loi.
J’accuse
le ministre de non assistance à professeurs en danger lorsqu’il
les laisse seuls et désemparés affronter incivilités et
violences ou lorsqu’il fait peser sur eux un stress permanent
via un management de la hiérarchie aux injonctions souvent
contradictoires.
J’accuse
le ministre de mépriser les jeunes enseignants lorsque,
sans aucune formation pédagogique et professionnelle, il les
envoie « désarmés » et à leurs
risques dans « l’arène » de la
classe, négligeant les conséquences pour leurs élèves.
J’accuse
le ministre de refuser d’investir dans l’éducation à la
non-violence dès l’école en préférant les mesures dites « sécuritaires » qui insécurisent
durablement les personnels et les élèves car elles montrent
chaque jour leur totale inefficacité.
J’accuse
le ministre de mener une politique qui porte atteinte aux droits
de l’enfant en autorisant le fichage informatisé des élèves dès
la maternelle, par le biais du fichier Base
Elèves et du Livret Personnel de
Compétences, outils illégitimes et illégaux du contrôle
social des populations.
J’accuse
le ministre de vouloir influencer la jeunesse de ce pays en
imposant à la rentrée prochaine le retour de la phrase de morale
écrite sur le tableau noir ainsi que l’apprentissage et le chant
de La Marseillaise, alors que c’est
d’éducation citoyenne dont nous avons besoin pour construire
l’indispensable vivre-ensemble pour une société réellement
solidaire.
J’accuse
le ministre de vouloir caporaliser les enseignants du primaire
en exigeant leur obéissance inconditionnelle à des injonctions
hiérarchiques qui constituent un reniement de l’éthique de leurs
missions.
J’accuse
le ministre d’ordonner aux inspections académiques de poursuivre
les enseignants du primaire en résistance, de sanctionner les
enseignants-désobéisseurs, tels François Le Ménahèze à Nantes,
symbole remarquable de la résistance éthique et responsable aux
dérives et mensonges d’une hiérarchie incompétente.
J’accuse
enfin le ministre de se mentir à lui-même et de porter tort à la
fonction qu’il occupe.
Nul
ne saurait emprisonner indéfiniment les consciences.
Aujourd’hui, celles-ci sortent progressivement de leur
léthargie. Cette indignation éthique qui monte représente
une formidable espérance. Elle annonce la révolte salutaire
dont notre société a plus que jamais besoin pour dessiner
l’à-venir de notre école sous les couleurs de la générosité,
du respect et de la solidarité
Transmis par Michel Berthelot
Mon, 13 Jun 2011 11:33:58 +0200
altermonde-sans-frontiere.com
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