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29 mai : la crise nous a donné raison

Raoul Marc Jennar | jennar.fr | 29 mai 2011

dimanche 29 mai 2011

Il y a six ans, le peuple français – massivement le peuple de gauche – rejetait le « traité établissant une Constitution pour l’Europe ». Pendant les longs mois qui avaient précédé le référendum, en fait depuis octobre 2004 et « l’appel des 200″, peu à peu le peuple s’était réapproprié son destin.

Comme on l’a vu rarement dans le passé, on a assisté à un intense travail de prise de connaissance et d’analyse du texte proposé – en fait, la collection des différents traités européens adoptés depuis 1957 auxquels s’ajoutaient de nouvelles dispositions.

Je garde le souvenir ému de gens venant, au terme d’une réunion, demander mon opinion sur l’interprétation de tel ou tel paragraphe de l’un ou l’autre article. Ce qui fut remarquable, c’est que la préoccupation principale des protagonistes de la campagne du « non » fut d’appeler non pas à la passion, mais à l’intelligence du peuple, à sa raison. Loin des slogans, loin des manipulations du texte par les partisans du « oui », nous nous sommes efforcés de présenter le texte et d’en expliquer la portée. Ce fut un formidable exercice de pédagogie populaire.

Ce fut aussi une démonstration éclatante de la dynamique et de la mobilisation que crée l’unité lorsque les forces de gauche se rassemblent.

Deux leçons qui restent valables pour 2012, même si elles ne furent pas retenues en 2007.

Il en est une troisième dont 2008 a révélé la pertinence, c’est la leçon tirée du travail de décodage des textes européens en 2005 : la crise qui a éclaté en 2008 a donné raison à ceux qui dénonçaient ce qu’imposent ces textes européens adoptés par nos gouvernements de droite comme de gauche : la dictature des marchés, la privatisation des services publics, le démantèlement du droit du travail, la concurrence de tous contre tous conduisent au désastre social et à la catastrophe écologique. Nous avions repris la formule de Pierre Bourdieu : « la construction européenne s’apparente à une destruction sociale ». La suite, depuis 2005, l’a amplement vérifié.

Nous n’avons pas rejeté l’union des peuples d’Europe. Nous avons dit : cette Europe-là n’est pas conforme aux valeurs de solidarité et de justice que prétend porter l’Europe. Ce n’est pas une Europe pour les peuples, mais contre eux. Elle aliène les peuples à la dictature de l’argent. Elle privilégie les intérêts particuliers animés par la seule logique du profit. Elle conduit à la catastrophe sociale et écologique.

Les révoltes que nous observons depuis en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne, mais aussi les manifestations en Grande-Bretagne et en Italie témoignent des souffrances infligées par des idéologues au service de la finance et du monde des affaires.

Le repli national n’est d’aucune efficacité pour inverser le cours des choses. Mais le cadre national peut être le départ d’une résistance qui doit se coordonner pour manifester son efficacité au seul niveau pertinent : l’Europe. Résistance des peuples, résistance des organisations syndicales, résistance des forces de gauche qui refusent d’accompagner un système qui est la négation du socialisme.

En ce jour anniversaire, à moins d’un an d’une échéance majeure dans un pays en capacité de changer l’Europe, il s’impose de prendre en compte toutes les leçons du 29 mai 2005.


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