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Tepco : le Meilleur des Mondes nucléaires

Régis Soubrouillard | marianne2.fr | Samedi 2 Avril 2011

samedi 2 avril 2011

En 2010, dans son rapport sur le développement durable, la compagnie Tepco consacrait deux petites pages à la sécurité de ses centrales nucléaires, notamment celle de Fukushima. La société affirmait vouloir atteindre les meilleurs standards internationaux en matière de sécurité. Une présentation battue en brèche par des révélations récentes du Wall Street Journal qui prouvent que le plan de gestion de crise de Fukushima en cas de catastrophe était complètement inadapté.

La ville idéale vue par Tepco à l’horizon 2020

Deux pages sur quatre-vingt. C’est l’espace consacré par Tepco à la sécurité dans son « rapport développement durable 2010 ». Un document où les photos de magnifiques villages japonais côtoient les infographies. Des infographies en veux tu, en voilà : sur les objectifs de réduction des émissions de CO2 de ses centrales ou le développement extérieur de la société à horizon 2020 : « Nous souhaitons atteindre les meilleurs standards internationaux en termes de sécurité et de qualité afin de rentrer dans le « top four » des installations nucléaires selon les critères de la World Association of Nuclear Operators » indique le document.

Les objectifs de développement de Tepco

Et Tepco ne tarit pas d’éloges sur les mesures de sécurité prises sur ses centrales nucléaires.

« Depuis le 16 juillet 2007, et le tremblement de terre de Niigata, Tepco a pris de nombreuses mesures afin de renforcer la centrale nucléaire de Kashiwazaki en cas d’éventulles catastrophes naturelles. Nous inspectons et évaluons toutes les installations qui nécessiteraient des travaux de restauration afin d’améliorer leur résistance sismique » fait savoir la compagnie.

« Nous appliquons les mêmes mesures à la centrale nucléaire de Fukushima. Nous assurons la sécurité sismique de tous les équipements et installations majeurs. Grâce aux connaissances acquises depuis le tremblement de terre de Niigata, nous réalisons également d’importants efforts pour améliorer les capacités sismiques de cette centrale ».

Le document indique qu’à Fukushima, en juillet 2010, Tepco a commencé la construction d’une nouvelle structure anti-sismique à base de matériaux souples, placés entre le bâtiment et ses fondations, capable d’absorber les vibrations d’un tremblement de terre. « La structure a été dessiné pour résister à un séisme de magnitude 7 ».

Les mesures de sécurité sismique sur les centrales nucléaires de Tepco

Une intensité bien inférieure au séisme du 11 mars, bien que l’on sache que le tsunami a plus endommagé la centrale que le tremblement de terre en lui-même.

Le document détaille également tous les exercices de prévention, entrainements, simulations auxquels se livrent les techniciens qui travaillent sur la centrale, les équipements et technologies disponibles pour répondre à d’éventuelles catastrophes naturelles.

Le Meilleur des mondes nucléaires.

Les programmes d’entrainement en cas de catastrophes

Un optimisme complètement battu en brêche par le Wall Street Journal dans son édition de jeudi. Le quotidien écrit que « le plan de gestion de crise en cas de catastrophe nucléaire à Fukushima était totalement inadapté, avec un téléphone satellitaire, un seul brancard et 50 combinaisons en cas d’urgence ». Tepco n’aurait ainsi prévu que des incidents mineurs. Aucun plan d’urgence faisant suite à une catastrophe majeure nécessitant par exemple l’intervention de secours de Tokyo, intervention de militaires ou pompiers n’avait été envisagé. Rien non plus pour préserver les systèmes de communication essentiels ou pour éviter la surchauffe des réacteurs.

Le retour d’expérience de Tepco

Mis à jour annuellement, le plan de sauvegarde de la centrale de Fukushima en cas de catastrophe naturelle date de 2002 et la plupart des plans de gestion de la sécurité des centrales nucléaires au Japon répondent aux mêmes critères. Pour Fukushima : une équipe médicale de 4 personnes, quatre combinaisons de protection, une ambulance, un véhicule de mesure de radiations, des bonbonnes à oxygène, et la mise en place d’un quartier général en urgence en cas de catastrophe. Un dispositif qui paraît bien dérisoire compte tenu de l’ « expérience » japonaise en matière de catastrophes naturelles, qui, si elles sont de fait imprévisibles, démontre que la « gestion des risques » ne pourra plus s’envisager à partir de l’observation de cas antérieurs mais à partir de l’idée que tout peut arriver. Preuve que le danger est incalculable.

Les projets de renforcement de la centrale de Fukushima amorcés en 2010


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