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Têtes Raides renaît sous le signe de la poésie

Olivier Nuc | lefigaro.fr | 17/02/2011

samedi 19 février 2011


"Emma" de Têtes Raides, en duo avec Jeanne Moreau
envoyé par totoutard. - Regardez la dernière sélection musicale.

Dans son nouvel album, le réjouissant L’An demain, le groupe a convaincu Jeanne Moreau de revenir à la chanson, pour la première fois en trente ans.


Jeanne Moreau n’avait pas chanté depuis le début des années 1980. Si elle a participé récemment à un nouvel enregistrement du Condamné à mort, de Genet, aux côtés d’Étienne Daho, c’était en tant que récitante. Il aura fallu une chanson de Christian Olivier pour la convaincre de se remettre au chant. Avec son groupe Têtes Raides, le chanteur participait également au cycle consacré au centenaire de Jean Genet par le Théâtre de l’Odéon. « C’est là que nous nous sommes croisés, se souvient-il. Notre album était déjà bien avancé lorsque je lui ai fait passer le titre Emma. C’était un lundi. Trois jours après, elle m’appelait pour me dire qu’elle était partante. » C’est tous deux autour du micro que Jeanne Moreau et Christian Olivier ont enregistré la chanson, pièce maîtresse de l’album L’An demain, publié le mois dernier par la formation francilienne. « On avait le trac tous les deux. Je voulais vivre ce moment de magie-là depuis très longtemps. Le faire, ça m’a replongé dans les images des films Moderato Cantabile ou La Notte, ainsi que dans ses chansons. »

Ce onzième album restitue la poésie particulière du groupe, après une poignée de disques plus dispensables, notamment le précédent, Banco, qui marquait les vingt premières années d’activité de ces anciens punk de la région parisienne. Manière de nouveau départ, L’An demain survient après un aggiornamento nécessaire dans la vie du collectif. « On était arrivés au bout d’une histoire. Ça n’a pas été très simple : il fallait qu’il se passe quelque chose, qu’on fasse le ménage. Il n’était pas question de relancer un album studio à tout prix. » Le groupe est ainsi passé de huit à sept membres, se dotant d’une section rythmique toute neuve, a quitté la multinationale Warner pour renouer avec le label indépendant Tôt ou Tard, après avoir frôlé la séparation pure et simple. « Me lancer sous mon nom, je l’envisage tous les jours, avoue Christian Olivier, mais j’ai encore envie de pousser cette musique et cette écriture. Peut-être que le nom d’artiste de Christian Olivier, c’est Têtes Raides, après tout ! » s’amuse-t-il.

« Repartir en quête de sens »

Après une période marquée par un engagement fort, les textes de L’An demain renouent avec cet art brut et poétique qui a fait la réputation de Têtes Raides. « J’avais envie de fouiller dans les profondeurs, de repartir en quête de sens. Le message politique au premier degré, je ne m’y retrouve pas : me noyer dans cette masse ne m’intéressait pas. » Selon lui, la réponse à la crise que traverse la société passe plus que jamais par l’éducation et la culture. « Il me paraît essentiel de redonner de l’espace à la culture, au moment où Internet nous fait vivre une révolution comparable à l’invention de la machine à vapeur et de l’imprimerie », explique-t-il.

Parallèlement à Têtes Raides, Christian Olivier, qui a déjà mis en musique des textes de Boris Vian, Robert Desnos ou Stig Dagerman, conçoit des spectacles pour enfants et œuvre en tant que graphiste au sein du duo Les Chats Pelés. Sa rencontre avec le photographe Richard Dumas l’a encouragé à apparaître pour la première fois à découvert sur une pochette d’album de son groupe. « Avoir ma gueule en couve, c’est un truc nouveau. Se retrouver à sept sur la pochette, cela ne servait à rien, me semble-t-il. »

Paradoxalement, c’est alors que Christian Olivier retrouvait sa place de leader que le groupe s’impliquait encore plus dans la conception des morceaux. « Je les avais tous écrits au moment d’entrer en studio, mais la participation du groupe a été plus importante que jamais sur les arrangements, notamment pour les parties de cordes », dévoile-t-il. Une belle manière de relancer une machine qui continue d’écrire quelques-unes des plus belles pages de la chanson rock française.

En tournée dans toute la France.Et du 14 mars au 4 avril, tous les lundis, au Bataclan, Paris XIe.


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