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Ils aiment les agents du service public

Jean-Michel Dussol | ladepeche.fr | 28/01/2011 10:00

vendredi 28 janvier 2011

Les Gersois préfèrent les agents que les services publics. De plus en plus les grandes administrations se retirent du monde rural. Etat des lieux avant les états généraux prévus demain à Auch.

Service public : une notion à laquelle les Gersois sont très attachés et prêts à se battre bec et ongles pour les défendre. Des citoyens satisfaits de leurs fonctionnaires ou assimilés, interlocuteurs privilégiés de leurs problèmes.

Au guichet on râle mais on aime bien la postière… Ils sont même obligés de constater que la fonctionnaire des impôts est plutôt sympa ! Si les femmes et les hommes ont la cote, on n’a pas de mot assez critique contre la politique générale qui réduit l’implantation de ces services.

Autrefois, premier fonctionnaire au contact des usagers : le facteur. Mais désormais la Poste devenu Société anonyme est comptable de la moindre seconde de ses agents.

De La Poste à la santé

« Nous ne voulons plus de temps parasites » ne cesse-t-on de répéter aux facteurs. Ils ne franchissent plus la porte de leurs « clients » et laissent le courrier dans la boîte au bout de l’allée. Cette nouvelle directive pose toujours problème avec les usagers. A Auch on ne décolère pas chemin de Maillosis.

Même s’il y a une présence postale, on est passé en 10 ans de soixante-douze bureaux avec receveur à douze. Les services financiers payent un même tribut. Les trésoreries disparaissent du paysage de proximité. Celles qui demeurent n’ouvrent qu’un ou deux jours par semaine, deux autres ne sont tenues que par un seul agent. Le guichet fiscal unique qui devait être une excellent chose montre ses limites par manque de personnel et de formation des agents.

Pour l’usager, la seule solution est se déplacer jusqu’à Auch. Les choses ne feront qu’empirer avec une nouvelle suppression de treize postes en septembre prochain.

Côté santé, les Gersois aiment leur hôpital mais sans trop se rendre compte des difficultés de la structure. Les suppressions de lit, dans les hôpitaux ruraux, peu de gens ont conscience des conséquences à long terme. L’éducation nationale est encore épargnée par une ire générale. Mais elle est vue, là aussi, à travers la compétence de ces agents. A part auprès des parents d’élève réunis en fédération le malaise des profs n’est pas arrivé, jusqu’à la rue. Mais lorsqu’il s’agit de l’énergie, rien ne va plus. Le Gersois ne supporte plus, en cas de crise ces voix anonymes, sur une plateforme à Rodez ou ailleurs : le parcours du combattant pour faire valoir ses droits.

Les agents des services publics ou au public sont aimés des usagers qui reconnaissent leurs efforts et constatent maintenant leur manque de moyens. Ils vivent de plus en plus mal l’éloignement des administrations. Le temps est révolu où tout le monde se connaissait. On pouvait agir dans l’urgence au bénéfice de tous. Peu à peu la notion de rentabilité remplace celle de service public.


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Michaël Launay

40 ans

Samatan,

Enseignant

technique depuis 1996

« Je suis fils d’ouvrier et devenir enseignant c’était un rêve. Je voulais transmettre tout ce que je savais et permettre à tous ces jeunes auquel j’enseignais l’électricité de réussir dans la vie. J’ai commencé par deux ans de formation en Seine-Saint-Denis, puis un stage dans le Gers avant de revenir à Samatan après un séjour en Bordelais. Au début il y avait avec les élèves un respect mutuel et beaucoup de solidarité entre tous les profs. Puis progressivement, des 14 à 18 heures que je consacrais aux élèves, je suis passé à huit, le reste du temps étant consacré à des conseils pédagogiques et à des suivis administratifs. J’ai conscience de ne plus apporter suffisamment à mes élèves. De là le respect a baissé. Là où il faut parler d’humain, on répond réussite, rentabilité, et notions mercantiles. Mon épouse qui enseigne le français à Saint-Lys a le même ressenti et une amie qui vient d’être lâchée face aux élèves sans formation est en difficulté psychologique. On ne s’occupe plus assez des élèves. »

Jacqueline

Farbos

49 ans,

Mirande,

Agent des Impots, depuis 1984.

« Au début c’était sympa, on travaillait dans de bonnes conditions, même si ce n’était pas la panacée on pouvait correctement mener nos missions de contrôle des déclarations. Les choses ont commencé à changer en 1989. Pour protester on a mené une grève de juin à fin novembre. La situation se dégrade de plus en plus. Plus de 120 agents ont été supprimés sur le département et nous avons toujours les mêmes missions de contrôle avec en plus les tâches de l’ancien service du cadastre à part le travail des géomètres. Il arrive un moment où on ne peut plus suivre. Les arrêts de travail ne cessent de se multiplier tellement les gens sont à bout. Il faut aussi savoir que l’on croule sous les notes de service. On ressent un certain mécontentement des usagers. Ce qui est plus grave c’est que l’on nous demande d’assumer de nouvelles missions sans avoir la formation nécessaire et je me retrouve en difficulté face à des questions précises de certains usagers. On ne peut plus continuer ainsi.

Jean-Paul Rossi,

54 ans,

Gondrin,

postier

depuis 1976 et en dispense d’activités

« J’ai commencé auxiliaire de distribution à Gondrin. On allait bosser avec plaisir on avait un contact sympa avec la population c’étaient de vraies relations humaines. Un contact quotidien, on frappait à la porte, on entrait et on disait bonjour… c’était du lien social. Même quand je suis parti à Paris c’était le même style de travail. C’est à partir de 1986 que tout change. On est devenu entreprise publique avec les premières suppressions de personnel, des tournées rallongées et la généralisation des Cidex, regroupement des boîtes aux lettres dans un point du village. On voyait de moins en moins nos usagers. Nous portions le journal, jamais après 13 heures, aujourd’hui des tournées se terminent à 17 ou 18 heures. Plus question d’emporter les ordonnances et de ramener les médicaments à moins que les gens ne payent. Comme j’ai l’habitude de dire la Poste abandonne Pépé et Mémé… et même nous les fonctionnaires, car ma dispense d’activité est un éloignement du service. »


repères
Le chiffre : 40

associations > Syndicats et parti politiques. Se retrouveront demain à partir de 14 heures pour un grand forum, prévu au conseil général à Auch : « Etats généraux du service public ». Nicolas Galepides, coordinateurs de la votation citoyenne poste participera au forum.

« Nous avons tous la même volonté de résister à la casse organisée des services publics parce qu’il s’agit d’éléments structurants pour la vie sociale ».

Pierre Wiart, secrétaire de la fédération Gers Sud Solidaire


TRansmis par Jean Lantar

Fri, 28 Jan 2011 18:22:40 +0100


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