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Les origines de la société libérale

Jean-Claude Michéa | clap36.net | 18 Dec 2010

samedi 18 décembre 2010

La servitude moderne est une servitude volontaire, consentie par la foule des esclaves qui rampent à la surface de la Terre. Ils achètent eux-mêmes toutes les marchandises qui les asservissent toujours un peu plus. Ils courent eux-mêmes derrière un travail toujours plus aliénant, que l’on consent généreusement à leur donner, s’ils sont suffisamment sages. Ils choisissent eux-mêmes les maîtres qu’ils devront servir. Pour que cette tragédie mêlée d’absurdité ait pu se mettre en place, il a fallu tout d’abord ôter aux membres de cette classe toute conscience de son exploitation et de son aliénation. Voila bien l’étrange modernité de notre époque.



Entretien avec Jean-Claude Michéa
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Contrairement aux esclaves de l’Antiquité, aux serfs du Moyen-âge ou aux ouvriers des premières révolutions industrielles, nous sommes aujourd’hui devant une classe totalement asservie mais qui ne le sait pas ou plutôt qui ne veut pas le savoir. Ils ignorent par conséquent la révolte qui devrait être la seule réaction légitime des exploités. Ils acceptent sans discuter la vie pitoyable que l’on a construite pour eux. Le renoncement et la résignation sont la source de leur malheur. Voilà le mauvais rêve des esclaves modernes qui n’aspirent finalement qu’à se laisser aller dans la danse macabre du système de l’aliénation. L’oppression se modernise en étendant partout les formes de mystification qui permettent d’occulter notre condition d’esclave. Montrer la réalité telle qu’elle est vraiment et non telle qu’elle est présentée par le pouvoir constitue la subversion la plus authentique. Seule la vérité est révolutionnaire.


Jean-Claude Michéa
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Jean-Claude Michéa lors d’une réunion du MAUSS à Paris en janvier 2008.

Jean-Claude Michéa (né en 1950) est un écrivain et professeur de philosophie français, auteur notamment de plusieurs essais autour de la pensée et l’œuvre de George Orwell.

- Biographie

Fils d’Abel Michéa, résistant communiste pendant la Seconde Guerre mondiale, il passe l’agrégation de philosophie en 1972 à l’âge de 22 ans. Engagé au Parti communiste français, il s’en écarte en 1976.

Professeur de philosophie au lycée Joffre à Montpellier depuis la fin des années 1970 (il a pris sa retraite à la fin de l’année scolaire 2009-2010), Jean-Claude Michéa est connu pour ses prises de positions très engagées contre la gauche qui, selon lui, a perdu tout esprit de lutte anticapitaliste pour laisser place à la « religion du progrès[1] ».
Pensée[modifier]

Prônant des valeurs morales proches du socialisme de George Orwell, Jean-Claude Michéa fustige l’intelligentsia de gauche qui s’est selon lui éloignée du monde prolétarien et populaire. Il défend des valeurs morales collectives dans une société de plus en plus individualiste et libérale, faisant exclusivement appel au droit et à l’économie pour se justifier. Il « considère que les idéaux bourgeois libéraux ont triomphé du socialisme en le phagocytant » et « déplore que le socialisme ait accepté les thèses du libéralisme politique[2] ».

Participant depuis de nombreuses années à l’entraînement d’adolescents, il a publié un livre sur le football, tout à la fois éloge de ce sport populaire par excellence, et critique de l’industrie footballistique. Selon lui, le football est mis à mal par les doctrines comme le merchandising et le supporter qui en sont les conséquences les plus néfastes.

Puis, dans L’Enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, Michéa développe la théorie selon laquelle l’enseignement serait passé d’un enseignement tourné vers la culture générale et l’émancipation intellectuelle du citoyen à une formation préparant l’individu à la compétition économique du XXIe siècle.

Dans Impasse Adam Smith, Michéa considère que la gauche est une alliance entre le socialisme et le progressisme formée lors de l’Affaire Dreyfus, qui ne peut se faire qu’au détriment du socialisme, la gauche ne faisant ainsi que livrer un peu plus le monde à l’emprise économique du libéralisme économique. Pour Michéa, le libéralisme est structurellement une idéologie progressiste, opposée aux positions conservatrices ou réactionnaires comme l’avait souligné Marx. De la droite à l’extrême gauche, une idéologie libérale est selon lui à l’œuvre. L’essai qu’il a publié en 2007, L’Empire du moindre mal, est consacré à cette question. Son livre a fait l’objet d’un accueil critique plutôt positif chez les partisans de la décroissance[3] ou la Revue du MAUSS[4],[5]. Sa position est proche de celle du philosophe Dany-Robert Dufour dans son ouvrage Le Divin marché.

Jean-Claude Michéa est également l’un des principaux introducteurs en France de l’œuvre de l’historien américain Christopher Lasch, dont il a préfacé plusieurs ouvrages dans leur traduction française[6].


Transmis par Christine Dardalh

Sat, 18 Dec 2010 01:56:06 +0100

Ce n’est pas long et ça en dit long...
Christine


Voir en ligne : les origines de la société libérale

Messages

  • Les esclaves, les serfs, puis les premiers ouvriers des manufactures n’avaient ni contrat de travail, ni retraite… ; leurs journées étaient interminables, les conditions de travail souvent abominables.

    Petit à petit, grâce à des actions offensives (il n’y avait rien à défendre mais une dignité à gagner) une certaine amélioration de la condition ouvrière a été possible, avec l’apparition de droits protecteurs, la naissance de la Sécurité sociale, le système des retraites, la création du CDI, l’assurance chômage...

    Une protection sociale se mettait en place pour tenir à une distance relative les extrémités d’un capitalisme par essence toujours agressif et pressé d’étendre ses profits.
    Ce n’était là que le minimum que pouvait concéder le patronat dans un compromis d’abord avantageux pour lui.

    Si les organisations politiques de gauche et d’extrême gauche et les organisations syndicales ont pu, dans ces contextes, être des facteurs d’émancipation, il est devenu très délicat pour celles-ci de coordonner et de relayer le projet d’un éventuel néo-salariat (avec des rémunérations décentes d’activités librement consenties).

    Ces organisations, et en particulier leurs directions, leurs appareils, mais aussi leur culture électoraliste et souvent opportuniste ont en effet été édifiées dans et par le fait salarial lui-même et sont devenues, bon gré mal gré, consubstantielles du capitalisme lui même, dans un compromis social devenu coutumier.

    De fait, les syndicalismes et les extrêmes gauches, s’ils demeurent ponctuellement offensifs, limitent leur intervention à l’amélioration des salaires et à des combats d’arrière garde pour conserver quelques acquis, mais aussi quelques miettes au regard de ce qui a été gagné par le passé.

    Comme si désormais, tout un chacun devait prétendre, non plus à des conditions de vie mais à des conditions de travail ou mieux désormais à des conditions de consommation, érigées en nouveau standard de vie d’un système.
    Le système, en tant qu’il génère concurrence, saccages divers, consommation effrénée, du coup, est secondaire dans le paradigme traditionnel, exclusivement dédié à la radicalité de la lutte de classe et au pouvoir d’achat.
    En ce sens on peu parler d’une capitulation devant le capital. Capitulation rampante et involontaire mais qui n’en est pas moins efficace pour la construction d’un monde nouveau. Capitulation aussi au sens où la question écologique est, de fait, abandonnée aux Verts.
    Ce « monde nouveau » pourtant se tente et s’expérimente au présent à l’abri des grands médias ou à distance des grands centres urbains.
    Groupements Agricoles d’Exploitation en Commun (G.A.E.C.)), SCOP et autres coopératives interrogent concrètement d’autres façons de vivre, d’exercer des activités, de prendre en commun les décisions pour agir.
    La transformation du monde se tente, s’expérimente ici et là avec finesse, empathie et recul au quotidien.
    On apprend à y forger les bonnes questions plus qu’à y réciter des réponses ou des incantations. On apprend aussi à discerner les dernières ruses d’un capitalisme qui supporte mal les attaques du système sur ce flanc de l’entreprise, des réseaux et du jeu collectif.

    Il est probable que l’éloignement, voire la césure, entre des extrêmes gauches souvent urbaines et ces alternatives sociétales concrètes prive les forces de transformation sociales d’une base de vie et d’expérimentation qui pourtant pourraient se révéler fondatrice de leur discours politique et potentiellement exemplaires.

    A quand donc une prise en compte organisée de ce qui fait ses preuves au jour le jour et sans attendre le grand soir ?

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