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J’eus un (coup de sang)

Pierre P. | acidu.com | mercredi 19 juin 2013

mercredi 19 juin 2013

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J’eus un (coup de sang)
Pierre P. | acidu.com | mercredi 19 juin 2013

Je ne vois pas de décorations alléchantes dans les vitrines , pas la moindre annonce pour nous mettre en condition, pas le moindre décompte impatient, pas la moindre attente euphorique, pas le moindre drapeau aux fenêtres, rien... et pourtant, mes amis, et pourtant, dans moins d’un mois c’est le 14 juillet, la fête de tous les Français ! Ce devrait être LA date, notre date, notre fête à tous ! Alors quoi ? les marchands de sapin l’emporteraient sur les marchands de cocarde ? Vous préférez une fête consumériste à une fête nationale ? Nazareth vous fait plus rêver que la Bastille ? le marmot chez vous l’emporte sur le citoyen ? Honte ! Vergogne ! Trahison !

J’entends d’aucuns esprits forts ricaner dans leur barbe ou sous leur fond de teint blafard. L’habituel "french bashing", que je traduirais par "francoratatinage" voire "autofrancoratatinage" (je connais des spécialistes du genre). Comment voulez-vous qu’on avance avec ce genre de mentalité ? Comment voulez-vous que le gouvernement, que le président, se sentent poussés par un puissant élan populaire pour se dépasser, alors que, constatons-le, ce fameux peuple français qui alla d’un seul élan et sans barguigner se faire massacrer gracieusement jadis à Verdun, ne se comporte plus que comme une assemblée de petits actionnaires aigris et récriminants, mal-voyants, sans élan, mesquins, déçus, éternellement râlant... Sûr qu’avec une pareille mentalité, l’issue de la guerre de cent ans eût été différente ! (ce qui, entre nous soit dit, n’aurait pas été un mal, quoiqu’en pensent ceux qui sont tombé dans le panneau de cette fabuleuse manipulation que fut l’affaire Jeanne D’Arc) Dur de se sentir français dans ces conditions.

La vérité c’est que nous nous décevons les uns les autres, la déception est le sentiment le plus massivement partagé par nous tous. Tout ce en quoi nous croyons nous déçoit, surtout ceux qui nous sont proches. Aucune famille n’est épargnée. Entre les myopes qui ne voient pas plus loin que leur quartier leur famille la couleur de leur peau la pureté de leur accent, et les hypermétropes qui ne vivent que sur les règles de la mondialisation, en passant par les sempiternels Bourgeois de Calais s’imaginant que parce qu’ils baragouinent quatre mots d’anglais ils seront sauvés, prêts à baisser leur froc devant tous les diktats, à remiser leur foi, troquer leurs convictions... Ah elle est belle la France môssieur ! Elle est bien barrée, ça c’est sûr ! Le foot, le foutre et le miam, ya que ça qui les unit, et encore, pour le miam, ya du sushi à se faire...

Posons-nous la question : cette idée de nation qui structura la monde au début XIXème a-t-elle encore un sens ? Ne sommes-nous pas plus francophones que français ? citoyens du monde qu’Européens ? régionaux que nationaux ? Ce mythe de l’Europe qu’on tenta d’instaurer ne prend pas, faute de s’être créé une histoire commune enseignée à l’école et la façon dont on la gère est une escroquerie bouffonne. Nous devrions avoir des filières communes, parler au moins 5 langues chacun et que voit on ? Beurk !

Ce combat pour l’exception culturelle, dont on fit cas récemment, est un pléonasme. La culture est exceptionnelle par essence, ce qui nous unit autant que ce qui nous singularise. Même si l’anglais est une lingua franca pratique, son enseignement intensif et unique est aussi absurde que de nous imposer de manger tous des hamburgers. La diversité est belle, elle est indispensable. La façon dont on gère l’enseignement , ses modalités, ses bases est une catastrophe absolue, un rabotage anachronique des singularités, une forteresse corporatiste entêtée. Du coup, oui, fuir à l’étranger, apprendre par correspondance, sortir du système...

On ne défile plus monsieur, au quatorze juillet. On se défile.

PP


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