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Le drug tsar britannique pousse un cri d’alarme sur les « legal high »

Jean-Pierre Couteron et Pierre Chappard | drogues.blog.lemonde.fr | dimanche 19 mai 2013

lundi 20 mai 2013

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Le drug tsar britannique pousse un cri d’alarme sur les « legal high »
Jean-Pierre Couteron et Pierre Chappard | drogues.blog.lemonde.fr | dimanche 19 mai 2013

Face à l’émergence des « legal high » (euphorisant légaux), le système de régulation des drogues qui pénalise l’usage est dépassé. Mais les gouvernements européens, dont le Royaume-uni, hésitent encore sur la marche à suivre.

Un sachet de poudre de 5-APB ou BenzoFury, un legal high en vente sur internet. Photo Pierre Chappard
Un sachet de poudre de 5-APB ou BenzoFury, un legal high en vente sur internet. Photo Pierre Chappard

Lors de la réunion semestrielle du Conseil consultatif sur l’abus des drogues britannique (ACMD), son président le Professeur Les Iversen, a déclaré que lui et ses collègues ne pouvaient pas garder un œil sur tous les « legal high » disponibles sur internet.

Les « legal high » désignent un éventail hétérogène de substances psychoactives de synthèse qui imitent les effets de différents drogues illicites et sont produits par des chimistes dans des laboratoires clandestins en Chine pour contourner la prohibition. Le Pr Iversen estime à plus de 200 le nombre de ces substances vendues en dehors des lois existantes. En 2012, 72 nouvelles substances psychoactives - soit plus d’une par semaine - ont été officiellement notifiées par le biais du système d’alerte européen, et les premiers chiffres de l’année 2013 ne baissent pas. Ce phénomène mondial touche particulièrement la Grande Bretagne, avec une prévalence de prés de 8 % des jeunes (15-24 ans) qui les ont déjà expérimenté (5 % en France et 5 % dans l’Union Européenne).

La production rapide de « legal high » toujours plus nombreux a complètement dépassé le système de contrôle des drogues qui nécessite des données scientifiques et du temps pour en prouver la nocivité. Deux drogues seulement, - MexXY (methoxetamine) et Black Mamba (un mélange de cannabinoïde synthétique) - ont été interdites en Grande-Bretagne l’an dernier. Une famille de drogue, les cathinones, l’a été en France en 2012.

Cet appel du Pr Iversen est révélateur d’un nécessaire changement de paradigme. L’ACMD, l’équivalent anglais de notre commission des stupéfiants, examine les substances psychoactives et donne un avis sur les mesures à prendre pour prévenir les abus. Il est tiraillé entre une intense pression publique et médiatique pour qu’il les donne au plus vite et l’impossibilité de faire les études appropriées dans un délais adapté. « Notre problème est de savoir combien d’entre elles sont réellement utilisés dans notre pays et d’évaluer leur dangerosité et c’est difficile parce que nous ne pouvons pas traiter toutes les classes de substances à la fois, à moins que nous et le gouvernement ne pensions à des façons plus intelligentes de les réguler. » a ainsi déclaré le Pr Iversen.

Les gouvernements sont devant un dilemme : soit ils ne font rien et sont accusés de laxisme, soit, face aux gros titres des médias, ils répondent d’une manière disproportionnée, en classant aussi rapidement que possible ces nouvelles substances comme des « drogues illicites », plus pour des raisons politiques que sur des bases scientifiques objectives. .

Le statut quo semble difficile, et l’émergence de ces nouvelles substances ouvre l’opportunité de réfléchir à d’autres systèmes de régulations. La Nouvelle-Zélande propose de tester certaines de ces substances sur l’homme et l’animal, puis de licencier la vente de celles qui ont un « risque faible ». Cette approche par la légalisation commerciale, défendue notamment par l’ancien Drug tsar anglais, le Pr Davif Nutt, est pour l’instant écartée par les pays d’Europe. D’autres alternatives sont à tester : le Pr Iversen évoque le classement de ces substances sur la liste des médicaments ou une utilisation des lois de protection des consommateurs, pour en contrôler la vente et l’importation. L’idée serait alors de considérer les usagers de « legal high » comme des consommateurs à protéger plutôt que des délinquants à priori.

Pierre Chappard et Jean-Pierre Couteron


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